Interview de Mme Carole Grandjean, ministre déléguée chargée de l'enseignement et de la formation professionnels, à France Bleu Gironde le 20 avril 2023, sur l'augmentation du nombre d’apprentis en Gironde et les nouvelles aides à l'embauche pour les entreprises pour un contrat d'apprentissage.

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Intervenant(s) : 
  • Carole Grandjean - Ministre déléguée chargée de l'enseignement et de la formation professionnelle

Média : France Bleu Gironde

Texte intégral

JEANELLE BERNART
La Gironde a triplé son nombre d’apprentis en l’espace de 5 ans, notre invitée ce matin, Thomas COIGNAC, est la ministre déléguée à l’Enseignement à la Formation professionnelle, qui était hier en déplacement chez nous.

THOMAS COIGNAC
Bonjour Carole GRANDJEAN.

CAROLE GRANDJEAN
Bonjour.

THOMAS COIGNAC
Vous êtes donc venue en Gironde hier, est-ce que ça veut dire que nous sommes une terre d’apprentissage ?

CAROLE GRANDJEAN
Absolument, vous êtes déjà traditionnellement une terre d’apprentissage, mais en 3 ans, vous avez multiplié par 3 le nombre d’apprentis, et juste l’an passé, la Nouvelle-Aquitaine avait 65.700 apprentis, c’est-à-dire quasiment l’équivalent de la ville de Pessac. Donc on voit à quel point votre région est très engagée sur cette modalité pédagogique, et c’est un vrai levier d’insertion pour les jeunes.

THOMAS COIGNAC
Et la trajectoire est ascendante partout en France, 837.000 contrats signés en 2022, ça augmente toujours. Mais un petit peu moins vite que les années précédentes. Est-ce que l’objectif du million de contrats annuels est toujours atteignable ?

CAROLE GRANDJEAN
Ecoutez, bien sûr qu’il est atteignable, un million d’apprentis, c’est évidemment d’ici la fin du quinquennat, par an, c’est un objectif que nous poursuivons pour tous les niveaux de diplôme, partout en France, et certains territoires en France doivent encore progresser en apprentissage, et puis, c’est un levier qui maintenant concerne tous les secteurs d‘activité, ce qui n’était pas le cas il y a quelques années. Vous avez maintenant l’apprentissage aussi bien dans les services, dans l’industrie, dans les transports, que dans la culture par exemple. Et ça, c’est un vrai bénéfice, c’est-à-dire que les jeunes qui souhaitent passer par la voie de l’apprentissage trouvent ces opportunités partout et partout en France.

THOMAS COIGNAC
Objectif élevé, Carole GRANDJEAN donc, et pourtant, vous avez baissé les aides, depuis le 1er janvier, pour les entreprises qui veulent recruter, est-ce que ce n’est pas un peu contradictoire ?

CAROLE GRANDJEAN
Ecoutez, les aides avant Covid étaient bien en-deçà, pendant le Covid, nous avons cherché à soutenir les entrepreneurs, dans la mesure où ils rencontraient, voilà, certains obstacles à l’activité ; donc nous avions mis une aide exceptionnelle en place, et depuis cette année, nous avons une aide de 6.000 euros pour toutes les entreprises, toutes tailles d’entreprises, tous niveaux de diplômes, tous âges, c’est une aide simple et lisible, et sur laquelle le président de la République s’est engagé à la maintenir jusqu’à 2027, ce qui est une première, c’est la première fois qu’on s’engage sur plusieurs années à un niveau d’aide qui permet très clairement aux entreprises de s’engager, et cela, en toute visibilité.

THOMAS COIGNAC
Aide de 6.000 euros pour la première année de contrat d’apprentissage pour les entreprises…

CAROLE GRANDJEAN
Absolument…

THOMAS COIGNAC
Et pourtant, les entreprises, vous dites qu’elles ont du mal à en trouver parfois des apprentis, quels sont encore les leviers sur lesquels vous pouvez jouer ?

CAROLE GRANDJEAN
Alors, c’est certain que certaines filières d'activité ont plus de mal que d'autres à recruter des apprentis, il s'agit aussi de travailler justement sur la découverte des métiers, ce que nous ferons dès cette rentrée prochaine dans tous les collèges de France, 5ème, 4ème, 3ème, tous les jeunes de France auront de la découverte des métiers. Ce qui permettra de travailler sur les représentations aussi de certaines filières d'activité, ce qui permettra aussi de travailler ensuite sur l'orientation…

THOMAS COIGNAC
Dont certaines ont une mauvaise image…

CAROLE GRANDJEAN
Absolument. Absolument. Et certaines ont beaucoup travaillé pourtant ces dernières années pour renforcer les conditions de travail, les conditions de rémunération, et donc, au fond, leur attractivité. Et puis, au fond, les jeunes, ils s'orientent souvent sur la dizaine de métiers qui est dans leur entourage familial, et il s'agit vraiment pour nous de faire découvrir de nouvelles filières, et des filières de demain, de la transition écologique, des enjeux du numérique, ou encore, des métiers liés à la démographie, du grand âge, de la petite enfance. Tous ces sujets-là, il faut pouvoir effectivement approcher les jeunes, et leur faire découvrir et déconstruire certains de ces stéréotypes, que ce soit des stéréotypes de conditions de travail, ou des stéréotypes aussi de genre, qui, pour moi, est très important, on a certaines filières absolument genrées, féminines ou masculines, et nous devons combattre ces stéréotypes de genre.

JEANELLE BERNART
Il est 7h49 sur France Bleu Gironde. L'apprentissage, on en parle ce matin avec notre invitée, la ministre déléguée à l'Enseignement et à la Formation professionnelle, Carole GRANDJEAN.

THOMAS COIGNAC
Vous portez en ce moment une réforme de la filière professionnelle qui consiste, dans les grandes lignes, à mettre plus de stages, et moins d’heures de cours, un retour en arrière, vous dit le principal syndicat du secteur, à l'époque, on commençait largement à travailler quand on était très jeune, qu'est-ce que vous répondez ?

CAROLE GRANDJEAN
Alors, nous n’avons pas encore fait les annonces liées à cette réforme du lycée professionnel, j'ai pourtant réaffirmé à plusieurs reprises aux organisations syndicales, comme aux personnes qui m'interrogeaient, que nous ne ferons pas moins de savoirs fondamentaux, au contraire, nous en ferons mieux…

THOMAS COIGNAC
Mais plus de stages quand même…

CAROLE GRANDJEAN
Il s’agit, à la fois, effectivement, de renforcer les savoirs fondamentaux, parce que nous avons beaucoup de jeunes avec des fragilités notamment scolaires, et besoin de renforcer l'apprentissage de la lecture, de l'écriture, du calcul, de la culture générale, je dirais même, mais où nous saurons aussi rapprocher l'école de l'entreprise, parce qu'ils sont en lycée professionnel, parce qu'ils sont là pour apprendre un métier, il est important que le monde économique soit rapproché du lycée professionnel, pour qu'il y ait plus de sens aussi à leurs études, et qu'il y ait plus d'insertion professionnelle à l'issue, aujourd'hui, seul un élève sur deux, alors qu'il obtient son diplôme, réussit à s'insérer dans l'emploi à l'issue, hors poursuite d’études…

THOMAS COIGNAC
C’est-à-dire qu’on ira en entreprise en stage à quel âge, à partir de quel âge ?

CAROLE GRANDJEAN
Comme aujourd'hui, aujourd'hui, ils commencent par exemple en seconde ou 1ère année de CAP à faire des stages, et comme aujourd'hui, ils continueront à faire des stages en entreprise, il s'agit encore une fois de faire mieux aussi ces stages, de manière à ce qu'ils soient mieux préparés pour mieux réussir aussi à développer tout leur potentiel lors de ces stages. Donc on va renforcer la préparation à ces stages, et puis, on va faire en sorte que ces stages soient plus insérants, et c'est vraiment, là, l'objectif, c'est qu’on a trop de jeunes qui sortent du lycée professionnel et qui n'ont pas de solution.

THOMAS COIGNAC
Une question Carole GRANDJEAN, sur l'actualité, Emmanuel MACRON sifflé hier pendant son déplacement en Alsace, vous-même, un comité d'accueil vous attendait pendant un déplacement en région parisienne, est-ce que vous pensez qu'à un moment, vous retrouverez des déplacements plus apaisés, ou est-ce que vous pensez que vous allez vous traîner cette réforme des retraites pendant 4 ans encore ?

CAROLE GRANDJEAN
Eh bien écoutez, évidemment, j'appelle à l'apaisement, je crois qu'on a entendu les revendications, et l'appel du président de la République est très clair, nous devons retrouver une phase de concertation, qui nous permet d'aller travailler sur certains axes qui sont attendus par les Français, et nous sommes évidemment là pour engager ces transformations, un prochain projet de loi concernant l'emploi sera mis à l'ordre du jour des discussions avec le Parlement dans les mois qui viennent. Il nous faut le préparer tous ensemble, pour pouvoir avoir des vrais leviers qui permettent d'améliorer les conditions de parcours de carrière, des conditions de conciliation entre la vie personnelle et la vie professionnelle, et tous ces enjeux-là, il faut que nous puissions les discuter ensemble.

THOMAS COIGNAC
Et il y aura aussi donc la loi sur la filière professionnelle, que vous portez dans les prochains mois. Merci Carole GRANDJEAN, d’être venue nous en parler ce matin. On rappelle que vous êtes ministre déléguée à l’Enseignement et à la Formation professionnelle. Bonne journée à vous.

CAROLE GRANDJEAN
Merci à vous. Merci, très bonne journée.


Source : Service d’information du Gouvernement, le 20 avril 2023