Interview de Mme Agnès Pannier-Runacher, secrétaire d'État auprès du ministre de l'économie et des finances, à BFMTV le 7 avril 2020, sur les aides de l'État aux commerçants et artisans et le chômage partiel pendant l'épidémie de Covid-19.

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Média : BFM TV

Texte intégral

JOURNALISTE
Bonjour Agnès PANNIER-RUNACHER, merci d'être avec nous, vous êtes notre première invitée, vous êtes secrétaire d'Etat auprès du ministre de l'Economie et des Finances, vous êtes notamment en charge de l'artisanat, de l'industrie, des commerçants et des télécoms. J'aimerais vous montrer, Madame la ministre, cette première image, ces images elles datent du 14 mars dernier, les commerces non nécessaires ont été obligés de fermer, et ce jusqu'à nouvel ordre, sans revenu depuis près d'un mois beaucoup d'entre eux souffrent désormais. Pour commencer, quels dispositifs ont été mis en place pour aider ces commerçants ?

AGNES PANNIER-RUNACHER
Alors, plusieurs dispositifs. Le premier dispositif, le plus évident, c'est le fait de repousser le paiement des charges sociales et fiscales, et pour ceux de ces commerces qui sont plus en tension de trésorerie, la possibilité de demander immédiatement un dégrèvement d'impôt. Deuxième dispositif, c'est la garantie d'Etat, qui est apportée à hauteur de 90% sur une ligne de trésorerie qui représenterait 25 % du chiffre d'affaires et qui permet aussi de sécuriser les financements bancaires antérieurs. Cette ligne de trésorerie, si vous avez une notation à la Banque de France, puisque les notations à la Banque de France ont été bloquées en début de crise, les notations c'est un petit peu l'indice de bonne santé de votre entreprise, si la notation est supérieure à 5, donc 5, 4, 3, 2, 1, 5+, 4, 3, 2, 1, c'est quasi automatique, si elle est inférieure il y a une discussion, et s'il y a un problème il faut saisir la médiation du crédit. Le troisième dispositif c'est évidemment le fonds de solidarité pour les très petites entreprises, donc des entreprises qui ont moins d'1 million d'euros de chiffre d'affaires, moins de 10 salariés, et qui peuvent obtenir 1500 euros dans les jours qui viennent, dès lors qu'elles ont perdu 50 % de leur chiffre d'affaires, ou, et ça c'est valable pour toutes celles qui ont été fermées, toutes celles qui ont été fermées par l'arrêté administratif. Enfin dernier point, majeur, c'est le chômage partiel, le chômage partiel permet de prendre en charge la rémunération des salariés qui ne peuvent pas travailler, c'est l'Etat qui paye à votre place, il prend en charge 100 % du salaire net au niveau du SMIC, 84% à 4,5 fois le SMIC, et c'est une façon de maintenir l'emploi et de permettre aux entreprises de redémarrer plus facilement lorsqu'on pourra reprendre un rythme normal de vie économique.

JOURNALISTE
Tout au long de cette demi-heure, Madame la ministre, on va vous poser des questions très concrètes, avec différents un moyen de communication, notamment Festime, et justement eh bien nous sommes en ligne avec Emile SEBBAG, bonjour, merci beaucoup d'être nous, vous êtes commerçant sur les Champs-Elysées, c'est dans le 8e arrondissement, et vous avez une question très précise pour la ministre, une question notamment liée à vos charges.

EMILE SEBBAG, COMMERÇANT AUX CHAMPS-ELYSEES
Absolument, bonjour, merci de me recevoir, bonjour Madame la secrétaire d'Etat. Ce que le gouvernement a fait pour les salariés est très bien, mais en ce qui concerne les entreprises vous proposez le décalage des charges et des loyers, cela ne sert à rien, ce n'est que reporter les problèmes financiers et les faillites à plus tard. Si vous voulez réellement la survie des entreprises, il faut annuler la CFE, c'est-à-dire la cotisation foncière des entreprises, ainsi que la CVAE, cotisations sur les valeurs ajoutées, et surtout, surtout, l'annulation des loyers, car le gouvernement nous a imposé la fermeture de nos magasins, donc pas de chiffre d'affaires. De ce fait je trouve inégalitaire que les bailleurs eux puissent réaliser leur chiffre d'affaires. Donc je vous demande, que comptez-vous faire sur ces trois points, CFE, CVAE et loyers, tout en sachant que nous avons vécu une année de Gilets jaunes et des mois de grève, c'est-à-dire que notre trésorerie est complètement asséchée ? On fait un appel vraiment au secours, car sinon vous n'aurez plus d'entreprises, et bien évidemment vous aurez aussi un effet domino par rapport à la fermeture de ces entreprises. Merci de m'avoir écouté.

JOURNALISTE
Madame la ministre, votre réponse, avec une situation vraiment très précise, qui regroupe finalement la situation de tous ces commerçants sur les Champs-Elysées en plein coeur de la capitale, on vous écoute.

AGNES PANNIER-RUNACHER
Alors justement, je l'ai indiqué, pour les impôts directs, et la CVAE et la CFE en font partie, il est possible de demander un dégrèvement si la situation de trésorerie est tellement tendue que le l'entreprise ne sera pas en situation de la rembourser plus tard, un dégrèvement c'est tout simplement la suppression de l'impôt, elle est décidée au cas par cas parce que toutes les entreprises ne sont pas dans la situation de trésorerie indiquée par monsieur, toutes les entreprises n'arrivent pas dans cette crise avec zéro moyen, et le deuxième sujet c'est effectivement de s'assurer que l'entreprise en question avait une bonne situation avant la crise, quand je parle d'avant la crise, c'est avant les Gilets jaunes, avant les grèves de décembre, bien entendu. C'est-à-dire que, l'enjeu c'est de bien accompagner des entreprises qui étaient saines et qui s'affrontent des difficultés les unes derrière les autres, et qui évidemment ne sont plus en situation de faire face, dans ces cas-là on peut annuler les impôts, on le fait pour les entreprises en difficulté, donc c'est quelque chose de tout assez praticable. La deuxième chose c'est les loyers. Alors, sur les loyers, ce que nous avons pris comme décision, qui une décision très forte, c'est que nous bloquons la possibilité d'expulser une entreprise qui ne paierait pas son loyer, et nous faisons en sorte que pour les très petites entreprises il n'y ait pas de paiement de pénalités pour retard de paiement de loyer. Ce que nous demandons aux entreprises qui sont pas en capacité de faire face au paiement de leur loyer, et ce n'est pas le cas de toutes les entreprises, il faut penser que sur l'avenue des Champs-Elysées vous avez des très grandes enseignes qui ont des moyens, et des magasins indépendants qui en ont moins, et même dans les enseignes vous en avez qui sont en difficulté et vous en avez d'autres qui restent florissantes, donc on ne peut pas prendre une mesure qui serait à caractère général et qui finalement serait un effet d'aubaine pour des entreprises qui sont encore très puissantes. Donc, ce que nous proposons c'est que, les commerçants appellent leur bailleur, indiquent qu'ils ne sont pas en situation de payer, passent effectivement ce cap, et ensuite il y aura une renégociation sur les termes des baux. En tout état de cause, moi j'ai parlé aux responsables du CNCC, donc les centres commerciaux, et à d'autres professionnels de l'immobilier, ils savent très bien qu'ils ne sont pas nécessairement en situation de faire payer à tous les commerçants leur loyer et qu'ils n'ont pas nécessairement d'alternatives, c'est-à-dire de remplacer ces commerçants par d'autres commerçants qui miraculeusement auraient une meilleure situation de trésorerie, par contre cela va se traiter au cas par cas parce que chaque situation de commerçants est spécifique et appellent à un traitement spécifique, qui est aussi lié à la relation contractuelle entre le bailleur et le commerçant, si cette situation était bonne, s'il y a une relation de confiance, un accord sera trouvé, et la médiation des entreprises, dans ce cas-là, pourra intervenir pour faciliter cet accord.

JOURNALISTE
Une situation donc au cas par cas, notamment pour les enseignes parisiennes, franciliennes. Nos téléspectateurs qui continuent de nous envoyer leurs questions, notamment par SMS, Madame la Ministre. Cette question qui vient de nous parvenir : j'ai ouvert mon restaurant en janvier et j'ai dû fermer le 14 mars, mes salariés sont en chômage partiel, mais moi je suis président, et non salarié dans la société, quelle aide puis-je espérer de l'Etat sachant que je n'ai pas été ouvert assez longtemps pour avoir la trésorerie me permettant de rouvrir après ? Quelle est votre réponse à notre téléspectateur ?

AGNES PANNIER-RUNACHER
Alors, s'il réalise moins d'1 million d'euros de chiffre d'affaires par an, et donc on divise par 12 pour avoir une moyenne, puisqu'il est ouvert depuis hier relativement peu de temps, et on prend le chiffre d'affaires moyen mensuel, il peut avoir droit au fonds de solidarité des entreprises, ça c'est le premier point. Donc, 1500 euros payés directement, ce qui correspond à un revenu moyen qui est utile, et la possibilité pour le mois d'avril de demander un complément, puisqu'on va prolonger cette approche, et la possibilité de déposer un dossier particulier, qui sera instruit par la région, pour avoir un financement complémentaire, ça c'est dans l'immédiat. Bien sûr, le report des charges sociales et fiscales, bien sûr la possibilité de demander un crédit de trésorerie bancaire. Si sa situation n'est pas suffisamment florissante, parce qu'il est au démarrage son activité et que la banque ne sera pas nécessairement très à l'écoute, tout de même demander à la banque et saisir la médiation du crédit, et sinon, alternativement, aller voir la BPI et demander un crédit rebond, un crédit rebond, comme son nom l'indique, c'est un crédit pour relancer une entreprise, avec un différé de paiement de l'amortissement, qui permet de financer le redémarrage d'une activité, on sait qu'on va voir, au moment où on va permettre aux gens de retourner à leur travail, un besoin de financement de leurs stocks, du redémarrage de l'activité, donc ça sert à ça aussi la BPI.

JOURNALISTE
Dans quelques secondes nous allons évoquer la situation des employeurs franciliens, du chômage partiel, on a eu l'occasion d'en parler il y a quelques instants, mais tout d'abord cette petite question qui parle à énormément de nos téléspectateurs actuellement, notamment cette téléspectatrice qui sur Twitter nous affirme que de nombreux consommateurs, comme elles, ont noté une augmentation du prix des fruits et des légumes ces derniers temps, c'est vraiment le cas dans certaines enseignes, est-ce que vous pouvez imaginer des mesures pour aider les commerçants ?

AGNES PANNIER-RUNACHER
Alors, ce qu'il faut avoir en tête c'est que nous faisons des contrôles des prix très précis, et statistiquement les prix ont peu augmenté sur les fruits et les légumes, en revanche l'approvisionnement a changé, c'est-à-dire qu'il y a plus de fruits et légumes français, et il arrive que ces fruits et légumes français, la fraise gariguette coûte plus cher que la fraise espagnole, et donc dans le panier ça peut peser puisqu'il y a une moindre diversité de fruits et de légumes. Ce sur quoi nous sommes en train de travailler, avec les distributeurs, c'est d'essayer de sécuriser des approvisionnements de base et de s'assurer que les prix de ces approvisionnements de base ne décollent pas pour que le prix du panier moyen des personnes qui font leurs courses reste effectivement fixé à un niveau raisonnable, et on travaille évidemment sur la filière fruits et légumes pour regarder comment avoir à la fois cette aide pour les agriculteurs français, parce que je pense qu'on ne peut pas reprocher aux grands distributeurs d'avoir privilégié les agriculteurs français dans leur offre, mais peut-être avoir des alternatives, un peu moins coûteuses, qui soient proposées aux Franciliens.

JOURNALISTE
Voilà donc pour votre réponse. On continue, donc on l'a bien compris, d'acheter du "Made in France", du "Made in Ile-de-France", si c'est possible. On aimerait passer avec vous à une autre thématique en direct, celles des employeurs et du chômage partiel. De nombreuses problématiques nous sont rapportées, des incertitudes aussi, voici la question, Madame la Ministre, d'Ahmed, de Brétigny en Essonne, Ahmed est président d'une SAS.

AHMED BOUCHICHI, PRESIDENT DE SAS BRETIGNY-SUR-ORGE
Je suis président d'une SAS, je ne cotise pas pour le chômage, ais-je droit de toucher le chômage partiel ? Merci.

JOURNALISTE
Il se pose la question du chômage partiel, quelle est la réponse, quelle est votre réponse que vous pouvez donner à Ahmed, notre téléspectateur ?

AGNES PANNIER-RUNACHER
Alors, pour ses salariés il n'y a évidemment pas de difficulté, mais lui il est dirigeant d'entreprise, donc les dirigeants d'entreprise ne sont pas concernés par le chômage partiel. Les dirigeants d'entreprise, comme ce sont eux qui prennent les décisions pour leurs salariés, ils ne peuvent pas utiliser ce vecteur, ils doivent, comme tous les indépendants, plutôt s'orienter vers le fonds de solidarité des entreprises, ou utiliser d'autres dispositifs.

JOURNALISTE
Cette nouvelle question de téléspectateur justement à l'instant, un peu liée finalement à cette situation : mon employeuse m'a mise au chômage partiel depuis 10 jours, elle ne m'a versé que 60% de mon salaire de mars, spécifiant, je la cite, j'attends le versement de la Direccte. Alors, on rappelle à nos téléspectateurs de quoi il s'agit, c'est la Direction régionale des entreprises, de la concurrence, de la consommation, du travail et de l'emploi. Est-ce qu'elle en a le droit ?

AGNES PANNIER-RUNACHER
Alors, elle aurait théoriquement dû verser le montant du chômage partiel. Le montant du chômage partiel, si cette personne est au SMIC c'est 100% de son net, si cette personne est au-dessus du SMIC ça peut aller jusqu'à 84% de son net, ce 60% je ne le reconnais pas, alors peut-être il est appliqué au brut ou au net. En tout cas, pour la rassurer, le chômage partiel il est versé dans les 10 jours de la validation de la demande, et les choses se passent de la manière suivante, l'entreprise dépose son dossier, elle obtient un numéro d'inscription dans l'heure qui vient, elle obtient une autorisation dans les 48 heures, c'est-à-dire que s'il n'y a pas de réponse, ça vaut autorisation, et à partir de ces 48 heures une dizaine de jours pour recevoir l'argent du chômage partiel.

JOURNALISTE
On s'occupe vraiment de tous les cas des Parisiens, des Franciliens, qui sont nombreux actuellement à prendre la parole sur notre antenne, avec cette nouvelle thématique notamment, une thématique nationale aux conséquences, on peut le dire, assez locales, celle de la solidarité de l'Etat, des assurances et des banques. Nous sommes en ligne actuellement ce matin avec Christian VABRET, bonjour, merci beaucoup d'être avec nous, président de la Chambre des métiers et de l'artisanat, et vous avez une question très concrète, vous aussi, à poser à la ministre.

CHRISTIAN VABRET, PRESIDENT DE LA CHAMBRE DES METIERS ET DE L'ARTISANAT
Oui, bonjour Madame la ministre. Les Chambres des métiers et de l'artisanat de France estiment que le gouvernement a bien ciblé les préoccupations des entreprises, fonds solidarité, travail partiel, garanties de prêts de trésorerie par l'Etat, aujourd'hui que faire pour ne laisser aucun artisan sur le bord du chemin, et au sortir de cette crise, que faire pour défendre les valeurs que l'artisanat défend depuis toujours, les valeurs humaines et professionnelles, l'artisanat et de commerce de proximité, les circuits courts, que faire pour relancer le « Made in France » auprès donc de nos artisans ?

JOURNALISTE
Le "Made in France" des artisans, que pouvez-vous faire vous au gouvernement Madame le ministre ?

AGNES PANNIER-RUNACHER
Alors, d'abord un point important, donc les Chambres des métiers et de l'artisanat c'est un partenaire absolument indispensable en particulier en ce moment, puisque c'est eux qui sont la première ligne de réponses, avec les Chambres de commerce et d'industrie, lorsque des entreprises appellent, et qui les orientent sur des dispositifs. Ce que nous sommes également en train de faire, pendant ce temps un petit peu particulier, c'est de donner aux commerçants et aux artisans l'accès à une série de ressources leur permettant de continuer à travailler même si leurs magasins sont fermés, d'abord en se numérisant, ensuite en ayant accès à des plateformes de livraison en ligne, à des conditions particulièrement, je dirais, soit gratuites, soit à tarifs très tirés vers le bas, de façon à ce qu'ils utilisent leurs magasins comme un stock et qu'ils puissent continuer à générer du chiffre d'affaires et à travailler. Et puis derrière, bien sûr, il va falloir pousser les circuits courts et la valorisation du produire en France, ça on l'avait entamé dans le cadre du pacte productif, on peut le faire dans le cadre des marchés publics, moi j'ai travaillé toute l'année dernière à mettre en place des clauses sociales et environnementales dans les marchés publics, qui notamment prennent en compte l'empreinte carbone des marchandises que nous achetons, de façon à valoriser les marchandises qui ne sont pas acheminées depuis l'autre bout du monde, ça c'est une façon de répondre à la problématique, une façon très objective et très concrète. Et puis, de manière plus générale, c'est de développer avec l'artisanat de nouveaux services, je pense par exemple à la réparabilité, en France on produit assez peu de machines à laver, assez peu de sécheurs, assez peu de petits… on a une grande entreprise qui est SEB, mais on est un petit producteur au regard des producteurs asiatiques, en revanche on pourrait développer la réparabilité de ces fours à micro-ondes, machines à laver, et les artisans pourraient jouer un rôle. Voilà un exemple très simple de démarche économique qui soit à la fois favorable aux petites entreprises et qui permet d'engager la transition écologique et énergétique.

JOURNALISTE
Christian VABRET, vous avez entendu la réponse de la ministre, avec des solutions qui existent, à imaginer aussi en cette période si compliquée pour tout le monde, qu'en pensez-vous ?

CHRISTIAN VABRET
Je pense que les réponses, bien sûr, seront adaptées, ce que nous essayons, nous, de comprendre maintenant c'est tous les cas précis pour pouvoir essayer de répondre au mieux aux préoccupations des artisans, c'est vrai que le gouvernement nous écoute, nous sommes en permanence, que ce soit avec Madame la ministre ou avec Bercy, en relation, de manière à ce que nos attentes, en particulier en ce moment, auprès des banques et des assurances, soient vraiment défendues et qu'on puisse préparer cette fameuse reprise, parce qu'il y aura la partie déconfinement, il y aura les orientations que prendra bien sûr le gouvernement, il faudra que nous on accompagne ces orientations pour rentrer rapidement dans une reprise, parce que je rappelle que nous approchons des périodes compliquées comme l'été et qu'il faut absolument qu'on ait remis tout le dispositif en place, et les Chambres de métiers et de l'artisanat, et tout, bien sûr notre système administratif, est à l'écoute par des moyens téléphoniques, et bien sûr des relations très personnelles puisque notre réseau est un réseau de proximité sur tous les départements et que nos agents sont en contact direct avec nos artisans.

JOURNALISTE
Le message est passé, merci beaucoup Christian VABRET d'avoir été avec nous en direct sur BFM. Madame la ministre, on vous écoute.

AGNES PANNIER-RUNACHER
Oui. Je pense qu'on est à quelques jours de Pâques, par exemple, c'est une période où il y a des chocolats pour les enfants, où on sait un repas un peu festif, si chacun prenait le temps d'essayer de plutôt aller organiser ce repas et ce moment festif en allant acheter chez des commerçants de proximité ou en commandant par Internet, mais chez des petits commerçants, chez des petits artisans chocolatiers, je crois que ça rendrait - chez des traiteurs aussi, parce que certains continuent à travailler boutique fermée, mais livrent - ça rendrait un fier service et ça serait aussi l'occasion de célébrer les savoir-faire français.

JOURNALISTE
Merci. Donc évidemment les Parisiens, les Franciliens, sont invités à se rendre chez des petits commerçants pour récupérer des confiseries. On aimerait parler avec vous Madame la ministre du fonds de solidarité, c'est Marguerite DUMONT qui va nous en parler ici sur le plateau de BFM Paris. Marguerite DUMONT, le gouvernement a donc créé un fonds de solidarité, à quoi sert-il à qui s'adresse-t-il ?

JOURNALISTE
On va reprendre les questions de nos téléspectateurs qui arrivent notamment sur les réseaux sociaux, notamment avec Festime, avec Jean SOAVI, bonjour, merci beaucoup d'être avec nous en direct, vous êtes restaurateur du côté de Bercy, c'est dans le 12e arrondissement, vous souhaitez poser une question notamment sur vos assurances, à Madame la ministre, qui vous écoute.

JEAN SOAVI, RESTAURATEUR A BERCY
Bonjour à tous, bonjour Madame la ministre. Ecoutez, Madame la ministre, vous êtes au coeur du sujet puisqu'il y a quelques années vous avez lancé un projet qui s'appelait « Coeur de ville », et moi j'ai lancé un projet qui s'appelait "Coeur de 12", sans connaître le vôtre, qui m'a amené jusqu'aux municipales dont je me suis désengagé pour d'autres raisons. C'est simple. les démarches sont assez compliquées, effectivement elles vont peut-être arriver sur nos comptes, mais elles ne sont pas encore arrivées, il n'y a qu'une solution pour sortir de cette crise, parce que vous le savez, comme moi, ça va durer 6 mois, pour la restauration ça va être pire parce qu'on ne va pas reprendre tout de suite, il n'y a qu'une solution pour sortir de cette crise, sinon on va couler, et ce n'est plus une crise économique qu'il y aura, mais une crise sociale, parce que les commerçants, il y avait déjà eu des soubresauts, sont à bout, la seule solution c'est la compensation de perte de chiffre d'affaires que nous subissons tous. Il y a plusieurs solutions, ou faire comme l'Allemagne et débloquer directement de l'argent, etc., ou voir avec les assurances, d'où ma question. Les assurances permettraient selon l'article 1-125, de pouvoir… parce que par exemple il y en a une qui a débloqué 200 millions sur les 25 milliards qu'elle fait, il suffirait de faire un décret, ou de faire voter à l'Assemblée nationale une loi pour que ça passe en catastrophe naturelle et que notre perte d'exploitation soit compensée, sinon, dans 6 mois, on coule, ou alors taxer les sociétés qui aujourd'hui, tant mieux pour eux, font 20 ou 30 % de chiffre d'affaires en plus, comme les sociétés de livraison, ou la grande distribution, pour compenser, et pour les assurances il suffirait qu'on rajoute sur les 62 millions de Français pratiquement qui payent tous une assurance… cotisation. Est-ce que ce serait possible, sinon c'est une crise sociale qui va arriver une fois que nous serons déconfinés ?

JOURNALISTE
Agnès PANNIER-RUNACHER, votre réponse à cette question, à cette situation très particulière de ce restaurateur.

AGNES PANNIER-RUNACHER
Alors, d'abord je veux juste remettre en perspective les aides de l'Etat, c'est 300 milliards d'euros sur les prêts, c'est près de 45 milliards d'euros, juste sur le mois de mars, en termes de soutiens divers, entre le chômage partiel, les cotisations sociales et fiscales, et le fonds de solidarité. Donc, lorsqu'on compare au plan international, on est un des pays qui avons fait l'effort le plus poussé pour venir en appui des entreprises, je pense que c'est important qu'on se le dise et qu'on le reconnaisse. Sur le sujet de la catastrophe naturelle et des assurances, il y a cette idée que si on déclarait cette crise sanitaire comme étant une catastrophe naturelle ça permettrait automatiquement de rembourser les pertes d'exploitation, rien n'est moins vrai car la catastrophe naturelle, dans la plupart des contrats d'assurance, elle rembourse des dommages aux biens, pas des pertes d'exploitation, les contrats sont très rarement, ou assez rarement construits comme ça, et la perte d'exploitation pointe rarement à ce type de situation, et lorsqu'il le pointe c'est souvent dans des entreprises qui sont structurées et qui en règle générale ont moins de problèmes de chiffre d'affaires, donc en fait c'est la fausse bonne idée. Si demain matin on votait, au Parlement, une loi disant les assurances doivent rembourser des frais dans le cadre de contrats qui ont été signés avant, alors qu'elles ne se sont pas engagées à rembourser ces frais, cela serait très fragile juridiquement, c'est comme si on vous dit demain matin, "eh bien écoutez monsieur, vous n'étiez pas d'accord pour payer ça, mais on vous demande de le payer", il se trouve que les juges pourraient considérer que c'est totalement rétroactif et déséquilibré. Et c'est pour ça que nous avons demandé aux assurances de contribuer au fonds de solidarité, parce que ça c'est une décision qu'elles prennent ici et aujourd'hui, c'est 200 millions d'euros qui sont immédiatement disponibles, et on sait que ces 200 millions d'euros ils vont aller aux entreprises qui en ont le plus besoin, ce sont les très petites entreprises, qui aujourd'hui sont en grande difficulté parce qu'elles ont massivement perdu du chiffre d'affaires ou parce qu'elles sont fermées administrativement, et on pense que c'est beaucoup plus efficace que d'imaginer qu'on va construire quelque chose qui va s'appliquer rétroactivement à des situations très diverses d'entreprises. Peut-être une précision. Ce qu'a montré cette crise c'est qu'en revanche le risque de catastrophe sanitaire il doit faire l'objet d'une couverture particulière parce que c'est un risque qui effectivement peu arrivé, on en a la preuve ici, et c'est un risque qui appelle probablement une construction spécifique, un peu sur le mode des catastrophes naturelles, et effectivement pas pour couvrir des dommages aux biens, parce que les catastrophes sanitaires ça casse assez peu les boutiques et ça les brûle assez peu, en revanche du dommage au chiffre d'affaires, et c'est ce sur quoi nous commençons à travailler avec les assurances.

JOURNALISTE
Merci pour cette réponse Madame la ministre, merci beaucoup Jean SOAVI d'avoir été avec nous en direct depuis le 12e arrondissement. Est-ce qu'on a le temps pour une dernière question, oui, une dernière question de téléspectateur pour terminer Madame la Ministre, une question, elle est d'actualité. L'Alliance du commerce demande au gouvernement un report du début des soldes à début juillet et une suspension de la règle des 30 jours, vous savez, pour les soldes d'été, en faisant appel à la bienveillance des autorités durant cette période. Ils veulent que les soldes durent 6 semaines au lieu de 4 habituellement, est-ce que, la question est très simple, est-ce que c'est possible ?

AGNES PANNIER-RUNACHER
Alors, c'est parfaitement possible, et on est tout-à-fait à l'écoute des commerçants, qu'il s'agisse des commerçants indépendants, des enseignes ou des grands magasins, le petit détail sur lequel on attire l'attention de tout le monde, c'est que tant qu'on n'a pas une clarté sur le scénario déconfinement, et donc sur la capacité de ces différents commerces à rouvrir, et les conditions dans lesquelles ils vont pouvoir rouvrir, il nous paraît un peu trop tôt pour définir les conditions de soldes. Mais qui est très clair, et ce sur quoi on sera tout-à-fait à l'écoute, c'est qu'on calera les soldes de façon à ce que ça facilite, pour les commerçants et pour les enseignes, la capacité à renouer avec le chiffre d'affaires et à renouer avec l'activité, donc tous les scénarios sont possibles, repousser, allonger la durée des soldes, revoir certains paramètres des soldes, l'objectif c'est que les petits, comme les grands, et quand même les petits en particulier parce que c'est eux aujourd'hui qui sont le plus en difficulté, puissent se récupérer, autant que possible, sur cette période de soldes, ce qui ne sera pas simple.

JOURNALISTE
Merci, merci beaucoup d'avoir été avec nous Madame la ministre Agnès PANNIER-RUNACHER, en direct depuis votre ministère, merci beaucoup d'avoir joué le jeu et d'avoir répondu à ces questions de nos téléspectateurs ici à Paris et en Ile-de-France.


source : Service d'information du Gouvernement, le 8 avril 2020