Interview de M. Gabriel Attal, secrétaire d'État, porte-parole du gouvernement, à France Info le 15 octobre 2020, sur l'entrée en vigueur de l'état d'urgence sanitaire et du couvre-feu, la situation de l'hôpital public et le télétravail.

Prononcé le

Intervenant(s) : 
  • Gabriel Attal - Secrétaire d'État, porte-parole du gouvernement

Média : France Info

Texte intégral

MARC FAUVELLE
Bonjour Gabriel ATTAL.

GABRIEL ATTAL
Bonjour.

MARC FAUVELLE
Merci d'être avec nous ce matin sur France Info, au lendemain de l'intervention d'Emmanuel MACRON. En écoutant le président hier annoncer qu'un Français sur trois allait bientôt vivre sous couvre-feu, on a eu un petit doute. Tout d'abord, à parti de quand ce couvre-feu va s'appliquer ?

GABRIEL ATTAL
A partir de demain soir minuit.

MARC FAUVELLE
Le vendredi soir, 00h01, on n'a plus le droit d'être dans la rue si on habite dans les 8 métropoles ou en Ile-de-France.

GABRIEL ATTAL
Jusqu'à 06h00 du matin, et ensuite, à partir du samedi, c'est à partir de 21h00. L'état d'urgence sanitaire entre en vigueur dans notre pays demain à minuit, et donc cette partie-là de la nuit sera couverte par le couvre-feu…

SALHIA BRAKHLIA
De minuit à 06h00. De minuit à 06h00 et à partir de samedi c'est à 21h00 tous les soirs.

MARC FAUVELLE
Les amendes tomberont dès demain 00h01 ?

GABRIEL ATTAL
Vous savez, à chaque fois qu'on a mis en place des…

MARC FAUVELLE
Enfin, après-demain 00h01, pour être précis, dans la nuit de vendredi à samedi.

GABRIEL ATTAL
A chaque fois qu'on a mis en place des nouvelles règles, quand on a fait le confinement, quand on a annoncé le masque obligatoire dans les espaces publics, à l'extérieur, il y a toujours eu un petit délai d'adaptation et de pédagogie, comme on dit. Donc voilà, moi n'ai pas d'annonce à faire particulière sur ce sujet, ça sera précisé par ailleurs au cours de la Conférence de presse qui aura lieu cet après-midi, mais il me semble absolument logique qu'il y ait un petit délai, court, d'adaptation, même si là les choses sont assez claires, je crois que tout le monde peut se positionner.

SALHIA BRAKHLIA
Alors, Gabriel ATTAL, dans quels cas on pourra continuer de circuler après 21h00 ? Par exemple, est-ce qu'on pourra circuler pour promener son chien après 21h00 ?

GABRIEL ATTAL
Bon, alors là aussi, les détails…

MARC FAUVELLE
Avouez qu'on a l'impression d'être revenus six mois en arrière.

SALHIA BRAKHLIA
Oui.

GABRIEL ATTAL
Là aussi les détails vont être donnés tout à l'heure lors de la Conférence de presse, mais pour ce qui est de la question de promener son chien, encore une fois c'est du bon sens, évidemment on peut promener son chien, et d'ailleurs pendant le confinement vous pouviez sortir pour promener rapidement votre chien. Mais voilà, encore une fois il faut être pragmatique, avoir du bon sens. Ce qu'on vise avec ce couvre-feu, vous le savez, c'est les rassemblements privés, parfois festifs, qui sont aujourd'hui une source importante, si ce n'est majeure, de contamination. C'est ça l'objectif.

SALHIA BRAKHLIA
Alors, il se passe quoi s'il y a des rassemblements privés, des fêtes clandestines ?

GABRIEL ATTAL
Eh bien aujourd'hui vous avez des contrôles, vous avez des sanctions, des amendes, je vous avoue qu'on considère que l'amende aujourd'hui n'est pas suffisamment élevée, et donc on va sans doute la renforcer.

SALHIA BRAKHLIA
C'est combien ?

GABRIEL ATTAL
Aujourd'hui c'est 135 euros, je crois, c'est l'amende classique, mais là je parle de ceux qui organisent des soirées clandestines, je sais que ça choque beaucoup de monde, ça choque et ça énerve par ailleurs, et je le comprends, beaucoup de restaurateurs, beaucoup de patrons de boîte de nuit, qui sont aujourd'hui fermées, et qui voient qu'il y a des personnes qui organisent des fêtes clandestines, qui sont une source de contamination. Donc oui il faut augmenter les sanctions pour ceux qui organisent des soirées clandestines, que ce soit dans un établissement dont ils sont gérants ou…

SALHIA BRAKHLIA
Alors, à combien la sanction, combien l'amende ?

GABRIEL ATTAL
Ça, ça va être précisé, mais si on veut une sanction dissuasive, elle peut être très dissuasive. Vous avez des pays, je crois que c'est au Royaume-Uni, où vous avez une sanction qui va jusqu'à 10 000 euros. Voilà. A partir du moment où vous avez ça qui tombe, et que ça donne en exemple, je pense que c'est assez dissuasif pour ceux qui organisent ça.

SALHIA BRAKHLIA
On évite la soirée clandestine.

MARC FAUVELLE
Une question toute simple mais qui concerne sans doute des millions de Français qui s'apprêtent à partir en vacances dans les jours qui viennent pour les vacances de la Toussaint. Si on prend un train, si on prend une voiture et qu'on arrive après 21h00, sur son lieu de vacances, dans sa famille, dans une des zones concernées, on n'a pas le droit, il va falloir que les trains, que l'on prenne, que l'on avance son billet de train par exemple ou qu'on avance son arrivée ?

GABRIEL ATTAL
Je comprends cette question qui est très concrète et surtout à une veille de départs de vacances, où vous avez beaucoup de Français qui se posent la question…

MARC FAUVELLE
Ce qui obligerait accessoirement la SNCF à changer pas mal de choses dans les jours qui viennent.

GABRIEL ATTAL
Et parce que cette question est très importante pour beaucoup de Français qui se la posent, et parce que je n'ai pas de certitude sur ce sujet et que c'est en train d'être regardé ce matin avant la Conférence de presse du Premier ministre, je préfère ne pas faire de plans sur la comète sur ce point-là, mais ce sera évidemment clarifié avant les départs.

MARC FAUVELLE
Voilà, et renvoyé aux annonces qui seront attendues en tout début d'après-midi.

SALHIA BRAKHLIA
Une question sur le jogging, parce qu'on a vu justement pendant le confinement que beaucoup de Français s'étaient mis à faire du jogging. Là on aura le droit de faire son sport après 21h00 ?

GABRIEL ATTAL
Moi je pars du principe que les règles qui s'appliquaient pendant le confinement, peuvent continuer à s'appliquer. Maintenant je pense qu'il y a moins de, peut-être moins de jogging après 21h00 qu'avant, voilà, mais là encore je ne vais pas moi prendre les décisions ce matin sur votre plateau. Je comprends que c'est compliqué puisque j'interviens entre les annonces du président de la République et les précisions concrètes du Premier ministre, mais en tout cas elles interviendront dans la journée.

MARC FAUVELLE
Je tente une dernière question pratique, peut-être n'avez-vous pas la réponse : l'attestation numérique, l'application qui permet de la remplir et de la fournir éventuellement aux forces de l'ordre, on l'aura quand, puisque le couvre-feu débute, vous nous l'avez dit, demain soir à minuit, il va falloir les fournir assez vite ?

GABRIEL ATTAL
Ce que je peux vous dire, c'est que tous les outils liés au couvre-feu seront mis en place et disponibles au moment où le couvre-feu entrera en vigueur.

MARC FAUVELLE
Donc d'ici demain minuit.

GABRIEL ATTAL
Tous les outils seront sur accessibles aux Français avant que le couvre-feu entre en vigueur.

SALHIA BRAKHLIA
Alors, sur les contrôles, est-ce qu'on va mettre un policier à chaque rue ? Est-ce qu'on en a les moyens ?

GABRIEL ATTAL
Evidemment, il n'y aura pas un policier derrière chaque Français, d'ailleurs il n'y en a jamais eu depuis début de cette crise. Pourquoi ? Parce que, et c'est le ce que le président de la République a rappelé hier, c'est aussi sur la responsabilité individuelle des Français qu'on parie et qu'on investit.

SALHIA BRAKHLIA
Donc on fait confiance aux Français.

GABRIEL ATTAL
Et moi je vais vous dire, on peut leur faire confiance, parce que qu'est-ce qu'on voit depuis le début de cette crise ? C'est qu'ils ont été extrêmement résilients, comme on dit, ils ont fait beaucoup d'efforts. Aujourd'hui vous avez une écrasante majorité de Français qui respectent…

MARC FAUVELLE
Jean CASTEX, le Premier ministre, nous disait quasiment l'inverse il y a quelques jours sur ce plateau, il nous disait : ils se sont beaucoup relâchés pendant l'été, aujourd'hui on en paie les conséquences.

GABRIEL ATTAL
Non, mais… Il y a eu, mais je vais vous le dire, il y a eu cet été, mais globalement, collectivement, peut-être un sentiment de délivrance, et peut-être une volonté, et je peux le comprendre, et c'était mon cas aussi, de profiter de sa famille et de ses proches cet été après le confinement. Mais aujourd'hui, je pense qu'il faut bien l'avoir en tête, on est toujours dans une situation où le virus circule moins vite qu'au printemps dernier. Il circulait au mois de septembre en moyenne 3 fois moins vite qu'au printemps dernier, c'est le fameux taux de reproduction du virus, qui était un peu au-dessus de 1, au printemps dernier il était à 3, là on est je crois proche des 1,5. Et pourquoi est-ce qu'il circule moins vite ? Parce que les Français font des efforts, parce qu'ils portent le masque, parce qu'ils respectent les protocoles sanitaires qu'on a mis en place au travail par exemple, et parce qu'il y a ces efforts-là. Donc moi je vais vous dire, j'ai confiance, on a confiance dans la capacité des Français à être responsables collectivement.

SALHIA BRAKHLIA
Juste une question sur les contrôles, une derrière question sur les contrôles : c'est la police municipale ou la police nationale qui va se charger des contrôles ?

GABRIEL ATTAL
Alors, on a engagé un travail avec les collectivités locales, vous le savez, et les élus locaux, et évidemment tout ça va se faire dans un partenariat avec les collectivités locales et les élus locaux, donc ce sera à la fois la police nationale et la police municipale, comme c'était le cas d'ailleurs dans la deuxième partie du confinement, puisque ce n'était pas le cas au départ et que ça avait évolué ensuite à l'époque.

MARC FAUVELLE
Est-ce qu'on paie aujourd'hui, Gabriel ATTAL, je dis "on", ce sont les 20 millions de Français qui vont être sous couvre-feu, l'échec de notre politique sanitaire, de notre politique de tests, les non-dits sur les masques pendant des mois et des mois ?

GABRIEL ATTAL
Vous savez, si la question que vous me posez est de savoir si on considère que tout a bien fonctionné depuis le début de cette crise, évidemment que la réponse est non.

MARC FAUVELLE
Qu'est-ce qui n'a pas marché ?

GABRIEL ATTAL
Comment ?

MARC FAUVELLE
Qu'est-ce qui n'a pas marché ?

GABRIEL ATTAL
Là encore, le président je pense a dit les choses assez clairement hier. Sur les tests on est aujourd'hui, on a eu aujourd'hui pendant plusieurs semaines une situation où il y avait des retards et des délais d'attente inacceptables, et d'ailleurs, moi je vais le dire très clairement…

MARC FAUVELLE
Sur les masques, vous reconnaissez qu'on a pris les choses à l'envers, par exemple.

GABRIEL ATTAL
Les choses ne sont pas encore réglées partout. Sur le sujet des tests, ce matin en venant sur votre radio je suis passé, je crois que c'est avenue de Versailles, à côté…

MARC FAUVELLE
Dans le 16ème arrondissement de Paris.

GABRIEL ATTAL
… j'ai vu un laboratoire où il y avait énormément de gens qui attendaient déjà dès 07h30 du matin. Donc voilà, il y a encore ces situations difficiles, il va y avoir une vraie bascule dans les jours qui viennent avec l'arrivée des fameux tests antigéniques, vous pouvez vous faire tester chez votre pharmacien, peut être chez votre médecin, avoir le résultat en 15 minutes…

SALHIA BRAKHLIA
C'est pour quand ?

GABRIEL ATTAL
… 15, 20 minutes, tout de suite sur place, sans qu'on ait besoin d'envoyer les prélèvements…

SALHIA BRAKHLIA
Ça arrive quand les tests antigéniques ?

GABRIEL ATTAL
C'est en train d'arriver. Voilà. On est en train de les acheminer dans les différentes régions, on va progressivement…

MARC FAUVELLE
Pourquoi c'est un "en train" qui est si long ?

GABRIEL ATTAL
Eh bien je peux vous dire que c'est long partout. Et d'ailleurs on a le même calendrier…

MARC FAUVELLE
Qu'est-ce qui freine ? La Haute autorité a donné son feu vert, l'État a dit "on n'a pas les produits"…

GABRIEL ATTAL
La Haute autorité a donné son feu vert très récemment…

MARC FAUVELLE
Oui, lundi dernier.

GABRIEL ATTAL
Il y a quelques jours, donc évidemment on ne met pas à disposition des produits ou que ce soit des tests ou autres, sans qu'il y ait les autorités médicales qui donnent leur feu vert, et heureusement, parce qu'on protège les Français et qu'on veut garantir leur sécurité absolue. Il y a eu un feu vert il y a quelques jours et c'est en train d'être acheminé dans les régions, et dans les jours qui viennent vous aurez la possibilité de le faire.

MARC FAUVELLE
Gabriel ATTAL, porte-parole du gouvernement, invité de France Info jusqu'à 09h00. On s'interrompt le temps du fil info à 08h41 avec Mélanie DELAUNAY.

-Fil info-

SALHIA BRAKHLIA
Toujours avec Gabriel ATTAL, le porte-parole du gouvernement. Alors avec le couvre-feu, ce sont les restaurants, les théâtres, les cinémas qui vont être durement touchés, tout à l'heure Michel SARRAN chef étoilé d'un restaurant à Toulouse et membre du jury de Top Chef était l'invité de la matinale de France Info. On l'écoute.

MICHEL SARRAN
C'est catastrophique, il y a pas d'autre mot, déjà qu'on avait un genou à terre, là je crois que pour le coup, c'est l'estocade de finale. Si le gouvernement ne prend pas et ne nous assure pas la prise en charge totale de vos frais, on est mort, je vous le dis on est mort.

SALHIA BRAKHLIA
Réponse du porte-parole du gouvernement.

GABRIEL ATTAL
D'abord moi je veux dire que j'entends le désarroi et je l'entends d'autant plus qu'ils ont fait beaucoup d'efforts les restaurateurs. Il y a une dizaine de jours j'ai fait une réunion, je suis allé rencontrer des restaurateurs parisiens, ils ont fait énormément d'efforts. Ils ont mis en place le protocole sanitaire très strict, très difficiles, ils ont parfois réduit le nombre de couverts qu'ils pouvaient accueillir, ce qui fait qu'ils gagnaient moins d'argent. Ils ont engagé des frais pour s'équiper que ce soit en plexiglas, en gel hydro alcoolique…

SALHIA BRAKHLIA
Et pourtant on leur demande de fermer.

GABRIEL ATTAL
… ou autres et là aujourd'hui ils sont finalement les victimes indirectes de ce couvre-feu puisque ce n'est pas les restaurants qu'on vise avec le couvre-feu, c'est les rassemblements privés et notre manière, la seule manière aujourd'hui qu'on peut utiliser pour les réduire, c'est le couvre-feu et indirectement évidemment que ça pèse sur les restaurateurs. J'entendais à l'instant Michel SARRAN qui disait, on a un genou à terre.

MARC FAUVEL
Et c'est l'estocade.

GABRIEL ATTAL
Et ça va être le coup de grâce, moi je dis non. Il y a un genou à terre, c'est certain mais on va les aider à se relever. On va les aider à se relever parce que le président l'a dit, on va mettre en place, on va renforcer les dispositifs qu'on a mis en place pour les accompagner. Je rappelle qu'aujourd'hui les restaurateurs sont accompagnés avec les dispositifs qui ont été mis en place depuis le début de la crise, chômage partiel, fonds de solidarité jusqu'à 10 000 euros par mois qui peuvent leur être versés, exonérations de charges.

SALHIA BRAKHLIA
Est-ce que c'est suffisant ?

GABRIEL ATTAL
Prêt garanti par l'État, la réponse est non, ça n'est pas suffisant notamment dans les grandes métropoles où là ils vont encore réduire leur rentabilité entre guillemets. Et où en plus ils ont des frais qui sont plus importants qu'en dehors des métropoles, notamment s'agissant du loyer, ça coûte très cher dans une grande métropole, de louer un espace pour être restaurateur.

SALHIA BRAKHLIA
Donc il y a d'autres mesures encore, un nouveau geste ?

GABRIEL ATTAL
Ce que je peux vous dire, c'est que demain il y voir une concertation, une nouvelle réunion entre Bruno LE MAIRE et les représentants des restaurateurs et que vont être annoncé des mesures pour renforcer l'accompagnement des restaurateurs financièrement pour leur permettre de tenir. On a besoin de nos restaurateurs, le président l'a dit, c'est l'art de vivre à la française, c'est des personnes qui ont envie de travailler, qui travaille dure, très dure toute l'année, qui sont d'ailleurs en dehors d'une crise épidémique comme celle qu'on connaît, qui sont le mieux disant sur les sujets de d'hygiène et de normes sanitaires, ils appliquent déjà tout le temps des protocoles pour protéger leurs clients. Et donc je comprends vraiment leur désarroi et c'est pour ça qu'on va les accompagner davantage.

MARC FAUVEL
Il a également la question de l'hôpital Gabriel ATTAL, on sait qu'aujourd'hui quasiment un tiers des lits aujourd'hui en réanimation sont déjà occupés par des malades atteints par le Covid. Lors de la première vague, on se souvient de la pénurie de certains médicaments, mais aussi de masques, de certaines sur blouses, de gants chirurgicaux. Je voudrais vous faire écouter ce que disait ce matin Arnaud CHICHE qui est le fondateur de la collective santé en danger, vous savez c'est ce collectif est en dehors des syndicats sur les réseaux sociaux par sa déception après les annonces du Ségur de la santé.

ARNAUD CHICHE
Il y a quelques jours dans un bloc opératoire de France, il y avait pas de gants stériles, donc faut arrêter de mentir sur les masques, pardon sur les gants, ça fait 2 mois qu'il y a une pénurie, c'est la réalité les infirmières m'appellent, les sur blouses, on travaille tous avec des sacs poubelle pré-percés, est-ce que c'est normal, où est la plateforme de commande, est-ce que je dois aller moi-même en Chine ? Il a fait quoi Jean CASTEX cet été ? Il dit qu'il n'était pas en vacances au mois d'août et on le remercie mais d'abord ce n'était pas le seul. Il a fait quoi ? Le matériel, c'est impardonnable.

MARC FAUVEL
Comment on fait face à la deuxième vague de malades dans ces conditions ?

GABRIEL ATTAL
On a beaucoup travaillé pour préparer cette deuxième vague. On a reconstitué d'abord le stock d'État de masques qui était nécessaire dans le pays qui se porte à près d'un milliard de masques disponibles dans les stocks pour équiper notamment nos soignants.

SALHIA BRAKHLIA
Mais là le problème, c'est les gants.

GABRIEL ATTAL
On a engagé des commandes et c'est vrai que sur les gants, je crois, je ne suis pas en charge de la santé mais sur les gants je crois qu'il y a une tension plus importante, mais là aussi on a fait des commandes, là aussi il y en a qui arrive. Peut-être qu'il y a des retards, je l'entends parfaitement et je comprends que pour les personnels ça soit difficile, l'acheminement des ministères vers les hôpitaux peut-être qu'il y ait des tensions locales très fortes, peut-être parfois qu'il y a des situations où on se retrouve une journée et où il y en a plus disponible, mais vraiment là-dessus il y a une mobilisation très forte. Il y a, je crois, sur la question des gants une tension au niveau mondial.

MARC FAUVEL
Arnaud CHICHE dit également les postes promis au moment du Ségur de la santé pour l'instant, on ne les voit pas.

GABRIEL ATTAL
Alors on a formé plusieurs centaines, je crois 750 personnels qui habituellement ne travaillent pas en réanimation avec des formations rapides pour leur permettre d'intervenir en réanimation au moment de la 2e vague. Mais pour ce qui est des postes, des créations de postes qui ont été annoncées, oui cet été dans le Ségur de la santé, on a annoncé, on a mis le budget pour créer 15 000 postes supplémentaires à l'hôpital, ce qui est historique.

MARC FAUVEL
Certains simplement pour pouvoir des postes qui n'étaient pas pourvus jusqu'à présent faute de candidats, il n'y avait pas assez de monde tout simplement.

GABRIEL ATTAL
Mais pour pourvoir un poste, une infirmière, un anesthésiste réanimateurs, vous les formez pas en 3 mois, ce n'est pas vrai.

MARC FAUVEL
Les premiers postes vont arriver quand, les premières arrivées, une fois que ces gens, ces hommes et ces femmes seront formés, quelle échéance ?

GABRIEL ATTAL
Ce que je vous dis c'est que là aujourd'hui parce qu'il y a eu des formations rapides pour des professionnels qui exerçaient déjà l'hôpital mais qui n'exerçaient pas en réanimation, on a la possibilité de mettre plus de professionnels en en réanimation. Donc ça c'est important. Ensuite il y a des créations de postes dans le cadre du Ségur, je veux rappeler aussi puisque vous le disiez à l'instant, il y a des postes n'étaient pas pourvus faute d'attractivité, c'est pour ça qu'on revalorise les salaires à l'hôpital et ça aussi c'est historique. C'est 8 milliards d'euros, alors ça fait jamais très concret quand on dit ça, mais très concrètement ça veut dire que tous les professionnels à l'hôpital vont gagner au moins 200 euros de plus net par mois.

MARC FAUVEL
180.

GABRIEL ATTAL
Il y a jamais eu d'augmentation aussi forte sur un temps aussi court et ça, ça a déjà commencé à entrer en vigueur, vous avez un certain nombre de professionnels qui touchent déjà 90 euros de plus net par mois, dans les mois qui viennent ça va être doublé et donc on arrivera un peu au-dessus de 180 euros avec des primes supplémentaires pour dans certains cas. Donc on voit qu'il y a cet engagement très fort, moi je ne comprends pas et j'entends et je le dis et j'entends que quand on travaille dans un hôpital aujourd'hui…

SALHIA BRAKHLIA
Les soignants sont fatigués, c'est ce qu'ils disent.

GABRIEL ATTAL
Mais évidemment qu'on est fatigué parce que non seulement ils ont été en première ligne pendant le confinement, mais surtout ils n'ont pas arrêté de se mobiliser.

SALHIA BRAKHLIA
Et ils n'ont pas pris de vacances et ils n'en auront pas cette fois-ci aussi.

GABRIEL ATTAL
Et la délivrance, la délivrance dont je parlais tout à l'heure pour beaucoup de Français, eux, ils ne l'ont pas forcément vécu cet été et donc c'est très fatigant et voir arriver une deuxième vague aujourd'hui, moi je peux comprendre que ça soit démoralisant. Mais on est là pour eux, on est là pour les soutenir, encore une fois le Ségur c'est son objectif et on va évidemment continuer à le faire.

MARC FAUVEL
Est-ce que vous souhaitez que tous les soignants se fassent obligatoirement vacciner contre la grippe saisonnière ?

GABRIEL ATTAL
Ça, il y a un arbitrage qui a été rendu, ça a été dit par les autorités sanitaires, évidemment on recommande très fortement aux soignants…

MARC FAUVEL
Mais vous n'irez pas au-delà.

GABRIEL ATTAL
De se faire vacciner, mais il n'y a pas d'obligation prévue en tant que tel mais on leur demande de le faire et moi là aussi je fais confiance, je sais qu'ils sont responsables, ils ont envie de protéger leurs patients, donc évidemment ils le feront.

SALHIA BRAKHLIA
Gabriel ATTAL, un mot sur le télétravail, il faut que les entreprises fonctionnent, que les services publics soient ouverts, c'est ce qu'a dit le président hier, dans la fonction publique où allez vous imposer le télétravail, est-ce que vous allez l'imposer d'ailleurs ?

GABRIEL ATTAL
Le président de la République a dit hier qu'il recommandait très fortement d'avoir 2, 3 jours de télétravail par semaine et donc moi ce que je peux vous dire c'est que à ce titre, on va demander à la Fonction publique d'être exemplaire et donc d'appliquer cette recommandation, partout, évidemment partout où c'est possible, il y a des postes que vous ne pouvez pas télétravailler mais c'est le cas …

MARC FAUVEL
Est-ce que vous savez aujourd'hui, est-ce que vous avez le tableau de bord aujourd'hui, savoir combien de fonctionnaires télétravaillent exactement ?

GABRIEL ATTAL
Je ne peux pas vous donner ce chiffre.

MARC FAUVEL
Est-ce que ce chiffre existe quelque part ?

GABRIEL ATTAL
Il doit exister, vous savez on a des outils pour faire remonter les informations dans la Fonction publique mais je ne peux pas vous le donner ce matin.

SALHIA BRAKHLIA
Et comment on incite les entreprises privées à recourir au télétravail parce que jusqu'à présent, ces dernières semaines le mouvement c'était plutôt de faire revenir les salariés au bureau ?

GABRIEL ATTAL
Ça l'a été après le, au moment du déconfinement et ces dernières semaines les indications dont on dispose, c'est plutôt qu'avec le passage en alerte renforcée, puis en alerte maximale dans les métropoles il y a eu un mouton à inverse et plus de précaution même si je le redis, si on l'a mis en place un protocole sanitaire très strict cet été au travail, c'est parce qu'aujourd'hui quand on respecte le protocole sanitaire dans son entreprise ou dans son administration, on est protégé, il permet d'aller travailler. Mais il y a notamment un enjeu de pression sur les transports qui fait qu'on recommande le télétravail. L'expression du président de la République hier elle est évidemment très claire et ce que je peux vous dire c'est que les ministres concernés, Bruno LE MAIRE, Elisabeth BORNE vont réunir les partenaires sociaux, les représentants des employeurs pour traduire très concrètement ces recommandations.

MARC FAUVELLE
08h50, le porte-parole du gouvernement, Gabriel ATTAL, invité de France Info, le Fil info avec Mélanie DELAUNAY.

-Fil info-

MARC FAUVELLE
Gabriel ATTAL, Emmanuel MACRON a annoncé hier soir une prime pour les allocataires du RSA et des APL, les aides au logement, prime de 150 euros par allocataire, auxquels s'ajouteront 100 euros pour chaque enfant. Pourquoi une prime plutôt qu'une revalorisation, sachant qu'on sait que la crise va durer ?

GABRIEL ATTAL
Vous savez, depuis le début de cette crise on a fait le choix de s'adapter à la situation, de constater les difficultés qui sont vécues par des Français et d'y répondre. On a déjà versé une prime au moment du confinement, avec déjà 150 euros par foyer et…

MARC FAUVELLE
C'est la même qui est reconduite, en quelque sorte.

GABRIEL ATTAL
C'est la même qui est reconduite, c'était 4 millions de foyers qui avaient reçu cette prime à l'époque. On a mis en place des aides spécifiques pour ceux qui ont l'allocation de rentrée scolaire, 100 euros en plus cet été, on a mis en place une aide pour les jeunes, au début de l'été, 100 euros, on a aidé et soutenu les associations d'aide alimentaire, et c'est évidemment normal, bref on a mis en place des dispositifs exceptionnels pour accompagner ceux qui sont dans la précarité et la pauvreté, et c'est normal, je ne dis pas ça pour claironner, c'est qu'on considère, c'est les valeurs de la France, je dis ça parce que ce n'est pas le choix qu'on fait la plupart des autres pays, et c'est notre devoir que d'accompagner ceux qui sont dans la précarité, et qui sont encore plus précarisés avec cette crise.

MARC FAUVELLE
Et pourquoi ne pas d'inscrire mois après mois, et en faire une revalorisation, comme le réclamait par exemple Laurent BERGER à la CFDT ?

GABRIEL ATTAL
Je vais vous dire : est-ce qu'on continuera à être au rendez-vous et en fonction de l'évolution de la crise on continuera à accompagner financièrement, comme on va le faire là une nouvelle fois ? Evidemment oui. Est-ce que pour autant on considère qu'on doit revoir la manière dont on considère qu'il faut sortir les gens de la pauvreté et les accompagner, c'est-à-dire par le travail, c'est-à-dire par l'insertion, c'est-à-dire en renforçant la prime d'activité ? La réponse est non. Pour le long terme, c'est ça qu'on veut faire. Pour le court, je n'espère pas, mais peut-être le moyen terme, c'est on continuera à les accompagner avec des primes exceptionnelles, mais on sera au rendez-vous, on continuera à l'être.

SALHIA BRAKHLIA
Est-ce que l'État va aider les départements qui versent le RSA ? Parce que le nombre de bénéficiaires a bondi dans certains départements, exemple en Seine-Saint-Denis ?

GABRIEL ATTAL
Il y a une discussion qui est en cours, pour regarder comment les choses… quels sont les frais…

SALHIA BRAKHLIA
Comment l'État va aider les départements à financer le RSA.

GABRIEL ATTAL
Enfin, d'abord pour regarder quels sont les coûts supplémentaires pour les départements aujourd'hui, et il y aura des décisions.

MARC FAUVELLE
Un mot des masques qui ont été distribués aux enseignants dans l'Education nationale, Salhia.

SALHIA BRAKHLIA
Oui, des masques de la marque DIM, qui ont été distribués donc aux enseignants à la rentrée, au début de la rentrée scolaire. Ils seraient toxiques, ces masques, parce qu'ils sont traités à la zéolite d'argent, qui est considéré donc comme toxique pour la santé humaine et l'environnement. Vous avez plus d'infos ?

GABRIEL ATTAL
Alors, d'abord moi j'ai vu cette information sur Twitter, en voyant un article, je crois que c'est L'Obs qui avait sorti ça…

MARC FAUVELLE
L'Obs et Reporter…

GABRIEL ATTAL
Je l'ai tout de suite envoyé à mon équipe en leur demandant de quoi il s'agissait. Mon équipe m'a répondu "on va regarder". Par ailleurs c'est les mêmes masques que nous on a reçus au ministère pour les agents du ministère, donc…

MARC FAUVELLE
C'est celui que portait Emmanuel MACRON le jour où on l'a vu, on se souvient de cette scène…

SALHIA BRAKHLIA
Où il a toussé.

GABRIEL ATTAL
Je crois oui.

MARC FAUVELLE
… porter un masque, et tousser énormément, remettre le masque et finalement l'enlever.

GABRIEL ATTAL
Et donc je crois que c'est en train…

MARC FAUVELLE
C'était celui-là aussi ?

GABRIEL ATTAL
Oui, je crois, en tout cas c'est ce que j'ai lu. En tout cas, ce que je peux vous dire c'est que c'en train d'être regardé avec beaucoup d'attention parce que si c'est vrai ça peut être assez grave, et donc on est en train de regarder ça, mais je n'imagine pas qu'on puisse avoir distribué des masques sans avoir garanti qu'ils soient certifiés et homologués. Donc c'est, on est en train de regarder cette situation avec beaucoup d'attention.

SALHIA BRAKHLIA
Sur l'étiquette de l'emballage des masques, il est écrit : « Ce n'est pas un dispositif médical, ni un équipement de protection individuelle ».

GABRIEL ATTAL
On est en train de regarder ça avec beaucoup d'attention, c'est ce que je peux vous dire.

SALHIA BRAKHLIA
On en a distribué combien ?

GABRIEL ATTAL
Alors, je ne sais pas vous dire combien on en a distribué, mais en tout cas il y en a un certain nombre qui ont été distribués, d'ailleurs y compris dans d'autres ministères.

MARC FAUVELLE
Nous sommes sensés, Gabriel ATTAL, voter pour les élections régionales dans un peu moins de 6 mois, au mois de mars, est-ce que vous êtes sûr et certain que ces élections auront bien lieu à cette date ?

GABRIEL ATTAL
On a décidé de mettre en place une commission, qui va associer l'ensemble des forces politiques, avec un éclairage sanitaire, pour regarder quand est-ce qu'on peut tenir ces élections. Il y a ces élections qui normalement doivent intervenir au mois de mars, et jusqu'à maintenant on a toujours dit qu'elles interviendraient au moment prévu. On voit bien qu'il y a une augmentation exponentielle de l'épidémie depuis une dizaine de jours, d'ailleurs qui va sans doute se poursuivre dans les semaines qui viennent, je tiens à le dire, parce qu'on parle du couvre-feu, des mesures nouvelles qui sont mises en place, il faut bien avoir conscience que ce virus c'est un paquebot, il met plusieurs semaines à évoluer quand on prend des mesures. Il faut se souvenir au moment du confinement, quand on a décidé le confinement généralisé du pays, les premiers effets sanitaires positifs, on les a vus au bout de 3 semaines, un mois, là c'est un couvre-feu, donc voilà il faut avoir conscience que dans les semaines qui viennent il va y avoir évidemment une poursuite de la dégradation des indicateurs qui est mécanique.

MARC FAUVELLE
A quel moment la décision sera-t-elle prise ?

GABRIEL ATTAL
Il faut que la décision soit prise avant que la campagne officielle commence.

MARC FAUVELLE
Donc, février…

GABRIEL ATTAL
D'ici à la fin de l'année, début d'année 2021. Qu'est-ce qu'on va regarder ? On va regarder dans quelles conditions, vu les conditions sanitaires aujourd'hui et vu les restrictions sanitaires qu'on met en place, dans quelles conditions est-ce qu'on peut tenir une campagne électorale aujourd'hui.

MARC FAUVELLE
Est-ce qu'on pourrait voter dans certaines régions et pas dans d'autres ou est-ce que tout le monde doit voter en même temps ?

GABRIEL ATTAL
Je crois qu'il faut que ça soit en même temps partout, je crois, mais ça, ça va être regardé aussi. Mais comment est-ce qu'on tient une campagne dans ce contexte sanitaire, est-ce qu'on peut la tenir ? Si ce n'est pas le cas, est-ce que ça met en doute la sincérité du scrutin ? Il faut voir aussi avec des juristes. Et si on considère que l'on ne peut pas, quand est-ce qu'on peut tenir ces élections, quelle prévisibilité on peut donner ? Evidemment il faut un éclairage sanitaire, évidemment il faut qu'il y ait une forme de consensus politique autour de ça.

SALHIA BRAKHLIA
Alors, justement, vous avez des premiers retours des partis politiques de l'opposition ?

GABRIEL ATTAL
Ecoutez, j'étais avec le Premier ministre dans la réunion qu'on avait tenue avec les forces politiques il y a quelques semaines, il y en aura une nouvelle d'ailleurs je crois dans une semaine. Des questions avaient été posées sur les élections régionales, mais ce n'était pas au coeur des discussions qu'on avait eues à l'époque. On va les revoir autour du Premier ministre, et puis surtout il y a cette commission qui va travailler. La vraie différence avec les élections municipales, c'est qu'à l'époque des élections municipales, certes, on a le confinement qui a été décrété entre les deux tours, on s'en souvient, mais il y a eu une campagne qui s'est tenue normalement, il n'y avait pas de restrictions, même si on commençait à avoir que l'épidémie se développait dans notre pays et que tout le monde était assez prudent, mais il y a une campagne qui a pu se tenir. Là, si on constate que la situation continue à se détériorer et qu'il y a des restrictions importantes qui sont mises, est-ce qu'on peut tenir une campagne ou pas, et si on ne peut pas la tenir, est-ce qu'on peut tenir des élections ou pas, à cette date ? Evidemment il faudra tenir à un moment ces élections.

MARC FAUVELLE
Gabriel ATTAL, porte-parole du gouvernement, merci à vous et bonne journée.

GABRIEL ATTAL
Merci.


Source : Service d'information du Gouvernement, le 16 octobre 2020