Interview de Mme Sibeth Ndiaye, secrétaire d'État, porte-parole du Gouvernement, à France 2 le 19 mars 2020, sur l'application des mesures de confinement face au coronavirus au Parlement, dans les secteurs de la distribution et du transport.

Prononcé le

Intervenant(s) : 
  • Sibeth Ndiaye - Secrétaire d'État, porte-parole du Gouvernement

Média : France 2

Texte intégral

JEFF WITTENBERG 
Sibeth NDIAYE, évidemment, à qui nous avons beaucoup de questions à poser ce matin. Bonjour Sibeth NDIAYE. 

SIBETH NDIAYE  
Bonjour. 

JEFF WITTENBERG 
Merci d'être avec nous ce matin. le Parlement va se réunir en urgence, compte tenu de la situation pour voter notamment l'état d'urgence sanitaire, mais aussi un certain nombre de mesures économiques, la question qu'on se pose, ce matin, c'est : est-ce bien raisonnable alors qu'il y a 26 députés au moins qui sont atteints par le coronavirus, est-ce qu'on n'aurait pas pu imaginer une réunion du Parlement en visioconférence, comme cela se fait dans un grand nombre d'entreprises ? 

SIBETH NDIAYE  
Alors, le Parlement a la nécessité de se réunir physiquement, mais il y a déjà des mesures exceptionnelles qui ont été prises, puisqu'à l'intérieur de l'hémicycle qui, normalement, peut accueillir 577 députés, on aura un tout petit nombre de personnes qui seront présentes, les présidents de groupes seront porteurs des voix de chacun de leur groupe, ce qui permettra d'avoir à la fois, ce qui, moi, me semble extrêmement important dans cette période, d'autant plus lorsqu'on s'apprête à déclarer l'état d'urgence sanitaire, d'avoir un contrôle démocratique par les parlementaires de notre nation. 

JEFF WITTENBERG
 Mais est-ce que vous ne comprendriez pas, Sibeth NDIAYE, que les Français seraient d'accord pour que, exceptionnellement, vu le risque et vu ce qu'on leur demande à eux, c'est-à-dire de rester chez eux, les députés en fassent autant, et les sénateurs, pour que le risque soit minimal chez eux aussi, et que non pas la démocratie soit mise entre parenthèses, mais adaptée à la situation ? 

SIBETH NDIAYE  
Qu'on se comprenne bien, on est déjà dans une adaptation, et puis, on dit aux français de rester chez eux, mais, on leur donne aussi la possibilité de travailler, de télétravailler, quand leur entreprise et la nature de leurs fonctions le permettent, mais aussi de travailler en présentiel, donc comme tout le monde, nous montrons l'exemple du côté de l'exécutif, que ce soit au gouvernement, mais aussi du côté de la représentation parlementaire, moi, je salue les députés qui seront présents dans l'hémicycle de l'Assemblée nationale et du Sénat parce qu'il faut à la fois du courage dans un moment où il y a cette peur qui traverse la société française, mais aussi de la détermination, parce qu'ils sont les garants d'un fonctionnement démocratique de notre pays. 

JEFF WITTENBERG 
Ça veut dire qu'il est constitutionnellement impossible que les députés télétravaillent eux aussi, et je répète, aient ce genre de discussion en visioconférence, comme cela se passe dans le monde de l'économie par exemple en ce moment ? 

SIBETH NDIAYE  
Alors, moi, je ne suis pas constitutionnaliste, donc je ne vais pas pouvoir répondre à votre question, et je vous invite plutôt à vous rapprocher des services de l'Assemblée nationale ou du Sénat pour ce faire… 

JEFF WITTENBERG
 Oui, en tout cas, ce n'est pas à l'ordre du jour… 

SIBETH NDIAYE  
Mais ce qui est décidé et ce qui va se faire l'a été en concertation avec les présidents des groupes parlementaires dans chacune des deux assemblées, donc j'imagine qu'ils ont, là, trouvé la meilleure des solutions pour eux-mêmes, puisque ça n'est pas à l'exécutif, et je pense que c'est important de le dire, ce n'est pas le gouvernement qui impose à l'Assemblée nationale ni au Sénat les modalités selon lesquelles ils se réunissent, bien sûr… 

JEFF WITTENBERG 
L'autre question qui se pose, Sibeth NDIAYE, c'est la réunion des conseillers municipaux qui ont été élus au premier tour, il y en a 30.000 quand même, est-ce qu'ils doivent élire leur maire, comme cela était prévu initialement d'ici ce week-end, avec, là aussi, les risques qu'ils encourent ? 

SIBETH NDIAYE  
Alors, vous savez les municipalités, elles vont être au premier rang des administrations, au fond, qui vont devoir accompagner nos concitoyens, notamment parmi ceux qui sont les plus fragiles, donc c'est important que les nouveaux exécutifs puissent se mettre en route, et évidemment, ça doit se faire dans des conditions de sécurité sanitaire optimale, ça a déjà été le cas, et on l'a vu, des municipalités qui étaient très raisonnables, très responsables pour organiser le vote dans les meilleures conditions possibles, ce qu'on a vu au premier tour de la semaine dernière. Et moi, je ne doute pas que ces distances minimales de sécurité, le fait que ces votes se déroulent à huis clos, alors que d'habitude, ils sont ouverts au grand public, permettent de réaliser, là aussi, un moment démocratique qui est important, mais aussi un moment qui permettra d'avoir des équipes municipales opérationnelles pour gérer la crise du coronavirus aussi à leur niveau. 

JEFF WITTENBERG
 Ça veut dire que vous, au gouvernement, vous ne préconisez pas, eh bien, le report de ces conseils municipaux, ils doivent se tenir comme c'était prévu à condition de respecter les règles ? 

SIBETH NDIAYE  
Oui bien sûr, et d'ailleurs, c'est ce que nous préconisons aussi dans le monde du travail, que le tissu productif puisse continuer à fonctionner, mais que cela se fasse avec les mesures sanitaires qui soient intégrées, c'est-à-dire la distance d'un mètre entre les gens qui sont à l'intérieur d'une entreprise, sur une chaîne de production, le fait qu'on puisse disposer d'eau, de savon pour se laver les mains ou de gels hydroalcooliques, et donc on voit bien, et ça s'applique aussi bien au monde politique qu'au monde de l'entreprise, il n'y a pas de différences entre les deux, il n'y a pas des gens qui sont privilégiés d'un côté et des gens qui ne le sont pas de l'autre, on peut aller travailler comme on peut exercer le droit démocratique d'élire un maire, du moment qu'on respecte les mesures sanitaires qui sont préconisées par les autorités de santé  

JEFF WITTENBERG
 Alors, dans les différentes mairies, que les conseils municipaux nouveaux soient élus ou non, il y a une polémique qui est en train de monter, c'est celle des marchés publics, en plein air ou couverts, est-ce qu'il faut les interdire, comme le proposait, dans certains cas, Olivier VERAN, le ministre de la Santé ou, au contraire, les maintenir, les autoriser, c'est le cas par exemple à Paris, ce qui a été confirmé hier soir ? 

SIBETH NDIAYE  
Alors, c'est important que nos concitoyens, qui ont aujourd'hui beaucoup de restrictions dans leurs sorties, puissent accéder à une offre alimentaire de qualité, et ça se fait aussi sur les marchés. Mais comme vous, comme moi, nos concitoyens, savent aussi que sur les marchés, il y a des tas de choses qui se vendent qui n'ont rien à voir avec alimentaire, ce que nous recommandons donc aux maires qui sont ceux qui donnent l'autorisation d'ouverture de ces marchés, c'est de faire en sorte qu'il n'y ait plus aucun stand qui ne vende pas de l'alimentaire, ça, c'est parfaitement possible, c'est à leurs mains, que, du coup, il puisse y avoir un espacement géographique, j'allais dire, des stands. Mais aussi, on en appelle au civisme de ceux qui sont les vendeurs sur ces marchés et de ceux qui sont les acheteurs, on peut respecter les distances de sécurité on a vu, en Italie, moi, j'ai le souvenir… 

JEFF WITTENBERG 
C'est parfois difficile dans certains marchés. Excusez-moi, Sibeth NDIAYE, mais on sait très bien que certains marchés, parisiens, notamment, qui se tiennent sur les trottoirs, empêchent concrètement que les gens se tiennent chacun à un mètre de distance, vous en êtes-vous même consciente. 

SIBETH NDIAYE  
Mais c'est pour ça que je vous dis qu'il faut réduire le nombre de stands qui sont présents sur les marchés, notamment, on peut les réduire en enlevant les stands qui sont des stands de vente de vêtements par exemple ou de vente d'articles ménagers qui ne nécessitent pas forcément d'être présents sur les marchés, puisque notre objectif, c'est que les Français puissent accéder à une offre alimentaire de qualité… 

JEFF WITTENBERG 
On va en parler… 

SIBETH NDIAYE  
Déjà, une première solution, et on l'a vu, pardon, mais on cite beaucoup en ce moment sur la manière dont le confinement a été organisé, ce qui s'est passé en Italie, où ils ont aussi laissé des marchés ouverts et où on a vu, y compris dans des endroits qui n'étaient pas forcément évident, les gens être en capacité de s'adapter, c'est ce que nous demandons ici aussi, vous savez, c'est une situation ce qu'on vit qu'on n'a jamais vécue, qui est totalement exceptionnelle, donc il faut savoir prendre des mesures, savoir s'organiser… 

JEFF WITTENBERG 
Donc on s'adapte. 

SIBETH NDIAYE  
Savoir ajuster les choses, je ne prétends pas détenir la vérité absolue sur la manière dont les choses doivent s'organiser sur le terrain, mais moi, je fais vraiment appel à l'intelligence collective pour que cela puisse être possible. 

JEFF WITTENBERG 
Alors, Sibeth NDIAYE, il y a les marchés et il y a les supermarchés, les grandes surfaces, de plus en plus de Français dans de nombreuses régions constatent que les rayons sont vides, qu'il y a concrètement une tension sur la production… enfin pas sur la production, mais sur l'approvisionnement, est-ce que vous, vous, dites, ce matin : il n'y a pas de problème, tout le monde, en quelque sorte, pourra trouver les produits alimentaires qu'il recherche dans les jours qui viennent ? 

SIBETH NDIAYE  
Alors, vous savez, les rayons vides, en fait, qu'on voit, ils sont dus au fait qu'il y a des gens qui ont un peu paniqué et qui se sont rendus dans les supermarchés et qui ont acheté des dizaines de paquets de pâtes, de paquets de riz, de conserves alors qu'ils n'en avaient pas la nécessité immédiate, c'est l'appel qui a été lancé par Bruno LE MAIRE, le ministre de l'Economie, mais également Didier GUILLAUME, le ministre en charge de l'Agriculture, c'est de ne pas faire des stocks, puisque nous savons, et nous l'avons vu, depuis le début de la crise avec les grands distributeurs, donc les grands propriétaires de supermarchés, mais également dans toute la chaîne de l'agroalimentaire, il ne va pas y avoir de pénurie ni de pâtes, ni de riz ni de conserves en France… 

JEFF WITTENBERG
 Si je peux me permettre, c'est seulement cela, Sibeth NDIAYE, le numéro 2 du MEDEF notamment constatait qu'il y a de plus en plus de personnels qui exercent leur droit de retrait dans le monde de la distribution, dans le monde du transport, est-ce qu'il n'y a pas une difficulté à expliquer aux salariés qu'ils doivent rester chez eux et à ceux des grandes surfaces que, eux, par contre, parce que c'est stratégique, l'alimentaire, ils doivent continuer à travailler, est-ce qu'il n'y a pas une inquiétude au moins sur ce point, Sibeth NDIAYE ? 

SIBETH NDIAYE  
Alors, il faut différencier deux choses, vous me posiez la question sur : est-ce que les rayons des supermarchés sont vides, est-ce qu'ils vont rester vides, je vous réponds en vous disant que c'est dû à une forme de pénurie j'allais dire artificielle, qui est créée, parce qu'il y a des gens qui vont chercher à manger alors qu'ils n'en ont pas besoin et qui font des stocks, ça, c'est une chose. Après, il y a une deuxième chose, qui est l'inquiétude légitime, complètement compréhensible que peuvent éprouver un certain nombre de salariés, mais d'ailleurs, pas que dans les supermarchés, le message qui est le nôtre, c'est que l'activité économique de notre pays ne doit pas s'arrêter, je vais vous donner un exemple tout bête, aujourd'hui, pour que vous ayez une brique de lait dans votre supermarché, il faut que cette brique de lait, elle ait été produite par une vache, donc dans une exploitation agricole, il faut qu'il y ait eu une usine d'emballage qui produit le carton ou la bouteille qui permet d'emballer et de transporter cette brique de lait, il faut qu'il y ait un camion, qui ait permis de faire de la logistique, il faut que ce camion, éventuellement, le cas échéant, s'il tombe en panne, il y ait eu un garagiste qui permette de le réparer ; on voit bien que pour… 

JEFF WITTENBERG 
Donc ça veut dire quoi, que tous ces gens-là, ils doivent continuer à travailler Madame NDIAYE ? 

SIBETH NDIAYE  
Tous ces gens-là doivent évidemment continuer à travailler… 

JEFF WITTENBERG 
Donc ça fait beaucoup… 

SIBETH NDIAYE  
Le message que nous avons dit, je reconnais que dès qu'on est dans des messages qui sont nuancés, ce n'est pas évident de les comprendre, mais ce que nous disons, c'est que tous les gens qui peuvent travailler à distance doivent travailler à distance, parce que, de manière globale, ça permet de réduire les interactions entre les individus dans la population. Ensuite, tous les gens dont la fonction ne permet pas un travail à distance doivent pouvoir travailler, mais leur entreprise… 

JEFF WITTENBERG
 Et donc prendre des risques, Sibeth NDIAYE … 

SIBETH NDIAYE  
Non, écoutez, écoutez-moi, les gens qui ne peuvent pas télétravailler doivent pouvoir travailler en présentiel, mais ce travail, l'exercice de leur métier doit se faire en sécurité et cette sécurité, elle leur est due par leur employeur, c'est la raison pour laquelle nous avons fortement encouragé les organisations syndicales et les organisations patronales à se mettre d'accord sur des guides de bonnes pratiques, qui seront des guides qui permettront au fond de dire quelles sont les bonnes pratiques dans une chaîne de production industrielle, à l'intérieur d'un camion qui transporte des denrées alimentaires, quelles sont les bonnes pratiques pour préserver la santé de nos compatriotes qui sont au travail, moi, je veux vraiment saluer tous ceux qui en se levant le matin ont un petit peu la boule au ventre et se disent : il faut que je prenne les transports en commun, il faut que j'aille à mon travail, et qui, au fond, participent de cet effort contre la guerre, dans la guerre sanitaire que nous sommes en train de mener, je veux vraiment les saluer parce qu'on parle beaucoup des soignants, et c'est normal, mais moi, je pense à la caissière du supermarché en bas de chez moi, je ne dirai pas le nom de la marque, mais, voilà, parce que je sais aussi qu'il y a de la peur, mais c'est aussi importants qu'ils soient au travail… 

JEFF WITTENBERG 
Sibeth NDIAYE , si malgré ce guide de bonnes pratiques que vous préconisez qui va peut-être mettre quelques jours à se mettre en place, il y a, de fait, de plus en plus de gens qui se mettent en retrait parce qu'ils en ont le droit et qui n'approvisionnent plus en quelque sorte les rayons des supermarchés, qu'est-ce que le gouvernement a prévu, est-ce qu'il y a un moment où, par exemple, la force publique peut intervenir, je ne sais pas, l'armée par exemple pour que le ravitaillement, puisqu'on est en période de guerre, on emploie les mots qui correspondent, soit assuré pour toute la population française ? 

SIBETH NDIAYE  
Alors d'abord, il faut rappeler ce qu'est le droit de retrait dans le droit du travail français, c'est d'abord un droit qui s'exerce à titre individuel, donc c'est une personne qui peut exercer son droit de retrait, ce n'est pas comme le droit de grève, qui est droit collectif, c'est aussi, ensuite, un droit qui doit s'exercer quand le salarié estime que sa vie ou sa santé connaissent un danger grave et imminent, donc on n'est pas dans cette situation-là, dès lors que l'employeur met en place les stratégies qui permettent de respecter les mesures barrières. Par exemple, on peut imaginer dans les supermarchés qu'on bricole des protections en plexiglas, des vitres en plexiglas entre la caissière ou le caissier et le client. Ça, ce sont des mesures de protection qui permettent de lutter contre ce qui est la transmission du coronavirus, qui est une transmission qui se fait par gouttelettes, donc tousser, éternuer, échanger des choses avec des mains souillées, donc on a des gestes qui permettent d'aider, qui permettent d'aider à faire en sorte que les salariés soient en sécurité du point de vue sanitaire. Muriel PENICAUD, dans le projet de loi qui a été présenté en Conseil des ministres hier, a fait aussi évoluer les prérogatives de la médecine du travail de manière à ce qu'elle puisse aussi contribuer à accompagner les entreprises et les salariés pour respecter cette sécurité sanitaire justement. 

JEFF WITTENBERG 
On a vu hier sur les réseaux sociaux notamment beaucoup d'images de gens qui continuent à se réunir là où c'est possible, en tout cas, le ministre de l'Intérieur, Christophe CASTANER, a annoncé plus de 4.000 infractions verbalisées hier, est-ce que c'est suffisant, est-ce qu'il faudrait renforcer aujourd'hui les mesures de confinement, être plus strict, prévoir des amendes plus lourdes, puisqu'on constate que certaines personnes ne les respectent pas ? 

SIBETH NDIAYE  
Alors c'est normal au tout début de cette période de confinement que, en fait, il y ait des ajustements à faire, et de la même manière, que le gouvernement, y compris lui-même, ajuste les recommandations qu'il fait en fonction de l'acquisition de connaissances scientifiques, en fonction de l'évolution de l'épidémie ; de manière assez naturelle, nos compatriotes s'ajustent aussi, mais évidemment, que, indéfiniment, on ne va pas laisser les mesures de confinement ne pas être respectées, donc il ne s'agit pas, là, de les renforcer, ce n'est pas notre objectif, à ce stade, mais notre objectif, c'est de faire respecter les mesures qui existent. Moi, j'en appelle vraiment au civisme collectif parce que… 

JEFF WITTENBERG 
Mais vous avez constaté vous aussi des débordements ? Vous avez constaté, vous aussi, que ces mesures ne sont pas foncièrement respectées par un certain nombre de personnes ? 

SIBETH NDIAYE 
 Alors moi, à titre personnel, non, parce que, comme je les respecte les mesures de confinement en question, quand je me lève le matin, et que je sors de chez moi pour aller travailler, puisque, en tant que ministre, on est considéré comme des personnels essentielles à la bonne continuité de la vie de la nation, donc, eh bien, après, je reste au travail, et ensuite, je rentre chez moi et je n'en sors plus, donc moi, je respecte les mesures, mais en revanche, comme vous, j'ai vu des reportages télévisés, j'ai entendu des reportages à la radio qui montrent qu'il y a des gens qui ne respectent pas ce confinement. Je fais vraiment appel à leur civisme, et puis, à un moment donné, eh bien, écoutez, il y a une loi qui est édictée, cette loi, elle prescrit qu'il y aura des amendes, elles se montent à 135 euros, ces amendes, elles seront données, et elles seront payées, à un moment donné, il faut que tout le monde soit responsable, parce que, à titre individuel comme à titre collectif, on a vraiment chacun un rôle à jouer dans la guerre contre le coronavirus.  

JEFF WITTENBERG 
La situation s'aggrave, ce sont les mots qu'a prononcés hier Jérôme SALOMON, le directeur général de la santé, la France a connu en une seule journée près de 100 cas, 100 décès supplémentaires, l'Italie, qui est en confinement depuis plus d'une semaine, a enregistré, hier, elle, un record de décès, près de 500 en une seule journée. Quelle est la situation à laquelle doit s'attendre la France, le confinement vient de débuter, est-ce que cela veut dire qu'on se dirige vers les mêmes chiffres que ceux que connaît notre voisin italien ? 

SIBETH NDIAYE  
Notre volonté évidemment, c'est que, à travers les mesures que nous avons prises dans le passé, et les mesures que nous avons prises de manière plus récente, on puisse, au fond, aplanir ce fameux pic épidémique, l'objectif étant qu'au niveau national, notre système de santé ne soit pas débordé par l'afflux de malades, et donc toutes les mesures que nous avons prises jusqu'à maintenant, où on a un systématiquement isolé les clusters, c'est-à-dire les endroits où il y avait des regroupements de patients, on a interdit les rassemblements, tous les rassemblements dans une zone où il y avait une circulation intense du virus, ces mesures-là, j'espère qu'elles auront permis de freiner d'abord la propagation de l'épidémie, mais aussi d'aplanir véritablement… 

JEFF WITTENBERG 
Pour l'instant, on n'est pas sur un frein, on est sur une accélération, Sibeth NDIAYE, donc comme l'Italie, qui avait mis des mesures de confinement avons nous, est-ce qu'on doit s'attendre à une accélération encore plus grande dans les prochains jours, c'est la question ? 

SIBETH NDIAYE  
Alors dans les prochains jours effectivement, on va voir un nombre plus important de malades, c'est l'évolution de l'épidémie, ce qui est important à comprendre, c'est que les mesures que nous avons prises, les mesures que nous continuons à prendre, elles ont vocation à faire en sorte que nous ne soyons pas en quelque sorte au plafond de qu'aurait pu être le nombre de personnes malades, intubées, ventilées dans les hôpitaux et dans les réanimations, ou le nombre de personnes décédées. Donc les efforts que nous réalisons, les efforts que nous demandons aux Français de réaliser, ils ont vocation à faire en sorte qu'on ne soit pas dans la même situation que d'autres pays qui ont connu des ravages plus importants que les nôtres à ce stade pour le coronavirus. Et donc dans les jours à venir, oui, on devra continuer a égrener malheureusement des décès sur le coronavirus, des gens qui arriveront dans des situations critiques à l'hôpital, mais tout ce que nous réalisons a vocation à faire qu'il y ait le moins possible d'augmentation du nombre de personnes qui arrivent dans les hôpitaux dans une situation critique. 

JEFF WITTENBERG 
Eh bien, on vous a entendue ce matin. Merci beaucoup, Sibeth NDIAYE, porte-parole du gouvernement. 

SIBETH NDIAYE  
Merci à vous. 


Source : Service d'information du Gouvernement, le 20 mars 2020