Interview de Mme Sarah El Haïry, secrétaire d'État chargée de la jeunesse et de l'engagement, à France Info TV le 2 mars 2021, sur le mentorat et le maintien du couvre-feu 4 à 6 semaines encore.

Prononcé le

Intervenant(s) : 
  • Sarah El Haïry - Secrétaire d'État chargée de la jeunesse et de l'engagement

Média : France Info TV

Texte intégral

DAÏC AUDOUIT
Bonjour Madame.

SARAH EL HAIRY
Bonjour.

DAÏC AUDOUIT
Merci d'être avec nous. On va évoquer évidemment la jeunesse, mais tout d'abord, votre réaction par rapport à la condamnation de Nicolas SARKOZY, un an de prison, un ancien président de la République condamné, est-ce que ça abîme la politique française ?

SARAH EL HAIRY
Vous savez, déjà, quand j'étais députée, je ne commentais pas les affaires de justice, encore plus aujourd'hui en tant que membre du gouvernement en exercice, mais ce n'est pas des affaires… ce n'est pas que des affaires, c'est des histoires d'hommes, des procédures en cours, je crois que je n'apporterai absolument aucun commentaire à ce qui titre actuellement et depuis hier.

DAÏC AUDOUIT
Ok. Alors, vous ne commentez pas une décision de justice. Est-ce que vous commentez un commentaire sur une décision de justice, en l'occurrence, celle de Gérald DARMANIN, ministre de l'Intérieur, qui devant les caméras a assuré à Nicolas SARKOZY de son soutien amical ; c'est un peu étrange de la part du ministre de l'Intérieur ?

SARAH EL HAIRY
Le ministre de l'Intérieur n'a, à aucun moment, commenté la décision de justice, il a partagé l'affection qui était la sienne pour un homme avec qui il a partagé des dizaines d'années…

DAÏC AUDOUIT
Qui est un ami, on peut le dire…

SARAH EL HAIRY
Effectivement, qui est son ami. Et avec qui il a partagé un bout de vie. Moi, je n'y vois aucun élément portant pour le coup à commentaires, si ce n'est le partage d'une affection, d'un sentiment de quelqu'un qu'on connaît déjà, extrêmement proche du président SARKOZY.

DAÏC AUDOUIT
Mais ça pouvait rester dans le cadre privé, il lui envoie un SMS, il n'a pas besoin peut-être de le dire devant les caméras.

SARAH EL HAIRY
Aujourd'hui, vous apportez un élément complémentaire, c'est votre avis, vous me demandez le mien, moi, très sincèrement, je n'y vois aucun commentaire sur la décision de justice, et j'y vois plutôt l'affection d'un homme.

DAÏC AUDOUIT
Autre intervention hier, Olivier VERAN, sur le 20h de France 2, qui précise bien l'horizon du couvre-feu qui va être maintenu de 4 à 6 semaines encore, a-t-il dit. Ça va être long !

SARAH EL HAIRY
4 à 6 semaines, ça peut paraître long, sauf que c'est le dernier sprint, je veux dire, on a passé 11 mois…

DAÏC AUDOUIT
Est-ce qu'on en est sûr que c'est le dernier sprint, c'est ça le problème.

SARAH EL HAIRY
Très sincèrement, on a passé, je crois, mais profondément, le plus dur. Le plus dur, c'est 11 mois d'énergies, d'efforts, où on n'en savait pas plus sur le virus, où on s'est adapté, où on a intégré ces gestes barrières, nos enfants maintenant ont appris à tousser – moi, j'ai des enfants de 3 ans – tousser dans leur coude en réflexe. Je veux dire, ça, c'est intégré. Maintenant, on a cet espoir, qui est assez dingue, qu'on n'imaginait même pas au début, en moins d'un an, nous avons un vaccin, même des vaccins, nous sommes en train de les déployer, l'espoir, il est à l'été ; le président de la République lui-même a rappelé que d'ici l'été, tous les adultes majeurs qui le souhaitent pourront être vaccinés…

DAÏC AUDOUIT
D'ici la fin de l'été…

SARAH EL HAIRY
Vous vous rendez compte…

DAÏC AUDOUIT
A préciser…

SARAH EL HAIRY
Non, mais vous vous rendez compte de cet espoir, de cet élan…

DAÏC AUDOUIT
Oui, si on tient le rythme actuel, ce n'est pas possible.

SARAH EL HAIRY
Eh bien, vous savez…

DAÏC AUDOUIT
Il faut accélérer, mais…

SARAH EL HAIRY
Il y a deux choses, la première, c'est évidemment cette lutte contre cette pandémie, sa diffusion. La meilleure manière de le faire, c'est évidemment de garder cette énergie individuelle que chacun met pour lutter contre tout contact, ou à la limite, la contamination. De l'autre côté, c'est la solidarité collective que nous y mettons, en protégeant d'abord ceux qui en meurent et en les vaccinant, et ensuite, en élargissant un maximum ; la stratégie vaccinale a toujours été la même, mais aujourd'hui, l'élan et l'espoir est là, et il est là parce qu'en plus, il y a le printemps qui arrive, et avec tout ça, c'est plutôt des bonnes nouvelles.

DAÏC AUDOUIT
Rendez-vous dans 6 semaines. Vous étiez hier avec le président de la République en Seine-Saint-Denis pour promouvoir le mentorat, c'est quoi le mentorat, ça s'adresse à qui ?

SARAH EL HAIRY
Le mentorat, c'est la promesse républicaine, c'est…

DAÏC AUDOUIT
Ça, c'est le discours, là, je vous ai demandé un truc concret, ça s'adresse à qui ? Pour quoi faire ?

SARAH EL HAIRY
Non, au-delà du discours, de manière très concrète, je vais vous dire pourquoi c'est la promesse républicaine, parce que dans notre pays, que tu sois né, quelle que soit la famille dans laquelle tu es né, quelle que soit la ville où tu es né, le quartier où tu es né, tu peux construire ta vie par l'école, par le travail.

DAÏC AUDOUIT
Et là, c'est vos éléments de langage, on va revenir sur le concret, le mentorat, c'est un salarié adulte expérimenté ou un retraité qui prend sous son aile un jeune des quartiers ou pas, pour l'aider à mieux s'insérer dans le milieu professionnel ?

SARAH EL HAIRY
Eh bien, pas que, pas que, aujourd'hui le mentorat et le tutorat, encore une fois, c'est une promesse républicaine, et je vais vous dire pourquoi, parce que ce n'est pas des éléments de langage, c'est le fait qu'un jeune lycéen accompagne un jeune collégien, c'est le fait que, effectivement, un salarié s'engage auprès d'un jeune qui n'a peut-être pas les parents pour l'accompagner sur l'écriture de son CV, c'est un jeune, et un salarié, qui accompagne, qui ouvre son réseau, mais c'est aussi un jeune d'un territoire rural, moi, j'en ai vu à Aurillac, j'en ai vu à Saint Marcellin, j'en ai vu à Guéret, qui explique à d'autres jeunes que, oui, il y a de l'autocensure, que, oui, il y a des plafonds de verre, mais pour les casser, la meilleure manière, c'est encore que quelqu'un vous regarde avec confiance et qui vous donne cette énergie, parce qu'il vous dit simplement : eh bien, tu sais, c'est possible, parce que je te ressemble, parce que j'ai le même parcours que toi, et ça, c'est cette énergie, ça, c'est cette promesse, et c'est en ça où le président de la République l'inscrit dans l'agenda de l'égalité des chances, cette égalité des chances qui est en fait un grand plan de la jeunesse, et c'est bien la promesse encore une fois de la République.

DAÏC AUDOUIT
Mais on est d'accord que ce mentorat n'est pas une réponse directe à la crise sanitaire qui touche la jeunesse à l'heure actuelle ?

SARAH EL HAIRY
Je vous l'accorde, il y a plusieurs… aujourd'hui, la réponse à la crise, c'est des réponses, parce que les conséquences sont multiples, évidemment économiques, sanitaires, morales, a chacune d'entre elles, on apporte des solutions, d'ailleurs, nos jeunesses, elles sont bien diverses, elles ne vivent pas la crise de la même manière, et donc, il faut les accompagner de manière différente. Vous ne le vivez pas de la même manière si vous êtes salarié, jeune, travailleur, si vous êtes à la recherche d'un emploi ou si vous êtes étudiant.

DAÏC AUDOUIT
Et quand vous voyez que Valérie PECRESSE met en place depuis hier un revenu jeune d'activité pour les plus de 25 ans qui n'ont pas d'emploi qui est conditionné au suivi d'une formation, que la métropole de Lyon va mettre en place un RSA Jeunes dans 2 semaines, on a l'impression que chaque collectivité, chacun y va de son plan jeunesse, pour vous mettre la pression, parce que vous, c'est toujours : non à un revenu jeune universel, même temporaire ?

SARAH EL HAIRY
Parce qu'on a mieux, parce que, à la question de : est-ce que la jeunesse a besoin exclusivement de 500 euros, et on s'en débarrasse, parce qu'on la met dans une boîte, on dit : eh bien, écoute, voilà, c'est donné, nous, on ne répond pas ça, eh bien, oui, c'est plus ambitieux, oui, c'est plus difficile, sauf que la jeunesse, on lui doit un accompagnement, et un accompagnement humain, donc c'est quoi notre réponse, eh bien, oui, c'est la réponse avec les 500 euros, parce qu'il faut verser cet argent quand les jeunes en ont besoin, mais c'est aussi l'accompagnement auprès de la mission locale, et donc c'est la Garantie Jeunes universelle qui dit quoi, dans le fond, quand tu as besoin, effectivement, de cet argent, et que tu as entre 16 et 25 ans, eh bien, tu as besoin aussi... tu as des problématiques de mobilité, ça veut dire, tu n'as pas de quoi payer ton permis de conduire, tu as des problèmes de logements, parce que peut-être que tes parents, ils ne peuvent pas être garants pour louer un logement, tu as aussi peut-être des problèmes d'accès à la formation…

DAÏC AUDOUIT
Vous tutoyez les jeunes, vous ?

SARAH EL HAIRY
Eh bien…

DAÏC AUDOUIT
Oui, non, mais…

SARAH EL HAIRY
Enfin, oui, très régulièrement, quand les échanges sont francs, quand ils me regardent dans les yeux, et quand la règle est celle-là, vous savez, il n'y a aucune posture à poser, moi, je vois une chose, je vois que j'ai aujourd'hui la chance de pouvoir être utile au moment où je suis dans une période où, effectivement, cette crise sanitaire, elle bouscule nos jeunesses, eh bien, moi, mon job, c'est d'être à leurs côtés, de remonter leurs problématiques et d'y répondre.

DAÏC AUDOUIT
En cas d'un deuxième tour, Emmanuel MACRON/Marine LE PEN, est-ce que vous avez peur que les jeunes ne se déplacent pas et ne veuillent pas arbitrer ce duel ?

SARAH EL HAIRY
Le combat qui a été le mien et qui sera toujours le mien, évidemment, il est contre le Front national, ça, c'est clair, parce qu'il y a une chose qui est certaine, c'est que ce parti-là, c'est un parti d'extrême droite, et que sa mission principale, son ADN, c'est la division de notre pays, donc à chaque fois qu'il y a quelqu'un qui va essayer de fragmenter notre pays, je crois que notre jeunesse, et en tout cas, mon combat politique, mon engagement politique, il est a l'unité, et c'est pour ça que je suis au centre.

DAÏC AUDOUIT
Merci beaucoup. Bonne journée à vous. Au revoir Madame.


Source : Service d'information du Gouvernement, le 2 mars 2021