Texte intégral
YVES CALVI
Bonjour Jean-Baptiste DJEBBARI.
JEAN-BAPTISTE DJEBBARI
Bonjour Yves CALVI.
YVES CALVI
Vous êtes secrétaire d'État aux Transports, merci beaucoup d'être avec nous ce matin en direct dans ce studio. Une première question : on l'a appris hier soir, un de vos confrères du gouvernement, en l'occurrence le ministre de la Culture Franck RIESTER, est atteint du coronavirus. Est-ce que vous avez de ses nouvelles ? Comment va-t-il ?
JEAN-BAPTISTE DJEBBARI
J'ai de ses nouvelles, il va bien. Il dit avoir les symptômes d'une petite grippe. Il est en quatorzaine chez lui et il travaille depuis chez lui mais ça va.
YVES CALVI
L'ensemble du gouvernement a-t-il été testé et vous-même, personnellement, est-ce que vous avez fait des tests ?
JEAN-BAPTISTE DJEBBARI
Non. Non, je n'ai pas fait les tests. L'ensemble des membres du gouvernement n'a pas été testé à ma connaissance. Nous faisons comme tous les Français : nous ferons des tests si les symptômes apparaissent. C'est d'ailleurs ce qu'a fait Franck RIESTER puisque les symptômes sont apparus hier matin. Il a fait le test dans la matinée et il a appris la nouvelle dans l'après-midi.
YVES CALVI
Une dernière question. A votre connaissance, y a-t-il un service de protection renforcée qui est mis en place autour de notre Premier ministre ou de notre chef d'État Emmanuel MACRON ?
JEAN-BAPTISTE DJEBBARI
Non. Je crois qu'il y a, notamment à l'Elysée, des mesures supplémentaires pour notamment nettoyer les bureaux qui sont prises, mais comme dans beaucoup d'entreprises notamment beaucoup d'entreprises publiques. Donc il y a effectivement ces mesures de précaution mais je ne crois pas plus là qu'ailleurs.
YVES CALVI
Qu'attend la France pour passer au stade 3 quand on voit ce qui vient de se passer l'Italie où ils sont sous cloche depuis hier ? Et est-ce que ça devient une nécessité selon vous ?
JEAN-BAPTISTE DJEBBARI
La France évalue la situation au jour le jour et, aujourd'hui, nous sommes encore au stade 2 renforcé parce qu'il y a toujours ces foyers de circulation locale du virus et pas encore, du point de vue des experts, de circulation épidémique, c'est-à-dire sur l'ensemble du territoire français du virus. Alors qu'en Italie, vous avez vu les chiffres, il y a une propagation très rapide du virus et effectivement hier, le Premier ministre italien a décidé de mesures complémentaires.
YVES CALVI
Mais est-ce que ça veut dire qu'en quelque sorte, on essaie de gagner du temps avant de devoir ouvrir les portes si je puis dire ? Au sens positif du terme. Je ne sais pas si je me fais comprendre.
JEAN-BAPTISTE DJEBBARI
Absolument. C'est juste puisque vous savez que nous sommes en fin de pic de la grippe saisonnière et donc, pour ne pas saturer nos hôpitaux publics notamment, notre système sanitaire au sens large, nous essayons de gagner du temps. Mais la réalité, c'est qu'aujourd'hui les foyers sont encore assez largement circonscrits en Corse, dans l'Oise, dans le Haut-Rhin, dans le Morbihan. Mais la situation étant évolutive par nature, le gouvernement prendra toutes les mesures qui s'imposent dès lors que la circulation serait épidémique, évidemment, et en toute transparence.
YVES CALVI
Alors on a beaucoup de questions à poser au secrétaire d'État aux Transports, c'est votre fonction, et on peut ne pas comprendre certaines choses. On interdit des réunions de plus de mille personnes et, en même temps, dans les déplacements et dans les regroupements il y a des dérogations, notamment pour les transports publics, notamment la RATP ou la SNCF, puis se pose aussi la question des bus scolaires. Que faut-il faire et est-ce que les choses vont évoluer ?
JEAN-BAPTISTE DJEBBARI
D'abord des choses sont faites sur l'ensemble du secteur des transports depuis maintenant plus d'un mois et demi. Il y a eu des équipes sanitaires qui ont été mises en place à l'aéroport Charles-de-Gaulle très en amont. Il y a les contrôles à la demande en fonction, quand vous avez… Par exemple dans les avions, c'est arrivé les jours précédents, des personnes qui présentent des symptômes. D'ailleurs en général la levée de doutes a été négative, c'est-à-dire que les personnes n'étaient pas atteintes du coronavirus. Dans les transports d'une manière générale, il y a désinfections notamment des barres de métro par exemple qui sont plus régulières. Il y a évidemment pour les agents du gel et des moyens sanitaires qui sont mis à leur disposition. Et puis pour répondre à votre question…
YVES CALVI
Excusez-moi, quand on prend un RER à Paris en ce moment ou qu'on prend la ligne 13, par définition on est plus de mille personnes en train de se transporter, collés les uns contre les autres.
JEAN-BAPTISTE DJEBBARI
On n'est pas plus de mille personnes. On est au maximum huit cent cinquante personnes dans un métro. Mais depuis le début, nous élaborons notre doctrine avec les experts médicaux. Donc les gares et les stations ne sont pas des lieux de confinement, ce sont bien des lieux de passage. Et puis, nous l'avons rappelé, il y a un caractère essentiel au maintien des transports puisque les Français vivent de leur métier. D'ailleurs en Italie, ils ne font pas différemment. Vous savez qu'en Italie, c'est la vie sociale qui est réduite, mais la vie économique, les déplacements professionnels sont bien permis.
YVES CALVI
Pardonnez-moi mais cette barrière de mille personnes, c'est une barrière symbolique. Entre huit cent cinquante et mille personnes, honnêtement je n'arrive pas à voir la différence et je ne pense pas qu'elle soit à ce point importante.
JEAN-BAPTISTE DJEBBARI
Oui, mais c'est bien la différence entre le caractère essentiel des transports et le caractère plus événementiel d'un marathon ou d'un match de foot et de rugby, même si on peut regretter qu'il soit annulé ou reporté. Et puis par ailleurs, nous l'avons dit à de multiples reprises mais c'est une réalité : la meilleure des protections et les meilleures des protections sont des protections individuelles. Ce sont les fameux gestes barrières qu'on répète sans cesse mais qui effectivement nous protègent dans les transports et, d'une manière générale, dans la vie au quotidien.
YVES CALVI
Est-ce qu'on peut s'attendre à des restrictions plus importantes dans les jours à venir ? Et est-ce que le stade 3 les inclut ?
JEAN-BAPTISTE DJEBBARI
C'est effectivement le stade 3 que nous préparons, notamment avec les deux grandes entreprises publiques que sont la SNCF et la RATP, qui viseront en fait à gérer l'absentéisme. On peut s'attendre avec le pic épidémique à avoir plus de personnes absentes, notamment dans ces deux grandes entreprises publiques, d'avoir peut-être 15%, 20% de gens absents. Et donc un peu comme nous l'avons fait pendant la grève, nous gérerons l'absentéisme peut-être en réduisant la fréquence sur certaines lignes, peut-être en priorisant certaines autres lignes. Nous le ferons au jour le jour en fonction des effectifs disponibles.
YVES CALVI
Donc ce serait une adaptation avec des limitations spécifiques où vous favorisez les lignes, on va dire, les plus importantes…
JEAN-BAPTISTE DJEBBARI
Absolument.
YVES CALVI
Et d'autres peuvent être fermées ou mises entre parenthèses ponctuellement.
JEAN-BAPTISTE DJEBBARI
C'est effectivement l'adaptation du plan de transport que nous préparons avec notamment la SNCF et la RATP.
YVES CALVI
Jean-Baptiste DJEBBARI, que dites-vous aux Français qui nous écoutent ce matin et qui avaient des vacances prévues par exemple en mars et en avril ?
JEAN-BAPTISTE DJEBBARI
Je dis que…
YVES CALVI
SNCF et avions bien entendu.
JEAN-BAPTISTE DJEBBARI
SNCF, RATP, les avions AIR FRANCE, l'ensemble des entreprises de transport ont communiqué hier sur notamment la possibilité de reporter leur départ, de voir les échanges faits sans frais, d'avoir la possibilité d'obtenir des remboursements en cas d'annulation, donc je vois que maintenant le cadre est bien posé. Et après, j'en appelle à la responsabilité de chacun évidemment. Se déplacer aujourd'hui dans des endroits qui sont particulièrement touchés par le virus, chacun doit ici juger en conscience.
YVES CALVI
Les autocaristes sont en grande difficulté. Voyages scolaires supprimés, vacances en autocar annulées. Que peut faire l'État dans ce cas-là ? Est-ce qu'il y a les mesures d'aide, des étalements de charges ou du chômage partiel éventuellement qu'il faut envisager ?
JEAN-BAPTISTE DJEBBARI
Vous avez raison. Dans l'industrie du transport au sens large, l'aérien est très touché, le maritime également parce que les ports chinois ont beaucoup fermé et que beaucoup des conteneurs viennent de Chine. Les bus scolaires, parce que certaines écoles sont fermées, sont évidemment touchés. Et donc nous recevons, je reçois au Ministère demain l'ensemble des filières demain après-midi, et il y a une deuxième réunion à Bercy avec Bruno LE MAIRE jeudi, de manière essentiellement à poser les mesures de soutien en trésorerie parce que c'est ce besoin qui va être prégnant pour ces entreprises. C'est de passer les deux, trois mauvais mois qui sont actuels et devant nous de manière à repartir après le coronavirus. Parce qu'évidemment, on se concentre aujourd'hui sur l'actualité et le caractère un peu aigu de la crise du coronavirus, mais il y aura évidemment un après et il faut que ces entreprises puissent se redresser et repartir très rapidement à la conquête de leurs marchés.
YVES CALVI
Merci beaucoup, Jean-Baptiste DJEBBARI. Je rappelle que vous êtes secrétaire d'État aux Transports et que vous annoncez ce matin sur RTL notamment des efforts, en particulier pour les transports, en ce qui concerne les aides de charges pour les autocaristes et pour ces entreprises qui sont impactées.
JEAN-BAPTISTE DJEBBARI
Absolument.
YVES CALVI
Merci infiniment. Bonne journée à vous.
JEAN-BAPTISTE DJEBBARI
A vous aussi.
Source : Service d'information du Gouvernement, le 12 mars 2020