Interview de Mme Frédérique Vidal, ministre de l'enseignement supérieur, de la recherche et de l'innovation à France Inter le 27 avril 2021, sur le retour des étudiants en présentiel, le protocole sanitaire prévu pour les examens et la préparation d'une rentrée universitaire 100 % en présentiel.

Prononcé le

Intervenant(s) : 
  • Frédérique Vidal - Ministre de l'enseignement supérieur, de la recherche et de l'innovation

Média : France Inter

Texte intégral

NICOLAS DEMORAND
Avec Léa SALAME nous recevons ce matin dans « Le grand entretien », la ministre de l'Enseignement supérieur, de la Recherche et de l'Innovation. Questions et réactions, vous êtes déjà très nombreux au standard et sur l'application d'Inter. Vous pouvez passer également par les réseaux sociaux. Frédérique VIDAL, bonjour.

FREDERIQUE VIDAL
Bonjour.

LEA SALAME
Bonjour.

NICOLAS DEMORAND
Le pays se prépare au déconfinement progressif. Hier le président de la République esquissait est un calendrier pour les restaurants, de début mai à début juin. Hier encore les écoliers du primaire retrouvaient leur classe après des vacances un peu particulières. Pour les collégiens et les lycéens, retour en classe la semaine prochaine, avec des jauges adaptées. Alors, dites-nous, en ce qui concerne l'Enseignement supérieur Frédérique VIDAL, dites-nous à quoi vont ressembler les semaines qui viennent. Est-ce que les protocoles sanitaires vont évoluer, vont être assouplis, les facs même pour peu de temps vont elle rouvrir au même rythme que le pays ?

FREDERIQUE VIDAL
Alors oui, et c'est quelque chose que l'on prépare évidemment depuis plusieurs semaines avec les établissements. D'abord, on est dans une période où les examens vont démarrer, où pour certains ont déjà démarré, donc on n'est pas sur un calendrier homogène pour l'ensemble de l'Enseignement supérieur, donc les examens ont été tenus à distance jusqu'au 3 mai, à partir du 3 mai ils peuvent reprendre en présentiel. Seule exception, les concours et les examens nationaux, qui eux ont été maintenus avec des protocoles qui ont été testés, à la fois l'année dernière à la même époque et puis en décembre et en janvier. Reprise avec une jauge à 50 % dans les établissements, là encore pas forcément pour des enseignements, parce que dans la majorité des cas les étudiants seront en examens, mais par exemple parce que des universités nous ont dit qu'elles prévoyaient de mettre en place des sessions de remise à niveau pour préparer les deuxièmes sessions qui elles auront lieu à la fin du mois de juin.

LEA SALAME
Alors, on va vous poser beaucoup de questions sur les examens, parce qu'il y a beaucoup de questions, et que la situation n'est pas pareille en fonction des universités ou des écoles. Mais aujourd'hui, à l'heure où nous parlons, les étudiants ont le droit de revenir à l'université en présentiel, une fois par semaine, un jour par semaine. Est-ce qu'ils le font, dans quelle proportion, est-ce que vous avez des chiffres à nous communiquer ?

FREDERIQUE VIDAL
Alors, d'abord, c'était vraiment une demande très forte de leur part. Moi, tous les étudiants que j'ai vus au mois de novembre, au mois de décembre, disaient : « nous avons besoin de retrouver nos profs » et d'ailleurs les profs disaient la même chose « nous avons besoin de retrouver nos étudiants ». La situation était contrastée selon les disciplines. Quand il y avait des travaux pratiques, les étudiants pouvaient venir, même en novembre et en décembre en présentiel, ce n'était pas le cas dans les disciplines plus théoriques, où il n'y a pas de travaux pratiques. Ils reviennent majoritairement, ils sont plus de 60 % à revenir physiquement dans les locaux des universités. C'est très variable d'un site à l'autre. Lorsqu'on a des universités, j'allais dire, qui ont un bassin de recrutement de proximité, la majorité des étudiants sont revenus en présentiel. Lorsque le bassin de recrutement est plus large, certains étudiants sont retournés dans leur famille…

LEA SALAME
Chez leurs parents, parce qu'ils ne voulaient pas payer leur logement pour une semaine et un jour d'université.

FREDERIQUE VIDAL
Et donc sont restés à distance. Mais au total, c'est un peu plus de 60 % des étudiants qui sont revenus.

LEA SALAME
A l'heure où nous parlons, qu'en est-il de la rentrée de septembre Frédérique VIDAL ? Est-ce qu'elle se fera en présentiel ou pas ? Est-ce que vous travaillez sur différents scénarios ? Qu'est-ce que vous pouvez nous dire à cette heure ?

FREDERIQUE VIDAL
On prépare une rentrée 100 % en présentiel, c'est vraiment le souhait de tout le monde. Le passage à une jauge à 50 % va nous permettre de tester les protocoles et de regarder notamment comment vont se mettre en place les possibilités d'autres textes pour les étudiants, puisque depuis lundi on a distribué 800 000 autotests dans les établissements, pour les personnels, pour les étudiants, mais on prépare une rentrée 100 % en présentiel, et puis et on fera comme l'an dernier, on aura une solution de repli à demi-jauge.

NICOLAS DEMORAND
Les examens, donc, on y revient, il peut y avoir beaucoup de monde dans une salle d'examen ou de concours, quels sont les protocoles sanitaires prévus, qu'est-ce qu'on, qu'est ce qui est prévu pour éviter les problèmes sanitaires ? Est-ce que les étudiants qui entrent en examen ou en concours peuvent être testés ?

FREDERIQUE VIDAL
Alors, il n'y a pas d'obligation à avoir un test. Ce sont des protocoles qui ont été travaillés, je vous le disais, pour les concours en juin et juillet 2020, avec des convocations j'allais dire très en amont de l'heure de début de l'épreuve, de manière à ce qu'il puisse y avoir une entrée qui soit fluide, un maximum de points d'entrée, évidemment des locaux nettoyés et aérés, des masques, du gel hydro-alcoolique à disposition. On n'enlève pas son masque pendant les examens et on demande aux étudiants lorsqu'ils sortent de ne pas s'attrouper devant les bâtiments, mais là on retourne sur la voie publique, donc c'est plus compliqué.

NICOLAS DEMORAND
On a déjà la question sur l'application : que se passera-t-il pour les étudiants positifs au Covid qui ne peuvent donc passer l'examen ou concourir avec les autres, est-ce qu'ils auront une deuxième chance ?

FREDERIQUE VIDAL
Alors, on est en train d'organiser cela. Ça a été annoncé, avec Jean-Michel BLANQUER nous avons fait le choix de, effectivement, donner la possibilité d'une session de rattrapage pour l'ensemble des étudiants de BTS qui n'auraient pas pu venir composer, ou qui auraient échoué, d'ailleurs on l'a ouvert de manière extrêmement large. Pour les examens classiques, j'allais dire, il y a toujours des deuxièmes sessions, donc évidemment ça va continuer à fonctionner, et pour les concours, la règle c'est que le concours ne compte pas, vous savez que souvent pour les concours on a un nombre d'essais, si je puis dire, et dans ce cas-là l'essai ne comptera pas.

LEA SALAME
Plus de 1 000 étudiants, le collectif des professionnels de santé C19, l'Association Victimes coronavirus France, ont déposé une plainte pour mise en danger de la vie d'autrui auprès de la Cour de justice de la République contre Jean-Michel BLANQUER et contre vous Frédérique VIDAL, ils s'opposent au maintien d'examen en présentiel comme les examens de BTS. Ceux qui ne réussiront pas, bénéficieront pendant 2 mois d'un coaching personnalisé jusqu'à l'épreuve exceptionnelle de rattrapage prévue en juillet, a déclaré Jean-Michel BLANQUER. Vous maintenez donc les épreuves, mais avec un rattrapage possible, c'est ce que vous dites, l'argument de la mise en danger n'est pas recevable selon vous ?

FREDERIQUE VIDAL
En fait, on a déjà l'expérience de concours qui parfois ont rassemblé des centaines d'étudiants venant de toute la France, comme je vous le disais, en juin et en juillet de l'année dernière, en décembre et en janvier cette année aussi, avec aucune constatation de clusters formés lors de ces examens. Ce qui nous paraît important, c'est de prendre en compte le fait que cette année a été particulière et qu'effectivement, alors que d'habitude il n'y a pas de session de rattrapage pour les BTS, c'est important de pouvoir en prévoir une cette année.

LEA SALAME
Mais les sessions sont maintenues.

FREDERIQUE VIDAL
Les sessions sont maintenues.

NICOLAS DEMORAND
En raison de l'épidémie, certaines écoles comme les IREP ont renoncé aux concours, au profit d'un examen sur dossier. N'était-ce pas la voix de la sagesse ou de la simplicité Frédérique VIDAL ?

FREDERIQUE VIDAL
En fait, les IEP ont proposé de remplacer l'ensemble des épreuves par une épreuve à distance, sur des questions contemporaines. C'était important, parce qu'on sait qu'il y a des étudiants qui se préparent pendant des années pour rentrer dans les IEP. Donc voilà, à chaque fois, moi ce que je constate c'est la réactivité des équipes pédagogiques et le fait qu'elles sont capables de proposer effectivement des choses qui se prennent en compte à la fois l'engagement des étudiants qui préparaient ces concours, et qui dans le même temps proposent des mesures de simplification.

NICOLAS DEMORAND
Donc le présentiel c'est un gage de qualité pour le diplôme, c'est ça ce que vous dites.

FREDERIQUE VIDAL
En réalité, l'année dernière la majorité des examens ont eu lieu à distance et on a beaucoup entendu des gens dire : ces examens ne valent rien, ils se font à distance etc.

LEA SALAME
Au rabais.

FREDERIQUE VIDAL
Donc, ce que les équipes pédagogiques ont retenu de cette période, c'est qu'effectivement il y a des épreuves dont elles estiment qu'elles ne peuvent se tenir qu'en présentiel, et pour cela il y a des protocoles, et puis il y a des épreuves qui peuvent être tenues à distance, ou l'évaluation peut se faire par la remise d'un rapport ou d'un projet, et dans ce cas-là évidemment elles font ce choix.


Source : Service d'information du Gouvernement, le 28 avril 2021