Texte intégral
MARC FAUVELLE
Bonjour Roselyne BACHELOT.
ROSELYNE BACHELOT
Bonjour.
MARC FAUVELLE
Vous n'étiez pas présente hier soir aux côtés du Premier ministre et du ministre de la Santé Olivier VERAN. C'est parce que vous n'aviez pas de bonnes nouvelles à annoncer à la culture ?
ROSELYNE BACHELOT
Un petit point. Si j'ai accepté en disant bonjour, de poser exceptionnellement mon masque, c'est parce que vous respectez sur le plateau strictement les consignes de sécurité.
MARC FAUVELLE
Alors je le précise, puisque vous le faites, effectivement, que nous sommes séparés par des vitres en plexiglas, que le médecin de Radio France donne son accord depuis plusieurs semaines au fait qu'on enlève les masques, sinon on ne le ferait pas, et que l'aération de la pièce a été jugée suffisante, merci de cette précision, des téléspectateurs s'en étonnent parfois.
ROSELYNE BACHELOT
Exactement, parce que voilà, les spectateurs s'en étonnent et je préfère qu'on le dise en début.
MARC FAUVELLE
Puis-je en revenir à ma question : il n'y a pas de bonnes nouvelles pour la culture ?
ROSELYNE BACHELOT
Voilà, revenez à votre question. Effectivement, c'était un point sanitaire, qui a été fait hier par le Premier ministre et par le ministre de la Santé et des Solidarités. Maintenant, nous, nous travaillons au ministère de la Culture pour bâtir un modèle souple, qui nous permettra de rouvrir dans les meilleures conditions. Il est vrai, et il faut avoir le courage de le dire c'est que nous sommes en pleine incertitude, nous n'avons pas encore le résultat de ce qui s'est passé pendant les fêtes de fin d'année et en particulier pendant le réveillon du Nouvel An qui est en général plus festif que le réveillon de Noël. Donc nous attendons l'impact sur la pandémie. Je rappelle que nous sommes encore à un niveau très élevé, le Premier ministre l'a rappelé hier, de 15 000 contaminations par jour, 25 000 personnes hospitalisées à cause du Covid, de la Covid pardon, et puis évidemment nous attendons l'impact de ce nouveau variant B1.1.7…
MARC FAUVELLE
Britannique.
ROSELYNE BACHELOT
… je refuse de l'appeler variant britannique, parce que, hélas les virus n'ont pas de nationalité, et que tout cela change beaucoup la donne pour prendre des décisions, puisque la contamination due à ce virus…
MARC FAUVELLE
Est beaucoup plus importante.
ROSELYNE BACHELOT
… semble beaucoup plus élevée. Donc nous sommes en train de travailler, quand je vais vous quitter, j'ai une réunion avec le Premier ministre, je réunis à nouveau le monde de la culture, spectacle vivant, cinéma, pour justement bâtir ce modèle, en particulier en nous appuyant sur des études scientifiques menées en France, menées aussi à l'étranger…
SALHIA BRAKHLIA
Alors justement, c'est la question qu'on se pose, parce que ces décisions de fermeture des lieux culturels, donc ils ne vont pas rouvrir visiblement au moins jusqu'à la fin du mois, on ne sait pas sur quoi cette décision est prise et pourquoi par exemple on peut aller faire les courses et pas entrer dans un musée.
ROSELYNE BACHELOT
Oui, ce sont des mesures qui tentent, veulent, pas tentent, veulent limiter au maximum les brassages de population. Et ça va être d'autant plus important dans cette nouvelle donne épidémique qui montre bien que nous sommes sous l'effet très probable, presque certain, disent les spécialistes, d'un virus beaucoup plus contaminant, entre 50 à 70…
MARC FAUVELLE
Mais je me permets de vous reposer la question de Salhia : pourquoi les courses…
ROSELYNE BACHELOT
… et que ça nous amène à retarder les réouvertures possibles.
MARC FAUVELLE
Pourquoi les courses mais pas le musée ; pourquoi l'Eglise mais pas le cinéma ? Est-ce que vous pouvez nous expliquer ça en quelques mots, même en plusieurs ? Prenons le temps.
ROSELYNE BACHELOT
Oui, nous avions souhaité que les lieux de culte soient aussi, d'éviter les brassages de population…
SALHIA BRAKHLIA
Mais ils sont ouverts.
ROSELYNE BACHELOT
… Ça nous paraissait sur le plan scientifique fondé, mais la liberté de culte est un principe constitutionnel et le Conseil d'Etat a tranché contre les autorités sanitaires, au nom de la liberté de culte.
MARC FAUVELLE
Les supermarchés, il n'y a pas de principe constitutionnel, à ma connaissance en tout cas.
ROSELYNE BACHELOT
Pardon ?
MARC FAUVELLE
Sur quelle étude scientifique se base… Je voudrais prendre juste un exemple, ce qu'ont fait les Espagnols il y a quelques semaines, vous êtes sans doute au courant de ce qui a été fait…
ROSELYNE BACHELOT
Ah ben on va en parler, oui.
MARC FAUVELLE
Un concert géant, on a demandé à 1 000 personnes de venir, 500 ont assisté à un concert sans masque, sans distanciation sociale, 500 autres ont accepté de se faire tester, on a testé les deux groupes, avant et après, il n'y a pas eu une contamination dans le groupe qui a assisté au concert. Je suppose que cette étude elle est arrivée jusqu'à vous.
ROSELYNE BACHELOT
Ah oui, mais bien sûr, je l'ai regardée, c'est une étude qui a été faite…
MARC FAUVELLE
Et là vous n'êtes pas allée dans le bureau du Premier ministre en disant : « Jean, regarde, on rouvre » ?
ROSELYNE BACHELOT
Vous me permettez de répondre complètement ?
MARC FAUVELLE
Oui bien sûr.
ROSELYNE BACHELOT
D'abord c'est une expérimentation que j'ai regardée évidemment avec beaucoup d'intérêt, on va en parler avec les professionnels du spectacle cet après-midi. C'est très intéressant. Etude faite le 12 décembre dernier. D'abord il y a un test préalable pour rentrer, ce qui supposerait que les personnes qui vont au spectacle se fassent tester. Ensuite il y a des conditions dans la salle qui sont respectées : de ventilation, de température, le port d'un masque FFP 2, et des personnels de sécurité qui vérifient les mouvements de population. Bon. Donc on a des conditions d'expérimentation qui sont très strictes. Et en plus, 3 jours après l'ensemble des personnes ont été testées. Je regarde cette expérimentation avec beaucoup de soin, et on va en discuter avec les professionnels, pour voir comment on pourrait avancer, avec des conditions qui sont effectivement très strictes, qui imposeraient au minimum le fait d'avoir un test négatif pour rentrer dans les salles, c'est une logistique qui n'a été déployée que pour un spectacle, il s'agirait évidemment de le généraliser. Moi je suis très attentive, je trouve ça très intéressant, mais…
SALHIA BRAKHLIA
Donc l'une des pistes, pour pouvoir rouvrir les salles de spectacle…
ROSELYNE BACHELOT
Mais évidemment c'est une…
SALHIA BRAKHLIA
… c'est que chaque visiteur, chaque spectateur, soit testé avant d'y aller.
ROSELYNE BACHELOT
Mais je trouve que ce serait une excellente chose, ça suppose aussi de labelliser des salles, parce qu'on pourrait imaginer à partir de ce modèle, que des salles seraient susceptibles d'être très rouvertes parce qu'elles mettraient en place des conditions de ventilation, d'hygrométrie de température, qui permettraient la non-diffusion éventuelle du virus.
SALHIA BRAKHLIA
Et ça, vous avez déjà regardé les salles en France qui peuvent le permettre ?
ROSELYNE BACHELOT
Ah mais vous vous rendez compte, il y a des milliers de salles qui sont là, il faudra un travail de labellisation tout à fait considérable.
SALHIA BRAKHLIA
Oui, mais ça fait des mois que dure la crise sanitaire.
ROSELYNE BACHELOT
Mais pourquoi pas. Pourquoi pas. Vraiment, tout ça mérite, c'est déjà sur la table, il y a des études par ailleurs qui sont menées en France, il y a deux études qui sont en train d'être menées, l'une à l'initiative du SMA avec l'INSERM, l'autre à l'initiative du PRODISS avec l'Assistance Publique de Paris. Les résultats de ces études sont en attente au cours du 1er trimestre, mais c'est très important d'étayer les décisions sur des études scientifiques difficiles à mener…
MARC FAUVELLE
Vous nous dites Roselyne BACHELOT que vous allez mener des concertations, ça fait…
ROSELYNE BACHELOT
Difficiles à mener dans le monde de la culture, on le sait aussi.
MARC FAUVELLE
Pourquoi vous dites ça ? C'est plus dur qu'ailleurs ?
ROSELYNE BACHELOT
Oui, parce que vous comprenez bien qu'on peut mener des études épidémiologiques dans des lieux fermés avec des populations stables. Quand on mène une étude dans un EHPAD, dans une entreprise…
MARC FAUVELLE
On bouge plus pendant un concert que pendant…
ROSELYNE BACHELOT
… là vous avez déjà – je vais au bout de mon explication – vous avez des gens qui assistent à un spectacle pendant 2 heures et qui essaiment après. Donc on voit bien qu'on ne peut pas mener les études de la même façon.
MARC FAUVELLE
D'un mot Roselyne BACHELOT, on vient de voir quelques-unes des pistes qui sont sur la table, dans la concertation vous allez mener avec le monde de la culture. Est-ce que votre objectif, à vous ministre, c'est la réouverture début février ?
ROSELYNE BACHELOT
Alors, ne recommençons pas à enfermer la décision politique dans des dates.
SALHIA BRAKHLIA
Enfin, ça urge quand même.
ROSELYNE BACHELOT
Je fais tout pour que ce soit possible, mais nous avons un certain nombre d'incertitudes, et en particulier liées au nouveau mode de la pandémie, parce que chaque fois que cela s'est passé, rappelez-vous la date du 15…
MARC FAUVELLE
Donc le chiffre des 5 000 contaminations.
ROSELYNE BACHELOT
… et qui avait pourtant été assortie de ce chiffre de 5 000 contaminations…
MARC FAUVELLE
Le gouvernement ne refera pas deux fois la même erreur.
ROSELYNE BACHELOT
… et personne n'a entendu les 5 000 contaminations. J'ai dit chez vos collègues de France Inter le 17 décembre, que la date du 7 janvier n'était pas une date de réouverture…
SALHIA BRAKHLIA
Clause de revoyure.
ROSELYNE BACHELOT
… elle était une date de revoyure, personne n'entend ces déclarations. Donc ne m'enfermez pas, je vous en prie…
MARC FAUVELLE
Je ne vous enferme pas.
ROSELYNE BACHELOT
… dans une annonce où je dirais que les salles de spectacle vont réouvrir ou rouvrir, je ne sais jamais ce qu'il faut dire…
MARC FAUVELLE
Rouvrir je crois.
ROSELYNE BACHELOT
Merci.
MARC FAUVELLE
Mais comme il y a un débat sur le ou la Covid, tout est possible.
ROSELYNE BACHELOT
Bon, très bien. Vont rouvrir début février, je fais tout, je travaille avec les responsables du spectacle vivant et du cinéma pour que ce soit possible. Mais je ne prends pas d'engagement.
MARC FAUVELLE
Roselyne BACHELOT, vous restez avec nous, 08h41. Le fil info avec Diane FERCHIT.
MARC FAUVELLE
Il n'y aura pas de date de réouverture, c'est ce que vous nous avez dit il y a quelques instants Roselyne BACHELOT, est-ce qu'on peut imaginer en tout cas que certains lieux de culture rouvriront avant les autres ? Est-ce que tout cela va être échelonné, je pense aux musées.
ROSELYNE BACHELOT
Oui, alors la notion d'un calendrier glissant, puisque finalement dans le monde de la culture il y a trois grandes structures : musées, monuments, il ne faut pas oublier les monuments parce que c'est aussi un élément culturel important, le cinéma, parce qu'il n'y a pas de notion de, j'allais dire…
MARC FAUVELLE
De placement dans la salle.
ROSELYNE BACHELOT
… de home stage et back stage, parce qu'on a quand même relevé beaucoup de cluster dans les… si on n'en relève pas chez les spectateurs, il y a beaucoup de clusters chez les acteurs, chanteurs, musiciens etc. ça c'est, il ne faut pas oublier qu'il y a aussi des gens qui nous assurent le spectacle. Et puis donc le cinéma où il n'y a pas d'acteurs, il n'y a pas de scène, et puis le spectacle vivant. Très certainement nous travaillons à un échelonnement de cette ouverture des musées…
MARC FAUVELLE
Les musées a priori seront les premiers de cordée.
ROSELYNE BACHELOT
Les musées et les monuments, avec des conditions de jauge qui sont à étudier avec les responsables. Ils font partie aussi des travaux que je mène, qui pourraient rouvrir en premier.
SALHIA BRAKHLIA
Les festivals, par exemple le Festival de Cannes n'a pas pu se tenir l'année dernière, est-ce qu'il aura bien lieu cette année ?
ROSELYNE BACHELOT
Il a eu lieu mais d'une manière…
MARC FAUVELLE
Virtuelle.
SALHIA BRAKHLIA
Numérique.
ROSELYNE BACHELOT
… différente. D'abord, la vaccination va prendre de l'ampleur. Ensuite les conditions climatiques vont être meilleures et toutes les dispositions, la meilleure connaissance des virus, de la date de la diffusion de la pandémie, va se mettre en place. Alors là je ne veux pas prendre de…
SALHIA BRAKHLIA
Pas d'engagement, on sent que vous êtes frileuse là-dessus.
ROSELYNE BACHELOT
Le virus est facétieux, m'avait dit un jour un épidémiologiste. Moi je ne trouve pas tellement facétieux, parce que ça laisse supposer qu'il nous ferait rire, mais le virus est imprévisible. Moi vraiment je veux donner un message d'espoir, parce que je pense que les festivals et en particulier les festivals commencent, certains dès le moi, dès Pâques, je pense au festival par exemple, le Festival de Pâques d'Aix, qui commence dans les mois de mars/ avril, mais vraiment les festivals d'été, moi je suis confiante. On doit pouvoir y arriver.
SALHIA BRAKHLIA
Et le Festival de Cannes, alors, au mois de mai, c'est possible.
ROSELYNE BACHELOT
Oui.
SALHIA BRAKHLIA
On croise les doigts.
ROSELYNE BACHELOT
On croise les doigts.
MARC FAUVELLE
Les intermittents, Roselyne BACHELOT, s'inquiètent, ils sont un peu plus de 270 000 en France, le gouvernement leur a accordé pour l'instant une année blanche, au vu évidemment de la situation sanitaire et de la fermeture d'une partie des activités culturelles, mais les droits vont s'arrêter à la fin du mois d'août prochain, en tout cas le versement…
ROSELYNE BACHELOT
Au 31 aout effectivement.
MARC FAUVELLE
Est-ce que vous allez prolonger cette mesure ? C'est un pan entier de la culture et de l'économie qui s'inquiète.
ROSELYNE BACHELOT
Nous avons en France un modèle remarquable, inédit d'ailleurs, je crois qu'on est le seul pays du monde à apporter un tel niveau de protection. Bien entendu, et si c'est nécessaire, les droits des artistes, des intermittents, seront prolongés. Je veux les rassurer. Il y a néanmoins, et j'y travaille également, des trous dans la raquette de ce dispositif, je pense en particulier aux intermittents qui ne se sont pas assez constitué, pas assez de droits pour rassurer les droits maladie, les droits maternité, et vraiment d'ailleurs quand je vais vous quitter j'ai une réunion de travail avec Olivier VERAN pour qu'on puisse travailler et assurer les droits sociaux de ces personnes, également sur les droits retraite, là j'ai eu une réunion de travail avec Laurent PIETRASZEWSKI le secrétaire d'Etat qui est chargé de ces retraites, pour pouvoir justement garantir les droits des intermittents du spectacle, et nous prolongerons…
MARC FAUVELLE
Mais oui à une éventuelle deuxième année blanche pour les intermittents ?
ROSELYNE BACHELOT
… autant que de besoin. Il est encore trop tôt, les droits sont garantis jusqu'au 31 août, mais s'il s'avérait…
MARC FAUVELLE
Vous prendrez quand la décision ?
ROSELYNE BACHELOT
… que la crise le nécessitait, on prolongera les droits, j'en prends l'engagement.
MARC FAUVELLE
Vous prendrez quand cette décision, de prolonger ou pas ?
ROSELYNE BACHELOT
Oh mais on y travaille, il n'y a pas d'urgence, la décision elle sera conditionnée par l'évolution de la pandémie, si c'est nécessaire.
SALHIA BRAKHLIA
Roselyne BACHELOT, lorsque Jean CASTEX a annoncé que les lieux culturels n'allaient pas rouvrir en décembre dernier, une aide supplémentaire de 35 millions d'euros a été accordée au secteur de la culture, hier il a annoncé que les lieux culturels n'allaient pas rouvrir, est-ce qu'il va y avoir une nouvelle aide ?
ROSELYNE BACHELOT
Mais bien sûr il y aura de nouvelles aides qui seront apportées au monde de la culture. Il y a le maintien des aides qu'on appelle les aides transversales, les prêts garantis pour l'Etat, la prise en charge du chômage partiel, des aides, des exonérations de charges sociales. Il y a des aides spécifiques…
SALHIA BRAKHLIA
Parce qu'il y en a beaucoup qui ont pris fin là, fin décembre 2020.
ROSELYNE BACHELOT
Bien sûr, mais nous les prolongerons autant que de besoin.
MARC FAUVELLE
Vous vous mordez les doigts parfois aujourd'hui d'avoir accepté ce poste de la culture ? Evidemment personne ne pouvait voir ce qui allait arriver, est-ce qu'il vous arrive de regretter d'avoir pris le poste ?
ROSELYNE BACHELOT
Jamais.
MARC FAUVELLE
Jamais ?
ROSELYNE BACHELOT
Jamais. Pourquoi, parce que le pays vit une tragédie et le monde de la culture vit une tragédie, et je me dis que la mobilisation entière, je ne suis pas quelqu'un qui fait une carrière politique, je mets toutes mes tripes sur la table pour protéger le monde de la culture. Je ne regrette pas, on m'a confié une mission mais cette mission je veux l'aborder, la faire, la prendre à bras-le-corps, jamais je serai, pardon, je serais dans ma télévision ou ma radio à vous écouter, je suis dans l'action.
MARC FAUVELLE
On a connu des ministres de la Santé quitter le gouvernement pendant l'épidémie.
SALHIA BRAKHLIA
Agnès BUZYN.
ROSELYNE BACHELOT
Pardon, j'essayais de…
SALHIA BRAKHLIA
On vous le rappelle.
MARC FAUVELLE
Il fallait le décodage…
ROSELYNE BACHELOT
Je ne suis pas ministre de la Santé, je suis ministre de la Culture, mais qu'est-ce qu'il me raconte ce type ?! (Rires)
SALHIA BRAKHLIA
Agnès BUZYN a quitté son poste au début de l'épidémie.
ROSELYNE BACHELOT
D'accord.
MARC FAUVELLE
A aucun moment vous n'avez envisagé de vous dire : ce n'est pas le job pour lequel j'avais signé. J'étais là pour faire vivre la culture, la faire rayonner, et aujourd'hui les cinémas sont fermés, les salles de spectacle…
ROSELYNE BACHELOT
Mais justement, mais je suis là pour faire vivre la culture. Je suis là pour la protéger, et dans cette circonstance ou dans la plupart des pays européens la culture s'effondre, regardez ce qui se passe en Angleterre où le Covent Garden vend les bijoux de famille pour continuer à vivre, où 35 % des musiciens anglais changent de métier. Nous ici en France on les protège. Bien sûr je fais vivre la culture, je prends les mesures qui vont permettre à la culture de passer ce cap.
SALHIA BRAKHLIA
Mais qu'est-ce que vous répondez aux acteurs de la culture, aux professionnels qui disent que vous n'en faites pas assez ?
ROSELYNE BACHELOT
On n'en fait jamais assez pour la culture, bien entendu. Et je leur dis qu'on vit des circonstances absolument tragiques, que le gouvernement est à leurs côtés, qu'on les écoute, qu'on est en train de bâtir avec eux un modèle qui va nous permettre d'affronter cette tragédie. Il ne faut pas, j'entends quelquefois la notion qu'il y aurait des arbitrages entre la culture et la santé, mais la santé elle est aussi…Protéger la santé, c'est aussi la garantie que la culture vit. Quand on a par exemple dans le choeur d'un opéra, la moitié des choristes qui sont touchés par la Covid, mais est-ce que si on mettait la santé à l'écart on protégerait la culture ? Bien sûr que non. En garantissant la santé et la santé des artistes, on les protège. Vous avez vu le nombre d'artistes qui sont décédés de la Covid ? Et des artistes qui comptent.
MARC FAUVELLE
Roselyne BACHELOT, vous restez avec nous, on s'interrompt un instant pour le Fil Info avec Diane FERCHIT.
MARC FAUVELLE
Roselyne BACHELOT, dans votre ancienne vie politique, lorsque vous étiez ministre de la Santé, quand vous pilotiez la crise sanitaire de la grippe H1N1, en 2009, vous vous étiez faite vacciner devant les caméras de télévision, vous le referai cette fois-ci ?
ROSELYNE BACHELOT
D'abord je veux dire une chose, c'est qu'aucune épidémie ne ressemble à une autre, je l'avais dit en faisant le bilan de la crise de 2010, donc je veux redire cela, très bien.
MARC FAUVELLE
Ce qui ressemble peut-être d'une épidémie à l'autre ce sont les critiques contre ceux qui portent et contre les ministres de la Santé.
ROSELYNE BACHELOT
Alors, il y a deux écoles qui s'affrontent, j'avoue que je n'ai pas encore tranché, il y a ceux qui divise les personnalités doivent se faire vacciner en public, et en particulier les ministres, en plus je suis la doyenne…
SALHIA BRAKHLIA
Pour inciter les Français à le faire.
ROSELYNE BACHELOT
Je suis la doyenne du Conseil des ministres, j'ai volé cette place à Jean-Yves LE DRIAN, et on me dit « écoutez, vous êtes un public à risques…
MARC FAUVELLE
Vous êtes dans les prioritaires qui doivent se faire vacciner à partir du… ? Pardon, je ne connais pas votre âge Madame BACHELOT.
ROSELYNE BACHELOT
Alors, je vais jusqu'au bout de mon explication.
MARC FAUVELLE
Allez-y.
ROSELYNE BACHELOT
Il y a ceux qui disent ça, et puis il y a ceux qui disent il n'y a aucune raison que les ministres, qui ne sont pas encore dans la file d'attente, puisque je n'ai pas 75 ans quand même, bénéficieraient en sorte, en quelque sorte, d'un passe-droit, j'avoue que je n'ai pas encore résolu ce dilemme. Moi je ferai ce qui est utile, est-ce que le fait que je me fasse vacciner puisse, en public, puisse aider la cause, moi je suis à la disposition, je ferai ce qui est utile.
SALHIA BRAKHLIA
Donc vous allez prendre rendez-vous quand ce sera possible ?
ROSELYNE BACHELOT
Ah ben, de toute façon, dès que je serai dans le secteur de population qui a accès au vaccin de façon… sans bénéficier d'aucun passe-droit, je cours me faire vacciner, je suis une militante de la vaccination.
SALHIA BRAKHLIA
Roselyne BACHELOT, Rachida DATI et Valérie PECRESSE, que vous avez bien connues dans une vie antérieure, ont proposé que le musée d'Orsay à Paris soit rebaptisé Musée Giscard d'Estaing, car c'est lui un qui a transformé l'ancienne gare d'Orsay en musée en 1977, vous trouvez que c'est une bonne idée ?
ROSELYNE BACHELOT
Ça peut être une bonne idée, il faut rendre hommage à Valéry Giscard d'Estaing, à ce musée qui s'appelle Musée du Quai d'Orsay, et de l'Orangerie, n'oubliez pas et de l'Orangerie. Alors, il y a plusieurs possibilités, soit rajouter le nom de Valéry Giscard d'Estaing à ce nom déjà assez long du musée…
SALHIA BRAKHLIA
Du quai d'Orsay et de l'Orangerie…
ROSELYNE BACHELOT
Voilà… Valéry Giscard d'Estaing, soit donner le nom à l'esplanade qui est au pied du musée d'Orsay, ça aurait l'avantage, cette solution, de faire que l'adresse du Quai d'Orsay serait musée du Quai d'Orsay, Musée d'Orsay et de l'Orangerie, Esplanade Valéry Giscard d'Estaing, certains préconisent de baptiser la grande nef du Quai d'Orsay nef, du Musée d'Orsay, nef Valéry Giscard d'Estaing, il y a plusieurs solutions…
SALHIA BRAKHLIA
Qui va décider ?
ROSELYNE BACHELOT
Ce sera le président de la République qui décidera.
SALHIA BRAKHLIA
Vous n'avez pas votre mot à dire, vous ? Vous avez une préférence.
ROSELYNE BACHELOT
Alors, moi j'ai une préférence, j'en ai discuté avec la directrice, Laurence DES CARS, Orsay c'est un… j'allais dire c'est un label, c'est une marque très importante pour le mécénat, la directrice du Quai d'Orsay a une préférence pour baptiser l'esplanade Esplanade Valéry Giscard d'Estaing, qui est une solution élégante, mais je n'en fais pas… j'ai tellement de choses difficiles à régler, quand je n'aurai à régler que la dénomination du Musée d'Orsay…
MARC FAUVELLE
C'est qu'on aura avancé sur d'autres dossiers.
ROSELYNE BACHELOT
C'est qu'on aura avancé sur un certain nombre de dossiers.
MARC FAUVELLE
En voilà un autre sur lequel je voudrais vous entendre Roselyne BACHELOT, c'est la situation dans le Groupe CANAL+. Un humoriste viré pour avoir participé à une parodie qui critiquait une émission de son groupe, en l'occurrence l'émission de Pascal PRAUD sur CNEWS, un commentateur du foot, sur cette même chaîne, Canal+, viré lui aussi, pour avoir apporté son soutien à cet humoriste. Quelle est la position de la ministre de la Culture sur ce qui se passe en ce moment à Canal+ ? On a vu des salariés manifester en disant « aujourd'hui on n'a plus le droit de critiquer notre propre entreprise aujourd'hui », vous avez une position, vous avez quelque chose à dire sur ce qui s'y passe ?
ROSELYNE BACHELOT
Moi, de toute façon, chaque fois que… un journaliste, un humoriste, perd son boulot parce qu'il a dit des choses, sauf si ce sont des propos inacceptables sur le plan de la législation telle qu'elle est, des attaques contre des personnes, injurieuses, enfin on connaît, des propos antisémites ou des propos excluant…
SALHIA BRAKHLIA
Là en l'occurrence ce n'est pas le cas.
MARC FAUVELLE
Ce n'était absolument pas le cas, oui.
ROSELYNE BACHELOT
Ce n'est pas le cas, donc ce ne sont pas… ce n'est pas, évidemment, un élément de gestion que je retiens. Canal+ gère ses affaires comme il l'entend, et je me garderai d'intervenir dans la gestion d'un groupe comme Canal+, je l'invite d'ailleurs à continuer évidemment son soutien actif au cinéma et à l'audiovisuel français, c'est aussi la raison pour laquelle j'ai pris un certain nombre de dispositions.
SALHIA BRAKHLIA
Est-ce qu'il n'y a que l'argent qui compte dans ce domaine, vous êtes ministre de la Culture, est-ce qu'à un moment vous n'avez pas envie d'appeler le patron de Canal et dire « ce qui se passe dans votre groupe ce n'est peut-être pas normal » ? d'un point de vue éthique.
ROSELYNE BACHELOT
Aujourd'hui je n'ai pas besoin d'appeler le patron de Canal+, je lui dis, évidemment avec respect dans la gestion qui est la leur, qu'il vaut mieux ne pas renvoyer les personnels qui font ça.
MARC FAUVELLE
Plusieurs personnalités politiques, Insoumises ou écologistes, ont par exemple annoncé qu'elles n'allaient plus, depuis assez longtemps maintenant, sur le plateau de CNEWS en raison de la présence d'Eric ZEMMOUR le soir, condamné ces dernières années à trois reprises, notamment pour provocation à la haine raciale, là encore, est-ce que ça vous semble poser problème ou pas ?
ROSELYNE BACHELOT
Mais chacun fait comme il veut.
MARC FAUVELLE
Il n'y a pas de problème CNEWS en France ?
ROSELYNE BACHELOT
CNEWS a choisi une ligne éditoriale qui est une ligne, franchement, acceptée, et ils gèrent cela de cette façon, et les gens qui se retrouvent, qui veulent écouter cela, ou qui veulent l'écouter justement parce qu'il faut tout écouter, même les gens avec lesquels on n'est pas d'accord…
SALHIA BRAKHLIA
Et vous, vous acceptez…
ROSELYNE BACHELOT
Sinon on n'est pas dans la liberté d'expression.
SALHIA BRAKHLIA
Vous acceptez, vous, les invitations de CNEWS ?
MARC FAUVELLE
Je précise qu'on n'a pas coupé le micro à Roselyne BACHELOT, vous accepter les invitations ?
ROSELYNE BACHELOT
Non, pour l'instant je ne les ai pas acceptées.
MARC FAUVELLE
C'est un peu contradictoire ce que vous nous dites, tout le monde… on doit pouvoir donner la parole à tout le monde, mais on a aussi le choix de ne pas y aller.
ROSELYNE BACHELOT
Non, bien sûr, on fait aussi ce qui nous plaît. Bon, écoutez, j'ai toujours une réticence à aller chez les gens qui m'attaquent de cette façon.
MARC FAUVELLE
Merci Roselyne BACHELOT, bonne journée à vous, merci d'être venue ce matin au micro de France Info.
Source : Service d'information du Gouvernement, le 8 janvier 2021