Interview de Mme Sophie Cluzel, secrétaire d'État chargée des personnes handicapées, à France Bleu Breizh le 4 mars 2022, sur un plan d’actions du Finistère pour les personnes handicapées.

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Intervenant(s) : 
  • Sophie Cluzel - Secrétaire d'État chargée des personnes handicapées

Circonstance : Présentation par le Conseil départemental du Finistère de son plan handicap, 4 mars 2022

Média : France Bleu Breizh-Izel

Texte intégral

JOURNALISTE
Le Conseil départemental du Finistère présente aujourd'hui son Plan handicap, Thomas BIET.

THOMAS BIET
12 millions d'euros sur la table chaque année, c'était la priorité affichée du nouveau président du Conseil départemental, Maël de CALAN, élu en juin dernier. Il a même l'ambition de faire du Finistère un modèle en termes d'accompagnement et de prise en charge des personnes handicapées. Bonjour Sophie CLUZEL.

SOPHIE CLUZEL
Bonjour.

THOMAS BIET
Vous êtes la secrétaire d'État chargée des Personnes handicapées, rattachée à Matignon. Alors, avant de parler largement de ce plan, forcément une réaction rapide ce matin à la candidature d'Emmanuel MACRON pour la présidentielle. Est-ce que vous êtes une secrétaire d'État en campagne ce matin ?

SOPHIE CLUZEL
Eh bien écoutez, nous sommes surtout une secrétaire d'État au gouvernement à sa tâche, à l'exécution, mais très heureuse de pouvoir justement dérouler après une campagne qui sera très particulière, un président de la République, et je pense que les Français le reconnaîtront, qui tient bien la barre en ces temps troublés. On a passé quand même trois crises, crise sanitaire, crise économique, maintenant nous avons la guerre aux portes de l'Europe, et il a aussi la présidence française de l'Union européenne, donc une unité de l'Europe que je tiens à saluer. Donc oui, un Président qui va faire une campagne particulière, c'est vrai, parce que nous avons des enjeux très importants, pour les Françaises et les Français. Les Français le comprennent bien.

THOMAS BIET
Et vous aurez passé 5 ans, tout le mandat d'Emmanuel MACRON à ce poste. Alors, venons-en à ce plan du Finistère qui prévoit d'abord de réduire les délais, on sait que c'est très important, à la Maison départementale du handicap. Le Finistère n'était pas un bon élève jusqu'à présent, l'objectif c'est de réduire au maximum. Comment est-ce que l'État peut accompagner les départements dans ce cadre-là ?

SOPHIE CLUZEL
D'abord [on] peut-être dire qu'en juillet, quand je suis venue à Porspoder, j'ai rencontré le président nouvellement élu, Maël de CALAN, et nous avons fait ce constat ensemble, qu'il y avait beaucoup trop de retard dans le Finistère, que ce soit sur l'accès aux droits, que ce soit des ruptures de parcours importants, j'ai rencontré un collectif de mamans de jeunes en situation de handicap, qui étaient très inquiètes parce qu'il n'y avait justement pas de perspectives pour une prise en charge correcte, digne et irrespectueuse de leurs jeunes adultes. Et donc nous avons décidé de travailler ensemble, sous l'égide du préfet, localement, avec les services de l'État, et nous avons bâti une très belle feuille de route, État et département, puisque je partage cette responsabilité avec les départements, qui sont chef de file des politiques de solidarité. Donc là, nous allons travailler sur tous les domaines. En même temps l'accès aux droits, avec l'appui de l'État, puisque la Caisse nationale de solidarité de l'autonomisme, s'est immergée dans la Maison du handicap, voir où étaient justement les leviers d'amélioration. Nous allons rajouter des personnels, nous travaillons l'amélioration de l'informatisation, une plateforme numérique, une réponse aussi téléphonique beaucoup plus appropriée, pour faire diminuer ces délais.

THOMAS BIET
Oui, parce qu'en plus on en parlait ce matin dans les journaux, il y a une myriade de sigles, c'est parfois très compliqué de s'y retrouver.

SOPHIE CLUZEL
C'est compliqué, mais il y a des choses très simples. Depuis 2 ans, nous pouvons octroyer des droits à vie. Ok ? C'est-à-dire que les personnes qui sont en situation de handicap, n'ont plus à prouver en permanence qu'elles sont trisomiques, aveugles, doublement amputées, elles ont des allocations adulte handicapé. Eh bien voilà du gagnant-gagnant. Octroyons rapidement ces droits à vie, pour que les équipes puissent s'occuper justement de trouver des solutions pour les situations un peu plus complexes. Donc ça, aujourd'hui [l'aide de] la MDPH est à 45% de droits à vie, la moyenne nationale c'est près de 70%. Ça c'est un exemple très simple. Et puis avoir une réponse qui diminue tout simplement. 7 mois pour obtenir une réponse sur un dossier, eh bien nous fixons comme objectif, avec le Président, qu'à la fin de 2023, nous serons à 3, 4 mois. Voilà, ça c'est des choses très concrètes pour les personnes handicapées.

THOMAS BIET
Alors, un autre volet de ce plan, c'est ce qu'on appelle le choc d'offres, ça veut dire l'ouverture de places dans ces structures, 650 d'ici 2025. Le Finistère met 12 millions d'euros sur la table, l'État 5 millions. On en parle régulièrement, il y a aujourd'hui une action dans un IME à Plabennec, où les soignants, enfin les personnels du médicosocial vont brûler symboliquement leurs diplômes. Il y a des structures, mais il n'y a pas assez de monde qui travaille, et ça crée des problèmes, parce que notamment dans les IME, les personnes sont obligées de rester après leur majorité, ce qui fait boule de neige, avec parfois des délais d'attente pour les enfants dans d'autres structures, de 6 ans, là il y a une urgence, il faut faire quelque chose.

SOPHIE CLUZEL
Il y a une urgence à travailler sur tous les fronts. Il y a une urgence à travailler d'abord sur l'école inclusive, parce que la place des enfants handicapés c'est avant tout à l'école, à l'école de la République, avec une école différente, que nous travaillons depuis 5 ans avec le ministre de l'Education nationale, avec donc des moyens énormes qui ont été investis dans l'école de la République. Il faut ouvrir massivement les murs de l'école, pour permettre aux professionnels qui accompagnent justement les enfants, de travailler dans l'école, et c'est ce que nous allons faire, puisque dans ce choc de l'offre, nous avons bien sûr le recteur qui signera, nous avons les Agences régionales de santé, pour que cette coopération dans les murs de l'école, devienne une réalité, partout sur le territoire.

THOMAS BIET
Si je résume, ça veut dire que l'État doit alléger le poids qui pèse sur les départements, notamment via les AESH, pour permettre plus d'inclusion à l'école ?

SOPHIE CLUZEL
Ce n'est pas l'un ou l'autre, c'est l'un et l'autre. C'est-à-dire qu'en même temps c'est plus d'AESH, mais en même temps c'est plus de financements des professionnels. Vous parlez de places, moi je parle de structures d'accompagnement, parce qu'il y aura aussi un investissement dans les services d'accompagnement, pour qu'ils puissent se déplacer justement là où est l'enfant, ou là où est l'adulte, c'est-à-dire à l'école de la République, c'est-à-dire dans les entreprises aussi, avec des jobs coachs, et c'est dans l'habitat inclusif aussi, avec des services d'accompagnement pour créer justement des petites unités, des colocations, en cœur de ville. C'est pour ça que j'ai besoin, au-delà du Conseil départemental, des élus locaux, et j'en ai rencontré hier soir qui m'ont dit prêts à justement investir, parce que les personnes handicapées sont avant tout des citoyens de leur commune. Donc c'est en même temps aussi des places pour les handicaps plus complexes, notamment le polyhandicap, puisqu'il y avait un très grand retard, donc il y aura 80 places pour accompagner des enfants… des adultes polyhandicapés, ça c'était une vraie demande que j'ai entendue quand j'ai rencontré les familles. Donc voilà, on fait feu sur tous les fronts : école, parcours, accompagnement, et puis bien sûr aussi certaines places, parce que nous avons besoin pour les personnes polyhandicapées ou les autistes sévères par exemple.

THOMAS BIET
Le dernier volet de ce plan, c'est sur les aidants. On sait que c'est très très compliqué quand on veut suivre justement une personne qui a un handicap. Alors il y a notamment ce "Chèque répit", qui va être mis en place par le département, et qui vient en quelque sorte, on va dire accompagner le congé proche aidant, et de tout ce qui a été mis en place, pour permettre aux gens de souffler tout simplement.

SOPHIE CLUZEL
Alors, il y a deux choses. Le congé proche aidant, c'est pour les aidants qui sont salariés dans une entreprise, et leur permettre justement de s'absenter pour mettre en place le service d'accompagnement, pour leur enfant handicapé si par exemple il est à la maison, ou pour leur aîné [qui] est vraiment une personne âgée, [ou pour une] personne handicapée. Il y a l'offre de répit pour que la personne aidée puisse justement être bien accueillie et que l'aidant souffle. Là, il y a notre boussole, la boussole qui est une application très simple pour connaître les places de répit, et puis il y a aussi ce "Chèque répit", pour permettre justement de pouvoir ouvrir les portes des places de répit et être beaucoup plus, faciliter si vous voulez la vie administrative aussi des aidants. Parce que ça aussi c'est compliqué. Donc on fait vraiment feu de tout front. Donc je voudrais dire que c'est assez unique, ça sera un territoire 100% inclusif, vraiment avec un maillage, État, département, et je n'oublie pas les élus locaux, qui eux aussi, vraiment, gèrent un peu le quotidien des personnes handicapées, et peuvent les accueillir ainsi dans leur commune, au plus près de leurs besoins et de leur territoire.

THOMAS BIET
Merci Sophie CLUZEL, secrétaire d'État chargée des Personnes handicapées.

SOPHIE CLUZEL
Merci.

THOMAS BIET
Vous serez à Pleyben ce matin, pour présenter ce plan avec Richard FERRAND…

SOPHIE CLUZEL
Je serai à Pleyben, avec tous les élus et avec toutes les associations également.

THOMAS BIET
… avec Maël de CALAN. Alors, on en a parlé sur 5 minutes, c'est évidemment trop court, mais sur francebleu.fr Breizh-Izel, vous retrouvez tous les détails de ce plan qui sera présenté donc ce matin par vous et par Maël de CALAN et Richard FERRAND. Bonne journée à vous.

SOPHIE CLUZEL
Merci.

Source : Service d'information du Gouvernement, le 8 mars 2022