Texte intégral
JEAN-BAPTISTE MARTEAU
Bonjour Stanislas GUERINI.
STANISLAS GUERINI
Bonjour.
JEAN-BAPTISTE MARTEAU
Bienvenu dans " Les 4V ". Un ministre remplacé par l’intelligence artificielle, ça ce n’est pas pour demain, vous n’avez pas une crainte.
STANISLAS GUERINI
Peut-être pas pour demain, tout de suite, mais en tout cas je pense que l’on est au coeur du sujet aussi, sur des questions de transformation de métiers, ça touche aussi les emplois publics, et avec mes collègues Olivier DUSSOPT et Jean-Noël BARROT, on lancera d’ailleurs un groupe de travail sur cette question-là, qui doit nous occuper, parce que la transformation des métiers, c'est au coeur des défis que l’on a à appréhender.
JEAN-BAPTISTE MARTEAU
On va en parler. C’est vrai que ces dernières décennies, un ministre de la Fonction publique, il venait plutôt nous annoncer des suppressions de postes chez les fonctionnaires, vous, vous avez le problème inverse, c'est que vous avez 50 000 postes non pourvus dans la Fonction publique, vous lancez aujourd’hui un Salon national de l’emploi public, une grande campagne de communication également. Est-ce que la situation est à ce point critique ?
STANISLAS GUERINI
Je pense que beaucoup de débats, vous avez raison de le rappeler, que l’on a eus ces dernières années, sont désormais derrière nous. Moi j’ai souvenir qu’à chaque élection présidentielle, quand on parlait des fonctionnaires, c’était pour mettre un chiffre à côté, c'était le nombre de fonctionnaires qu'on allait supprimer.
JEAN-BAPTISTE MARTEAU
Y compris Emmanuel MACRON qui promettait de supprimer 50 000 emplois, lors du dernier quinquennat.
STANISLAS GUERINI
Mais ce n'est pas faux.
JEAN-BAPTISTE MARTEAU
C’est fini, ça.
STANISLAS GUERINI
Et on a donc changé de programme. Parce que depuis…
JEAN-BAPTISTE MARTEAU
Donc ça c’est fini ces 50 000 promesses.
STANISLAS GUERINI
… il y a eu une crise sanitaire, il y a eu un besoin de réinvestissement de la puissance publique sur le terrain, pour mettre plus de fonctionnaires, plus près de nos concitoyens, derrière les guichets, dans des hôpitaux, devant des élèves et évidemment, et la Fonction publique embauche. Moi je suis un ministre de la Fonction publique, dont le mandat ne repose pas sur des suppressions de postes, repose au contraire sur un défi, dont j'ai fait mon défi principal, qui est celui de l'attractivité de la Fonction publique. Aujourd'hui, si vous allez sur le site Internet " choisirleservicepublic.fr ", vous aurez…
JEAN-BAPTISTE MARTEAU
Ça regroupe toutes les offres d’emploi.
STANISLAS GUERINI
Toutes les offres d'emploi, dans la Fonction publique territoriale, à l'hôpital, dans les ministères, dans les administrations déconcentrées, vous aurez 58 000 jobs qui vous sont proposés. C'est aussi ça le message que je passe ce matin, on embauche évidemment des policiers, des soignants, des professeurs, mais on embauche des mécaniciens, on embauche des cuisiniers, on embauche des spécialistes de la data, des data scientistes, ce sont tous ces métiers qu'aujourd'hui on peut vous proposer. Il y a plus de 1 000 métiers différents dans la Fonction publique. Moi c'est ça que je suis venu dire, c'est pour ça qu'on fait un salon. Il y a 5 000 personnes qui se sont inscrites, ça sera tout à l'heure, à la station F, pour montrer que la Fonction publique elle bouge, elle bouge les lignes, elle se transforme et elle embauche.
JEAN-BAPTISTE MARTEAU
Et donc, c’était aussi communiquer, il y a des campagnes de pub au cinéma, sur les plateformes, vous vous adressez aux jeunes notamment…
STANISLAS GUERINI
Bien sûr.
JEAN-BAPTISTE MARTEAU
Le problème c'est qu'aujourd'hui la Fonction publique, il y a quelques années c'était le Graal pour tous les bacheliers, aujourd'hui ce n'est pas du tout ce qu'ils souhaitent jeunes, ils veulent au contraire de la liberté, de la flexibilité, ils ne veulent pas de l’emploi à vie, forcément.
STANISLAS GUERINI
Non, ce n’est pas totalement vrai. Il y a quand même un tiers des jeunes qui se posent la question aujourd'hui de pouvoir rejoindre la Fonction publique, mais si on veut pouvoir…
JEAN-BAPTISTE MARTEAU
Ce n'est pas suffisant.
STANISLAS GUERINI
… à la fois les convaincre de venir, de rester aussi, parce que c'est ça l'enjeu qu'on a, il faut qu'on continue à transformer la Fonction publique. Et elle se transforme en réalité beaucoup plus et beaucoup plus vite que ce que parfois le débat public peut permettre de montrer. On peut proposer des carrières qui sont très évolutives, changer de métier, il y a peu d'employeurs qui est capable de proposer autant de métiers, autant de parcours de carrières différents…
JEAN-BAPTISTE MARTEAU
Et ce n’était pas le cas avant, on restait dans notre emploi à vie pendant 40 ans.
STANISLAS GUERINI
Justement, ça a été trop ça, trop rigide, c'est ça qu'on est en train de faire bouger, pour la moderniser. Moi je considère que le défi de l'attractivité, c'est un défi et je l'ai toujours dit avec beaucoup de lucidité. En 10 ans, on a eu 2 fois moins de candidats aux concours de la Fonction publique, sur…
JEAN-BAPTISTE MARTEAU
Tous les ans, il y a des postes vacants à tous les concours.
STANISLAS GUERINI
Et donc il y a des postes vacants. Ce que je veux dire aussi, c'est beaucoup avaient fait des prédictions en disant : ce que vous transformez, la réforme de la Haute Fonction publique par exemple, ça mettra la Fonction publique par terre. Ce n'est pas le cas aujourd'hui. J'ai ce matin, dernier chiffre de nombre de candidats au concours de ce qui était l'ENA, qui est devenu l'INSP, il n’y a jamais eu autant de candidats à l'INSP depuis la création de l'ENA. Donc j’y vois aussi des signaux, d'un attrait pour la Fonction publique, parce que beaucoup de gens, des jeunes et moins jeunes, se posent la question du sens, ont envie d'un métier qui a du sens, et il n’y a pas de plus belle manière que de servir l'intérêt général, sur la transition écologique, de faire la transition numérique, de travailler dans les métiers du soin…
JEAN-BAPTISTE MARTEAU
Donc vous dites : soyez fonctionnaires.
STANISLAS GUERINI
… que de travailler pour la Fonction publique.
JEAN-BAPTISTE MARTEAU
Le problème de la rémunération, on va en parler dans un instant. Il y a aussi le temps de travail. Est-ce que par exemple c'est aussi quelque chose qui est dans les négociations en ce moment avec les syndicats ? La semaine de 4 jours qui est déjà testée dans certaines administrations, pourrait être généralisée ?
STANISLAS GUERINI
En tout cas, c'est des possibilités. Aujourd'hui, la Fonction publique elle a déjà la possibilité de moduler son temps de travail, ça se fait par exemple à l'hôpital, il y a certaines administrations qui se sont emparées de cette possibilité. C'est une semaine de 4 jours avec le même temps de travail, à 35 heures, qu'on soit extrêmement clair sur ces questions-là. Mais moi je suis très ouvert sur ces questions, et je les ai mises au coeur du dialogue social, avec des organisations syndicales…
JEAN-BAPTISTE MARTEAU
Et c'est en ce moment dans les négociations.
STANISLAS GUERINI
Exactement.
JEAN-BAPTISTE MARTEAU
Vous dites : pourquoi pas faire 4 jours en travaillant un peu plus chaque jour, pour arriver à 35 heures.
STANISLAS GUERINI
La question du temps de travail, la question de la répartition entre le temps privé et le temps professionnel, la question du télétravail, la question de l'aménagement des espaces de travail, on est en train de transformer beaucoup d'espaces de travail, toutes ces questions elles sont on est au coeur de l’agenda social, au coeur de ce que je souhaite pouvoir discuter que les syndicats, ce qu'on a commencé à discuter, et sur lequel je crois qu'on peut avoir des accords, on peut aboutir, et on peut montrer qu'on modernise notre Fonction publique.
JEAN-BAPTISTE MARTEAU
Stanislas GUERINI, le problème numéro un ça reste quand même la rémunération. Votre promesse, c'est que maintenant qu'il n’y aurait plus d'agents publics, payés en dessous du smic…
STANISLAS GUERINI
Ah, ça a toujours été le cas, pour être très clair.
JEAN-BAPTISTE MARTEAU
Alors, pourquoi vous faites maintenant cette promesse, en disant : il n’y aura plus des gens sous le smic ?
STANISLAS GUERINI
Ce n'est pas une promesse, ce sont des actes.
JEAN-BAPTISTE MARTEAU
Parce qu’il y en avait encore.
STANISLAS GUERINI
Non non non non, ça n’a jamais été le cas, mais au 1e mai, il y a eu une revalorisation du smic.
JEAN-BAPTISTE MARTEAU
Tout à fait.
STANISLAS GUERINI
Qui est la 5e revalorisation depuis un peu plus d'un an. Un peu plus de 10%…
JEAN-BAPTISTE MARTEAU
Donc le salaire minimum, des fonctionnaires sur le smic.
STANISLAS GUERINI
Et donc on aligne évidemment au même moment le salaire minimum de l'ensemble des fonctionnaires, pour qu’aucun fonctionnaire ne soit payé au smic. Ça représente 420 millions d'euros d'augmentation de salaire, de réaligner ce salaire pour qu'au même moment on augmente le smic et on augmente ce qu'on appelle l'indice minimum de traitement, c'est-à-dire le salaire minimum dans la Fonction publique.
JEAN-BAPTISTE MARTEAU
Le smic des fonctionnaires.
STANISLAS GUERINI
Mais j'ai été très clair avec les organisations syndicales, je leur ai dit que cet alignement avec le salaire minimum ce n’était évidemment pas pour solde de tout compte. Je crois que on doit faire face à une 2e année avec une inflation qui est importante, qui est en train de décélérer, au global….
JEAN-BAPTISTE MARTEAU
Mais qui est toujours présente.
STANISLAS GUERINI
… mais qui est très forte, en particulier sur les produits alimentaires, qui touche en particulier les bas salaires, c'est vrai dans le privé, c'est vrai dans la Fonction publique, et donc on doit discuter de ces questions-là. On l'a fait l'année dernière, je suis le ministre qui a le plus augmenté le point d’indice, depuis le quinquennat de François MITTERRAND. Et on doit à nouveau discuter de ces questions-là.
JEAN-BAPTISTE MARTEAU
Il y avait eu un coup de pouce de 1,6% effectivement pour les petits salaires. On peut aller au-delà dans les mois qui viennent ?
STANISLAS GUERINI
L'année derrière on a augmenté le point d'indice 3,5%. C’est des choses qui sont très concrètes, c’est 2 000 € par an pour une sage-femme, et 800 € par an pour une aide-soignante par exemple à l'hôpital.
JEAN-BAPTISTE MARTEAU
C'est beaucoup, mais il y a encore des pertes de pouvoir d'achat par rapport à l’inflation.
STANISLAS GUERINI
Mais on doit faire face à une inflation qui est importante. Et cette question-là, je la mets sur la table, peut-être avec une priorité qui est celle de mieux protéger les bas salaires, les classes moyennes, d’une certaine façon, dans la Fonction publique. On a des effets avec l'augmentation du salaire minimum, d'écrasement de grilles, je crois qu'on doit travailler à la question des évolutions de carrière, faire en sorte que quand on entre dans la Fonction publique, dès ses premières années, on puisse voir des augmentations de son salaire, pour pas trop figer les débuts de carrière. Voilà, c’est ces questions-là. On a besoin évidemment de dialogue social pour pouvoir avancer…
JEAN-BAPTISTE MARTEAU
A quel horizon pour les prochaines augmentations ?
STANISLAS GUERINI
Dès que possible. Je le dis très clairement, dès que possible pour en discuter avec les organisations syndicales. Moi je les ai appelées, il y a eu un conflit social qui a échappé à personne…
JEAN-BAPTISTE MARTEAU
Les retraites.
STANISLAS GUERINI
… sur les retraites. Ça ne doit pas nous empêcher de nous parler, de discuter, de concerter sur ces questions qui sont, vous avez raison de le dire, je crois les premières préoccupations aujourd'hui des salariés du privé mais aussi des agents de la Fonction publique, et donc on doit pouvoir se mettre autour de la table pour discuter de ces questions-là, dès les prochains jours. Les syndicats nous avait dit leur demande, qu’on laisse passer le 1e mai. Ensuite…
JEAN-BAPTISTE MARTEAU
Donc avant l’été, il faut se reparler.
STANISLAS GUERINI
Se reparler, et je n’attendrai pas l'été, je crois que c'est plutôt une question de jours et de semaines, qu’une question de mois.
JEAN-BAPTISTE MARTEAU
Quelques thèmes comme ça dans l'actualité. Par exemple hier le groupe Renaissance, celui de la majorité, avait déposé une proposition de loi, pour que désormais devant chaque mairie il y ait le drapeau français et aussi le drapeau européen qui soient obligatoires. Le problème c'est que ce texte a été rejeté en commission, il y a même le MoDem, qui était plutôt réservé sur ce texte. On fait quoi ? On l'abandonne ou on continue effectivement de défendre ce texte en disant " il faut le drapeau européen devant chaque mairie " ?
STANISLAS GUERINI
Sur le fond, je le défends, et je pense qu'il faut expliquer et porter l'idée que mettre le drapeau européen ce n'est pas opposer à défendre notre patrie et à défendre le drapeau français, et donc je pense que c'est plutôt une idée de bon sens. Après, c'est pour moi pas la priorité, je vais être très clair avec vous, la priorité c'est de répondre aux questions de pouvoir d'achat, la priorité c'est de répondre aux questions de transformation du travail…
JEAN-BAPTISTE MARTEAU
On met ça de côté, on verra ça plus tard.
STANISLAS GUERINI
La priorité, c'est la protection de nos concitoyens. La priorité ce sont nos services publics, effectifs. Moi je suis très engagé pour qu'on assure mieux les services publics du quotidien, les fondamentaux des services publics. On mobilise l'ensemble du gouvernement sur cette question-là. L'ensemble du gouvernement sera rassemblé la semaine prochaine pour justement travailler à la question des services publics du quotidien, ces fondamentaux-là, voilà la priorité…
JEAN-BAPTISTE MARTEAU
Donc les problèmes annexes, on les laisse de côté pour l'instant. Les thèmes annexes, comme celui-ci ou d’autres.
STANISLAS GUERINI
En tout cas, il faut que ce texte puisse cheminer. Je n’ai pas à me prononcer sur sa destinée, aux parlementaires, mais je crois que les sujets prioritaires ce sont plutôt ceux que je viens de mentionner.
JEAN-BAPTISTE MARTEAU
Un mot du Conseil constitutionnel qui a rejeté cette nouvelle demande de RIP, de Référendum d'Initiative Partagée, demandé par la gauche. Est-ce qu'il ne faut pas quand même revoir cette procédure qui permet de saisir comme ça les Français, de faire un référendum sur tel ou tel sujet, comme c'est le cas par exemple en Suisse ? Est-ce que ce RIP, au final, il n’a pas été créé à l'époque pour ne jamais être mis en place ?
STANISLAS GUERINI
Je ne crois pas. Je vois surtout ces derniers temps, qu’a chaque fois qu'une décision institutionnelle est prise, elle est immédiatement contestée, parce qu’elle n'arrange pas ceux qui la portaient. Moi j'ai toujours été clair sur cette question, de dire que, en tout point, il faudrait respecter nos institutions et ce que décide le Conseil constitutionnel.
JEAN-BAPTISTE MARTEAU
Oui, mais maintenant on peut changer les institutions pour…
STANISLAS GUERINI
Il ne décide pas sur le fond, il a décidé en droit, et il a à chaque fois donné des avis qualifiés en droit.
JEAN-BAPTISTE MARTEAU
La question politique, maintenant, c'est : est-ce qu’on change de droit ?
STANISLAS GUERINI
Ça c'est la question qui nous était posée immédiatement.
JEAN-BAPTISTE MARTEAU
Tout à fait.
STANISLAS GUERINI
Est-ce qu'il faut mettre à plat les questions institutionnelles, avoir cette réflexion-là sur le mode de représentation, sur les outils démocratiques ? La réponse est oui bien évidemment, et le président de la République l'a toujours indiqué, il l'a indiqué dans sa dernière élection présidentielle. La méthode me semble très importante, de mettre en place justement une Commission qui soit transpartisane, qui associe les Chambres parlementaire, les présidents…
JEAN-BAPTISTE MARTEAU
Sénat et Assemblée.
STANISLAS GUERINI
… Sénat et Assemblée, ont été reçus, ont été mandatés par le président de la République, pour travailler à cette question qui doit nous permettre d'avancer. Mais n'oublions pas les priorités quotidiennes de la vie des Français : le travail, les services publics. Je crois que c'est là-dessus qu'ils nous attendent principalement.
JEAN-BAPTISTE MARTEAU
Stanislas GUERINI, ministre de la Fonction publique, qui recrute, était l'invité ce matin des 4V. Merci, bonne journée.
STANISLAS GUERINI
Merci.
Source : Service d’information du Gouvernement, le 5 mai 2023