Texte intégral
MARC FAUVELLE
C'est une vague qui monte et qui parfois donne des hauts le coeur, des centaines de messages publiés tout le week-end sur les réseaux sociaux, j'avais 4 ans, j'avais 7 ans, j'avais 12 ans, des victimes d'inceste qui en quelques lignes racontent ce qui s'est passé il y a de ça des années ou parfois des décennies, comme si le livre de Camille KOUCHNER qui dénonce les agissements de son beau-père Olivier DUHAMEL avait servi de déclic en France. Bonjour Adrien. TAQUET.
ADRIEN TAQUET
Bonjour.
MARC FAUVELLE
Vous êtes le secrétaire d'Etat chargée de l'Enfance, vous nous direz dans quelques instants ce qu'on peut faire et ce qu'on peut dire aussi à toutes ces personnes qui viennent de briser le silence et à toutes les autres aussi qui n'osent pas.
ADRIEN TAQUET
Absolument.
(…)
MARC FAUVELLE
Adrien TAQUET à Chloé et à tous les autres qu'est-ce que vous dites ?
ADRIEN TAQUET
Bonjour tout d'abord Chloé, dire à quel point on est on est saisi d'émotion quand on lit tous ces témoignages depuis samedi, impressionné par le courage aussi évidemment de Chloé et de l'ensemble des personnes qui témoignent, de dire qu'on les croit évidemment parce qu'un certain nombre d'entre elles ne sont pas crues par leurs plus proches parfois.
MARC FAUVELLE
Ou n'ont pas été crues quand elles sont allées voir un proche.
ADRIEN TAQUET
Ou n'ont pas été cru. Qu'on est à leurs côtés, je pense que dans ce moment qui est probablement un tournant pour notre pays, pour nous en tant que peuple individuellement et collectivement il faut qu'on soit là pour les écouter et les accompagner, les amis, les proches.
MARC FAUVELLE
De quelle manière ?
ADRIEN TAQUET
Alors déjà chacun d'entre nous, je pense que c'est, ça va bien au-delà du gouvernement là ce qui est en train de se passer. Le gouvernement depuis deux ans, vous savez, fait des choses, moi c'est le la lutte contre les violences faites aux enfants en particulier, les violences sexuelles, c'est le combat de ma mandature. Depuis deux on a fait un certain nombre d'annonces pour mieux former les professionnels, les magistrats, les forces de l'ordre, les professionnels de santé et on essaie d'avoir, ce qu'on appelle des référents pédiatriques dans tous les territoires pour que les médecins se sentent moins seuls face à cette situation, face auxquelles parfois ils sont dépourvus. On fait en sorte de mieux recueillir la parole de l'enfant, c'est compliqué un enfant qui est victime…
MARC FAUVELLE
C'est compliqué, dans un cas que quatre la victime, pardon la personne coupable de ces agissements est elle-même mineur, c'est parfois un cousin, parfois un grand frère.
ADRIEN TAQUET
Vous avez totalement raison et puis recueillir la parole d'un enfant de 4, 5, 6 ans qui a été victime de violences sexuelles, particulier auprès de quelqu'un qui est censé être un être aimant, c'est ce que raconte Chloé, un être aimant. La famille, c'est le lieu de l'amour, de l'épanouissement, du développement, mais c'est aussi le lieu de la brutalité, de l'exil pour un certain nombre d'entre eux. Donc il faut des professionnels formés, il faut des lieux, on ne recueille pas la parole d'un enfant dans un commissariat au fond d'une salle, donc on développe tout ça.
MARC FAUVELLE
On a déjà fait beaucoup c'est ce que vous nous dites Adrien TAQUET.
ADRIEN TAQUET
Et il faut évidemment faire plus encore.
MARC FAUVELLE
Est-ce que faire plus encore, ça veut dire changer la loi, allonger le délai de prescription de ces affaires ?
ADRIEN TAQUET
Alors il y a deux sujets qui cristallisent un peu effectivement les revendications, la question de l'âge du consentement et la question de la prescription. Moi, sur la question de la prescription, les associations, les juristes, les avocats, les psychiatres sont divisés sur ce sujet-là.
MARC FAUVELLE
Vous avez entendu Brigitte MACRON, je suppose, hier soir sur TF1 qui dit qu'elle est favorable à titre personnel à ce qu'on change la loi.
ADRIEN TAQUET
A ce qu'effectivement on améliore le dispositif…
MARC FAUVELLE
C'est une façon de vous mettre la pression ?
ADRIEN TAQUET
Non, je ne pense pas que ce soit une pression ou alors c'est une façon amicale peut-être de nous mettre la pression mais Brigitte MACRON, je crois, a toujours bien pris garde de dissocier les choses. Sur la question de la prescription pour vous répondre, moi j'aimerais qu'on réussisse à libérer la parole et à faire en sorte que la parole des victimes se libère avant les 30 ans de prescription, je crois que ça doit être ça notre sujet. Comment on fait en sorte de mieux repérer, mieux détecter et accompagner les victimes dans ce cheminement douloureux parce que parfois il est synonyme d'explosion de la cellule familiale avant ces 30 ans de prescription parce que je vous rappelle que la prescription a été portée de 20 à 30 ans après la majorité.
MARC FAUVELLE
Après la majorité, c'est une loi toute récente.
ADRIEN TAQUET
Exactement qui date d'il y a deux ans. Et puis il y a la question de l'âge de consentement, 13 ans, 15 ans, la députée Alexandra LOUIS a formulé un certain nombre de propositions il y a de ça un mois je crois, que nous sommes en train d'étudier et nous allons voir comment faire. Moi, je pense que nous devons trouver les moyens juridiques parce que c'est ça qui avait fait obstacle il y a deux ans à pouvoir évoluer sur cette question-là.
MARC FAUVELLE
Un mot sur la commission sur l'inceste, Elisabeth GUIGOU qui la présidait a démissionné en raison de ses liens avec Olivier DUHAMEL, est-ce qu'elle va être vite remplacée, on sent qu'il y a urgence aujourd'hui ?
ADRIEN TAQUET
Elle va l'être, nous réfléchissons effectivement à la présidence mais aussi à l'ensemble de la composition. Nous avions commencé déjà à travailler sur ce sujet-là, il y a urgence et puis il faut bien se rendre compte aussi que la question de l'inceste est une question aussi de temps long, très complexe, qu'au-delà de la question du consentement, il y a énormément de sujets auxquels la société dans son ensemble va devoir faire face dans les mois et les années qui viennent.
MARC FAUVELLE
Et c'est aussi notre affaire à tous.
(…)
MARC FAUVELLE
Adrien TAQUET ?
ADRIEN TAQUET
Il faut qu'on soit là pour bien accompagner les victimes qui parlent notamment dans la prise en charge psychologique. Voilà travailler sur le traumatisme que ces victimes ont vécu pour éviter les séquelles qui après vont les poursuivre toute leur vie.
MARC FAUVELLE
Merci à tous les deux, Adrien TAQUET, secrétaire d'Etat chargé de l'Enfance. Merci infiniment Chloé d'avoir eu la force de redire avec les mots ce matin, ce que vous avez pu écrire ce week-end sur les réseaux sociaux.
Source : Service d'information du Gouvernement, le 19 janvier 2021