Texte intégral
ROMAIN DESARBRES
Bonjour Jean-Baptiste DJEBBARI.
JEAN-BAPTISTE DJEBBARI
Bonjour à vous.
ROMAIN DESARBRES
Secrétaire d'État aux Transports. Merci d'avoir choisi CNews pour parler ce matin, d'avoir choisi La Matinale. Déjà cette information sur RENAULT de nos confrères du Figaro au lendemain de l'annonce du plan à huit milliards d'euros pour sauver le secteur automobile, RENAULT qui pourrait supprimer cinq mille postes en France d'ici à 2024. Déjà est-ce que vous confirmez ?
JEAN-BAPTISTE DJEBBARI
Non. Je confirme qu'on a reçu avec le président de la République le patron de RENAULT, les constructeurs et la filière automobile hier, que tout ça a été évoqué et que le président de la République a demandé des engagements à RENAULT. Il a d'ailleurs rappelé à RENAULT que RENAULT s'était engagé notamment sur le site de Maubeuge à investir quatre cent cinquante millions d'euros et qu'il fallait qu'en lien avec le plan de soutien au secteur RENAULT pose des garanties pour les salariés de Maubeuge, de Douai. Je rappelle que l'État soutient à hauteur de cinq milliards d'euros un plan de soutien pour RENAULT, que ce plan n'est pas encore signé et que nous attendons donc des garanties fortes de la part de RENAULT s'agissant du maintien de l'emploi d'ailleurs pour RENAULT et pour les sous-traitants.
ROMAIN DESARBRES
RENAULT pourrait être aidé et supprimer des postes ? Cinq mille emplois sans qu'il y ait des licenciements mais des départs à la retraite non remplacés, on parle donc de cinq mille emplois supprimés d'ici 2024. RENAULT peut être aidé et supprimer des postes ?
JEAN-BAPTISTE DJEBBARI
RENAULT a évidemment, comme l'ensemble de la filière, subi une crise incroyable, inédite, très largement la plus grave crise hors guerre comme cela a été dit hier. Mais RENAULT doit prendre aussi des engagements parce que c'est normal, parce qu'on est en train de bâtir l'industrie de la voiture du futur, parce que RENAULT maintenant est pleinement dans l'Alliance de la batterie européenne et parce que si on veut construire l'avenir, il faut ces compétences qui sont souvent des compétences critiques et que RENAULT a su construire au fil des années.
ROMAIN DESARBRES
RENAULT qui vient de lancer en Espagne la construction des Captur hybrides rechargeables. Pourquoi l'Espagne ? Est-ce qu'il va falloir rapatrier la construction ?
JEAN-BAPTISTE DJEBBARI
C'est un des sujets. Par exemple PSA, son concurrent, a décidé d'implanter durablement la production des véhicules hybrides en France ici intégralement. Et donc c'est le type d'engagement que le président de la République est allé chercher hier chez les constructeurs, chez les équipementiers avec un dialogue social, d'ailleurs je voudrais le dire, qui est a été particulièrement intéressant et fécond dans cette branche et qui pourra d'ailleurs servir d'exemple dans d'autres branches à l'aune de la suite de la crise.
ROMAIN DESARBRES
Donc l'État pourrait demander très concrètement à RENAULT de rapatrier la fabrication du Captur. C'est un exemple.
JEAN-BAPTISTE DJEBBARI
L'État demande à RENAULT de présenter un plan qui s'appuie évidemment sur la réalité mais de prendre des engagements forts notamment sur les sites de Maubeuge, de Douai tel que RENAULT s'y était engagé.
ROMAIN DESARBRES
Il y a eu le plan donc automobile à huit milliards. Est-ce que le secteur aujourd'hui est sauvé ? Est-ce qu'on peut dire que le secteur automobile en France est sauvé ?
JEAN-BAPTISTE DJEBBARI
Non. On peut dire que le plan permet effectivement d'envisager le sauvetage d'abord parce que, vous l'avez dit, le secteur a subi une crise incroyable. Moins 89% de ventes en avril, moins 60 ce mois-ci, donc c'est tout à fait profond. Il fallait faire trois choses. D'abord renouveler le parc, soutenir la consommation en faveur des véhicules propres, ç'a été fait : prime à la conversion, bonus électrique. Ensuite évidemment, soutenir les entreprises - c'est le plan qu'on a évoqué - et les salariés, préserver les compétences. Et puis investir pour demain ; parce que ce que nous construisons maintenant avec le plan de soutien, c'est les avantages comparatifs comme on dit en économie, les avantages industriels de demain et le marché est très concurrentiel. On voit les Chinois agir, les Américains avec TESLA. C'est très concurrentiel, c'est un marché de rupture technologique avec l'intelligence embarquée, les nouvelles chaînes de traction, le véhicule autonome demain, et ça se construit aujourd'hui. Et si aujourd'hui on met un plan si ambitieux, c'est pour que demain, dans deux ans, dans trois ans, dans cinq ans, l'industrie automobile française puisse rayonner.
ROMAIN DESARBRES
Jean-Baptiste DJEBBARI, j'ai écouté le président de la République. Il a dit hier qu'il fallait acheter plus de véhicules mais on peut de moins en moins les utiliser, les voitures. Alors il faut acheter des voitures ou pas en France ? Parce que l'automobiliste et la voiture sont bannis. On a l'impression qu'on est le diable quand on est au volant d'une voiture.
JEAN-BAPTISTE DJEBBARI
Ça a été dit d'ailleurs hier par les constructeurs automobiles qu'il y avait une forme d'auto-bashing.
ROMAIN DESARBRES
Mais oui !
JEAN-BAPTISTE DJEBBARI
D'abord les gens changent leur façon d'utiliser la voiture. Il y a encore trente ans, ils en avaient une, deux, trois quand ils le pouvaient. En tout cas deux souvent : une pour le quotidien et puis une pour la famille, aujourd'hui plutôt une. Et puis les habitudes, les usages changent. Les gens covoiturent davantage et d'ailleurs il y a de très belles offres de covoiturage qui ont été utilisées pendant la grève, aujourd'hui la crise, donc ça change. Peut-être qu'on aura un jour moins envie de propriété mais plus accès aux locations à l'usage. Vous voyez, il faut accompagner ce grand mouvement. Il faut que les véhicules soient plus propres. L'objet des primes à la conversion sur les véhicules plus récents…
ROMAIN DESARBRES
Les véhicules électriques, ça ne pollue pas en ville.
JEAN-BAPTISTE DJEBBARI
Non, non. D'ailleurs TOYOTA le disait hier pour prendre un autre exemple. Il disait qu'aujourd'hui en cycle urbain, c'est à peu près 80% de la consommation des Prius qui se font à l'électrique. Donc il y a des progrès qui sont considérables, il faut accompagner effectivement le secteur vers des véhicules plus propres et les usages bougent beaucoup, changent beaucoup et c'est bien aussi.
ROMAIN DESARBRES
Jean-Baptiste DJEBBARI, c'est demain que Premier ministre va présenter la nouvelle phase du déconfinement. On attend tous les toutes dernières informations. Dans quelle proportion faut-il élargir le cercle des cent kilomètres ? Ça, c'est une question qu'on est très nombreux à se poser.
JEAN-BAPTISTE DJEBBARI
D'abord il y avait une première phase. Dans une situation sanitaire encore fragile, il fallait poser des mesures importantes. Nous l'avons fait dans les transports : port du masque obligatoire, distanciation sociale. La situation épidémiologique heureusement évolue favorablement, il faut rester raisonnablement optimiste, mais évolue en l'état favorablement. Et donc il faut préparer cette deuxième phase pour effectivement accompagner la reprise d'activité, garder un haut niveau de protection sanitaire, regarder aussi ce que font nos voisins parce que nos voisins ont subi les mêmes crises notamment les Allemands, et je pense qu'il est nécessaire qu'on ait des mesures harmonisées.
ROMAIN DESARBRES
Il faudrait passer, quoi, à cinq cents ?
JEAN-BAPTISTE DJEBBARI
Les cents kilomètres, c'est plutôt un sujet pour le coup pour Christophe CASTANER, donc je le laisserai s'exprimer sur ça.
ROMAIN DESARBRES
Vous le laisserez s'exprimer. Sur la RATP, ça c'est votre domaine.
JEAN-BAPTISTE DJEBBARI
Absolument.
ROMAIN DESARBRES
Les transports en commun, les transports publics. Est-ce qu'il faut maintenir le port du masque obligatoire et la règle des un mètre qui sont évidemment…. Qu'on ne peut pas respecter, la règle des un mètre dans le métro parisien ou d'ailleurs dans le métro de toutes les grandes villes. C'est très compliqué à respecter.
JEAN-BAPTISTE DJEBBARI
Vous avez raison. Ce que nous avons fait, nous avons dans la première phase, 11 mai-2 juin, posé des règles sanitaires extrêmement strictes et d'ailleurs plus strictes que nos voisins. Un mètre, le port du masque obligatoire. Le vrai succès, c'est le port du masque obligatoire porté à plus de 95% depuis le premier jour. Et moi, je remercie à la fois les opérateurs qui se sont engagés très fortement, leurs agents, et puis tous les usagers des transports en commun qui ont joué ce jeu civique et de solidarité et de responsabilité. Et puis effectivement, il faut accompagner la reprise du trafic. Avoir toujours plus de rames, mais nous sommes quasiment maintenant à 100% de l'offre de transport, et permettre à plus de gens de les emprunter. Ça nécessitera très probablement dans le temps d'avoir comme pierre angulaire de la protection dans les transports le port du masque le port du masque obligatoire. C'est ce que font nos principaux voisins européens. Mais effectivement d'assouplir un peu d'autres règles, sinon nous n'aurons toujours que très peu de personnes qui peuvent prendre les transports en commun comme c'est le cas actuellement.
ROMAIN DESARBRES
Jean-Baptiste DJEBBARI, j'aimerais qu'on dise un mot de l'application StopCovid ; ça doit être voté aujourd'hui à l'Assemblée, demain au Sénat. Ça devrait être adopté et normalement disponible à partir du week-end prochain. Vous allez l'installer sur votre Smartphone ?
JEAN-BAPTISTE DJEBBARI
J'ai déjà un peu discuté avec Cédric O, testé un peu la chose et je pense qu'il y a deux sujets. Il y a un sujet un peu philosophique, et c'est l'objet du débat politique, les libertés publiques, le fait de bien contrôler notamment la nature des données et ce qui est transmis ou pas transmis. Et puis il y a l'opportunité technologique et nul ne peut dire aujourd'hui que d'avoir une application qui aide à tracer les cas individuels de contamination n'est pas utile. Et d'ailleurs, pour avoir parlé beaucoup avec mes homologues - Sud-est asiatique, Coréen, Hongkongais - ils ont tous utilisé des applications, parfois d'ailleurs sur la base du volontariat, et tous m'ont dit que les applications étaient très utiles sur ce qu'on appelle le tracing, le traçage des chaînes de contamination pour mieux les briser.
ROMAIN DESARBRES
Jean-Baptiste DJEBBARI, Cédric O vous a rassuré ? Est-ce que vous allez l'installer sur votre Smartphone ?
JEAN-BAPTISTE DJEBBARI
Vous savez, d'abord je suis ces sujets depuis assez longtemps et l'usage des données dans les transports, ça se fait depuis finalement assez longtemps, alors parfois pour d'autres raisons. Pour lisser par exemple les heures de pointe, pour désynchroniser les horaires d'ouverture des universités, pour plein de choses. Il faut juste s'assurer que les modalités d'emploi notamment des données personnelles soient pleinement garanties et ce sera le cas.
ROMAIN DESARBRES
Ce sera le cas.
JEAN-BAPTISTE DJEBBARI
C'est déjà installé.
ROMAIN DESARBRES
C'est déjà installé, très bien. Donc ça veut dire que c'est déjà disponible, pour les membres du gouvernement, enfin pour certains. Merci beaucoup Jean-Baptiste DJEBBARI d'être venu nous voir ce matin dans La Matinale, d'avoir choisi CNews pour nous annoncer, pour commenter le plan auto et évoquer le plan de déconfinement. Merci beaucoup à vous.
JEAN-BAPTISTE DJEBBARI
Merci à vous.
Source : Service d'information du Gouvernement, le 28 mai 2020