Texte intégral
ELIOT DEVAL
Merci à Sarah El HAÏRY, secrétaire d'Etat auprès du ministre de l'Education nationale, de la Jeunesse et des Sports, d'être présente dans la matinale Cnews. Vous m'entendez bien Sarah El HAÏRY ?
SARAH EL HAÏRY
Très très bien. Bonjour à tous.
ELIOT DEVAL
Parfait. Emmanuel MACRON, hier, s'est lancé à un jeu de questions-réponses sur le réseau social TikTok, pour inciter les jeunes à la vaccination, ça a donné ça, on va regarder cette séquence, et je veux votre réaction juste après. Extrait séquence Emmanuel MACRON sur TikTok
ELIOT DEVAL
Alors, cette question, c'était un jeune qui disait : « Mais moi je suis en plein forme, je n'ai pas de comorbidité, pourquoi j'irais me faire vacciner alors qu'il n'y a pas de risque de faire des formes graves ? ». Est-ce que c'est un moyen efficace, le réseau social, Madame la Ministre, pour attirer les jeunes à la vaccination ?
SARAH EL HAÏRY
Vous savez, le président de la République a parlé sur plusieurs canaux depuis le début de cette crise. Et aujourd'hui, être sur Instagram ou sur TikTok, pour parler aux plus jeunes à qui on a ouvert la vaccination des 12 ans, eh bien, c'est absolument essentiel. Au contraire, il est pleinement dans son rôle en fait, quand il fait une allocution présidentielle, solennelle, ça parle à la Nation. Quand il est sur Instagram ou sur TikTok, eh bien, quelques minutes il y a tout de suite des millions de personnes, des millions de jeunes, et on est dans un moment, vous savez, un peu déclic, où il faut casser aussi des fake news qui circulent, et ça touche en particulier les jeunes, vous avez vu dans un certain nombre de questions, la question sur est-ce qu'il y a de la 5G dans le vaccin, est-ce que ça rend stérile ? Enfin, il y a énormément de bêtises qui circulent, les jeunes en sont particulièrement touchés, et donc le président de la République se mobilise sur l'ensemble des lieux, dans l'ensemble des endroits où les jeunes sont, et au contraire moi je trouve que c'est une très très bonne chose.
ELIOT DEVAL
Madame la Ministre, est-ce qu'on peut faire un point sur la couverture vaccinale à ce jour, des 12/17 ans ?
SARAH EL HAÏRY
Aujourd'hui, les 12/17 ans, pour 37 % d'entre eux, c'est-à-dire pour 1 845 000, 1 846 000, ont reçu une première dose. Pour la deuxième dose on est à 15 % à peu près de la couverture vaccinale. Il y a une vraie mobilisation, un vrai engouement chez les 18/24 ans, où on est à plus de 5 millions, ça se mobilise, on est à 65 % de la couverture vaccinale sur la première dose, 45, presque 46 % pour la deuxième dose. Les 18/24 ans se mobilisent, se font vacciner, et c'est plutôt le bon…
ELIOT DEVAL
C'est en train d'avancer. Merci Madame la Ministre, mais moi, ce qui m'intéresse, et c'est pour ça que c'est les 12/17 ans, parce que le protocole sanitaire à la rentrée, vous le savez, est quand même assez strict, et vous l'avez mis en place, il y a déjà des tensions ou en tous les cas des divisions parce que les parents d'élèves crient à l'injustice en considérant qu'il y aura les enfants vaccinés et les enfants non vaccinés. Si je calcule bien, donc 15 % d'enfants pleinement vaccinés, un enfant sur trois qui aujourd'hui entre 12 et 17 ans a reçu une première dose, donc à la rentrée on sera peut-être à un enfant sur deux pleinement vacciné. C'est bien ça les projections j'imagine avant la rentrée.
SARAH EL HAÏRY
Vous savez, la vraie inégalité ce serait de ne pas protéger l'école.
ELIOT DEVAL
Oui.
SARAH EL HAÏRY
Avec Jean-Michel BLANQUER, depuis, il faut le dire, depuis 18 mois, l'objectif, la boussole a toujours été la même : laisser un maximum les écoles ouvertes, protéger les enseignants, protéger les enfants.
ELIOT DEVAL
Bien sûr.
SARAH EL HAÏRY
Et je vais être assez claire sur le sujet : si on se vaccine, alors oui nous avons la possibilité de garantir la présence dans les classes en présentiel. La continuité pédagogique, c'est-à-dire le fait d'avoir un enseignement qui sera garanti pour tous les enfants et à chaque fois, avec par contre du distanciel. Et il faut dire les choses comme elles sont, aujourd'hui cette mesure elle a vocation aussi à inciter à la vaccination des 12/17 ans. Parce que c'est notre plus grande des armes…
ELIOT DEVAL
Bien sûr. Je suis désolé de vous couper Madame la Ministre, mais vous me vous ne répondez pas à ma question. Potentiellement, il y aura un enfant sur deux, entre 12 et 17 ans, qui à la rentrée sera vacciné. Alors, si on regarde, c'est pour ça que je voulais en venir à cette situation et cette couverture vaccinale, si on regarde les projections de l'Institut Pasteur, qui explique qu'à partir du mois de septembre on aura quotidiennement 50 000 enfants, quotidien, cas de contaminés, 50 000 enfants qui seront contaminés tous les jours, ce qui veut dire que la rentrée, les classes seront vides, c'est aussi simple que ça.
SARAH EL HAÏRY
Non, absolument pas. Moi, ce que je vois, et d'ailleurs, ça dépend de chacun d'entre nous. S'il n'y a pas de mouvement de vaccination cet été, si nous n'avions pas prévu 4 niveaux de protocole pour la rentrée, si, et encore avec des scies on coupe des arbres, mais il y a quatre possibilités, quatre situations : on mobilise des centres de vaccination mobile au plus proche des écoles, on a ouvert un certain nombre de créneaux pour permettre de faciliter la vaccination des plus jeunes. Il se trouve qu'hier, juste hier, j'étais à La Roche-sur-Yon en déplacement dans un centre de vaccination qui accueille et qui fait de l'information spécifique aux familles et aux plus jeunes. Il y avait des jeunes de 12, 13, 14 ans, avec leurs parents, qui se faisaient vacciner. Plus cette force, plus cette immunité collective s'installe chez les 12/17 ans, plus on aura d'écoles ouvertes. On avait deux possibilités : ne pas préparer ces protocoles ou au contraire protéger et permettre à chaque enfant dans notre pays, eh bien de continuer à aller à l'école, et le mieux c'est effectivement d'être à l'école en présentiel, c'est ce qui nous a manqué. Et un seul chiffre, moi, celui-là il me choque, et pour moi vous savez, c'est un peu ce symbole de la bagarre qu'est la nôtre et de cette fierté française d'avoir tenu l'école ouverte à l'enseignement en continu. 600 millions de jeunes aujourd'hui dans le monde, d'enfants et d'adolescents, n'ont pas retrouvé le chemin de l'école. Alors, vous savez, monsieur DEVAL, moi je suis assez à l'aise avec le ministre de l'Education nationale, à dire : vaccinez-vous, vaccinez vos enfants, c'est la meilleure manière de protéger l'école et protéger leur scolarité.
ELIOT DEVAL
Oui, mais encore une fois vous ne répondez pas à ma question, les chiffres sont là, vous m'expliquez qu'il faut vacciner et tant mieux, vaccinons les jeunes, sauf qu'on arrive à, le bilan des courses ce serait qu'un enfant sur deux irait à la rentrée, ne serait pas pour l'instant vacciné, et que si l'épidémie elle explose et principalement chez les jeunes générations, on va arriver avec une vague de classes qui seront fermées, de fait, c'est ça l'inquiétude, c'est ça que j'essaie de vous expliquer, Madame la Ministre.
SARAH EL HAÏRY
L'inquiétude, elle est réelle, et pour la combattre, et pour éviter qu'elle ait lieu, parce que votre inquiétude elle est légitime, évidemment, eh bien pour lutter contre, nous, notre job, notre mission, la mission de l'équipe gouvernementale, c'est évidemment de répondre aux inquiétudes et de les lever, et la seule manière de le faire, encore une fois c'est d'anticiper et de prendre de l'avance. Nous avons commencé à le faire également dans des centres aérés, dès cet été, pour accompagner et informer les parents, lever les doutes, c'est ce que fait le président de la République en étant sur les réseaux sociaux, TikTok et Instagram, et c'est ce que nous faisons dès cet été, et encore une fois votre inquiétude elle est légitime, sauf que pour tout faire pour qu'elle ne se passe pas, un seul chemin, le centre de vaccination, qu'il soit « en dur », dans un centre physique, ou en mobile, dans les lieux de villégiatures et de vacances.
ELIOT DEVAL
Une toute dernière question, parce qu'on est déjà en retard, Madame la Ministre : est-ce que vous allez revenir sur cette règle qui vise les élèves non vaccinés, c'est-à-dire un enfant de 12 à 17 ans, qui n'est pas vacciné, interdiction de sortie scolaire ?
SARAH EL HAÏRY
Ecoutez, il n'y a pas de raison de revenir sur cette règle, pour une chose toute simple…
ELIOT DEVAL
Peut-être parce qu'elle est injuste.
SARAH EL HAÏRY
Aujourd'hui, c'est très simple : la protection de la protection, c'est de garantir l'école et de garantir son lien social, c'est-à-dire être en classe. On a les quatre niveaux de protocoles, le plus important c'est de permettre une scolarité la plus normale possible, c'est collectivement qu'on réussira à sortir de cette crise. Vous savez, il y a à peine quelques mois, on était, j'étais sur votre plateau, on imaginait des écoles qui risquaient de se fermer, on avait des… on était en confinement, d'ailleurs la situation est grave dans les Outre-mer. Aujourd'hui, ces protocoles sont faits pour préserver l'essentiel : l'école, la liberté de travailler, la liberté d'avoir un pays qui rentre … les choses à la normale…
ELIOT DEVAL
Mais ça sera une rentrée normale pour un enfant non vacciné ?
SARAH EL HAÏRY
… pour moi c'est…
ELIOT DEVAL
Ça sera une rentrée normale pour un enfant non vacciné ?
SARAH EL HAÏRY
Pardon ?
ELIOT DEVAL
Vous parlez d'éducation, de rentrée normale, ce sera une rentrée normale pour un enfant non vacciné ?
SARAH EL HAÏRY
Ce sera une rentrée quasiment normale…
ELIOT DEVAL
Ah bon ?
SARAH EL HAÏRY
… s'il n'y a pas de cas Covid. Quasiment…
ELIOT DEVAL
Eh bien c'est…
SARAH EL HAÏRY
… s'il n'y a pas de cas Covid dans sa classe. Encore une fois, s'il y a une situation de Covid, alors l'objectif c'est la protection générale…
ELIOT DEVAL
Donc ce n'est pas une rentrée normale.
SARAH EL HAÏRY
… la protection de tous ses camarades, et la protection…
ELIOT DEVAL
Merci beaucoup Sarah El HAÏRY, c'était un plaisir de vous avoir, secrétaire d'État auprès du ministre de l'Education nationale, de la Jeunesse et des Sports. On est un peu en retard, malheureusement on est obligé de vous couper, mais vraiment vous êtes la bienvenue pour rediscuter de tout cela, parce que la rentrée s'annonce
suffisamment compliquée.
Source : Service d'information du Gouvernement, le 4 août 2021