Interview de M. Gabriel Attal, secrétaire d'État, porte-parole du gouvernement, à France Info le 15 janvier 2021, sur l'instauration d'un couvre-feu généralisé à 18h pour contrer le Covid-19, l'ouverture des écoles et la stratégie vaccinale.

Prononcé le

Intervenant(s) : 
  • Gabriel Attal - Secrétaire d'État, porte-parole du gouvernement

Média : France Info

Texte intégral

MARC FAUVELLE
Bonjour Gabriel ATTAL.
GABRIEL ATTAL
Bonjour.

MARC FAUVELLE
Couvre-feu pour tout le monde demain soir 18h00. C'était le seul choix possible pour éviter d'être confinés ?

GABRIEL ATTAL
C'est une décision difficile. On est dans une situation en France où on n'a pas de hausse exponentielle de l'épidémie, comme on peut le voir chez la plupart de nos voisins, ce qui les a poussés à prendre des décisions encore plus difficiles, avec des reconfinements ou des prolongements du confinement. Mais on a une préoccupation forte, avec les conditions hivernales qui favorisent la transmission du virus, avec les variants qui circulent, qui peuvent le rendre plus contagieux, et donc oui on a pris cette décision pour éviter d'avoir à en prendre des plus difficiles dans l'immédiat.

MARC FAUVELLE
Nous sommes quasiment une exception aujourd'hui en Europe, si on se réfère en tout cas à ce qu'il se passe de l'autre côté de nos frontières, quasiment tous nos voisins sont reconfinés partiellement ou totalement. Ça veut dire très clairement ça reste une option sur la table.

GABRIEL ATTAL
Ça reste une option sur la table si la situation devait se dégrader fortement. Le Premier ministre l'a dit hier, mais donnons ses chances…

SALHIA BRAKHLIA
Mais à quelle échéance ?

GABRIEL ATTAL
… à ce cou-feu à 18h00 partout en France, pour essayer de lui faire avoir le plus d'impact possible sur la circulation du virus.

SALHIA BRAKHLIA
On lui laisse combien de temps au couvre-feu, pour faire ses preuves ? Il y a une clause de revoyure…

GABRIEL ATTAL
15 jours, c'est ce qu'a dit le Premier ministre.

SALHIA BRAKHLIA
15 jours, donc pas de reconfinement…

GABRIEL ATTAL
Non, ça je ne dis pas ça, ce que je dis c'est que le couvre-feu est mis en place pour au moins 15 jours…

SALHIA BRAKHLIA
Non, je finis ma question…

GABRIEL ATTAL
Excusez-moi.

SALHIA BRAKHLIA
Pas de reconfinement, la semaine prochaine, clause de revoyure, ça c'est sûr.

GABRIEL ATTAL
Ce que je dis, c'est qu'on a mis en place un couvre-feu, le Premier ministre a dit pour au moins 15 jours, ce qui va nous permettre de mesurer son impact. Maintenant, moi je n'exclus évidemment aucune autre mesure.

SALHIA BRAKHLIA
La semaine prochaine.

MARC FAUVELLE
Donc il n'y aura pas de mesures supplémentaires dans les 15 jours qui viennent, ou à tout instant, en fonction…

GABRIEL ATTAL
Ce n'est pas ce que j'ai dit, encore une fois, je n'exclus pas d'autres mesures. On a vu par le passé, il nous est arrivé de mettre en place des mesures et puis de voir que malheureusement la situation se dégradait, et de devoir prendre d'autres mesures. Ce que je dis aujourd'hui, c'est que c'est un couvre-feu à 18h00 qui a été décidé, que je sais que c'est une décision difficile, que je sais qu'il y a des contraintes pour beaucoup de Français et notamment ceux qui nous écoutent. C'est la décision que nous avons jugé la plus efficace, sans porter davantage de contraintes sur les Français, au moment donné et avec la circulation du virus que l'on a dans notre pays.

SALHIA BRAKHLIA
Donc clairement, pour que les gens comprennent bien, ceux qui nous écoutent, ceux qui nous regardent à la télévision : la semaine prochaine, pas de reconfinement, ce n'est pas ce qui est envisagé.

GABRIEL ATTAL
Moi je n'exclus jamais rien par principe, Salhia BRAKHLIA, je fais toujours très attention à ça, depuis que je suis porte-parole du gouvernement, quand on exclut des choses par principe, malheureusement avec cette épidémie qui parfois peut nous surprendre, on se retrouve démentis par les faits. Donc moi je dis qu'il y a cette mesure qui a été annoncée, que si on a choisi ce couvre-feu à 18h00 partout en France, c'est parce que nous considérons que c'est une mesure efficace, qu'elle va nous permettre de freiner l'épidémie. Maintenant, évidemment on ne peut pas prévoir ce que sera l'évolution du virus à court ou à moyen terme.

SALHIA BRAKHLIA
Dans une semaine.

MARC FAUVELLE
Le patron des marcheurs Stanislas GUERINI, a eu une drôle d'expression hier pour justifier par avance d'ailleurs le couvre-feu généralisé à 18h00, il a dit que c'était pour contrer l'effet apéro. Vous avez compris ce que ça voulait dire ?

GABRIEL ATTAL
Je pense que ce qu'il a voulu dire, c'est qu'il s'agit de limiter davantage, de limiter le plus possible les interactions sociales qu'on peut avoir en fin de journée. Voilà. On sait que le virus circule…

MARC FAUVELLE
Vous pensez que tous les Français prennent l'apéro à 18h00 toutes les semaines ?

GABRIEL ATTAL
Non, je ne crois que c'est ce qu'il a voulu dire, et par ailleurs comme je l'ai dit avant que vous m'interrogiez sur cette question, je sais que c'est beaucoup de contraintes pour des Français. Les Français en sortant de leur travail ils vont chercher leurs enfants à l'école, ils vont faire quelques courses pour le dîner. Et je ne crois pas une seconde que c'est ce que Stanislas GUERINI voulait dire.

MARC FAUVELLE
On ne retombe pas un tout petit peu dans les travers un brin infantilisant qu'on a pu avoir parfois depuis le début de cette crise ? Dire aux Français : je vais vous empêcher de prendre l'apéro.

GABRIEL ATTAL
Je ne crois pas. Maintenant, ce qui est certain c'est que cette crise elle est très difficile aussi, parce que c'est un virus qui se transmet au moment d'interactions sociales, quand on est amené à retirer son masque dans des lieux privés, sans distance et que malheureusement les décisions qu'on a eues à prendre, comme la majorité des pays autour de nous, vise à limiter ces moments-là. C'est très difficile, mais encore une fois je pense que c'est nécessaire aujourd'hui.

SALHIA BRAKHLIA
Parlons concret : qu'est-ce qui pourra rester ouvert au-delà de 18h00 ?

GABRIEL ATTAL
Au-delà de 18h00, ceux qui travaillent et doivent continuer à travailler, terminer de travailler et puis rentrer chez eux après 18h00 pourront continuer à le faire, c'est déjà le cas avec le couvre-feu à 20h00 aujourd'hui, et c'est déjà le cas avec le couvre-feu à 18h00 dans les départements qui étaient déjà passés à 18h00 ces dernières semaines.

SALHIA BRAKHLIA
Alors, pour circuler au-delà de 18h00, attestation obligatoire ?

GABRIEL ATTAL
Oui, il y aura une attestation, comme aujourd'hui après 20h00 ou après 18h00 dans les départements déjà concernés.

MARC FAUVELLE
Attestation qui doit être fournie par l'employeur, dans chaque entreprise ?

GABRIEL ATTAL
Si jamais vous continuez à travailler après 18h00 et que vous rentrez après, en plus de votre attestation dérogatoire effectivement il y a un justificatif professionnel, qui est aussi disponible sur le site du ministère de l'Intérieur.

SALHIA BRAKHLIA
Et si on n'a pas d'attestation, c'est l'amende ?

GABRIEL ATTAL
Eh bien, ça vous connaissez maintenant ce principe.

SALHIA BRAKHLIA
On a l'habitude maintenant.

GABRIEL ATTAL
Voilà. Maintenant, moi ce que je vois c'est qu'il y a des contrôles qui sont faits, il y a des contrôles qui ont été mis en place depuis l'instauration de ce couvre-feu après le confinement, c'est-à-dire le 15 décembre, que dans la grande majorité des cas les Français respectent les règles, ont leur attestation, l'application TousAntiCovid qui a été téléchargée plus de 10 millions de fois, elle permet de générer une attestation sur son application, c'est assez pratique, donc moi c'est surtout ça que je regarde.

SALHIA BRAKHLIA
La particularité avec un couvre-feu à 18h00, c'est que les collégiens, les lycéens, vont parfois rentrer chez eux au-delà de 18h00, eux aussi doivent se munir d'une attestation.

GABRIEL ATTAL
Alors, il me semble, point à vérifier mais tout cela sera clarifié d'ici demain, il me semble que le carnet de correspondance ou la carte de lycéen peut faire foi pour rentrer. A vérifier.

MARC FAUVELLE
Il n'y a pas besoin de fournir son emploi du temps, ça suffira, on ne va pas contrôler les enfants.

GABRIEL ATTAL
A vérifier et à confirmer sur ce point.

MARC FAUVELLE
A partir de lundi, les conditions d'entrée sur le territoire français sont renforcées, il faudra un test PCR négatif si on arrive en France depuis un pays hors Union européenne. Il faudra également s'engager à s'isoler pendant une semaine et passer un deuxième test une semaine après. Pourquoi le faire pour les gens qui arrivent d'en dehors de l'Union, mais pas de ceux qui viennent de l'Union européenne ? Le virus aujourd'hui, et notamment sa version britannique, il circule partout.

GABRIEL ATTAL
Il y a un Conseil européen qui se tient la semaine prochaine, auquel le président de la République participera, et dans le cadre de ce Conseil européen, la France va proposer des évolutions, pour ce qui est des frontières au sein de l'Union européenne. C'est un sujet qui doit être discuté dans ce cadre-là, d'abord parce qu'on avance ensemble dans l'Union européenne, et c'est important quand on prend des décisions, qu'on les discute ensemble avant et qu'elles puissent recueillir l'assentiment le plus large possible. Ensuite parce que vous savez que pour ce qui est des frontières immédiates, géographiques de la France, on a certains de nos concitoyens qui tous les jours les franchissent pour aller travailler. Et donc quand on met en place…

MARC FAUVELLE
Les transfrontaliers, mais par exemple dans les aéroports, ce n'est pas…

GABRIEL ATTAL
C'est 350 000 Français qui chaque jour traversent les frontières. Quand on met en place des mesures, il faut évidemment tenir compte de leur vie à eux et de leur quotidien à eux, avec des problématiques très concrètes. Ce que je vous dis…

MARC FAUVELLE
Est-ce qu'il est envisagé que vous mettiez en place, à l'intérieur de l'Union européenne, en ce qui concerne les aéroports, la même chose que ce qu'on met en place avec ceux qui arrivent en dehors ? C'est ça l'objectif.

GABRIEL ATTAL
C'est tout à fait possible…

MARC FAUVELLE
Double test PCR.

GABRIEL ATTAL
Il va y avoir des discussions sur ce point, dans un cadre européen, mais d'ores et déjà, vous avez indiqué, pour ce qui est des frontières hors de l'Union européenne, on est remonté encore d'un cran puisque maintenant pour venir en France, je rappelle que les frontières sont fermées et que donc il n'y a que ceux qui ont la nationalité française qui ont un titre de séjour valable, qui peuvent franchir ces frontières. Pour les franchir il faudra avoir un test négatif au départ, à l'embarquement de l'avion ou du bateau, pour se rendre en France.

MARC FAUVELLE
Mais je prends un exemple. Un Français ou un Américain d'ailleurs, qui arrive en en Europe, en passant aujourd'hui par Berlin, et qui ensuite arrive à Paris ou par, voilà, il ne passera pas le test PCR.

GABRIEL ATTAL
Aujourd'hui, il n'y a pas…

MARC FAUVELLE
Dans l'état actuel des discussions avec nos voisins.

GABRIEL ATTAL
… de test obligatoire sur les frontières intra Union européenne, et c'est pour ça qu'on va continuer à voir cette discussion au niveau européen, dans le cadre du conseil.

MARC FAUVELLE
Vous restez avec nous, Gabriel ATTAL, on s'interrompt quelques instants pour le Fil Info à 08h40, avec Diane FERCHIT.

-Fil info-

SALHIA BRAKHLIA
Toujours avec le porte-parole du gouvernement, Gabriel ATTAL. Alors, avec ce couvre-feu à 18h00, vous risquez la ruée des Français dans les transports avant l'heure fatidique, pour rentrer à la maison, mais aussi les magasins bondés le week-end pour aller faire les courses. Hier le Premier ministre a parlé d'une jauge dans les supermarchés. A quoi elle correspond ?

GABRIEL ATTAL
Il y a aujourd'hui une jauge qui s'applique, il y a un protocole sanitaire renforcé…

SALHIA BRAKHLIA
On n'a pas trop l'impression qu'elle s'applique.

GABRIEL ATTAL
Il y a un protocole sanitaire renforcé, qui avait été annoncé il me semble le 15 décembre, avec une jauge de…

MARC FAUVELLE
On est censé compter les gens à l'entrée. Je peux vous faire une confidence ? Pour avoir fait mes courses le week-end dernier dans un supermarché que je ne citerai pas, enfin une grande surface, il n'y avait personne à l'entrée qu'il comptait.

GABRIEL ATTAL
Je peux vous faire une confidence ?

MARC FAUVELLE
Allez-y, je vous en prie.

GABRIEL ATTAL
Ça m'est déjà arrivé aussi, récemment.

MARC FAUVELLE
Bon, mais qu'est-ce qu'on fait ?

GABRIEL ATTAL
On renforce les contrôles, c'est ce qu'a annoncé le Premier ministre…

MARC FAUVELLE
Donc il faut quelqu'un qui compte à l'entrée, à chaque fois.

GABRIEL ATTAL
Ce que je veux dire, c'est qu'il ne faut pas non, alors il y a malheureusement toujours des exceptions, des structures qui ne respectent pas les règles, mais il ne faut pas non plus considérer que c'est le cas partout, heureusement. Il y a beaucoup de contrôles qui sont déjà faits aujourd'hui, je crois que c'est plusieurs dizaines de milliers de contrôles qui ont été faits sur ce qu'on appelle des ERP, des Etablissements Recevant du Public, et notamment des commerces des supermarchés. Il a pu y avoir des relevés que certaines choses n'étaient pas respectées, mais dans une grande majorité de cas elles le sont. Pour autant, le Premier ministre l'a dit, on va renforcer ces contrôles. Il y a un protocole sanitaire avec une jauge en mètres carrés par client et il y a l'obligation pour…

SALHIA BRAKHLIA
C'est quoi, c'est 8 m² par client ?

GABRIEL ATTAL
8 m² par client et il y a une obligation pour les commerces ou supermarchés de plus de 400 m² il me semble, d'avoir une personne à l'entrée qui compte le nombre de personnes qui rentrent et qui fait attendre à l'extérieur, avec de la distance, les personnes qui ne peuvent pas encore rentrer. Et donc évidemment oui il faut il faut renforcer cette disposition.

MARC FAUVELLE
La question de l'école, Gabriel ATTAL, les écoles restent ouvertes dans les semaines qui viennent, avec un protocole sanitaire renforcé, notamment pour les cantines où Jean-Michel BLANQUER a demandé hier que chaque classe mange à la même table, ce qui va supposer sans doute qu'on allonge assez considérablement dans certains établissements la durée de la cantine. Un directeur d'école qui était avec nous tout à l'heure sur France Info disait : les premiers mangeront vers 11h00, les derniers à 14h00, pour faire ça il faut du personnel en plus, souvent dans les écoles. Est-ce que vous allez les aider ?

GABRIEL ATTAL
D'abord, on n'accompagne les collectivités locales et les établissements scolaires depuis le début de cette crise. Et moi je pense aussi à eux, parce que c'est vrai que c'est compliqué. Il y a des protocoles sanitaires qui sont compliqués, qui évoluent on le voit, mais parce que l'épidémie, parce que le risque évolue et que c'est normal qu'on s'adapte, et évidemment on va continuer à le faire. Il y a effectivement cette possibilité qui a été annoncée par Jean-Michel BLANQUER hier, de pouvoir étaler davantage les services et je suis sûr…

SALHIA BRAKHLIA
Mais on aide les écoles avec plus de personnel ?

GABRIEL ATTAL
Et je suis sûr que Jean-Michel BLANQUER, dans les discussions qu'il a, il rencontre très régulièrement les associations d'élus et notamment l'Association des maires de France, s'agissant des écoles, je suis sûr qu'il y a des discussions sur ce point-là et que par ailleurs tout le monde cherche à faire au mieux possible, y compris les collectivités locales.

SALHIA BRAKHLIA
Olivier VERAN, le ministre de la Santé, a annoncé un nouveau protocole pour tester jusqu'à un million d'enfants et d'enseignants par mois. Comment ça va s'organiser ? Est-ce que ce sera obligatoire ou c'est sur la base du volontariat ?

GABRIEL ATTAL
Alors, ce sera a précisé par Jean-Michel BLANQUER dans les jours qui viennent, mais c'est donc une augmentation de nos capacités de tests dans les établissements scolaires. Il y a déjà des tests qui sont faits dans des établissements scolaires, on a eu notamment avant les vacances de Noël, des campagnes massives de tests antigéniques qui ont été réalisées dans des établissements, c'était sur la base du volontariat d'ailleurs.

MARC FAUVELLE
Il y en a eu relativement peu pour l'instant, des tests pratiqués à l'école, on est à 10 000, ils ont commencé je crois au début du mois de décembre, on est quasiment mi-janvier…

GABRIEL ATTAL
Avant les vacances de Noël il y a eu une campagne de…

MARC FAUVELLE
… 10 000 tests à l'échelle de l'Education nationale et de ses, de mémoire, 12 millions d'élèves…

GABRIEL ATTAL
12 millions d'élèves.

MARC FAUVELLE
… 1 million d'enseignants, ça semble peu.

GABRIEL ATTAL
Oui, c'est pour ça qu'on va augmenter, ce sera plus de 300 000 tests par semaine et donc plus d'un million par mois, c'est ce qui a été annoncé. Et il faut quand même préciser que sur ces 10 000 tests qui avaient été réalisés avant les vacances de Noël, sur un panel quand même assez large, il y avait assez peu, voire très peu de contamination qui avaient été détectées, je crois selon le chiffre qu'avait donné Jean-Michel BLANQUER, que c'était 0,3%.

MARC FAUVELLE
Pour les étudiants, ce sera un retour au compte-gouttes, encore, à la fin du mois, seuls les étudiants en 1ère année pourront revenir aux TD en demi-groupes. Pourquoi ce qui est possible dans les lycées, c'est-à-dire un retour…

SALHIA BRAKHLIA
50/50.

MARC FAUVELLE
50/50, et encore certains lycées accueillent aujourd'hui tous leurs élèves, pourquoi ça ne l'est pas forcément à l'université ?

GABRIEL ATTAL
Vous savez, quand on a pris des décisions à l'automne dernier, au moment de la deuxième vague, on avait un objectif qui était de limiter le plus possible les flux, le brassage, partout là où c'était possible, même si à chaque fois c'est des contraintes et à chaque fois c'est des difficultés pour les Français concernés. Je veux vraiment le dire. Et forcément, s'agissant des jeunes, il y a un moment où vous devez faire un choix. Et de fait, quand on est à l'université, on est un peu plus âgé, on a un peu plus eu l'expérience de travailler seul chez soi et donc c'est peut-être plus simple entre guillemets de suivre ses cours à distance. Maintenant quand je dis ça, je sais que c'est difficile, je sais que c'est difficile notamment pour les 1ères années, parce que la différence entre un jeune de terminale et un jeune de L1, ils ont quasiment le même âge. Parce que ceux qui sont en L1 cette année, en 1ère année de licence, j'en ai rencontrés, j'étais hier à Bordeaux à l'université justement pour échanger avec des étudiants, il faut penser à eux, c'est des jeunes, des étudiants qui n'ont quasiment pas vu l'université alors qu'ils sont depuis un semestre à l'université. C'est les mêmes qui étaient en terminale l'an dernier et dont les cours ont été hyper perturbés par la première vague, quand les écoles et les lycées avaient été fermés. Et donc c'est vraiment sur eux dans un premier temps qu'on concentre les choses, parce que c'est pour eux probablement que c'est le plus difficile, même si c'est difficile pour les autres et que notre souhait c'est que les autres aussi, ceux qui sont en L2, en L3, en master, puissent dans le cours de ce semestre, revenir progressivement, physiquement à l'université.

SALHIA BRAKHLIA
Donc il faut juste attendre quelques mois, c'est ça que vous dites. En termes de visibilité pour les autres…

GABRIEL ATTAL
On fera aussi vite, Salhia BRAKHLIA, que la situation sanitaire le permettra. Ce à quoi on s'engage, c'est que ceux qui sont en 1ère année de licence, la semaine du 25 janvier, pourront revenir en TD, en demi-groupes, c'est un progrès pour eux, je peux vous dire pour avoir encore une fois rencontré des étudiants hier, c'est extrêmement difficile et c'est vraiment ce qu'ils attendaient, et on va tout faire pour que pour les autres, progressivement, on puisse aussi élargir.

MARC FAUVELLE
Depuis 48 minutes, précisément, le site internet pour lancer la vaccination des plus de 75 ans a rouvert, rouvert après un faux départ hier, puisqu'il a planté au moment de son ouverture à 08h00. Vous avez pu vérifier que ça marchait cette fois-ci, avant d'arriver jusqu'à ce studio ?

GABRIEL ATTAL
Vous me connaissez bien, je me suis connecté en attendant d'entrer dans ce studio pour vérifier que ça fonctionnait…

MARC FAUVELLE
Ça marche ou pas ?

GABRIEL ATTAL
Et à ce moment-là, effectivement, on pouvait tout à fait accéder au site Il va y avoir un afflux…

MARC FAUVELLE
Vous aviez vu trop petit hier ? Vous n'aviez pas imaginé ces 8 000 connexions par seconde ?

GABRIEL ATTAL
Il y a un afflux très fort. Et d'abord, un, je peux le comprendre, et ensuite ça montre aussi qu'il y a une attente très forte sur cette vaccination, ce qui va à l'encontre de certains discours qu'on a pu entendre sur le fait que les Français ne voudraient pas se faire vacciner, etc. On voit qu'il y a une attente très forte. Ce que montre ce matin notre sondage France Info : 56% des Français prêts à se faire vacciner. 14 points de plus en l'espace de 3 semaines.

GABRIEL ATTAL
Donc il y a une augmentation et il faut s'en réjouir et il faut le saluer. Et donc il y a une demande très forte et il y a ce site internet, il y a des plateformes médicales qui ont été mises en place avec des sites type KelDoc, Doctolib. Il y a un numéro de téléphone qui est mis en place.

MARC FAUVELLE
Que je vais redonner ici même pour ceux qui sont donc parmi les personnes vulnérables ou parmi les personnes de plus de 75 ans qui vivent chez elle. C'est le : 0800 009 110. 0800 009 110, il est ouvert lui aussi…

GABRIEL ATTAL
Depuis ce matin.

MARC FAUVELLE
Il sera ouvert également 7 jours sur 7 à partir de demain de 06h00 à 22h00.

GABRIEL ATTAL
Exactement.

MARC FAUVELLE
C'est ça. Vous vous attendez à un…

GABRIEL ATTAL
Pour la métropole et pour les territoires ultramarins.

MARC FAUVELLE
Vous vous attendez à un afflux ?

GABRIEL ATTAL
Oui je crois. Encore une fois moi j'étais hier à Bordeaux, j'ai échangé avec les élus, avec le directeur du CHU et il y a une attente forte. Il y a une attente forte des Français qui ont plus de 75 ans, qui souhaitent pouvoir se faire vacciner, d'ailleurs de français aussi de plus de 65, de plus de 50 ans qui attendent aussi. On va devoir élargir progressivement, par étapes, parce que la réalité c'est que la France, comme ses voisins européens et comme tous les pays dans le monde, doit attendre que les doses arrivent, parce que les capacités de production ne sont pas infinies, qu'elles tournent à plein régime.

SALHIA BRAKHLIA
Alors justement, Gabriel ATTAL, hier le Premier ministre disait : tout le monde ne pourra pas obtenir un rendez-vous immédiatement. C'est parce qu'on manque de vaccins, c'est ça ?

GABRIEL ATTAL
C'est parce que les doses arrivent progressivement, absolument.

SALHIA BRAKHLIA
Et alors, comment on fait pour les personnes qui ne peuvent pas se rendre dans un centre de vaccination.

GABRIEL ATTAL
Qui ne peuvent pas physiquement se rendre dans un centre de vaccination ?

SALHIA BRAKHLIA
Oui.

GABRIEL ATTAL
Il y a des solutions qui vont être trouvées au niveau local. Je vous donne un exemple…

SALHIA BRAKHLIA
Vous faites appel aux élus, là.

GABRIEL ATTAL
Oui, parce que les élus connaissent bien leurs habitants. Ils savent comment trouver les meilleures solutions, toutes les géographies ne sont pas les mêmes, ce n'est pas pareil si vous êtes dans une ville, dans un endroit très urbain ou rural. Il y a des communes qui vont mettre en place par exemple des bus, elles ont des bus pour le transport scolaire, elles peuvent les utiliser pour ça. Il y a des communes ou des établissements qui vont développer des équipes mobiles. Hier encore une fois j'étais à Bordeaux, j'échangeais avec les équipes du CHU, ils mettent en place des équipes mobiles qui pourront aller vacciner au domicile de personnes.

MARC FAUVELLE
Est-il exact que gouvernement a demandé au groupe français SANOFI, dont le vaccin a pris du retard et n'est pas attendu maintenant avant la fin de l'année 2021, d'éventuellement fabriquer des vaccins des autres, ceux qui existent déjà ?

GABRIEL ATTAL
Oui, ce qu'on est en train de regarder, c'est dans quelles mesures est-ce que des chaînes de production qui permettent de produire du vaccin et qui ne sont pas utilisés aujourd'hui pour la production d'un vaccin Covid, peuvent être utilisées pour développer un vaccin Covid.

MARC FAUVELLE
Et SANOFI va le faire ?

GABRIEL ATTAL
Je ne vais pas faire d'annonce pour l'entreprise…

MARC FAUVELLE
SANOFI pourrait fabriquer un vaccin PFIZER, MODERNA…

GABRIEL ATTAL
C'est tout à fait possible. Je ne fais pas d'annonces pour l'entreprise, c'est ma collègue Agnès PANNIER-RUNACHER qui est chargée de ce dossier, mais évidemment…

MARC FAUVELLE
C'est intéressant ce que vous nous dites, parce que ça permettrait évidemment d'en fabriquer plus.

GABRIEL ATTAL
Mais, Marc FAUVELLE…

MARC FAUVELLE
Je sais que cet hypothétique, Gabriel ATTAL, mais si SANOFI fabrique des vaccins, on les redistribuera dans toute l'Europe ou ils seront pour la France ?

GABRIEL ATTAL
Je crois pour des raisons logistiques, les vaccins qui sont produits sur le territoire français, pour des raisons encore une fois pratiques, vont en France.

MARC FAUVELLE
Ah bon ?

GABRIEL ATTAL
Maintenant ils rentrent dans nos quotas, ils rentrent dans le quota que nous avons de vaccins au niveau français.

MARC FAUVELLE
Donc ça ne serait pas des vaccins supplémentaires, en plus des 300 millions commandés pour la France.

GABRIEL ATTAL
Il faut peut-être bien expliquer comment les choses fonctionnent…

MARC FAUVELLE
On va l'expliquer dans un instant.

GABRIEL ATTAL
D'accord.

MARC FAUVELLE
Je peux vous interrompre ? Pardon, il est 8h51 et vous nous expliquez tout ça juste après le fil info avec Diane FERCHIT.

-Fil info-

MARC FAUVELLE
Gabriel ATTAL, porte-parole du gouvernement, vous nous avez confirmé il y a quelques instants que l'État a bien demandé à SANOFI de fabriquer éventuellement des vaccins qui sont déjà mis au point par d'autres laboratoires, que ces vaccins ne s'ajouteraient pas à ceux commandés par l'Europe et envoyés en France. C'est bien ça ?

GABRIEL ATTAL
Ce que je dis, c'est qu'on fait le maximum pour développer la production des vaccins partout dans le monde et notamment en France. Encore une fois, je n'annonce pas de choses pour des laboratoires. Ils communiquent et puis ma collègue Agnès PANNIER-RUNACHER communique pour ce qui est du gouvernement. Ce que je dis ensuite, c'est qu'on est déjà engagé en France pour développer des vaccins en France avec des entreprises françaises. Ça fait 6 mois qu'on travaille sur le sujet. Exemple : l'entreprise de DELPHARM va développer le vaccin PFIZER BioNTech dans son usine française. Qu'on a rehaussé les commandes au niveau européen pour un certain nombre de vaccins et notamment le vaccin PFIZER - je crois que ces 300 millions de doses supplémentaires qui ont été commandées au niveau européen, ce qui fait que mécaniquement la France en recevoir davantage.

MARC FAUVELLE
15%, c'est 15% notre quote-part à chaque fois.

GABRIEL ATTAL
On a un mécanisme où l'Europe commande des vaccins et où elle les répartit ensuite dans les pays européens selon leur population, ce qui fait qu'on reçoit le même nombre de vaccins que les autres pays européens et que…

SALHIA BRAKHLIA
Donc on en aura un peu plus même si on produit sur notre territoire.

GABRIEL ATTAL
Je vous ai dit que les commandes au niveau européen avaient été augmentées.

SALHIA BRAKHLIA
Gabriel ATTAL, vous avez compris, vous, pourquoi Roselyne BACHELOT était là hier lors de la conférence de presse avec le Premier ministre ?

GABRIEL ATTAL
Bien sûr. Roselyne BACHELOT, elle est totalement mobilisée pour accompagner le secteur culturel dans des conditions qui sont extrêmement difficiles pour eux puisque malheureusement, ils n'ont pas encore pu rouvrir.

SALHIA BRAKHLIA
Et il n'y a pas de date ?

GABRIEL ATTAL
Et c'est important qu'elle puisse faire un point avec eux sur les aides qui existent, sur le travail qui est mené pour construire un modèle qu'elle appelle un modèle résilient face à la Covid-19 qui doit permettre à des activités de reprendre.

SALHIA BRAKHLIA
Vous en savez un peu plus, vous, sur le calendrier d'ouverture glissant comme elle le dit, qui pourrait être mis en place ?

GABRIEL ATTAL
Elle s'est exprimée hier soir et elle est ministre de la Culture.

SALHIA BRAKHLIA
Il n'y avait pas l'info, c'est pour ça que je vous pose la question.

GABRIEL ATTAL
Le lendemain matin, en tant que porte-parole du gouvernement, je ne peux pas, moi, donner plus d'informations. Ce que je peux vous dire, c'est qu'elle rencontre très régulièrement les acteurs culturels. Que ces rencontres ont permis d'abord de mettre en place un accompagnement financier colossal. Je ne vais pas citer quinze fois mon déplacement à Bordeaux hier, mais c'est intéressant parce que j'ai pu voir beaucoup de monde et c'est aussi comme ça qu'on voit ce qui se passe sur le terrain par rapport à ce qui est décidé au niveau national. J'ai vu le patron d'une salle de spectacle qui disait lui-même que sur l'accompagnement financier, l'État était au rendez-vous. Maintenant évidemment, les artistes n'attendent pas uniquement des subventions, de l'argent : ils veulent vivre de leur passion, ils veulent retrouver leur public. Il va y avoir un calendrier progressif sur lequel travaille Roselyne BACHELOT avec le souhait que progressivement les activités puissent reprendre.

MARC FAUVELLE
Gabriel ATTAL, deux grandes entreprises privées, le groupe français CARREFOUR d'un côté et le Canadien COUCHE-TARD de l'autre, ont annoncé qu'elles étaient entrées en négociation pour éventuellement se marier. Le gouvernement depuis quelques heures brandit la menace d'un veto. C'est un non courtois mais définitif dit à l'instant Bruno LE MAIRE, le ministre de l'Economie. Au nom de quoi l'État peut s'opposer à un mariage entre deux entreprises qui le veulent ?

GABRIEL ATTAL
Au nom du contrôle que nous pouvons avoir sur un certain nombre de secteurs, notamment le secteur alimentaire qui est très important pour la souveraineté française.

MARC FAUVELLE
Quel est le risque ?

GABRIEL ATTAL
C'est au nom de cela. C'est une disposition qui a été renforcée par ailleurs par la loi PACTE que nous avons adoptée au nom de cela. Effectivement l'État peut s'opposer au rachat par un groupe étranger d'une entreprise française.

MARC FAUVELLE
Quel est le risque ? C'est que si CARREFOUR se fait manger par le groupe canadien, il n'y a plus de pâtes dans les rayons vraiment ? Quelle est la menace sur notre sécurité alimentaire aujourd'hui ?

GABRIEL ATTAL
C'est l'exemple qu'avait donné je crois Bruno LE MAIRE. Aujourd'hui la France, les Français, ils ont une chance très importante : c'est qu'on a une souveraineté alimentaire parce qu'on a des agriculteurs qui produisent en France, parce qu'on a une chaîne de distribution et des commerces qui permettent aux Français de s'alimenter et, évidemment, on veut maintenir cela. Et si un groupe bascule ailleurs et qu'il fait des choix et qu'il considère que la France n'est plus prioritaire dans sa politique commerciale, ça peut avoir un impact sur les Français. Je crois que c'est cela que Bruno LE MAIRE a dit et a répété encore ce matin.

MARC FAUVELLE
Donc c'est un non ferme et définitif.

GABRIEL ATTAL
C'est, je crois, ce qu'a dit Bruno LE MAIRE d'après ce que vous dites.

MARC FAUVELLE
C'est un non courtois mais définitif a dit Bruno LE MAIRE, donc on peut être courtois et définitif.

SALHIA BRAKHLIA
Oui, on l'entend dire ça ce matin mais les discussions continuent apparemment, malgré le veto de Bruno LE MAIRE. Autre question Gabriel ATTAL : le parquet de Paris a donc ouvert une enquête après les accusations de Camille KOUCHNER qui dénonce dans un livre les agressions incestueuses qu'aurait imposées son beau-père, le politologue Olivier DUHAMEL à son frère jumeau quand il était adolescent dans les années 80. Au moment où se sont déroulés les faits, la loi prévoyait qu'une victime mineure pouvait porter plainte pour viol par ascendant pendant dix ans à compter de sa majorité. Depuis 2018, le délai est porté à trente ans. Est-ce qu'il faut encore le rallonger ?

GABRIEL ATTAL
Vous l'avez dit : dans ce quinquennat en 2018, on a développé le délai de prescription justement pour permettre que la parole se libère y compris si elle se libère tard. Je ne sais pas si aujourd'hui il est prévu au niveau gouvernemental - c'est mon collègue garde des Sceaux Eric DUPOND-MORETTI qui est chargé de ces questions - d'aller encore plus loin sur ce délai. Je peux vous dire que moi à titre personnel, je suis très sensible à ce qu'on donne la possibilité de porter plainte y compris des années après des faits, parce que ce sont des faits qui sont extrêmement graves, qui ont lieu sur des enfants, qu'il peut y avoir y compris de la part des enfants qui sont victimes de ces faits parfois, comment dire, une capacité à réaliser ce qui s'est passé qui arrive très tard, une emprise qui peut durer très longtemps quand bien même on est adulte de la part d'ascendant sur soi. Et donc moi, tout ce qui peut être fait pour que la parole puisse se libérer et se traduire devant la justice le plus tard possible pour moi doit être regardé. C'est mon avis personnel.

MARC FAUVELLE
C'est la position du porte-parole ou du gouvernement ?

GABRIEL ATTAL
C'est la position, je vous ai dit, c'est ma position personnelle. Je fais toujours très attention parce que quand je m'exprime, ça peut donner le sentiment que c'est la position du gouvernement. Mais évidemment, je peux vous dire, c'est une position personnelle mais je sais que l'ensemble du gouvernement est évidemment très sensible sur cette question. Encore une fois, le délai a été élargi et je sais qu'Eric DUPOND-MORETTI est évidemment lui aussi très sensible sur cette question-là.

MARC FAUVELLE
Merci beaucoup. Gabriel ATTAL, porte-parole du gouvernement, était ce matin notre invité.

GABRIEL ATTAL
Merci.


Source : Service d'information du Gouvernement, le 18 janvier 2021