Texte intégral
JEAN-JACQUES BOURDIN
Jean-Baptiste DJEBBARI, bonjour.
JEAN-BAPTISTE DJEBBARI
Bonjour à vous.
JEAN-JACQUES BOURDIN
J'ai une petite requête, vous êtes loin, réponses courtes, Jean-Baptiste DJEBBARI, c'est possible, allez, on y va…
JEAN-BAPTISTE DJEBBARI
Je vais essayer, promis…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Eh bien, oui, il va falloir revenir en studio, bientôt, parce que, bon… allez, déconfinement…
JEAN-BAPTISTE DJEBBARI
Oui, avec plaisir…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Avec plaisir, mais je sais, je sais. Déconfinement, l'impatience grandit, les Français ont envie de se déplacer, nous approchons maintenant du week-end de l'Ascension, policiers et gendarmes seront mobilisés, j'imagine ?
JEAN-BAPTISTE DJEBBARI
Oui, absolument, comme la semaine dernière, comme le week-end dernier, nous avons fait, vous savez, sur la règle des 100 kilomètres, plus de 200 000 contrôles qui ont donné lieu à environ quasiment un millier de PV, 950 PV. Donc il y aura effectivement des mobilisations fortes des forces de l'ordre, non pas pour embêter les Français, mais bien pour s'assurer du respect de cette règle qui permet d'éviter, pendant la période sanitaire un peu fragile, la propagation du virus. Et puis, vous le savez, nous pourrons nous projeter pour l'horizon des vacances d'été. Le Premier ministre a fait des premières annonces, nous aurons fin mai un point de rendez-vous important pour nous projeter à la fois sur le mois de juin, la réouverture de nouvelles activités, et puis, plus généralement les vacances d'été, en espérant que les choses effectivement continuent à s'améliorer.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Alors, nous allons projeter ensemble déjà, Jean-Baptiste DJEBBARI, la SNCF, 100% du trafic des trains, quand, à partir de quand ?
JEAN-BAPTISTE DJEBBARI
Alors, en fait, ce n'est pas tellement une question de capacité, parce que la SNCF est capable, à l'horizon de mi-juin, de remettre quasiment 100% de ses TGV, c'est une question de savoir si on peut se déplacer. Vous savez que, actuellement, nous avons environ 40% des TGV, et je parlais à Jean-Pierre FARANDOU, le patron de la SNCF, hier, qui a rouvert les réservations pour les vacances d'été, les billets étant évidemment échangeables et remboursables, qui me disait qu'il observe le niveau de réservations de l'année dernière, donc les Français ont envie de se déplacer. Et si les déplacements peuvent reprendre de façon normale, il y aura des TGV, et il y aura 100% de TGV disponibles dès la fin du mois de juin.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Dès la fin du mois de juin, 100% des TGV disponibles. Est-ce que les tarifs vont être gelés pendant quelques semaines ou quelques mois ?
JEAN-BAPTISTE DJEBBARI
En tout cas, cela renvoie un peu à la politique commerciale de la SNCF, mais là-dessus, Jean-Pierre FARANDOU a eu un engagement très clair, et nous en avons discuté, et l'État, et le gouvernement, lui a demandé effectivement de continuer à pratiquer les mêmes tarifs qui prévalaient avant crise, il paraît évident, il est souhaitable que le train reste un des outils de déplacement préféré des Français, et que pour cela, les prix pratiqués soient ceux qui sont traditionnellement connus, donc il n'y aura pas d'inflation tarifaire, il n'y aura pas des prix pratiqués à l'occasion de cette reprise qui sont supérieurs à ceux que les Français connaissent habituellement.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Je vais vous parler des avions, je vais vous parler des frontières, je vais vous parler des autocaristes, je vais vous parler des routes, des transporteurs routiers, je commence avec les avions, les vacances d'été dans les DOM-TOM d'abord, est-ce que vous allez mettre à disposition par exemple des étudiants des billets moins chers pour rentrer à la maison ?
JEAN-BAPTISTE DJEBBARI
Alors, deux éléments, d'abord, oui, à cette première réponse, nous avons conclu avec AIR FRANCE et AIR AUSTRAL des prix, des tarifs adaptés pour les étudiants qui vont s'appliquer à compter du 1er juillet jusqu'au 31 août pour effectivement revenir à la maison, des prix qui sont adaptés et qui ne sont pas ceux qu'on a pu évoquer dans la presse, il y a quelques jours, quelques semaines…
JEAN-JACQUES BOURDIN
C'est-à-dire quels prix ?
JEAN-BAPTISTE DJEBBARI
Autour, à partir de 340 euros, autour de 400 euros pour un aller simple, ce qui est une fourchette de tarifs qui est praticable en général en s'y prenant un peu à l'avance pour les retours vers les territoires d'Outre-mer. J'étais hier matin avec les compagnies aériennes qui me disent, elles aussi, avoir des demandes pour la saison d'été, alors à la fois le tourisme affinitaire et familial, mais aussi le tourisme plus grand public, environ 50% des réservations qui sont faites pour cet été comparativement à l'année dernière, il faudra évidemment que les conditions sanitaires et que la situation épidémiologique le permettent, et ça, je l'ai dit, ça s'étudiera, ça s'analysera fin mai, début juin, et puis, il y a dans les territoires Outre-mer des demandes qui sont différentes, certains territoires veulent voir le tourisme revenir relativement rapidement, d'autres sont plus précautionneux, il faudra que tout ça se noue en bonne intelligence locale et soit porté évidemment politiquement du côté des territoires d'Outre-mer.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Mais nous pourrons si nous le souhaitons aller passer des vacances dans les territoires d'Outre-mer cet été ?
JEAN-BAPTISTE DJEBBARI
Alors, je le redis avec le conditionnel qui s'impose, parce que le Premier ministre a bien dit : si jamais la situation épidémiologique le permet, oui, les déplacements pendant les vacances d'été seront permis partout en France et donc y compris dans les Outre-mer, il y a, il faut quand même le dire, une fragilité particulière dans certains territoires d'Outre-mer, vous le savez, le système sanitaire, le fait que ce soit des territoires isolés, des îles, que par nature, le fret, par exemple, le fret médical est plus difficile à faire parvenir, il y a ces spécificités-là que vous connaissez très bien, mais, oui, si la situation le permet, les Français pourront se déplacer partout en France, et donc y compris dans les territoires d'Outre-mer.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Et en Europe, est-ce que les vols au sein de l'espace Schengen, puis, dans toute l'Europe, vont reprendre avant l'été ?
JEAN-BAPTISTE DJEBBARI
Alors, deux éléments, d'abord, les frontières restent fermées, frontières Schengen, intra-Schengen, hors de l'espace Schengen, jusqu'au 15 juin, vous savez, c'est ce qui a été rappelé par le président de la République hier, nous avons actuellement un guide qui est en cours de publication par l'Autorité européenne de l'aviation, qui posera les mesures sanitaires, qui harmonisera les mesures sanitaires partout en Europe, c'est une des conditions pour redémarrer, chacun comprend ici que si la France fait différemment de l'Allemagne, qui fait différemment de l'Italie ou de l'Espagne, nous n'arriverons pas à redémarrer dans de bonnes conditions sanitaires et dans de bonnes conditions d'exploitation commerciale, donc ça, ça va être réglé, on va dire, cette semaine, en tout cas, nous aurons un cadre cette semaine, et après, il faudra que les compagnies aériennes soient en capacité de proposer un programme de vol, nous avons par exemple le cas d'Orly, qui est un cas concret, et moi, j'ai déjà pu annoncer, d'ailleurs à votre à votre micro, que si nous avons un programme de vol solide, que si nous avons une situation sanitaire qui s'améliore, alors, il n'est pas inenvisageable de rouvrir Orly à l'horizon de fin juin, peut-être du 26 ou du 28 juin, et que nous allons en tout cas travailler sur cette hypothèse.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Jean-Baptiste DJEBBARI, je parlais des vols à l'intérieur de l'Europe, parce que l'Italie, qui va ouvrir ses frontières par exemple le 3 juin, va permettre aux Français d'aller, s'ils le souhaitent, passer des vacances en Italie.
JEAN-BAPTISTE DJEBBARI
Bon, vous avez vu que notre période temporaire court du 11 mai au 2 juin, qu'il y aura forcément à compter du 2 juin, de nouvelles mesures, que, évidemment, nous regardons très attentivement ce que fait l'Italie, qui a été très durement touché, et que l'objet, en tout cas, la préconisation politique, c'est bien celle de la réciprocité, nous voulons que, de part et d'autre des Alpes, qui nous séparent avec les Italiens, nous ayons des mêmes mesures, des équivalences de mesures en termes de sécurité sanitaire, c'est bien ça que nous travaillons au jour le jour, avec nos collègues italiens, et vous savez que nous aurons à prendre un nouveau paquet de décisions à l'horizon du 2 juin, de manière à ouvrir ou non de nouvelles activités et à lever ou non certaines restrictions de voyages.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Ça veut dire qu'à partir du 3 juin, il est possible, si tout se passe bien, il est possible que des touristes venus d'autres pays d'Europe, d'Italie ou d'ailleurs, puissent venir en France ?
JEAN-BAPTISTE DJEBBARI
Non, ça veut dire qu'à compter du 2 juin, en France, il y aura de nouvelles règles, et que ces règles évidemment, elles s'imposeront aux Italiens qui veulent venir en France, aujourd'hui, des Italiens peuvent venir en France, s'ils justifient d'un motif professionnel impératif par exemple, mais nous aurons à compter du 2 juin, et cela sera annoncé…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui, mais je parle du tourisme…
JEAN-BAPTISTE DJEBBARI
Non, mais, vous comprenez bien que si la situation sanitaire le permet, alors, effectivement, petit-à-petit, les choses vont progressivement rentrer dans l'ordre, mais je n'anticipe rien, dans la semaine du 25, c'est-à-dire la semaine prochaine, nous aurons de nouveaux avis scientifiques, nous aurons probablement des déclarations du président ou du Premier ministre sur ce sujet qui traceront la perspective à la fois de la situation sanitaire et des déplacements possibles. Et vous voyez que les calendriers sont quand même relativement proches, le 2 juin pour la France, le 3 juin pour l'Italie, et je ne doute pas que nous arriverons à coordonner nos mesures, l'objectif étant évidemment d'avoir réciprocité des mesures, et donc niveau de protection sanitaire égal de part et d'autre des frontières évidemment.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Bien, les compagnies aériennes doivent-elles obligatoirement proposer, soit le remboursement des billets, soit un avoir, vous avez vu que de nombreuses compagnies aériennes ont été assignées par l'UFC Que Choisir ; que dites-vous ce matin ?
JEAN-BAPTISTE DJEBBARI
Absolument, moi, je dis trois choses, 1°) : il faut vraiment avoir en tête que les compagnies aériennes sont quasiment toutes ou ont quasiment toutes été en situation de faillite ces derniers mois, pourquoi, parce qu'elles ont perdu 95% de leur chiffre d'affaires très brutalement, ça a été le cas d'AIR FRANCE, ça a été le cas de quelques autres, donc on a sauvé ces compagnies aériennes, et il fallait le faire, et l'État a agi…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui, mais beaucoup de clients aussi…
JEAN-BAPTISTE DJEBBARI
Oui, bien sûr. Et donc du coup, maintenant, 1°) : on commence à avoir une visibilité sur la reprise du trafic. 2°) : les compagnies aériennes sont sauvées, ont été soutenues en trésorerie et commencent aussi, elles, à avoir un peu de prévisibilité, et donc, et 3°) : elles commencent à pouvoir avoir des politiques commerciales de remboursement, certaines l'ont annoncé, ou de remboursement conditionné, je prends un exemple, si à compter du 15 mai, vous achetez un billet chez AIR FRANCE que vous comptez utiliser pendant l'été, que votre vol est annulé, alors vous avez le choix, soit d'utiliser l'avoir pendant une période de 12 mois, soit de vous faire rembourser au bout des 12 mois, l'avoir avec un bonus de 15%, c'est ce type de propositions commerciales que nous avons d'ailleurs demandées aux compagnies aériennes qui vont être mises en place un peu partout et qui vont permettre d'équilibrer la réalité économique des compagnies aériennes et le juste droit des consommateurs. Donc il faut comprendre qu'on est dans une situation encore un peu fragile…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Mais pour les vols annulés avant le 15 mai ?
JEAN-BAPTISTE DJEBBARI
Pour les vols annulés…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Je ne suis pas remboursé…
JEAN-BAPTISTE DJEBBARI
Eh bien, de la même façon, les compagnies aériennes l'ont dit, elles vont faire des propositions, soit de remboursements au cas par cas, soit d'avoirs, tout ça va se nouer au fil des jours qui viennent, je pense qu'il faut vraiment que chacun comprenne qu'on a eu à réagir dans une situation complètement inédite, et donc il faut inventer des mécanismes, peut-être que pour l'avenir, il faudra créer un fonds de compensation des voyageurs directement porté par une entité européenne, pour protéger par exemple les voyageurs européens, c'est un sujet de discussion qu'on a avec la Commission européenne, mais je le dis, pour l'instant, il fallait à la fois sauver les opérateurs, les compagnies aériennes, les agences de voyages, et permettre, et permettre de plus en plus le remboursement direct des voyageurs ou alors la disposition ou la mise à disposition d'avoirs, qui sécurise effectivement aussi les achats côté consommateurs.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Jean-Baptiste DJEBBARI, il y a encore des milliers de Français, des franco-marocains qui sont bloqués au Maroc encore, parce qu'il y a très peu de vols, très peu de bateaux, les frontières du Maroc sont fermées, initiative du gouvernement ?
JEAN-BAPTISTE DJEBBARI
Eh bien, d'abord, il y a encore quelques vols, vous savez que nous négocions politiquement…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Très peu…
JEAN-BAPTISTE DJEBBARI
Les droits de trafic pour que ces vols aient lieu, je rappelle que nous avons rapatrié plus de 180 000 Français éparpillés dans 40 pays du monde en quelques semaines, en un peu plus d'un mois avec Jean-Yves LE DRIAN, et que ce travail va continuer effectivement pour nos compatriotes qui sont au Maroc, en Algérie, en Tunisie, donc nous allons continuer effectivement à mettre en place ces vols au cas par cas, en lien avec les autorités marocaines, et vous avez raison de décrire une situation qui devrait s'améliorer au fil des semaines, au moment où nous retrouvons un trafic, en tout cas, où nous posons un cadre sanitaire pour le trafic aérien, et au moment où nous amorcerons évidemment la reprise, c'est un sujet que nous traitons évidemment très sérieusement ici au ministère des Transports.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Les autocaristes qui ne sont pas très satisfaits, en partie satisfaits des annonces faites l'année dernière concernant le tourisme, les aides au tourisme, alors exonération des charges sociales, ça, c'est acquis, mais ils demandent quoi, le report des prêts bancaires, 6 à 12 mois, ce report, et puis, la poursuite du chômage partiel après le mois de juin, jusqu'à la reprise totale de l'activité, est-ce que vous répondez oui ou non à ces deux revendications ce matin ?
JEAN-BAPTISTE DJEBBARI
Bon, alors, d'abord, nous discutons quotidiennement, j'étais encore avec le patron de la FNTV, Jean-Sébastien BARRAULT, hier, au téléphone, donc nous connaissons ces revendications, nous avons déjà fait beaucoup, les mesures générales, quelques mesures spécifiques, j'ai annoncé avec Gérald DARMANIN, il y a maintenant quelques jours, le remboursement accéléré de la TICPE, la taxe sur les produits pétroliers, de manière à leur donner aussi un peu d'oxygène sur le plan de la trésorerie, donc nous faisons déjà tout cela. Et ensuite, nous continuerons à discuter. Vous savez que Muriel PENICAUD a posé un cadre s'agissant du chômage partiel, disant qu'à compter du 1er juin, effectivement, le chômage partiel va décroître, en tout cas, sa prise en charge, dans des proportions raisonnables, correspondant à l'activité qui pourra être reprise. Vous savez que s'agissant de l'activité des cars privés, l'activité du transport scolaire reprend petit à petit, progressivement, il y aura certainement au mois de juin des reprises s'agissant des visites touristiques, si le tourisme est en capacité de reprendre, donc les choses vont s'améliorer progressivement courant du mois de juin, et possiblement dans l'été. Donc nous allons regarder ça avec lucidité, à la fois sur le niveau de reprise, sur ce qu'il convient de faire pour permettre de faire la jointure encore dans ce mois difficile qui est le mois de juin, et nous continuerons évidemment à discuter avec les syndicats, c'est ce que nous faisons de façon quotidienne ici, au ministère de la Santé…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Report des prêts bancaires, c'est possible ?
JEAN-BAPTISTE DJEBBARI
Ça va se discuter ici, c'est un sujet qui touche essentiellement Bruno LE MAIRE et Muriel PENICAUD, mais c'est un sujet connu, et nous avons ces propositions bien en tête, Monsieur BOURDIN, je peux vous le confirmer.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Les transporteurs routiers demandent une suspension du cabotage, oui ou non, est-ce que vous allez accorder cette suspension ?
JEAN-BAPTISTE DJEBBARI
Alors, en l'état, c'est difficile à mettre en oeuvre, mais j'ai eu tous les syndicats, ces derniers jours, sur ces sujets, et à chaque fois le sujet de la clause de sauvegarde, donc la suspension de 6 mois du cabotage, est revenu, pourquoi c'est compliqué, d'abord, parce que les flux sont ce qu'ils sont, et aujourd'hui, si nous ne voulons pas créer d'effet de pénurie dans l'approvisionnement des supermarchés et dans la chaîne logistique, les flux étant ce qu'ils sont, c'est difficile de suspendre tout pendant 6 mois, sauf à créer des effets de pénurie assez importants. En revanche, et c'est l'engagement que nous prenons, il y a un besoin de régulation sociale au niveau européen qui me paraît devoir être rediscuté. Et je pense que toutes les initiatives qui sont en train d'être prises par monsieur MACRON, madame MERKEL notamment hier, avec l'annonce éventuellement de la réforme des traités, des initiatives qui visent à sortir très rapidement de la crise sanitaire, de la crise économique, et à se donner les capacités de rebond, de se construire en souveraineté, tout ça permettra d'avoir des discussions exigeantes au sein de l'Union européenne sur le niveau de protection sociale que nous exigeons partout en Europe ; et ce sont des discussions que moi, je me suis engagé à avoir avec mes collègues ministres des Transports européens, nous avons un Conseil transports le 4 juin, j'ai eu l'occasion d'en discuter très intensément avec mon homologue allemand, ce sont évidemment des sujets, celui de la régulation sociale, sur lesquels nous voulons avancer, je prends un exemple, que j'ai déjà eu l'occasion de citer, l'exemple du modèle RYANAIR, on voit bien que s'agissant du transport aérien mais ça peut s'appliquer évidemment à d'autres types de transport, on a eu des modèles qui ont prospéré parfois sur des zones grises du droit européen, qui très clairement, ont constitué certains excès et qu'il conviendra de réguler beaucoup plus fortement prochainement, et c'est l'engagement que j'ai pris vis-à-vis des syndicats, et c'est là-dessus, notamment, que nous allons travailler dans les jours, dans les semaines qui viennent.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Les péages gratuits, je dis ça, parce que Carole DELGA, la présidente de la région Occitanie, demande des péages gratuits sur les autoroutes cet été pour accélérer le tourisme, le retour au tourisme, oui, non, Jean-Baptiste DJEBBARI, vous fait la demande aux sociétés d'autoroutes ?
JEAN-BAPTISTE DJEBBARI
Non, mais d'abord, pour répondre sérieusement, d'abord, 1°) : les sociétés d'autoroutes ont subi de la même façon des pertes de chiffre d'affaires de l'ordre de 80% et madame DELGA sait très bien que tout ça est noué, est géré par des contrats qui est d'ailleurs n'ont pas été négociés par nous, mais qui continuent à s'appliquer. Donc si madame DELGA veut rembourser le niveau de péage aux sociétés concessionnaires en Occitanie, je l'invite à entrer en contact avec les concessionnaires en question, moi, je note que durant toute la période, la solidarité s'est exercée dans tous les domaines, et d'ailleurs y compris des concessionnaires autoroutiers vis-à-vis des personnels soignants, vous savez qu'ils ont permis le remboursement à tous les personnels soignants des frais de péage encourus pendant cette période, et que ça continue d'ailleurs toujours. Donc je dis que cette proposition, on le comprend bien, est un peu politique, que sur le plan pratique et contractuel, elle est assez inopérante, et que, moi, je dis qu'on a besoin encore des concessionnaires pour faire des investissements assez majeurs dans les prochaines semaines, je pense notamment aux bornes de recharge électrique qui permettront l'itinérance prochainement, donc nous allons leur demander beaucoup aux concessionnaires autoroutiers, beaucoup pour améliorer encore la qualité des infrastructures, pour permettre effectivement aux véhicules électriques de mieux fonctionner, pour permettre aussi…
JEAN-JACQUES BOURDIN
C'est-à-dire les bornes, qu'est-ce que vous allez leur demander ?
JEAN-BAPTISTE DJEBBARI
Eh bien, c'est-à-dire que je pense qu'aujourd'hui, on a encore un frein à l'usage du véhicule électrique, qui est qu'on a trop peu de bornes, et notamment trop peu de bornes sur les longues distances, et on voit bien que les concessionnaires autoroutiers, ils le disent d'ailleurs, ont la volonté d'installer un certain nombre de bornes, pour atteindre rapidement le nombre de 100 000 bornes…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Alors, qu'est-ce que vous allez leur demander ?
JEAN-BAPTISTE DJEBBARI
Alors, je vais leur demander très concrètement d'installer ces bornes rapidement, et je vais leur demander aussi d'ailleurs de réfléchir à des tarifs différenciés…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Combien de bornes, combien de bornes sur les autoroutes ?
JEAN-BAPTISTE DJEBBARI
Objectif, objectif, Monsieur BOURDIN, nous avons 24.000 bornes aujourd'hui, nous voulons 100.000 bornes en 2022, je suis persuadé qu'avec l'effort collectif que nous pouvons avoir 100.000 bornes en 2021. Donc nous allons faire ce travail, c'est un travail d'ailleurs qui a été engagé depuis quelque temps avec eux, mais nous avons l'objectif d'avoir 100.000 bornes en 2021 de manière à permettre l'itinérance et à renforcer le modèle du véhicule électrique en Europe et en France, vous savez que nous avons de grands constructeurs pour ça qui sont engagés, et que nous menons une action européenne très forte sur la filière de la batterie électrique, donc nous avons cette ambition très forte. Et par ailleurs, je leur demande aussi de réfléchir à une nouvelle grille de tarifs, vous savez, nous avons besoin d'aller vers des tarifs un peu différenciés selon que vous utilisez des véhicules propres, justement, selon que vous soyez possiblement demain en covoiturage, donc c'est un travail inabouti ce que je présente, là, mais nous aurons besoin de cette créativité collective, de manière à ce que le monde de demain, puisqu'il convient de l'appeler comme ça, soit aussi plus juste sur le plan de déplacement, et c'est en tout cas à mon avis de beaux sujets de travail que nous pourrons mener ensemble.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Deux choses avant de terminer, est-ce que l'Étataidera bien la SNCF, l'Étatest actionnaire, est-ce que l'Étatva aider, comme l'Étataide AIR FRANCE ou RENAULT ?
JEAN-BAPTISTE DJEBBARI
Je rappelle que l'État, mais la réponse est oui, Monsieur BOURDIN, je rappelle que l'Étata repris 35 milliards de dettes, c'est donc énorme et inédit, que l'Étatinvestit 50% de plus chaque année que ce qui a prévalu dans la décennie précédente, 3,6 milliards d'euros sur le réseau, c'est conséquent, et que l'État, évidemment aidera la SNCF. J'ai demandé à Jean-Pierre FARANDOU, après la crise, dès lors qu'on aura vraiment une vision un peu juste de ce qui s'est passé sur le plan financier, de me présenter une trajectoire financière que nous allons retravailler ensemble, de re-phaser les travaux, vous savez que beaucoup de travaux ont été suspendus ou se sont ralentis, donc nous allons re-phaser tout ça, mais l'ambition ferroviaire, elle demeure. Et j'ai pu avoir une discussion intéressante avec le président de la République la semaine dernière, nous avons évoqué le sujet des petites lignes, ça demeure une priorité, le sujet du fret ferroviaire, extrêmement important, et nous aurons à prendre des engagements très forts sur le sujet, y compris au plan européen, le sujet des trains de nuit, les trains de nuit sont un très beau sujet et qui a été trop longtemps délaissé en France, quand on regarde la situation de 2010, par exemple, à aujourd'hui. Donc nous avons pour le ferroviaire évidemment une ambition qui demeure, et nous prendrons les mesures de soutien de la SNCF qui s'imposent.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Et pour des compagnies aériennes, comme CORSAIR par exemple ou d'autres, est-ce que vous allez trouver des solutions ?
JEAN-BAPTISTE DJEBBARI
Toutes les compagnies aériennes, absolument, d'ailleurs, nous avançons bien avec monsieur DE IZAGUIRRE, le patron de CORSAIR, que j'ai encore vu hier matin. Chaque cas est un peu différent, ça dépend aussi des actionnaires, nous demandons évidemment aux actionnaires de contribuer, donc il a fallu gérer des cas très différents, mais tant pour AIR AUSTRAL que pour CORSAIR que pour les autres compagnies qui ont suscité ou qui ont exercé des demandes à l'égard de l'État, nous avons travaillé au cas par cas en lien avec les services de Bercy pour trouver le meilleur paquet de solutions. Et nous avançons bien sur l'ensemble de ces requêtes, de ces demandes pour passer la crise, après, il y aura l'après-crise, il faudra que le pavillon français soit fort, mais nous avançons bien ces jours-ci avec les compagnies aériennes.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Jean-Baptiste DJEBBARI, j'ai une dernière question qui est très politique, 9ème groupe créé à l'Assemblée nationale, est-ce que c'est un tournant dans le quinquennat, La République En Marche perd sa majorité absolue, est-ce un tournant ?
JEAN-BAPTISTE DJEBBARI
Alors, deux points, La République En Marche perd peut-être sa majorité absolue, mais la majorité présidentielle avec nos alliés du MoDem demeure, donc notre capacité à agir demeure, et 2°) : je connais très bien les personnes qui ont rejoint ce 9ème groupe, la question, ce n'est pas tant de rejoindre un groupe, c'est pourquoi faire, et il me semble que si c'est pour être quelque part dans la production de tribune ou un peu dans l'incantation et pas dans l'action, ça me semble être un projet peu fédérateur, et moi, je pense qu'on est dans un moment où on a besoin d'action, résolument d'action, beaucoup a été dit, quasiment tout a été dit, maintenant, il faut agir, et je préfère me situer dans cette logique d'action que dans la logique d'un contrepoids politique qui à mon sens me paraît être un peu décalé dans le temps.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Merci Jean-Baptiste DJEBBARI, merci d'avoir accepté de répondre à nos questions sur RMC et BFMTV.
JEAN-BAPTISTE DJEBBARI
Et à bientôt.
source : Service d'information du Gouvernement, le 20 mai 2020