Texte intégral
Monsieur l'administrateur général du CNAM, cher Olivier Faron, qui nous accueillez aujourd'hui dans ce lieu magnifique,
Madame la présidente de l'ANCT, chère Caroline
Mesdames et messieurs les parlementaires,
Monsieur le président de l'association des petites villes de France, cher Christophe Bouillon,
Mesdames et Messieurs les maires et les élus,
Mesdames et messieurs les partenaires du programme Petites villes de demain,
Monsieur le directeur général de l'ANCT,
Mesdames et Messieurs les directeurs, chefs de projets et responsables des collectivités et de l'Etat, qui animez le programme sur le terrain,
Mesdames et Messieurs,
Je suis très heureuse d'ouvrir aujourd'hui ces rencontres nationales Petites villes de demain, et je vous remercie à nouveau, Monsieur l'administrateur général, de nous accueillir et de renforcer encore davantage les liens qui nous unissent.
C'est je crois un beau symbole que nous soyons réunis ici, dans ce Musée national des arts et métiers qui retrace les grandes épopées des inventions et des techniques. On l'oublie trop souvent, mais beaucoup de ces avancées ont pris racine dans les petites villes de notre pays, dans vos villes.
C'est à Baccarat, en Meurthe-et-Moselle, ou encore à Bitche et Saint-Louis, en Moselle, que s'est développée l'industrie de la cristallerie, dont les plus belles collections sont conservées ici.
C'est à Rue, dans la Somme, que les frères Caudron inventèrent leur avion militaire qui servira l'armée française pendant la première guerre mondiale.
C'est dans le Chaunois que se développa l'industrie du verre, dont le fleuron Saint-Gobain est aujourd'hui un leader mondial.
C'est à Bohain dans l'Aisne, à Remiremont dans les Vosges et dans les vallées du Rhône et de la Loire que s'installèrent les premières industries de la soie. Et c'est à Carvin, Libercourt ou encore Mazingarbe, qu'est née la grande épopée minière, qui va marquer notre histoire nationale.
Cette identité industrielle, vous êtes nombreux à la valoriser, à la faire vivre mais aussi à la conjuguer au présent et au futur. Loin de l'image parfois véhiculée que seules les grandes villes seraient capables d'innover et de créer, partout en France des petites villes sont pionnières : à Bagnères de Bigorre (6000 habitants) on produit les premiers trains à hydrogène ; à Dieulefit (3 000 habitants), à Tournus (5 000 habitants) on invente l'agriculture de demain ; à Roscoff (3 000 habitants) se développe l'un des plus grand centres mondiaux en biologie marine ; à l'Etang-Salé, sur l'Ile de la Réunion, on imagine les nouvelles formes de ville durable et résiliente…
Je pourrais multiplier les exemples… car à chacun de mes déplacements, je mesure très concrètement l'inventivité et l'esprit d'initiative qui caractérisent vos villes et les territoires qui les entourent.
Oui, les petites villes sont les lieux où s'inventent aujourd'hui les solutions aux grands défis de demain. Il nous faut le réaffirmer ; et aussi accompagner toutes celles qui en ont besoin pour entrer de plain-pied dans les transitions.
C'est tout l'objet de ce programme Petites villes de demain qui nous réunit aujourd'hui, pour la première fois en présentiel.
Que de chemin parcouru depuis le lancement du programme le 1er octobre 2020 à Barentin, cher Christophe !
En moins d'un an, grâce à notre mobilisation collective, avec vous tous, plus de 1600 villes ont rejoint le programme et 90% des conventions d'adhésions ont été signées.
1600 villes, mais chacune est singulière, par son histoire et sa trajectoire. Mais elles ont toutes en commun d'exercer une fonction de centralité essentielle pour les campagnes qui les environnent. Une fonction économique et commerciale bien sûr, mais aussi culturelle, scolaire ou de service public.
De ce point de vue d'ailleurs, je crois que ce n'est pas le nombre d'habitants qui compte. De très petites villes peuvent, dans les territoires les plus ruraux, jouer un rôle vital. C'est pour cela que nous n'avons pas fixé de seuil de population à ce programme. Les plus petites PVD, dans la Haute-Marne par exemple, comptent moins de 1 000 habitants.
Vos communes sont l'héritage d'un modèle bien français d'organisation du territoire, qui a forgé nos paysages, notre patrimoine, notre art de vivre, et qui correspond plus que jamais aujourd'hui, j'en suis sûre, aux aspirations de nos concitoyens (Brice Teinturier directeur de la SOFRES, aura tout à l'heure l'occasion d'y revenir en présentant le résultat du sondage sur le regard que portent les Français sur les petites villes).
Pourtant, force est de constater que bon nombre de vos villes, ces dernières décennies ont vu s'accélérer des dynamiques négatives ; des dynamiques de désaffection, sous la concurrence notamment du développement en périphérie du commerce et de l'habitat. Or, quand des commerces ferment, quand le patrimoine se dégrade, quand des logements se vident, c'est tout un territoire qui est déprécié.
Nous ne pouvions pas nous résoudre à cette situation. C'est pourquoi, à la suite d'Action Coeur de Ville, nous avons décidé de nous mobiliser massivement, à vos côtés, pour miser sur le formidable potentiel de vos villes et inventer avec vous un nouveau modèle d'aménagement.
Ce nouveau modèle d'aménagement du territoire, il a trois facettes :
1. Il s'agit tout d'abord de vous donner davantage de capacité à agir. C'est ce que j'appelle « l'Etat facilitateur ».
Pour mener des grands projets, encore faut-il avoir les ressources humaines pour les développer et les suivre dans la durée.
C'est le sens des 900 chefs de projets qui vont pouvoir être recrutés dans vos territoires, avec l'appui financier de l'Etat, qui les finance à 75% avec la Banque des Territoires et de l'ANAH, que je salue et remercie. Les recrutements avancent, 444 chefs de projets ont déjà été embauchés.
Vous nous avez fait part de vos difficultés parfois à trouver les bons candidats. C'est pourquoi nous avons développé des démarches spécifiques pour vous aider, en partenariat avec le CEREMA.
- En amont, d'abord, pour repérer des talents. L'ANCT a ouvert pour vous une plateforme d'offre d'emploi pour mettre en visibilité ces postes. Nous avons aussi noué un partenariat avec l'APEC pour vous permettre de bénéficier d'un appui gratuit.
- Et en aval, ensuite, pour accompagner la prise de poste et la montée en compétences. Dès à présent, et dans les prochaines années, l'équipe nationale PVD développera des formations spécifiques pour les chefs de projets. Je dis cela devant vous, Monsieur l'administrateur général du CNAM, car je crois que ce serait une belle opportunité de développer encore davantage avec vous ces formations qualifiantes.
2. La seconde facette de ce nouveau modèle d'aménagement, c'est de vous vous apporter un appui " sur mesure ". C'est " l'Etat accompagnateur ".
L'aménagement ne peut plus être pensé depuis Paris. C'est vous, les élus, qui êtes les plus à même de porter une stratégie et des projets pour votre territoire, au plus proche des attentes de nos concitoyens.
Le rôle de l'Etat, désormais, c'est de faciliter, et de vous aider là où vous en avez besoin et de garantir qu'aucun territoire n'est laissé de côté. C'est pour cela que nous avons créé l'ANCT en janvier 2020, présidée par une élue locale, chère Caroline. C'est pour cela aussi que nous avons fait du préfet de département le délégué territorial de l'agence, pour qu'il puisse, à vos côtés, comprendre vos besoins et mobiliser l'ingénierie nécessaire, qu'elle soit locale ou nationale, interne ou externe.
C'est dans cet esprit que nous avons construit, pour vous, une palette de solutions avec l'ensemble de nos partenaires, que je veux saluer et remercier.
- Je peux citer les mesures de soutien au commerce de proximité proposées avec la Banque des Territoires : la création d'une foncière commerciale, le recrutement d'un manager de centre-ville, le lancement d'une plateforme de e-commerce...
- Mais pour revitaliser une centralité commerciale encore faut-il qu'il y ait du flux, du passage. C'est pour cela que nous vous proposons aussi de vous aider à développer des tiers-lieux de toute nature (Campus connectés, Microfolies, Fabriques de territoires), qui sont de formidables catalyseurs de dynamisme. A la Souterraine, par exemple une micro-folie a été installée dans une ancienne église de la principale rue commerçante, avec des effets déjà perceptibles. Vous aurez d'ailleurs l'occasion de découvrir une micro-folie temporaire cet après-midi dans le Forum des partenaires !
- Il y a bien sûr les enjeux en matière l'habitat sur lequel nous nous mobilisons fortement avec l'ANAH, avec les outils de l'OPAH RU et des ORT qui permettent une intervention ciblée et d'encourager les initiatives privées.
- C'est également la possibilité de mobiliser le fonds friches pour débloquer des projets complexes. J'ai souhaité que ce fonds puisse être ciblé sur les PVD et en particulier sur la requalification d'îlots dégradés dans les centres-ville. 300M€ avaient été prévus dans le cadre de France Relance, l'enveloppe a été doublée puis pérennisée face à l'ampleur du succès. Je vous invite à vous en saisir.
- Je pourrais aussi vous parler des France services, ces nouveaux lieux du service au public, qui seront déployés dans tous les cantons de notre pays d'ici la fin de l'année prochaine.
- Dans cette palette de solutions, nous avons aussi ciblé l'enjeu du patrimoine, qui est si riche dans vos territoires. On parle parfois de " petit patrimoine " mais je crois que c'est méconnaitre l'importance de ces églises, ces belles maisons, ces anciennes usines, dans l'identité de vos villes. A ce titre, je suis très heureuse que soient présentés aujourd'hui les 10 lauréats du prix " Engagés pour le patrimoine ", que nous avons porté avec la ministre de la Culture et la Fondation du Patrimoine.
- Enfin, je laisserai tout à l'heure ma collègue Brigitte Bourguignon vous présenter la démarche " Bien vieillir dans les PVD ", qui vise à vous permettre de développer de nouvelles formes d'habitat pour les personnes âgées qui souhaitent rester dans la commune mais qui ne veulent plus - ou ne peuvent plus - vivre seules à leur domicile.
Cette offre de service et ces partenariats ont vocation à s'enrichir au fil des mois. PVD est un programme vivant, agile, et je souhaite qu'il reste à l'écoute de vos besoins opérationnels. C'est aussi pour vous entendre et pour en parler ensemble que nous avons organisé ces premières rencontres aujourd'hui, 1 an après le démarrage du programme.
3. C'est là la troisième facette du nouveau modèle d'aménagement que nous portons : la mise en réseau. C'est ce j'appelle " l'Etat animateur ".
Je sais en effet que le partage d'expérience est un déclencheur d'innovation et de projets. Le rôle de l'Etat c'est de multiplier les occasions de rencontres et d'échanges, à l'image de ce forum aujourd'hui. C'est pourquoi nous avons lancé un " Club PVD " à destination des élus et des chefs de projets, qui organise des semaines thématiques sur des sujets importants : le vieillissement, le patrimoine, le commerce, ou encore –bientôt, la sécurité. Ce Club est votre Club, et il continuera d'évoluer en fonction de vos attentes.
Mesdames, Messieurs,
40 ans après les grandes lois de décentralisation, nous entrons je crois dans une nouvelle ère des relations entre l'Etat et les collectivités - une nouvelle ère de l'aménagement, où l'Etat et les collectivités conçoivent ensemble les réponses aux enjeux considérables de notre temps. Le programme Petites villes de demain incarne parfaitement cette nouvelle approche résolument partenariale de l'action publique, à laquelle nous croyons.
Cette approche rejoint celle des autres programmes de mon ministère (Territoires d'industrie, Action coeur de ville, France services, Très haut débit…). Et nous sommes en train de la consolider et de la généraliser avec le CRTE. Un contrat dans lequel nous nous accordons avec vous sur une stratégie et sur des projets, que nous nous engageons à concrétiser ensemble dans les 6 prochaines années.
Enfin, cette nouvelle approche a aussi un volet législatif. Je porte comme vous le savez le projet de loi 4D, qui sera débattu à l'Assemblée nationale en décembre. Il s'agit là, aussi, de faciliter dans la loi le cadre d'exercice de votre mandat, de vous permettre de différencier vos politiques en fonction de vos enjeux et de renforcer l'efficacité de votre action au quotidien. Et cela dans de nombreux champs concrets : le logement, l'urbanisme, la santé…
Je ne serai pas plus longue. Je voudrais toutes et tous vous remercier pour votre mobilisation exceptionnelle, et adresser mes remerciements appuyés à la Directrice nationale, chère Juliette AURICOSTE, ainsi qu'à l'ensemble de ses équipes et des partenaires qui ont organisé cette journée et qui font vivre ce beau programme, au quotidien, avec une détermination et une énergie impressionnantes.
Je vous souhaite à toutes et tous une très bonne journée d'échanges, et je vous remercie de votre attention.
Source : Ministère de la cohésion des territoires et des relations avec les collectivités territoriales, le 10 mai 2022