Interview de Mme Sophie Cluzel, secrétaire d'État chargée des personnes handicapées, à Public Sénat le 16 avril 2021, sur le seuil symbolique des 100 000 morts du Covid, la lutte contre l'isolement des personnes handicapées et leur vaccination.

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Intervenant(s) : 
  • Sophie Cluzel - Secrétaire d'État chargée des personnes handicapées

Média : Public Sénat

Texte intégral

ORIANE MANCINI
Et notre invitée politique ce matin, c'est Sophie CLUZEL. Bonjour.

SOPHIE CLUZEL
Bonjour.

ORIANE MANCINI
Merci beaucoup d'être avec nous, secrétaire d'Etat chargée des personnes handicapées, vous êtes également tête de liste La République En Marche aux régionales, dans la région Sud, Provence-Alpes-Côte d'Azur. On va bien sûr parler de votre candidature. On est ensemble pendant 20 minutes pour une interview en partenariat avec la Presse quotidienne régionale. Bonjour Fabrice VEYSSEYRE-REDON.

FABRICE VEYSSEYRE-REDON
Bonjour Oriane, bonjour Sophie CLUZEL.

SOPHIE CLUZEL
Bonjour monsieur.

ORIANE MANCINI
Des journaux du groupe EBRA, les journaux régionaux de l'Est de la France. Et on commence bien sûr Sophie CLUZEL par la crise sanitaire et cette barre symbolique des 100 000 morts, qui a donc été franchie hier soir. Emmanuel MACRON qui a dit qu'il y aurait un hommage aux victimes, sans en préciser la forme. Ça fait un an que la France compte malheureusement ses morts quotidiens, pourquoi avoir attendu, pourquoi attendre pour cet hommage ?

SOPHIE CLUZEL
Alors, déjà on n'attend pas pour leur rendre hommage au quotidien, à ces familles à qui j'adresse vraiment toute ma compassion, et puis je les vois, puisque je circule beaucoup, et puis surtout j'ai énormément de familles en visio, concernées par ces décès, donc une grande émotion, une grande émotion pour ces familles touchées dans leur chair, on leur rend hommage régulièrement et je pense que symboliquement c'est vrai qu'il faut être à leurs côtés. Il faut pouvoir signifier à ces familles qui parfois n'ont pas pu faire leur deuil, accompagner correctement justement ces décès à cause de la crise, et donc c'est certainement un geste important que la Nation leur doit, à elles, et puis bien sûr aussi saluer tous les soignants qui ont été à leurs côtés dans ces moments extrêmement difficiles de fin de vie compliquée, sur lesquels eh bien justement la notion de deuil n'a pas pu être faite.

FABRICE VEYSSEYRE-REDON
Un an de Covid, on le rappelle, Oriane vient de le dire, vous êtes en charge des Français qui sont touchés par le handicap. Est-ce que vous avez des indicateurs sur l'état psychologique des personnes en situation de handicap aujourd'hui en France ?

SOPHIE CLUZEL
Alors, elles souffrent comme tout le monde, parfois un peu plus parce que c'est plus difficile.

FABRICE VEYSSEYRE-REDON
Un isolement accru en plus j'imagine.

SOPHIE CLUZEL
Alors, un isolement accru mais des services extrêmement présents quand même, des services à domicile, des services d'accompagnement. Nous nous sommes mis aussi en accompagnement maxi pour ne pas qu'elles aient à supporter aussi des charges administratives supplémentaires, en prorogeant tous les droits pour ne pas qu'il y ait de ruptures administratives, c'est important, et financières, et puis un mode aussi avec le numéro de téléphone que nous avons mis en place, le : 0800 360 360, pour être en accompagnement maximal.

FABRICE VEYSSEYRE-REDON
Vous avez senti par ce numéro une détresse accrue ou… ?

SOPHIE CLUZEL
Surtout des besoins de répit, pour les familles qui ont des personnes handicapées, enfants ou adultes chez elles. Des besoins de répit parce que c'est plus difficile quand on ne peut pas se déplacer. Donc là je salue aussi les associations qui se sont extrêmement mobilisées pour offrir des places de répit, pour offrir par exemple du relayage à domicile, c'est possible aussi, des services à domicile extrêmement mobilisés. Donc nous nous sommes mis en accompagnement maximal, mais comme tout le monde je veux dire, il y a vraiment une pression psychologique importante.

ORIANE MANCINI
On va parler de la vaccination, notamment la vaccination des personnes handicapées, Fabrice.

FABRICE VEYSSEYRE-REDON
Alors, est-ce qu'aujourd'hui on peut parler d'une priorité vaccinale pour les personnes en situation de handicap ?

SOPHIE CLUZEL
Bien sûr, elles en ont fait partie, celles qui vivent en établissement pour par exemple les foyers d'accueil médicalisés, les maisons d'accueil spécialisées. Aujourd'hui on est à près de 80% de vaccination. Il y a eu un énorme travail de recueil de consentement, ce qui était très important pour celles qui ont parfois des difficultés pour s'exprimer ou qui sont sous tutelle. Donc un très gros travail. Maintenant nous travaillons sur les personnes à domicile, avec justement des équipes mobiles, qui se déplacent vers les personnes les plus empêchées, les services à domicile et qui peuvent ainsi vacciner à domicile. C'est la deuxième partie, très importante, parce qu'il y a beaucoup de personnes isolées, sur lesquelles il ne faut aller vers. Donc des équipes mobiles…

ORIANE MANCINI
Est-ce qu'il n'y a pas eu justement un retard sur la vaccination de ces personnes ?

SOPHIE CLUZEL
Non, il n'y a pas eu de retard, elles ont suivi… Alors, on n'est pas forcément vulnérable quand on est en situation de handicap. Il faut aussi qu'on ait des pathologies et des co-morbidités, donc ça aussi c'est important à signaler, mais celles qui étaient prioritaires, elles ont été vaccinées, vraiment de façon prioritaire.

ORIANE MANCINI
Avec les mêmes critères, avec la même rapidité que les autres. Un mot sur les critères d'âge, notamment pour les aidants familiaux. Est-ce que là il faut élargir les critères d'âge pour les aidants familiaux ?

SOPHIE CLUZEL
Alors, nous sommes en train de les élargir, mais je veux surtout dire qu'il faut du bon sens. Quand on va vacciner par exemple une personne en situation de handicap, chez elle, avec son des dans familial, moi j'ai dit aux équipes mobiles, aux services à domicile : vaccinez également l'aidant familial, c'est important, soyons pragmatiques, ayons du bon sens, et c'est comme ça qu'on travaille le mieux.

ORIANE MANCINI
Mais vous allez les élargir officiellement ?

SOPHIE CLUZEL
Oui, oui oui, tout à fait.

ORIANE MANCINI
A quelle échéance ?

SOPHIE CLUZEL
Je tiens à signaler que les foyers d'hébergement, qui ne sont pas médicalisés, sont maintenant dorénavant aussi priorisés. On travaille par cadencement, on travaille par priorité, et vous le savez, c'est comme ça qu'on est le plus efficace. Donc maintenant on élargit.

ORIANE MANCINI
Et les aidants familiaux, ce sera à quelle échéance ?

SOPHIE CLUZEL
Dans les 15 jours, 3 semaines qui viennent. On est en train vraiment de pouvoir travailler sur les aidants familiaux, travailler sur les personnes qui sont très isolées, pour justement aller vers, c'est ça qui est le plus important.

ORIANE MANCINI
Un mot sur la vaccination des enseignants, puisque la rentrée est confirmée le 26 avril et le 3 mai pour tout le monde en présentiel. Olivier VERAN il avait parlé de la vaccination prioritaire pour les enseignants qui travaillent avec des élèves en situation de handicap. Ça sera pour quand cette vaccination et qui sera concerné exactement ?

SOPHIE CLUZEL
Alors, c'est les plus de 55 ans, c'est ce que Jean CASTEX a annoncé aussi. Priorité pour ceux qui sont au contact d'enfants en situation de handicap. Ça démarre dans les 15 jours, 3 semaines, ça va être annoncé très prochainement sur le calendrier. Mais en effet ils en font partie, parce que justement ces enseignants qui s'occupent d'enfants en situation de handicap, que ce soit dans les établissements médico-sociaux, que ça soit dans les classes spécialisées autiste ou dans les ULIS, ce qu'on appelle les dispositifs justement qui accueillent des enfants handicapés, font également partie des personnels prioritaires, c'est ce que le Premier ministre a annoncé.

ORIANE MANCINI
Donc ils resteront prioritaires parmi les enseignants, mais toujours avec ce critère d'âge des 55 ans, c'est ça ?

SOPHIE CLUZEL
C'est ce que le Premier ministre a annoncé, c'est en train de se déployer, de se préciser, et tout ça va arriver très prochainement.

FABRICE VEYSSEYRE-REDON
Pour parler des personnes âgées, ces dernières heures des familles alertent le gouvernement sur le fait que la vaccination se développe, notamment dans les maisons de retraite, les personnels soignants, mais les contraintes restent encore particulièrement importantes pour les familles qui souhaitent voir ces personnes âgées.

SOPHIE CLUZEL
Alors, ça c'est beaucoup beaucoup assoupli. Là il faut aussi du bon sens, ça se travaille avec la famille, chaque établissement, ça dépend aussi s'ils ont subi des clusters, s'il y a encore des convalescents si on peut dire ainsi. Donc vraiment la consigne a été de recréer ce lien, ces droits de visite, moi je le vois dans les établissements médico-sociaux pour adultes en situation de handicap, extrêmement de vigilance bien sûr, sur les conditions sanitaires, mais ce lien est indispensable, et donc les visites sont possibles, les allers-retours sont possibles aussi…

FABRICE VEYSSEYRE-REDON
Mais c'est du cas par cas, c'est vraiment du cas par cas.

SOPHIE CLUZEL
Non, c'est-à-dire que, oui, ça dépend aussi de l'histoire de l'établissement, qu'est-ce qu'il a vécu en tant que cluster, est-ce qu'il y a des personnes fragilisées par le Covid, mais les instructions sont claires : conditions sanitaires maximale mais surtout reprendre ce droit de visite si important. Et là on a aussi des outils qui viennent, par exemple les tests salivaires, par exemple la facilité d'obtenir ces tests. J'étais en visio par exemple à Nice avec les associations qui travaillent avec les personnes âgées, personnes handicapées, ces tests salivaires vont être un vrai atout.

FABRICE VEYSSEYRE-REDON
Alors, vous dites "vont être", parce que pour l'instant, les tests salivaires, on en parle beaucoup, mais on n'en voit pas beaucoup.

SOPHIE CLUZEL
Non non, ça y est, ils commencent, à se déployer ; ils commencent à se déployer, mais il y a une logistique à mettre en place aussi. Ils sont réservés aux enfants de plus de 15 ans, donc là aussi, par exemple pour les adultes autistes qui ne pouvaient pas supporter ces tests PCR extrêmement invasifs, eh bien ces tests salivaires vont être un grand progrès. Ils vont permettre aussi cette liberté d'allers-retours plus facilement, parce qu'on va tester plus facilement.

ORIANE MANCINI
Un dernier mot sur la vaccination, puisqu'évidemment vous vous intéressez de près à ce qui se passe dans la région Sud. Son président, Renaud MUSELIER, il dit avoir précommandé 500 000 doses de vaccin Spoutnik V, qui est dans l'attente de l'autorisation de validation de l'Agence européenne. Est-ce qu'il a eu raison de faire cette précommande Renaud MUSELIER, pour vous ?

SOPHIE CLUZEL
Pour moi, c'est un fait de communication. Moi je ne suis pas dans la communication, on est dans l'action. On a des règles, on a des règles sanitaires, ce vaccin il a été déposé à 10 jours pour son autorisation au sein de l'Europe, elle va être validée peut-être, mais en tout cas l'important, l'important ça n'est pas envoyer des signaux d'espoir qui après ne pourront pas être réalisés. Une fois qu'on a le vaccin, c'est à l'Europe d'abord de donner l'autorisation, et puis après c'est à la France de faire ses commandes, pour qu'on ait une équité sur le territoire. C'est quand même le maître-mot.

ORIANE MANCINI
Pas aux régions, pour vous ?

SOPHIE CLUZEL
Bien sûr que non, c'est la France qui est en cours d'installation, de logistique, de distribution. On a quand même à respecter une équité territoriale, tous les Français doivent pouvoir avoir accès à la vaccination, et c'est bien pour ça que c'est une dimension nationale. Et il n'est pas ministre de la Santé, et c'est un ministre de la Santé qui doit s'en occuper, avec le gouvernement.

ORIANE MANCINI
On va justement parler de votre candidature dans la région Sud. Qu'est-ce que votre candidature elle peut apporter à cette région Sud Provence-Alpes-Côte d'Azur ?

SOPHIE CLUZEL
La candidature d'une femme qui est engagée, d'une femme qui a de la conviction, d'une femme qui représente la majorité présidentielle, fièrement, élargie à la société civile, c'est mon ADN, puisque c'est comme ça, depuis 4 ans que je gouverne dans ce gouvernement, et puis un projet justement d'unification, d'apaisement. Moi je veux vraiment avoir une région qui est audacieuse, audacieuse, avec une vraie ambition, mais aussi qui redonne aux de l'optimisme, parce que comme vous l'avez très bien dit tout à l'heure, les Français ont souffert et souffrent encore, on a une crise sanitaire, il faut qu'on soit prêt pour un plan de relance économique, un vrai rebond, et qu'on redonne aussi un peu d'espoir aux Français. Je pense que ça c'est très important comme message.

FABRICE VEYSSEYRE-REDON
Qu'est-ce qui se passe ? On a un peu de mal quand même à comprendre. Vous avez été investie par la République En Marche, et d'un autre côté le patron des parlementaires, Christophe CASTANER, qui est un peu de la région, rappelons-le…

ORIANE MANCINI
Des députés, en tout cas.

FABRICE VEYSSEYRE-REDON
Absolument.

SOPHIE CLUZEL
Il connait la région comme sa poche.

FABRICE VEYSSEYRE-REDON
Qui connaît bien la région et qui connaît bien Renaud MUSELIER aussi, manifestement, dit : on peut commencer à travailler ensemble dès le 1er tour avec le sortant. Qu'est-ce qui se passe entre La République En Marche et la droite en place actuellement ?

SOPHIE CLUZEL
Alors, d'abord, ce n'est pas la République En Marche, c'est la majorité présidentielle, et nous avons des partenaires qui s'appellent le MoDem, Agir et territoires de progrès, et qui sont avec moi, qui sont avec nous, et hier nous avons fait notre meeting de lancement de campagne, ils se sont exprimés tous, et notamment Christophe CASTANER s'est exprimée et a apporté largement son soutien à ce projet qu'on porte, d'une région qui sera une région vraiment de proximité. Moi je veux changer la gouvernance de cette région. Je veux vraiment qu'elle réponde aux territoires, qu'elle soit horizontale, que ça ne soit pas une région verticale, avec un président qui est, avec une région qui est vraiment au service de son président. C'est ça que l'on a aujourd'hui, mais moi je veux une présidence…

FABRICE VEYSSEYRE-REDON
Oui mais alors, pourquoi Christophe CASTANER annonce une possible liste commune dès le 1er tour ?

SOPHIE CLUZEL
Non, on annonce…

ORIANE MANCINI
Il a tendu la main à Renaud MUSELIER, pour faut être…

SOPHIE CLUZEL
Non non, il n'a pas annoncé ça, si vous l'écoutez bien…

ORIANE MANCINI
Il a quand même fortement tendu la main à Renaud MUSELIER.

SOPHIE CLUZEL
Oui mais attendez, ça avance. Une campagne elle avance, il y a d'autres partenaires qui rentrent, il y aura peut-être d'autres candidats. Pour l'instant il n'y en a qu'une, une Sophie CLUZEL. Donc il y aura peut-être d'autres candidats. Nous on a un projet, on a un projet d'ouverture de notre liste, je l'ai toujours dit et c'est comme ça que je travaille, depuis 4 ans, d'abord à la société civile mais aussi à toutes les forces républicaines qui ont envie de bosser avec nous, de travailler sur ce projet…

ORIANE MANCINI
Sauf que vous, vous êtes critique avec Renaud MUSELIER. Est-ce que ce matin vous nous dites : non, mais nous on ne lui tend pas la main ?

SOPHIE CLUZEL
Est-ce que j'ai été critique ? Ah non, moi…

ORIANE MANCINI
Nous on ne lui tend pas la main, au 1er tour ça sera chacun dans son couloir.

SOPHIE CLUZEL
Moi je dis : on avance, vient qui veut, en toute sérénité, apaisé. Je ne critique pas, ce n'est pas mon ADN, vous ne m'aurez jamais entendue vilipender ou critiquer quelqu'un. Jamais.

ORIANE MANCINI
Non, pas quelqu'un, mais son bilan.

SOPHIE CLUZEL
Je ne critique que ce qui est critiquable. Par exemple la commande de Spoutnik, oui je le critique, parce que ce n'est pas la façon de faire, correctement. Mais en revanche, moi ce qui m'intéresse, ce n'est pas de critiquer ou quoi, c'est de proposer, c'est de construire, et ce qui m'intéresse aussi, c'est de me lever haut et fort contre notre ennemi qui est le Front national. Ce parti de la division. Nationale, il faut, et là je fais appel vraiment aux électeurs, il faut venir voter, parce que l'abstention fait le lit aussi du Front National. Donc je propose, je suis avec une équipe, nos partenaires, avec un Christophe CASTANER qui a fait un discours formidable hier, de soutien, Joël GIRAUD, vous avez vu aussi Florence PARLY qui nous a fait une vidéo de soutien, Frédérique VIDAL, qui n'a pas pu être là parce qu'elle était en réunion justement pour préparer la sortie du confinement. Voilà. Donc nous avons une vraie équipe, nous avons des partenaires de la société civile, des chefs d'entreprise, nous avons des élus locaux qui nous soutiennent, une vraie, vraiment une… Et puis surtout la présidente de notre comité de soutien, Sylvie BRUNET, qui portent justement tous ces soutiens.

ORIANE MANCINI
Mais, pour qu'on soit bien clair, parce que vous parlez du Rassemblement national, on va voir ce sondage IFOP dans votre région où effectivement le Rassemblement national est très haut placé, il est même devant au 1er tour. Est-ce que s'il y a une menace de Rassemblement national, vous êtes prête à retirer votre liste justement pour faire barrage au Rassemblement national ?

SOPHIE CLUZEL
Ecoutez, moi je suis là pour porter ce projet…

FABRICE VEYSSEYRE-REDON
C'est-à-dire un Front républicain dès le 1er tour, ça reviendrait à dire ça.

SOPHIE CLUZEL
Ecoutez, on va aller jusqu'au 1er tour, et puis après le second tour on verra, mais déjà on est engagé, on a ouvert notre campagne, on démarre, on a des militants qui sont mobilisés, on va faire une campagne un peu particulière bien sûr, parce que d'abord il nous faut respecter les règles sanitaires, c'est si important avec ce qu'on demande aux Français, donc ça va être beaucoup de virtuel, on a fait une première mondiale hier, en lancement de meeting avec une caméra 360, pour permettre aux gens d'arriver comme ça en virtuel. On essaie d'innover, technologiquement ça a été une grande prouesse, et je tiens vraiment…

ORIANE MANCINI
On voit les images.

SOPHIE CLUZEL
Voilà. Avec bien sûr la langue des signes, parce que pour moi il est important d'avoir une campagne qui soit en accessibilité universelle. Je veux m'adresser à tout le monde, à 360, dans cette capacité d'accessibilité universelle.

ORIANE MANCINI
Donc, qu'on soit clair, au 1er tour chacun sa liste, mais puisque vous parliez de Christophe CASTANER, lui en 2015 il s'était retiré au second tour pour permettre l'élection de Christian ESTROSI qui a été élu. Est-ce que vous aussi, si le Rassemblement national est haut, vous serez prête à faire un barrage républicain ?

SOPHIE CLUZEL
Mais le barrage républicain a toujours été notre mot d'ordre, c'est-à-dire un barrage au Front national, et nous j'ouvrirai largement ma liste, pour justement faire barrage à ce Front national. Il n'y a aucune, aucune ambiguïté.

ORIANE MANCINI
Est-ce que vous êtes prête à la retirer au second tour ?

SOPHIE CLUZEL
Ecoutez, je pense que là je suis concentrée sur le 1er tour, moi je suis là pour avancer, c'est bien ce qui a été lancé hier, avec vraiment une campagne qui est collective, ça je tiens à le dire, et avec une façon de faire de la politique autrement. Quand je dis faire de la politique autrement, c'est justement accueillir, accueillir dans notre campagne, accueillir dans notre liste, accueillir dans notre projet, toute personne qui a envie de travailler avec nous, et surtout la société civile. N'oublions pas la société civile qui a envie de s'engager. On a des chefs d'entreprise, on a des acteurs socio-économiques, on les acteurs du sport qui sont près de nous soutenir. Voilà, c'est mon ADN.

ORIANE MANCINI
Un mot, juste pour que ça soit bien clair, si vous êtes élue présidente de région le 27 juin prochain, vous quittez immédiatement le gouvernement ?

SOPHIE CLUZEL
Alors, aujourd'hui je suis engagée en même temps en tant que ministre, vous l'avez dit en même temps, en tant que présidente, enfin, en tant que candidate. Ça fait 4 ans que je suis au gouvernement, j'ai toujours été renommée à chaque remaniement. Donc pour moi il est important de pouvoir continuer en effet ces réformes que j'ai engagées, qui sont très bien engagées. J'ai l'envie, j'ai la conviction que je peux faire les deux, maintenant ce sera le président qui décidera.

ORIANE MANCINI
C'est-à-dire que vous, si le président le décide, évidemment, vous souhaitez rester au gouvernement jusqu'à la fin du quinquennat, et après prendre la présidence de la région.

SOPHIE CLUZEL
Non, je serai élue présidente de la région, c'est la question que vous me posez. J'ai la conviction que je peux faire les deux en même temps, c'est mon souhait, maintenant c'est le président qui décidera.

ORIANE MANCINI
Un dernier mot sur votre programme, puisque ce matin vous dites dans Le Figaro qu'il faut recoudre la région et vous dites également vouloir une région conclusive. Expliquez-nous.

SOPHIE CLUZEL
Ecoutez, je me suis beaucoup, j'ai sillonné la France depuis 4 ans, j'ai sillonné aussi la région, quand je vois, je suis allée aux côtés des sinistrés de la vallée de la Roya, mais je suis allée partout, dans la vallée du Champsaur, je suis allée dans ces territoires qui sont extrêmement parfois éloignés des infrastructures, des transports, de la mobilité, on sait que c'est à un territoire géographiquement qui est compliqué, 80% sont un peu alpins, montagnards, 20% sont urbains, et pour autant, c'est l'inverse, en termes de population. Ce que j'ai vu surtout, c'est que nous avons un problème majeur pour les jeunes, pour les jeunes d'être accompagnés dans leurs projets, et ça je veux en faire une vraie cause nationale et une vraie cause régionale. Nous avons un plan gouvernemental, un jeune, une solution. Je veux que la région Provence-Alpes-Côte-d'Azur puisse en profiter massivement pour les jeunes, dans tous les domaines, dans l'apprentissage, dans la formation, dans la mobilité. Pour moi, ça sera une de mes causes vraiment très importantes sur mon projet régional. Et quand je dis recoudre ces territoires, c'est qu'aujourd'hui, quand vous êtes apprentis, quand vous voulez être en apprentissage, par exemple, au fin fond du Briançonnais, eh bien vous avez par exemple sur la région Rhône-Alpes, vous n'avez pas du tout l'accompagnement financier nécessaire comme peut bénéficier un apprenti qui est à Marseille, Nice ou Toulon. C'est ça sur lesquels il nous faut travailler, recoudre, donner l'égalité des chances, avoir la capacité de cette équité territoriale sur cette région Provence-Alpes-Côte-d'Azur, qui a un peu perdu son identité.

FABRICE VEYSSEYRE-REDON
Le calendrier électoral va être peu ou prou maintenu…

ORIANE MANCINI
Très court.

FABRICE VEYSSEYRE-REDON
On est sûr fin juin, les deux derniers week-ends de juin, vous disiez tout à l'heure, finalement votre principal adversaire c'est quand même l'abstention. Il y a quand même un grand risque d'abstention dans ce contexte sanitaire.

SOPHIE CLUZEL
Oui.

FABRICE VEYSSEYRE-REDON
L'innovation c'est une chose mais est-ce que pour vous, il y a des angles d'attaque, est-ce qu'il y a des possibilités aujourd'hui au-delà du programme national pour aller chercher ces électeurs et les amener à voter ?

SOPHIE CLUZEL
Il faut leur parler directement, en tout cas c'est ce que je sais faire. Moi j'ai envie de changer le quotidien des gens, c'est ce que j'ai fait depuis 4 ans, en m'adressant directement à eux, en travaillant avec eux, pour construire avec eux. C'est ma méthode, donc il faut qu'on trouve le moyen, en respectant les règles sanitaires, de quand même pouvoir aller faire du boitage, du démarchage, aller faire quelques marchés, aller parler avec les gens, les convaincre, être dans l'empathie et ça c'est je sais ce que c'est, écouter leurs problèmes quotidiens, on ne les a pas écoutés, ils ont été extrêmement isolés pour un an, on a l'occasion de renouer ce dialogue, et donc de pouvoir après les embarquer pour aller voter. En tout cas c'est ce que je ferai, c'est ce que mes équipes feront, parce que je ne suis pas toute seule bien sûr, dans tous les départements, il nous faut nous adresser directement aux Français, c'est ça qu'ils attendent, de façon sereine, en grande proximité.

ORIANE MANCINI
Et deux questions sur vos dossiers de secrétaire d'Etat aux Personnes handicapées pour terminer. D'abord l'emploi. Il y a un manifeste pour l'inclusion des personnes handicapées dans la vie économique, qui a été mis en place. Est-ce que vous dites aujourd'hui : c'est toujours dur d'être handicapé dans une entreprise et est-ce qu'il faut des mesures plus coercitives pour favoriser l'emploi des personnes handicapées ?

SOPHIE CLUZEL
Le coercitif on l'a fait depuis 33 ans.

ORIANE MANCINI
Mais est-ce que ça marche ?

SOPHIE CLUZEL
C'est la loi obligation d'emploi qui ne marche pas. En revanche, ce que j'ai mis en place depuis 4 ans, ça commence à marcher, parce qu'on est passé de 3,6 à 3,9% d'emplois dans les entreprises, avec un vrai engagement des entreprises. Ces entreprises qui créent l'emploi, il nous faut les aider, les accompagner, donner de la lisibilité, simplifier, c'est ce que j'ai fait dans la loi liberté de choisir son avenir professionnel, emplois directs, des dispositifs possibles, l'emploi accompagné, un plan de relance massif d'aide à l'emploi, d'aide à l'embauche directe, 4 000 euros, je le redis, prorogée pour toute l'année 2021, ça fonctionne, on a déjà plus de 8 000 contrats, 60% en CDI et c'est comme ça que je travaillerai avec les entreprises, dans la région Provence-Alpes-Côte d'Azur, parce que je ferai une grande mobilisation pour mettre les entreprises en relation avec ces jeunes, et les moins jeunes aussi, puisque c'est sans limite d'âge sur ces aides, de l'apprentissage massif, 8 000 € d'aides à l'apprentissage, ça fonctionne, on a doublé le nombre d'apprentis en situation de handicap, on a préserver l'emploi, on le maintien grâce à tout le job coaching qu'on met en place. Donc oui les entreprises sont impliquées, se manifestent, 140 entreprises, 140 entreprises qui se sont engagées toute l'année pendant le confinement, je les ai mobilisées, ça porte ses fruits et c'est comme ça qu'il faut travailler.

ORIANE MANCINI
Et il nous reste une minute pour un sujet important, c'est celui de l'autisme.

FABRICE VEYSSEYRE-REDON
C'est celui de l'autisme. Vous avez présenté le 4ème plan, vous êtes très investie dans cette question, et malgré tout 4 plans, et malgré tout on a le sentiment que les familles sont toujours en aussi grande difficulté sur cette question de l'autisme. Comment on peut l'expliquer ?

SOPHIE CLUZEL
On part de très très loin en France. On a rattrapé du retard, ça ne va jamais assez vite pour les familles et je sais de quoi je parle. Et je peux vous dire que là on a vraiment la bonne méthode aussi : prévention, intervention précoce, on est passé de plus de 150 enfants à 6 800 enfants qui ont été repérés, parce que le repérage précoce c'est cela. J'étais avec le président de la République la semaine dernière pour justement aller visiter ces plateformes d'intervention précoce, nous avons échangé avec la famille, nous nous sommes engagés sur la prise en charge financière des frais qui n'étaient pas pris en charge avant, il y avait une injustice, une iniquité sur le traitement justement des prises en charge de psychologie, d'ergo, de psychomotricité. Nous avons rattrapé cela, maintenant il nous faut absolument travailler sur les adultes, les adultes qui ont un autisme sévère. Nous créons des petites unités justement pour ce vivre ensemble et pour cet accompagnement massif. Nous rattrapons du retard, nous avons remis de la science, nous sommes enfin en capacité d'avoir les projets européens pour la recherche des causes de l'autisme. Ça sera un sujet majeur justement pendant la présidence française de l'Europe, nous avançons, jamais assez vite pour les familles, c'est certain, mais une très grande progression et aussi, nous n'avons pas parlé de ça, mais dans les crèches, dans la scolarisation, donc le chemin est tracé, nous avançons et toujours il faut avancer plus vite sur cette cause.

ORIANE MANCINI
Et ce sera le mot de la fin. Merci Sophie CLUZEL.

SOPHIE CLUZEL
Merci beaucoup.

ORIANE MANCINI
Merci d'avoir été notre invité ce matin. Merci Fabrice.

FABRICE VEYSSEYRE-REDON
Merci.


Source : Service d'information du Gouvernement, le 19 avril 2021