Texte intégral
YVES CALVI
Bonjour Elisabeth BORNE
ELISABETH BORNE
Bonjour.
YVES CALVI
Je rappelle que vous êtes ministre de la Transition écologique et solidaire. Merci beaucoup d'être en direct ce matin sur RTL. Beaucoup de questions sur la vie quotidienne des Français en temps de confinement. Tout d'abord, on a été très étonné par les images d'avion de la compagnie AIR FRANCE, où l'on voit des rangées complètes des passagers à quelques centimètres les uns des autres, sans aucune protection ni aucun geste barrière. Trouvez-vous cela normal, et avez-vous demandé quelques infos quand même à la compagnie ?
ELISABETH BORNE
Alors, effectivement, on a vu ces images et on a demandé à AIR FRANCE que des dispositions soient prises, vous savez, sur la quasi-totalité des vols, on a un taux de remplissage qui est faible, et qui permet d'avoir une bonne distance entre les passagers, mais donc là, en l'occurrence, il y avait beaucoup de monde dans cet avion, et AIR FRANCE s'est engagée à distribuer des masques pour les passagers qui n'en auraient pas, et à prendre effectivement toutes les précautions, ce qui est le cas, sur notamment la désinfection des cabines, mais en tout cas, désormais, et depuis hier, AIR FRANCE distribue des masques pour les passagers qui n'en ont pas.
YVES CALVI
A votre connaissance, c'était un cas rare ou on a pu avoir plusieurs vols de ce type, on est frappé de voir que la LUFTHANSA, alors, on se compare toujours à l'Allemagne, c'est facile, mais en même temps, c'est normal, ce sont nos voisins, a systématiquement, et depuis le début, laissé un espace entre chaque passager sur ses avions.
ELISABETH BORNE
Je vous confirme que sur la quasi-totalité des vols, le remplissage est à un niveau bas, et donc on n'a pas ces situations, là, je pense que c'est quelque chose d'un peu exceptionnel, mais désormais, il y aura systématiquement une distribution de masques pour les passagers qui n'en ont pas.
YVES CALVI
Vous diriez que le masque est suffisant ou est-il envisageable de ne plus commercialiser, de ne plus commercialiser, excusez-moi, certains sièges, c'est-à-dire de laisser un espace notamment sur les rangées de 3 fauteuils ?
ELISABETH BORNE
Ça fait clairement partie des sujets qu'on est en train de regarder, à la fois moins de passagers dans les avions quand on voudra redémarrer davantage de vols, et puis, ce port du masque.
YVES CALVI
Des vols internationaux continuent-ils à atterrir à Paris, Madame BORNE ?
ELISABETH BORNE
En fait, il n'y a plus de vols internationaux avec l'espace hors Schengen, ou quasiment plus, vous savez qu'AIR FRANCE s'est concentrée ces dernières semaines sur le rapatriement des Français qui étaient partis en voyage à l'étranger, ces rapatriements, ils sont quasiment terminés. Et donc aujourd'hui, on a quasiment arrêté les vols avec des destinations hors Schengen.
YVES CALVI
Ça veut dire qu'on n'a pas besoin de précautions particulières, prendre la température des passagers ou des contrôles particuliers à l'entrée sur le territoire ?
ELISABETH BORNE
Eh bien, quand les vols reprendront, certainement, il y aura des contrôles particuliers, mais je vous dis, aujourd'hui, quasiment tous les vols sont arrêtés.
YVES CALVI
Alors, justement dans l'aérien, quelles sont les prévisions de trafic à votre connaissance, et à partir du 11 mai ?
ELISABETH BORNE
Eh bien, dans l'aérien, pour les vols hors Schengen, je pense que le président de la République a eu l'occasion de le dire, on ne va pas rouvrir immédiatement les liaisons avec des pays en dehors d'Europe, et donc pour l'instant, on se concentre d'abord sur la préparation du déconfinement en France, et donc avec la date qui a été fixée par le président de la République pour démarrer ce déconfinement le 11 mai, et c'est vraiment ce qui nous mobilise tous au sein du gouvernement, préparer ce déconfinement, réussir ce déconfinement à partir du 11 mai, permettre à chacun de retourner au travail, et donc c'est vraiment sur ces sujets-là que nous sommes mobilisés aujourd'hui.
YVES CALVI
Beaucoup de Français se posent des questions sur leurs vacances, un certain nombre d'entre eux depuis de nombreuses années vont les passer dans des pays européens, la Grèce, l'Espagne le Portugal, est-il imaginable qu'ils puissent monter dans l'avion cet été pour prendre leurs vacances ?
ELISABETH BORNE
Vous savez, on est face à une situation sanitaire qui est évolutive, donc moi, je ne vais pas vous dire aujourd'hui ce qui va se passer au mois de juillet, je pense que ce qu'on peut dire très clairement, c'est que ça ne serait pas raisonnable de partir en Asie ou aux Etats-Unis, alors qu'on ne sait pas où en sera l'épidémie, mais je ne peux pas vous dire aujourd'hui ce qui se passera au mois de juillet.
YVES CALVI
Et sur le trafic France, est-ce que vous pouvez vous vous projetez dans un mois ?
ELISABETH BORNE
Là aussi, on va ajuster en fonction de l'évolution de l'épidémie, la priorité, pour l'instant, ce n'est pas de se déplacer sur des longues distances, la priorité, c'est d'abord de permettre que l'activité puisse reprendre au mieux à partir du 11 mai, donc c'est d'abord les transports publics qui vous permettent d'aller travailler tous les jours, donc c'est d'abord sur ces sujets-là qu'on est en train de travailler.
YVES CALVI
On a l'impression qu'il n'y a pas de plan B parfois, vous le comprenez, ou en tout cas, qu'il faut l'imaginer, je ne vous dis pas que c'est facile à faire, mais voilà, la projection de mon avenir fait pourtant partie des choses importantes, ne serait-ce que psychologiquement et pour la psychologie sociale du pays, vous comprenez ma question.
ELISABETH BORNE
Je comprends tout à fait, donc je peux vous confirmer qu'on étudie différentes hypothèses, mais voyez, on est sur un plan qui doit s'adapter à l'évolution de l'épidémie, dans lequel tout est interconnecté, donc ce n'est pas chaque ministre qui va présenter son plan, par exemple, quand mes collègues Bruno LE MAIRE et Muriel PENICAUD accompagnent les entreprises pour rouvrir des sites industriels, eh bien, ça suppose que dans mon ministère, les inspecteurs qui veillent à la sécurité soient davantage sur le terrain, quand on veut rouvrir progressivement des écoles, redémarrer l'activité, ça suppose qu'il y ait des transports publics, donc c'est effectivement toute une série de décisions à préparer ; donc on travaille tous au sein du gouvernement pour réussir le 11 mai.
YVES CALVI
Eh bien, les transports publics, parlons-en, si vous le voulez bien, dans le ferroviaire aussi, le coronavirus a modifié notre façon de voyager, bien entendu, la SNCF annonce 100% de trafic en juillet, est-ce un objectif atteignable selon vous, et c'est une maison que vous connaissez très bien ?
ELISABETH BORNE
Je vous confirme, écoutez, je vous le redis, la priorité, c'est qu'on puisse reprendre le travail pour ceux qui ne pouvaient pas y aller ces dernières semaines, et donc c'est d'abord les transports de proximité, c'est les bus, c'est les RER, c'est les TER en région, donc c'est d'abord sur ces sujets-là que nous travaillons, et la priorité, ce n'est pas de faire des déplacements entre les grandes villes françaises, alors même qu'on voit que l'épidémie touche de façon différente les différentes régions de notre pays. Donc la priorité, c'est d'abord ces transports du quotidien, ensuite, en fonction de l'évolution de l'épidémie, on ajustera l'offre de la SNCF, en veillant évidemment à la sécurité sanitaire des voyageurs.
YVES CALVI
J'ai bien compris que depuis le début de notre entretien, vous me dites gentiment, Monsieur CALVI : les vacances, on s'en occupera plus tard, ce n'est pas le problème, il faut déjà se remettre au travail, pardonnez-moi, mais si d'ores et déjà, on sait qu'il y a des mesures qui ne seront pas possibles pour cet été, c'est important que vous nous le disiez, dites-vous aux Français en ce moment : il est inutile de faire des réservations qu'elles soient SNCF ou d'avion pour vos vacances ?
ELISABETH BORNE
Eh bien, je demande aux Français de patienter un petit peu, pour qu'on voit la façon dont l'épidémie évolue, je crois qu'on a tous collectivement envie de passer ce cap de la crise sanitaire qui nous frappe aujourd'hui, et donc on le fait en agissant, je dirais, pas à pas avec, d'abord, un objectif : réussir le début du déconfinement le 11 mai.
YVES CALVI
Faudra-t-il être masqué pour prendre le métro, le RER, dans les jours à venir dans le cadre du déconfinement et de la reprise du travail petit-à-petit ?
ELISABETH BORNE
Donc on y travaille avec Jean-Baptiste DJEBBARI, là aussi, en lien avec des collègues, avec les collectivités, dont vous savez qu'elles sont aussi responsables de l'organisation des transports publics, en consultant nos homologues étrangers pour avoir les meilleures pratiques, et donc évidemment, il y aura des mesures supplémentaires de protection sanitaire dans les transports en commun, ça peut être…
YVES CALVI
Ça veut dire quoi, pardonnez-moi ?
ELISABETH BORNE
Eh bien, ça peut être par exemple des procédures de nettoyage et de désinfection qui ont déjà été renforcées, la distribution de gels, et le président de la République, comme le Premier ministre ont évoqué l'idée d'un port systématique du masque. Et donc on est en train de le regarder, ensuite, tous les transports publics ne sont pas équivalents, quand vous êtes à Valenciennes, ce n'est pas la même chose que d'être à Paris, donc on est en train de regarder précisément les règles qui vont être définies pour que les conditions sanitaires soient maximales dans ces transports publics…
YVES CALVI
Donc au moment où nous parlons, elles ne sont pas actées, Madame la Ministre ?
ELISABETH BORNE
Ça n'est pas décidé, vous savez, je le redis, on présentera un plan global, et ça n'est pas chaque ministre qui va sortir son plan, il y aura aussi un point très important qui est de ne pas avoir trop de monde en même temps dans les transports en commun, et donc de lisser, comme on dit, les heures de pointe, ça suppose qu'on échange avec les entreprises pour qu'il puisse y avoir des horaires décalés, et puis aussi, le maintien en télétravail d'une partie importante des salariés qui y sont aujourd'hui.
YVES CALVI
Donc vous nous dit qu'il n'y aura pas de cadences plus importantes, en fait, pour les transports en commun, mais qu'en revanche, c'est aux entreprises de gérer l'arrivée de leur personnel, c'est bien ça ?
ELISABETH BORNE
Je vous dis que la cadence des transports en commun va naturellement augmenter, aujourd'hui, selon les villes ou les régions, on est entre 10 et 30% de l'offre normale, donc évidemment, il va falloir revenir progressivement à un niveau normal dans les transports en commun, mais que dans le même temps, pour qu'on n'ait pas trop de monde dans les transports en commun, il faudra aussi que les entreprises nous aident en travaillant sur des horaires décalés, et puis, en maintenant en télétravail l'essentiel des salariés qui y sont aujourd'hui.
YVES CALVI
Vous nous confirmez qu'en ce qui concerne certaines lignes de bus, on a des lignes saturées en ce moment ?
ELISABETH BORNE
Ecoutez, moi, je vois beaucoup de bus qui circulent dans Paris, et je n'ai pas l'impression qu'ils sont saturés, donc, non, je ne pense pas…
YVES CALVI
Moi, non plus, mais c'est revenu régulièrement dans les commentaires, ça n'est peut-être pas une réalité, donc je vous pose la question.
ELISABETH BORNE
Franchement, je ne pense pas, comme la RATP surveille évidemment attentivement l'occupation de ses bus, de ses métros, et moi, je vois plutôt des bus qui sont largement vides, et donc, voilà, je pense que c'est une information sans doute erronée.
YVES CALVI
Pierre SERNE, qui est conseiller régional d'Ile-de-France, travaille sur des pistes cyclables temporaires, concrètement, des couloirs spéciaux pour les vélos reprendraient le tracé des lignes de métro pour permettre les déplacements, en respectant la distanciation, qu'en pensez-vous ?
ELISABETH BORNE
Ecoutez, moi, je pense que c'est une bonne idée, vous savez que de façon générale, j'encourage l'utilisation du vélo, qui est un mode de déplacement à part entière, et pour effectivement reprendre son activité, et je pense qu'en plus, il fait beau, en ce moment, donc le vélo est très certainement une bonne solution. Il faut évidemment que ça se fasse en sécurité pour les cyclistes, et donc moi je note qu'il y a effectivement de nombreuses villes en France qui souhaitent favoriser l'utilisation du vélo en développant des pistes temporaires. Et donc mon ministère les accompagne, on a diffusé des fiches techniques, et puis, on est à l'écoute des collectivités, si elles ont des difficultés techniques, pour pouvoir les accompagner, si nécessaire, pour favoriser cette pratique du vélo.
YVES CALVI
Ce qui veut dire que là où il existe déjà des pistes cyclables, on aurait d'autres pistes supplémentaires, ou en tout cas, un espace supplémentaire qui serait réservé aux vélos et qui serait interdit à d'autres véhicules ?
ELISABETH BORNE
Je pense qu'aujourd'hui, c'est une bonne façon de se déplacer, le vélo, voyez, et donc, c'est, soit compléter des pistes qui existent, c'est aussi traiter un certain nombre de discontinuités qu'on peut avoir pour que des cyclistes puissent circuler en toute sécurité.
YVES CALVI
Merci beaucoup Madame la Ministre d'avoir répondu à nos questions. Bonne journée à vous.
Source : Service d'information du Gouvernement, le 22 avril 2020