Interview de Mme Sarah El Haïry, secrétaire d'État chargée de la jeunesse et de l'engagement, à France Info le 4 octobre 2022, sur les procédures judiciaires en cours notamment celle de Alexis Kohler et le service national universel.

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Intervenant(s) : 

Média : France Info

Texte intégral

ALIX BOUILHAGUET
Sarah El HAÏRY, bonjour.

SARAH EL HAÏRY
Bonjour.

ALIX BOUILHAGUET
Merci d'être avec nous ce matin. J'en parlais à l'instant, un mot d'abord sur Alexis KOHLER, le secrétaire général de l'Élysée mis en examen pour prise illégale d'intérêts dans le dossier de l'armateur italo-suisse MSC, certains dans l'opposition réclament aujourd'hui sa démission.

SARAH EL HAÏRY
Vous connaissez ma position, moi j'ai confiance dans la justice dans notre pays, on ne commente jamais une affaire judiciaire en cours et il se trouve que l'avocat d'Alexis KOHLER s'est exprimé hier pour rappeler à quel point, eh bien Alexis KOHLER dément cette situation. Maintenant la justice fera son travail et je suis pleinement confiante.

ALIX BOUILHAGUET
Juste pour expliquer à nos téléspectateurs il est soupçonné de conflit d'intérêts, il n'a pas déclaré à la Haute Autorité de transparence de la vie publique ses liens avec la société fondée et dirigée par ses cousins, or il a approuvé en 2010 et 2011 des contrats avec sa société. Est-ce que ça ne justifie pas quand même pour lui de se mettre en retrait ?

SARAH EL HAÏRY
Vous savez, c'est ce que je disais dans mes propos du début, je ne commente jamais, nous ne commentons jamais une procédure judiciaire en cours. Il se trouve que j'appartiens au pouvoir exécutif et que la stricte séparation nous oblige et nous impose une certaine manière de laisser la justice faire son travail. Moi ce que je peux rappeler, c'est qu'hier l'avocat d'Alexis KOHLER a apporté un certain nombre de propos et de clarté sur les propos que souhaitait Alexis KOHLER, rendre publics, maintenant je ne commenterai pas et c'est normal puisque j'ai confiance dans la justice.

ALIX BOUILHAGUET
Alexis KOHLER, il reste en poste, Éric DUPOND-MORETTI qui est lui aussi renvoyé devant la Cour de justice de la République, il reste aussi ministre, François de RUGY qui a mangé un homard à l'Assemblée nationale, il a démissionné, est-ce qu'il n'y a pas deux poids deux mesures ?

SARAH EL HAÏRY
Sincèrement c'est, le cas d'Eric DUPOND-MORETTI aujourd'hui nous rappelle aussi qu'une procédure de justice est en cours, que la présomption d'innocence court pour tout le monde autant pour Alexis KOHLER que pour Éric DUPOND-MORETTI et qu'il n'est pas malin, il n'est pas saint d'apporter des commentaires sur des procédures qui sont en cours. Moi ce que je peux vous dire c'est qu'Eric DUPOND-MORETTI a la confiance de la Première ministre, qu'il y a un certain nombre de procédures qui ont été mises en place pour qu'il puisse prendre ce qu'on appelle, il prend de la distance par rapport à un certain nombre de dossiers. Et encore une fois nous ne commentons pas le fond des procédures judiciaires et c'est normal, c'est même très sain pour notre pays, pour notre démocratie, pour la séparation des pouvoirs.

ALIX BOUILHAGUET
On a connu la doctrine qui était appliquée par Édouard PHILIPPE, qui était un ministre mis en examen démissionne, c'était la doctrine de BÉRÉGOVOY, de BALLADUR donc qui était un petit peu installée dans nos dans nos institutions. Quelle est la doctrine aujourd'hui d'Emmanuel MACRON en matière d'exemplarité ?

SARAH EL HAÏRY
Il n'y a encore une fois aucun commentaire à faire sur les procédures judiciaires en cours, il n'y a aucune, aucun qualificatif a porté sur doctrine ou pas doctrine, la réalité c'est quoi ?

ALIX BOUILHAGUET
Donc il n'y a pas de règle ?

SARAH EL HAÏRY
C'est qu'il y a des procédures qui sont en cours et que ces procédures nous amèneront à des réponses de la justice. Nous nous sommes confiants et nous avons confiance dans la justesse, donc il n'a aucun commentaire à apporter quand nous appartenons au pouvoir exécutif.

ALIX BOUILHAGUET
Alain GRISET, le ministre des PME, il est parti du gouvernement après sa condamnation.

SARAH EL HAÏRY
Vous savez encore une fois moi je…

ALIX BOUILHAGUET
Pour dissimulation d'argent.

SARAH EL HAÏRY
Je suis ministre de la Jeunesse, je porte des projets des sujets de jeunesse et je ne commenterai pas les procédures de justice et encore moins quand elles sont en cours et c'est normal. Et encore une fois j'ai envie de dire aux gens, il n'y a aucune raison de commenter ce que la justice fait puisque notre pays protège la stricte séparation et c'est bien et c'est important et c'est important pour tous les citoyens.

ALIX BOUILHAGUET
La NUPES, elle est secouée par des affaires de violences faites aux femmes, il y a des cellules d'écoutes de certains partis qui sont pointées du doigt, comment ça se passe dans votre secteur, celui de la jeunesse, est-ce que par exemple il y a une cellule d'écoute au sein du service national universel ?

SARAH EL HAÏRY
Alors il y a surtout beaucoup d'accompagnement et de formation pour les encadrant. Vous savez quand on a entre 15 à 17 ans et qu'on s'engage dans le service national universel, eh bien c'est la confiance que nous avons et c'est la capacité d'accueillir la parole. Alors les animateurs, les formateurs mais aussi les chefs de centre sont formés pour accueillir la parole, lancer les procédures judiciaires nécessaires quand il y en a et surtout libérer cette parole en faisant aussi des formations pour les jeunes eux-mêmes et donc rappeler qu'est-ce que le consentement. Et on a saisi dans les différents séjours un certain nombre de fois, eh bien parfois la justice parce que nous avons pu accueillir cette parole et c'est très bien, c'est la libération de la parole et la prise aussi de conscience de à quel moment on est victime ou pas. Et je crois que c'est absolument nécessaire.

ALIX BOUILHAGUET
Donc tous les jeunes de 15 à 17 ans font leur CNU en ce moment, vous vous en êtes où ?

SARAH EL HAÏRY
Alors le Service National Universel, c'est plusieurs séjours par an, c'est plus de 40 000 jeunes qui l'ont fait, maintenant c'est partout sur le territoire français, métropolitain et ultramarins. Ça a un objectif, augmenter la force morale de nos jeunes. Ça veut dire quoi ? ça veut dire leur donner les moyens d'être des citoyens pleins, de découvrir nos institutions mais aussi d'apprendre les gestes qui sauvent, de réagir s'il y a une catastrophe naturelle, d'apprendre à réagir s'il y a un accident sur l'autoroute, mais aussi à un incendie ou en réalité une inondation. Ça c'est les fruits de l'été que nous avons vécu. Et donc pour que chaque jeune puisse avoir en lui toutes les capacités à réagir face aux défis climatiques, aux défis géopolitiques aussi de notre pays, eh bien nous lui faisons découvrir tout le panel, toutes les chances que notre pays lui offre en termes d'engagement, c'est la promesse du président de la République et c'est ce que je porte avec Sébastien LECORNU, ministre des Armées et Pap NDIAYE, le ministre de l'Education nationale.

ALIX BOUILHAGUET
Et cette promesse, elle fera que SNU sera obligatoire avant la fin du quinquennat ?

SARAH EL HAÏRY
Vous savez notre objectif…

ALIX BOUILHAGUET
C'est réalisable ?

SARAH EL HAÏRY
Notre objectif évidemment est de rendre le Service National Universel absolument universel, ça veut dire qu'il touche le maximum de jeunes. L'hypothèse de l'obligation, c'est une des hypothèses qui avait été posée un certain nombre de fois qui est évidemment…

ALIX BOUILHAGUET
Il le souhaite Emmanuel MACRON.

SARAH EL HAÏRY
Il souhaite qu'on le généralise, ça c'est certain, mais parce que c'est une chance, pour aller chercher cette mixité, à quel moment jeunes de Trappes rencontre un jeune en réalité de Nantes, de Guéret ou même de Kherson chez moi ?

ALIX BOUILHAGUET
Donc qu'est ce qui fait que ce ne sera pas forcément réalisable d'ici la fin du quinquennat ?

SARAH EL HAÏRY
Vous savez si c'est une hypothèse qui, si c'est une hypothèse qui est étudiée, alors il faudra saisir évidemment à la représentation nationale et ce sera une décision évidemment de l'Assemblée nationale et du Sénat.

ALIX BOUILHAGUET
Un mot sur les jeunes et leur moral, d'après une étude du Crédoc, il semblerait que 2 ans après la pandémie eh bien ils soient à nouveau optimistes, comment on explique ça ?

SARAH EL HAÏRY
Oui et ça fait du bien. Et je pense que ça fait du bien de le dire, aujourd'hui les jeunes sont plus optimistes qu'avant la crise Covid. Ça veut dire fondamentalement que les fruits de la politique éducative, sociale et économique de notre pays, que ce soit, je pense aux "un jeune, une solution", que ce soit le retour de l'apprentissage, que ce soit le service civique, que ce soit l'accompagnement des étudiants dans le cadre universitaire par le restaurant à un euro ou encore l'accompagnement social des CROUS…

ALIX BOUILHAGUET
C'est optimiste, ce n'est pas juste le fait tout d'un coup eh bien que la pandémie est partie et qu'on peut à nouveau circuler, aller en cours, voir ses amis ?

SARAH EL HAÏRY
Ça en fait partie bien sûr mais pas que, parce que l'optimisme des jeunes est au-dessus même de ce qu'il y avait comme optimisme avant la crise sanitaire. Ça veut aussi qu'ils ont plus confiance en eux, plus confiance dans notre pays et je pense que c'est absolument essentiel de le rappeler. C'est ce qui permet aussi de voir un marché du travail qui offre plus d'opportunité, on a le taux d'emploi le plus haut des 40 dernières années, donc le taux de chômage le plus bas pour les jeunes qu'on n'ait jamais connu. C'est le fruit en réalité, les conséquences, eh bien de politiques proposées et portées par le gouvernement mais aussi par le monde associatif et éducatif et je souhaitais le rappeler et le saluer aujourd'hui.

ALIX BOUILHAGUET
Un dernier mot très rapide malheureusement sur les signaux religieux à l'école. Il y aurait une hausse des tenues vestimentaire à caractère religieux dans les écoles, comment on l'explique, comment on lutte contre ça ?

SARAH EL HAÏRY
Il faut lutter avec fermeté contre absolument tous les coups de canif à la laïcité. La laïcité c'est un trésor et Pap NDIAYE, le ministre de l'Éducation nationale l'a rappelé, la fermeté, ça veut dire quoi, c'est toute la loi de 2004, quand on porte un qamis ou on porte… un Kamis, c'est une robe longue pour les hommes, un Abaya, c'est une robe longue pour les femmes.

ALIX BOUILHAGUET
Donc de plus en plus d'enfants de 6, 7, 8, 9 ans.

SARAH EL HAÏRY
Alors il y en a beaucoup au collège et au lycée, les chiffres seront publiés dès la semaine prochaine par le ministre de l'Éducation nationale. La fermeté, ça veut dire quoi ? Ça veut dire zéro signe religieux dans le collège.

ALIX BOUILHAGUET
Donc on renvoie l'enfant chez lui.

SARAH EL HAÏRY
Ça veut dire qu'on demande à l'enfant de l'enlever, de le retirer ou sinon évidement on ne l'accepte pas au sein de l'enceinte. Pourquoi ? Parce qu'une tenue vestimentaire, si elle est portée de manière régulière, eh bien ça peut marquer un signe religieux, ça s'appelle un signe religieux par destination et d'ailleurs j'appelle et j'invite l'ensemble des parents qui le souhaitent de télécharger le vademecum de la laïcité, qui est aujourd'hui téléchargeable, il a été porté par le Conseil des Sages de la laïcité et qui explique bien en page 25 et 26, c'est la fiche numéro 3, que non, on ne porte pas une tenue comme une abaya ou un qamis de manière régulière parce que oui c'est un signe religieux par destination et ça vient troubler, ça ne respecte pas la loi de 2004.

ALIX BOUILHAGUET
Merci beaucoup Sarah El HAÏRY, bonne journée à vous.


Source : Service d'information du Gouvernement, le 5 octobre 2022