Texte intégral
JULIEN SELLIER
On va maintenant s'intéresser donc à nos anciens, à nos Ehpad où la pandémie a tant bouleversé le quotidien depuis un an. Vous vivez d'ailleurs peut-être un au rythme de ces visites si particulières à vos parents très encadrées, parfois personnelles, plus rares à travers parfois un plexiglas même, bref un cadre assez difficile à supporter. Où en est-on de cette vaccination dans nos maisons de retraite, peut-on enfin, faut-il lever, adoucir les protocoles, les auditeurs vraiment nous interpellent depuis ce matin avec des témoignages assez poignants au 32 10 et ils attendent vos réponses, Brigitte BOURGUIGNON, bonjour.
BRIGITTE BOURGUIGNON
Bonjour.
JULIEN SELLIER
Vous êtes notre invitée, vous êtes la ministre des Solidarités. Déjà dites-nous est-ce qu'il y a un effet vaccin parce que c'est vrai que la semaine passée votre collègue de la Santé Olivier VERAN expliquait que l'âge moyen des entrées en réanimation avait baissé de 8 ans, est-ce que cela signifie que nos anciens tombent moins malade, est-ce que la campagne porte enfin ses fruits dans ces Ehpad qui ont été temps meurtris, je crois que vous avez reçu très récemment une étude toute fraîche de santé publique France ?
BRIGITTE BOURGUIGNON
Oui, écoutez on peut déjà commencer par se dire qu'on est satisfait, je suis ravie de partager avec ce 1er bilan de la vaccination dans les Ehpad, dans les unités de soins longue durée, on est aujourd'hui à près de 82 %, même près de 83 % de couverture vaccinale pour les résidents et une couverture de 57,4 à peu près pour la 2e injection. Donc je crois qu'on peut se féliciter parce que d'abord c'est un exploit. On se dit aussi que là où le taux de vaccination des résidents est élevé, eh bien c'est là aussi que l'infection semble moins se diffuser parmi les résidents, donc oui il y a un signe d'espoir très fort et c'est une belle réponse, je pense à ceux qui parlaient de la difficulté du consentement et puis aux vaccino-sceptiques. Je crois que ce sont des actes de responsabilité, des actes citoyens, de confiance dans l'avenir, c'est la lueur d'espoir qu'on a aujourd'hui. Moi je voulais remercier quand même par l'intermédiaire de votre antenne la mobilisation, les efforts de tous, les directeurs, les résidents, les personnels, les familles qui vous interpellent aujourd'hui et puis vous dire que c'est surtout une concertation permanente que j'ai eu avec les professionnels et puis une organisation locale quelquefois qui a été très respectueuse de chacun. Alors il faut aller plus loin maintenant. Il faut aller plus loin parce que vous avez parlé des résidents, il faut aussi qu'on ait les professionnels qui soient au rendez-vous maintenant, on a une couverture à peu près de 42 % de taux de vaccination sur le personnel dans une situation économique fragile.
JULIEN SELLIER
Ce qui est insuffisant aujourd'hui.
BRIGITTE BOURGUIGNON
C'est insuffisant dans la mesure où il faut encore sensibiliser toute une partie du personnel, on est engagé tous les deux dans une course de vitesse contre les variant maintenant.
JULIEN SELLIER
Il y a donc des premiers effets, enfin des motifs d'espoir avec la vaccination dans nos Ehpad, vous nous l'avez dit 82, 83 % des résidents ont reçu une dose, vous me voyez venir, est-ce qu'on peut alléger voire abandonner certains protocoles, est-ce qu'on va pouvoir dans un futur proche serrer dans nos bras bientôt nos anciens ?
BRIGITTE BOURGUIGNON
alors c'est le but que nous poursuivons tous et d'ailleurs la stratégie « tait celle-ci, d'abord de toucher les plus vulnérables, ceux qui ont payé le plus lourd tribut lors de la première vague, vous le savez, et bien sûr l'objectif c'est de passer ensemble je dirais le chemin des retrouvailles, je préfère cette expression et on doit la bâtir progressivement, ouvrir la porte des chambres, la porte des salles à manger, la porte des établissements même, il faut pousser toutes ces portes pour réussir à ce que les personnes, les résidents que je rencontre très souvent et qui le disent, maintenant moi je veux revoir ma famille, je veux la retrouver d'une manière plus normale, mais on est dans un contexte épidémiologique difficile, vous le savez, avec aussi des fragilités et des territoires même plus ou moins touchés.
JULIEN SELLIER
Je voudrais vous faire écouter un témoignage Brigitte BOURGUIGNON, c'est celui de Claire, elle nous a appelé de Reims ce matin au 32 10. Elle est soignante, elle, donc vaccinée, sa maman en Ehpad a été vaccinée deux doses, mais les protocoles restent très stricts, écoutez.
CLAIRE
Les visites sont encore sur rendez-vous, donc limitées, elles se passent à travers un plexiglas, nous n'avons pas la possibilité de toucher maman et bien sûr elle ne peut pas sortir de l'établissement. On ne peut pas l'emmener manger à la maison.
JULIEN SELLIER
Et des appels, des messages comme celui-ci, on en a reçu beaucoup ce matin sur RTL. Alain dans l'Yonne, il y a une demi-heure, Elisabeth en Moselle il y a une heure, où les visites sont encore interdites alors même que tous les résidents ont reçu leurs deux doses. Est-ce que vous dites ce matin aux directions de ces établissements, lâchez un peu de lest ?
BRIGITTE BOURGUIGNON
Alors, d'abord les directions d'établissement sont très responsables en général et ne font pas n'importe quoi. Les protocoles, que nous avons mis en place dès cet été en accord avec le gouvernement, que j'avais demandé, c'était de protéger sans isoler, c'est-à-dire de faire en sorte que dans l'établissement, au moins, la vie sociale puisse continuer, les activités collectives, dès lors qu'il n'y avait pas de cluster, dès lors qu'il y avait une possibilité de le faire, puisse se faire. Mais les situations sont différentes selon les départements, vous savez aujourd'hui, les situations sont même différentes selon les établissements, il y en a qui sont tout à fait adaptés pour le faire, d'autres moins, donc il faut bâtir ce dispositif, ce que je fais avec les fédérations concernées, chaque semaine nous avons une visio de concertation où nous bâtissons ensemble le protocole. J'ai saisi, en plus, le Haut conseil de la santé publique la semaine dernière, sur des questions très précises à nous donner pour aider les directions d'établissement dans leur décision, comment réorganiser des activités, comment porter le masque, ils vont se prononcer là cette semaine… ça va nous aider à construire ce protocole.
JULIEN SELLIER
Justement, on a un autre appel au 32.10, Brigitte BOURGUIGNON, celui d'une directrice d'Ehpad qui nous appelle des Hauts-de-Seine, c'est Bernadette, bonjour Bernadette.
BERNADETTE
Bonjour.
JULIEN SELLIER
Vous êtes presque au bout de la campagne de vaccination dans votre établissement, est-ce que vous aussi vous avez cet espoir, cette envie, peut-être une échéance, pour une réouverture progressive ?
BERNADETTE
On le souhaite fortement, en fait on n'a pas… contrairement à certains Ehpad nous avons été beaucoup moins touchés, donc je n'ai pas suspendu totalement les visites, en revanche, oui, comme disait Madame BOURGUIGNON aussi justement, nous les avons restreintes. La seule chose c'est que je suis ravie d'entendre qu'il y a 40 % de salariés qui sont vaccinés, chez nous ce n'est que 20 %, et c'est là que le bât blesse. La plupart des résidents sont vaccinés parce qu'on eux ont connu les poliomyélites ou autres problématiques lorsqu'il n'y avait pas de vaccination, mais parmi les salariés il y a beaucoup de « vaccino-sceptiques. »
JULIEN SELLIER
Ça c'est très compliqué. Brigitte BOURGUIGNON, tant qu'on n'aura pas une couverture vaccinale optimale chez les soignants, on ne pourra pas donner d'échéance à ces familles qui n'en peuvent plus aujourd'hui de ne plus serrer dans leurs bras leurs parents.
BRIGITTE BOURGUIGNON
Je fais un appel, à travers votre antenne, à tout ce personnel qui n'est pas encore vacciné, il y a eu aussi parfois des critères qui faisaient que le personnel n'était pas forcément tout de suite le premier destinataire, aujourd'hui on demande à ce que le personnel, qui est largement concerné, se fasse vacciner, parce qu'évidemment, quand on touche aux plus vulnérables, et nous avons essayé cette stratégie vaccinale, de les protéger en premier, je suis d'accord avec vous Madame la directrice, il faut maintenant que nous allions jusqu'à demander au personnel…
JULIEN SELLIER
Pour avoir une échéance quand, on ne peut pas donner de date aux familles aujourd'hui ?
BRIGITTE BOURGUIGNON
Non, c'est compliqué.
BERNADETTE
On ne peut pas donner de date, c'est compliqué, excusez-moi Madame, mais ce à quoi je pense, et la plupart de mes collègues y pensent aussi, c'est forcer à un moment donné, passer à l'obligation pour les personnels. Je me rends compte, chez moi, que la plupart des doses qui avaient commandées pour le personnel, qu'il s'était engagé, ont fini par… on a fini par vacciner les familles, leur proposer la vaccination, parce que le personnel refusait au dernier moment.
JULIEN SELLIER
Brigitte BOURGUIGNON, est-ce qu'il faut rendre obligatoire la vaccination pour les soignants dans les Ehpad ?
BRIGITTE BOURGUIGNON
Alors, pour l'instant ce n'est pas à l'ordre du jour, et je ne suis pas en mesure de vous répondre, mais je pense que si on veut bâtir ce chemin, qu'on est en train de bâtir ensemble, des retrouvailles, c'est essentiel que chacun prenne sa responsabilité, c'est un acte citoyen, vous le savez. Il y a eu de l'émulation parfois entre personnels qui a fait qu'ils sont passés à la vaccination et que le chiffre a soudain monté, de manière significative, moi je crois qu'aujourd'hui il faut continuer à convaincre parce que, vous savez, le principe de base est la liberté vaccinale dans tout le pays, donc il n'y a pas de raison de discriminer une population plutôt qu'une autre, mais quand on est engagé dans un collectif, oui, après il faut quand même prendre ses responsabilités, donc moi je suis favorable à ce que chacun se fasse vacciner au plus vite, oui.
JULIEN SELLIER
Brigitte BOURGUIGNON, vous la ministre des Solidarités, pour terminer, vous l'avez dit tout à l'heure, on est en ce moment dans une course contre la montre contre les variants, avec cette épidémie qui continue de nous menacer, 20 départements qui sont en sursis, qui pourraient être reconfinés le week-end prochain, deux questions avant de vous laisser. Le gouvernement voulait se donner un peu de temps, est-ce que la tendance des trois derniers jours reste mauvaise et quand allez-vous prendre une décision, parce que des millions de Français attendent d'être fixés ?
BRIGITTE BOURGUIGNON
Vous parlez de décision par rapport aux établissements ?
JULIEN SELLIER
Non, pas par rapport aux établissements, par rapport à ces départements qui pourraient être reconfinés à partir de vendredi 18h.
BRIGITTE BOURGUIGNON
Alors, je ne vais pas parler à la place du Premier ministre, mais les décisions, vous l'avez entendu, vont être prises de manière locale, le Premier ministre a saisi les préfets, les ARS et les élus locaux surtout, et ils vont bâtir les solutions proportionnées à la situation de chaque département évidemment, donc je pense que c'est la meilleure solution que d'agir de cette manière et nous allons attendre de voir un peu les premiers chiffres qui arrivent cette semaine. Moi je fais partie d'un département où les chiffres sont alarmants, donc forcément on est en attente.
JULIEN SELLIER
Merci beaucoup Brigitte BOURGUIGNON, ministre des Solidarités, d'avoir été ce matin sur RTL notre invitée pour dresser un premier bilan de la vaccination dans ces Ehpad, on rappelle ce chiffre que vous nous avez donné tout à l'heure, 82 à 83 % des résidents ont reçu au moins une dose, 57 % une deuxième dose, et vous appelez les personnels soignants, qui eux ne sont vaccinés qu'à 40 % dans ces maisons de retraite, à se faire vacciner pour envisager une échéance à court ou moyen terme, en tout cas un possible allégement de ces protocoles qui font tant souffrir les résidents et leurs familles, merci d'avoir été notre invitée ce matin sur RTL.
BRIGITTE BOURGUIGNON
Merci.
Source : Service d'information du Gouvernement, le 2 mars 2021