Texte intégral
LAURENCE FERRARI
Bonjour Olivier VERAN.
OLIVIER VERAN
Bonjour Laurence FERRARI.
LAURENCE FERRARI
Bienvenue dans la matinale de CNEWS. ON va commencer par cette agression ultraviolente à Bordeaux. On vient de voir les images, cette femme de 73 ans et sa petite fille projetée très violemment à terre par un SDF, d'une trentaine d'année, défavorablement connu des services de police. Est-ce qu'on est au cœur de la France orange mécanique ?
OLIVIER VERAN
En tout cas, cette grand-mère, c'est notre grand-mère à tous. Enfin, ça pourrait être notre grand-mère à tous et quand on voit les images, on se projette forcément et je comprends que ça provoque une émotion, la mienne est vive et mes premières pensées vont vers cette grand-mère de la petite fille et puis, la famille, les amis, évidemment.
LAURENCE FERRARI
Mais on est au cœur de la décivilisation dont parlait Emmanuel MACRON ? Parce que là, c'est gratuit, c'est violent, c'est barbare.
OLIVIER VERAN
Des violences gratuites de cette nature, des vols à l'arraché, des vols, en l'occurrence, c'est ce qu'on appelle des vols aggravés puisqu'il a été commis avec de la violence physique et en présence d'un mineur de moins de quinze ans, c'est-à-dire que c'est jusqu'à dix ans de prison qui sont risqués d'un point de vue pénal.
LAURENCE FERRARI
Sur le papier ?
OLIVIER VERAN
Ce type de vol, d'agression, il y en a hélas, d'ailleurs dans notre pays. Je ne sais pas s'il faut l'inclure dans un phénomène plus général. Ce qui est certain, c'est que ça illustre le besoin de sécurité pour les Français.
LAURENCE FERRARI
D'accord, mais il y a une espèce de gradation de la violence, une augmentation de la violence, vous le dites, elle est gratuite, elle est à tout bout de champ, elle est à tous les coins de rue. La sécurité, c'est la première des libertés pour les Français. Est-ce que le Gouvernement que vous représentez aujourd'hui sur notre plateau n'a pas échoué là-dessus ?
OLIVIER VERAN
Le Gouvernement, il augmente comme jamais le budget de la Justice, ça, c'est un fait, alors, je sais que ce n'est pas une réponse très court-termiste aux attentes légitimes des Français, mais quand on augmente annuellement le budget de la Justice, quand on multiplie par deux, comme le fait, Éric DUPOND-MORETTI le nombre de greffiers, de magistrats, d'officiers de la Justice pour aller, fois deux pour la vitesse de rendu des décisions et pour mieux accompagner les victimes, ça compte. Quand on augmente, comme le fait, Gérald DARMANIN, les effectifs de police, de gendarmerie, qu'on crée deux cents nouvelles brigades de gendarmerie, qu'on a augmenté, qu'on double la présence de policiers dans les heures de pointe, dans les endroits où ça craint potentiellement, ça veut dire qu'on a une action qui est résolue. Maintenant, vous m'interrogez sur un phénomène plus général qui est la montée de la violence et on pourrait y voir un paradoxe.
LAURENCE FERRARI
C'est des inhibitions de la violence qu'on voit tous les jours.
OLIVIER VERAN
On pourrait y voir un paradoxe, c'est-à-dire qu'à mesure que notre société se modernise, les aspirations à la sécurité grandissent et c'est tout à fait normal. Et dans le même mouvement, on voit émerger dans les marges de notre société une forme de violence, plusieurs formes de violence en réalité, parce que vous avez les violences qu'on a pu constater dans certaines manifestations, on a les violences gratuites du quotidien, on a la violence verbale qu'on constate chaque jour sur les réseaux sociaux. On a la violence à l'école, à travers le harcèlement et qui nous invite à avoir une réflexion sur comment peut-on comprendre et surtout comment lutter avec efficacité contre toute cette violence ? Parce que je veux vous dire, Laurence FERRARI, on ne parle évidemment pas de ce fait divers-là, parce que là, ça n'a rien à voir avec la question me semble-t-il, mais de manière générale, aucune violence n'est légitime et aucune cause ne justifie qu'on recourt à la violence, aucune cause, la cause climatique ne justifie pas qu'on aille caillasser des gendarmes sur un sur un champ par exemple.
LAURENCE FERRARI
Assurément. Mais vous parlez peut-être entre autres des mouvements, les soulèvements de la terre, vous aviez annoncé la semaine dernière qu'il y aurait en Conseil des ministre la présentation même de cette dissolution des soulèvements de la terre, on en est où ?
OLIVIER VERAN
Nous verrons demain puisqu'il y a un Conseil des ministres. La Première ministre a dit la semaine dernière qu'elle comptait, qu'elle voulait déposer un dossier dans les plus brefs délais. Si le dossier est complété, il pourrait être déposé demain. Nous verrons, je n'ai pas d'information si ce n'est pas demain, ce sera peut-être la semaine prochaine ou c'est le suivant ce qui est important, c'est de…
LAURENCE FERRARI
Mais il y a une volonté de faire ? On a le sentiment qu'Elisabeth BORNE refuse, au fond, elle dit : "Ce sont des 'activistes climatiques' entre guillemets."
OLIVIER VERAN
Non. La Première ministre est très claire sur la question, on différencie et je différencie aussi évidemment l'activisme, qui peut prendre plein de formes, et l'activisme violent et c'est la violence qu'on condamne, ce n'est pas l'activisme, ce n'est pas les idées qu'on va condamner, c'est la violence, quand vous militez pour le climat, vous avez le droit, si vous avez des idées qui sont les vôtres, vous avez le droit aussi de les faire connaître dans la société et dans la cité mais jamais vous n'avez le droit de recourir à la violence. Il n'y a pas de légitimité du recours à la violence. Cette association des soulèvements de la Terre a fait montre de violence à Saint-Soline, en conviant des casseurs qui venaient de toute l'Europe avec des barres de métal, des boules de pétanque pour essayer de tuer des policiers. Ça n'est pas de l'activisme écologique.
LAURENCE FERRARI
Donc, elle doit être dissoute ? C'est ce que vous dites…
OLIVIER VERAN
A ce titre-là, oui, on se rend compte, encore une fois, non pas en fonction des idées, mais en fonction des actions qu'elle a conduites.
LAURENCE FERRARI
Mais les idées, vous les soutenez, c'est ça ?
OLIVIER VERAN
Non. C'est qu'on ne dissout pas une association en fonction de ses idées. On la dissout parce qu'il y ait des exactions ou de la mise en danger de la sécurité publique, c'est le cas ici.
LAURENCE FERRARI
Aujourd'hui Giorgia MELONI est reçue par Emmanuel MACRON à Paris. C'est la première fois que la chef du Gouvernement italien l'est dans un contexte de relations franco-italienne très tendue. Gérald DARMANIN sera présent ? Lui qui avait dit de Madame MELONI qu'elle était incapable de régler les problèmes migratoires sur lesquelles elle a été élue ?
OLIVIER VERAN
Quand un chef d'État reçoit un chef d'État étranger…
LAURENCE FERRARI
Il n'y a pas les ministres ?
OLIVIER VERAN
Il n'y pas les ministres. Donc, la question ne se pose pas. L'Italie est notre deuxième partenaire économique, c'est notre frère européen, ce sont nos voisins, il y a des villes françaises, comme la mienne, Grenoble, qui sont irriguées par l'histoire italienne, pardonnez-moi, j'ai un petit chat dans la gorge … Et donc, évidemment, qu'on a envie de progresser avec l'Italie. Les annonces qui ont été faites sur le Lyon-Turin par exemple pour développer du ferroutage entre la France et Italie montrent, attestent s'il était besoin que nos relations sont aussi fortes avec les Italiens qu'elle ne l'était par le passé.
LAURENCE FERRARI
Ça, ce sont vos éléments de langage. En réalité, quand Gérald DARMANIN cible Madame MELONI, on se doute bien qu'il y a peu d'eau dans le gaz entre nos deux pays. Ils vont parler de quoi aujourd'hui ?
OLIVIER VERAN
La puissance d'un chantier comme le Lyon-Turin, avec la volonté dans la durée d'entériner le fait que c'est notre partenaire privilégié pour le commerce en Europe, je dis, est beaucoup plus puissant que n'importe quel au monde.
LAURENCE FERRARI
D'accord. Et est-ce que l'Europe doit se serrer les coudes et notamment l'Europe du Sud face à une Europe de l'Est qui tend à basculer vers les États-Unis, je pense à la Pologne notamment. Il est urgent que les pays européens du Sud refassent un axe peut-être ?
OLIVIER VERAN
L'aventure européenne aujourd'hui, elle parle à tout le monde. Il n'y a plus un pays européen qui est en dehors du coup puisqu'on voit ce que l'Europe nous apporte, de la protection, à l'heure de la guerre en Ukraine, elle nous apporte du développement à l'heure de la réindustrialisation, elle nous apporte des avantages sociaux, on le voit aussi. Donc, cette aventure européenne, elle nous concerne tous. Ce qu'il faut maintenant, c'est que chacun d'entre nous apprennent à aimer l'Europe pour ce qu'elle est capable de nous apporter et ça, c'est un discours qui est un peu nouveau parce que l'Europe a souvent été la personne lointaine à qui on reproche tout et n'importe quoi. Donc, il y a encore des pays qui sont un peu dans cette tentation-là mais en réalité, les populations européennes sont en train de se rapprocher de cette Europe qui nous apporte énormément et on le verra à l'occasion des élections européennes.
LAURENCE FERRARI
Effectivement. C'est un vrai rendez-vous politique, ce sera en 2024.
OLIVIER VERAN
La majorité présidentielle sera le partis europhiles qui assumera d'avoir cette ligne européenne.
LAURENCE FERRARI
Bien sûr. On imagine bien que Giorgia MELONI et Emmanuel MACRON vont parler d'immigration vu la situation à laquelle doit faire face l'Italie et l'afflux de migrants sur ses côtes. Est-ce que vous comprenez encore une fois que les Italiens disent : "On est seul, on est seul en première ligne comme la Grèce pour accueillir des milliers, on parle de plus de 40 000 migrants depuis le début du mois de janvier." Est-ce qu'il faut aider les Italiens ?
OLIVIER VERAN
Mais je vais vous reparler de l'Europe, il y a quelques jours l'Europe a décidé d'adopter un nouveau paquet de mesures en matière d'immigration justement pour venir davantage en aide aux pays de la première ligne, c'est-à-dire les pays qui font face aux premiers afflux de migrants et avoir aussi une clé de répartition qui soit plus juste. Donc on travaille en européen d'ailleurs et l'ensemble des pays de l'Union sont signataires et sont allant pour qu'on aille de…
LAURENCE FERRARI
Une clé de répartition, ça veut dire qu'il faut qu'on accueille plus de migrants chacun par pays ?
OLIVIER VERAN
Non ça veut dire que vous avez des pays qui sont des pays de première ligne et qui font face à l'afflux de migrants et pour lesquels il y a des règles de traitement de dossiers notamment qui peut leur coûter de l'argent, qui peut leur mobiliser des moyens et du temps et donc on combien les aider pour qu'il soit aussi plus efficace pour reconduire à la frontière de l'Europe ce qui n'ont pas vocation à y rentrer.
LAURENCE FERRARI
L'immigration, ce sera le cœur du prochain projet de loi que vous alliez tenter de négocier avec Les Républicains, l'apport des LR est absolument indispensable, quelles concessions à ce que vous êtes prêt à faire, notamment sur la régularisation de travailleurs sans papiers ?
OLIVIER VERAN
Vous connaissez notre copie, vous la connaissez notre copie, notre proposition à la majorité, je la résume en deux traits, c'est permettre…
LAURENCE FERRARI
Fermeté dans l'expulsion.
OLIVIER VERAN
Exactement.
LAURENCE FERRARI
On attend de voir.
OLIVIER VERAN
Fermeté dans l'expulsion, raccourcissement des délais de recours pour les gens qui n'ont pas vocation à rester, aujourd'hui c'est jusqu'à 2 ans, demain on veut que ce soit terminé en 6 mois et puis en parallèle de ça à la demande des chefs d'entreprise, permettre de recruter dans les métiers dans lesquels on n'arrive pas recruter en France pour faire tourner l'économie comme le font d'ailleurs des pays qui nous entourent comme l'Allemagne ou même d'ailleurs le Danemark où vous le savez j'étais et eux-mêmes font appel à l'immigration économique.
LAURENCE FERRARI
Combien de travailleurs sans papiers pourraient être régularisés dans ce cadre-là, on parle du BTP, de l'Hôtellerie, restauration ?
OLIVIER VERAN
Alors je ne fonctionne pas en nombre, je fonctionne en termes de de secteurs économiques, de besoins.
LAURENCE FERRARI
C'est important.
OLIVIER VERAN
Oui enfin vous savez que ce sera de toute façon maîtrisé, ça a toujours été maîtrisé, ce sera maîtrisé.
LAURENCE FERRARI
Qu'est-ce qui a été maîtrisé jusqu'à présent ?
OLIVIER VERAN
L'immigration économique, il y a des règles qui existent, vous venez parce que vous avez un emploi qui vous offre, qui vous garantit un salaire, il faut un CDI.
LAURENCE FERRARI
On ne reste pas de façon illégale sur le sol français même quand on n'a pas de travail ?
OLIVIER VERAN
C'est illégal et ça le restera, mais on va le combattre avec plus d'efficacité, plus de sévérité. Ensuite les LR arrivent avec un certain nombre de propositions, c'est intéressant, ça nous permet de dialoguer, de discuter avec eux, vous l'avez dit on a besoin de trouver une majorité. Moi j'attends aussi que la gauche, elle fasse des propositions, personne ne demande rien, la gauche française elle n'a pas d'idées sur l'immigration. Il faut qu'ils nous disent, est-ce que leur logique c'est de dire il n'y a pas de frontière, on régularise tout le monde et on verra plus tard, est-ce que leur logique c'est de dire finalement l'intégration, l'apprentissage du français ça ne compte pas ou est-ce qu'ils ont un discours à porter qui soit à la fois humaniste mais à la fois réaliste dans le contexte que connaît l'Europe et la France, peut être aller les chercher aussi un peu, c'est dommage on ne va pas travailler qu'avec la droite là-dessus.
LAURENCE FERRARI
Vous incarnez l'aile gauche de la macronie.
OLIVIER VERAN
Je vous dis que la gauche qui passe à côté du sujet de l'immigration, c'est une gauche qui n'a pas compris ce qui est en train de se passer et qui va passer à côté de ses chances de reconquérir un jour le pouvoir. Donc ce serait intéressant aussi de les entendre, personne ne les interroge.
LAURENCE FERRARI
Donc ils sont muets ?
OLIVIER VERAN
Oui bien sûr.
LAURENCE FERRARI
C'est les grands muets de l'affaire.
OLIVIER VERAN
Ils restent dans leur coin et personne ne les interroge. Donc on a besoin aussi d'avoir ce débat-là, on a quelques semaines, quelques mois devant nous pour arriver à dégager des lignes de consensus.
LAURENCE FERRARI
Et si ça ne se fait pas, 49.3 ?
OLIVIER VERAN
Sans renier notre ADN politique, c'est-à-dire on accueille bien ceux qui ont vocation à être accueilli, accueillir bien ça veut dire aussi renforcer les règles en matière de pratique du Français, d'adhésion aux valeurs de la République, mais c'est aussi accueillir ce qu'on est capable d'accueillir, c'est-à-dire dans les meilleures conditions. Le taux de chômage des étrangers en France il est le double de celui du taux de chômage des Français, ce n'est pas le cas partout en Europe, donc ça veut dire que permettre aussi aux étrangers qui le peuvent et quand ça se justifie d'accéder à l'emploi, c'est sans doute aussi une manière de participer à l'intégration des étrangers.
LAURENCE FERRARI
Un mot du Rassemblement national, dimanche le Journal du Dimanche publie une longue enquête sur ce parti, 42 % des Français disent avoir voté au moins une fois pour le RN dans leur vie selon notre enquête IFOP, c'était 35 % en 2021, 30 en 2017, c'est le signe d'un ancrage de plus en plus fort du parti de Marine LE PEN en France ?
OLIVIER VERAN
Ce n'est pas mon cas en tout cas, ça ne vous surprendra pas.
LAURENCE FERRARI
Non mais je ne vous parle pas de votre cas.
OLIVIER VERAN
Non mais quelles sont les causes, quelles sont les leviers du vote FN.
LAURENCE FERRARI
42 % des Français qui disent avoir voté au moins une fois RN, Rassemblement national.
OLIVIER VERAN
Pour moi seul le nom a changé, seul le nom a changé Laurence FERRARI.
LAURENCE FERRARI
D'accord.
OLIVIER VERAN
Les équipes sont les mêmes, les idées aussi. Ce qui peut les motiver, c'est parfois l'absence d'efficacité de l'action publique, c'est le recul de certains services publics, c'est le la volonté qu'il y ait peut-être plus de justice et de sécurité, c'est le sens de l'action que nous menons avec Emmanuel MACRON depuis 6 ans, c'est rendre l'action publique plus efficace, c'est la France qui a équipé 100 % du territoire national quasiment, quasiment 100 % en fibre de débit numérique, haut débit pour éviter que les gens se retrouvent….
LAURENCE FERRARI
Vous pensez que ça, ça va faire reculer le vote RN, la fibre ?
OLIVIER VERAN
Je vous dis que ça participe, rétablir, restaurer des services publics avec les maisons France Service, plus de 2 000 ont été construites en seulement quelques années pour remettre de la présence humaine, renforcer les moyens de l'école, de la justice, de la sécurité.
LAURENCE FERRARI
Donc c'est par des actes concrets que vous comptez lutter contre le Rassemblement national et pas par des anathèmes.
OLIVIER VERAN
Tous ces territoires, on a beaucoup parlé du nord de la France, mais il y a pas que le Nord, tous ces territoires qui a été des bassins d'emplois industriels qui ont été désindustrialisés pendant 20 ou 30, où la misère remplaçait l'emploi.
LAURENCE FERRARI
Il n'y a pas eu beaucoup de nouvelles industrielles.
OLIVIER VERAN
Laurence FERRARI, on n'arrête pas de faire des annonces de réimplantation d'usines, on recréait de l'emploi industriel, on est en train de de s'occuper de territoire qui avait été des laissés-pour-compte et au sein desquels le vote de l'extrême droite est élevé. Moi je vous dis qu'en faisant progresser les services publics et en faisant reculer la misère et en redonnant une place à chacun dans la société, on redonne confiance aux gens et on les éloigne de ces chimères que sont les chimères d'extrême-droite avec leurs promesses multiformes qui ne m'améliorent pas l'état des populations lorsqu'ils acquièrent le pouvoir.
LAURENCE FERRARI
D'accord vous pensez à madame MELONI là ?
OLIVIER VERAN
Non alors je ne fais pas de politique diplomatique, je ne suis porte-parole du Gouvernement français, ça me suffit très largement.
LAURENCE FERRARI
Un tout petit mot au médecin que vous êtes, il y a une grève dans les hôpitaux, les personnels sont appelés à la grève aujourd'hui, ils demandent des hausses de salaires, une amélioration des conditions de travail, on a le sentiment que rien n'a changé en fait dans les hôpitaux. Il y a eu cette espèce de parenthèses pendant le Covid où les médecins ont été remis, enfin les personnels soignants ont été remis au cœur du système et depuis en fait c'est à nouveau un chaos organisé, mais un chaos à l'hôpital.
OLIVIER VERAN
Il y a énormément de choses qui a changé l'hôpital mais il y a quelque chose qui n'a pas encore changé mais qui va changer, c'est la présence en soignants, c'est qu'on continue de manquer de médecins, il faut 10 ans pour les former, le président de la République a supprimé ce qui empêchait de former des médecins en France, mais il faut du temps pour les former.
LAURENCE FERRARI
10 ans, il va falloir attendre 10 ans.
OLIVIER VERAN
Oui mais dans l'intervalle on a multiplié par 100 la télémédecine, on développe des compétences nouvelles pour des infirmières, pour des kinés, on rend possible l'accès direct à certaines professions paramédicales, ça veut dire qu'on n'est pas obligé de passer par le médecin directement etc… Ensuite on manque encore d'infirmières et d'aides-soignantes, c'est un fait mais nous avons augmenté, j'étais ministre de 30 % les formations des jeunes et là pour le coup c'est 2 et 3 ans de formation, donc ces bataillons de soignants supplémentaires arrivent. Ce qui a changé, c'est le salaire, vous parliez du salaire…
LAURENCE FERRARI
Là ils demandent des hausses de salaires.
OLIVIER VERAN
J'ai eu un accord syndical y compris avec Force ouvrière, l'UNSA, la CFDT il y a 2 ans, personne n'a dit que c'était pour solde de tout compte, mais c'est 10 milliards d'euros de hausse de salaire par an, 10 milliards il faut quand même se rendre compte, je sais qu'avec le Covid, on n'a perdu la notion de l'argent parfois mais ça compte, 300 euros de plus par mois pour deux millions de personnes qui portent la blouse blanche et on a travaillé et on travaille aussi le temps pour faire en sorte qu'il y ait moins de paperasserie, qu'il y ait mois de tracasserie du quotidien et surtout redonner du pouvoir décisionnaire aux blouses blanches. On continue ce chantier, François BRAUN s'y est attelé à son tour et donc les choses changent à l'hôpital. Mais encore une fois, encore un tout petit peu de temps, c'est vrai il faut dire les choses pour qu'il y ait davantage de médecins qui arrivent dans nos hôpitaux.
LAURENCE FERRARI
Un mot des dépenses sur les médicaments, c'est vrai que le Gouvernement en a relevé les tarifs au motif que la quasi-gratuité, quasi-gratuité des médicaments déresponsabilise les patients, on va augmenter le prix des médicaments dans notre pays ?
OLIVIER VERAN
Alors le ministre, ce n'est pas les prix des médicaments auxquels vous faites allusion je pense, c'est peut-être ce qu'on appelle les franchises médicales sur le reste à charge sur les boîtes de médicaments qui a été introduit, je crois en 2004 et qui parfois est revalorisé. Je n'ai pas d'annonce à vous faire.
LAURENCE FERRARI
Donc en français ça veut dire augmenter les prix des médicaments.
OLIVIER VERAN
Enfin la différence c'est que je crois que c'est 50 centimes par boîte aujourd'hui, donc ce n'est pas… mais ce que je veux vous dire c'est qu'il n'y a pas de projet gouvernemental qui ait été annoncé, ça fait partie des pistes de réflexion, j'étais en charge de ça a une à une certaine époque comme vous le savez, annuel ça ne veut pas dire que c'est encore arbitré, nous verrons voilà. Ce qui compte c'est que la part des soins pris en charge par la Sécurité sociale dans notre pays est la plus élevée ou de l'une des plus élevées d'Europe et elle ne fait qu'augmenter, c'est-à-dire qu'année après année, l'État, la solidarité nationale prend de plus en plus en charge les soins de tous ceux qui en ont besoin et c'est aussi la fierté de notre pays.
LAURENCE FERRARI
Cul sec, c'est la bière Corona qu'a bu le président lors de la finale du Top 14 Toulouse La Rochelle, le médecin que vous dites, dit bravo Monsieur le Président ?
OLIVIER VERAN
Alors que le médecin qui n'a jamais fait ça une fois dans sa vie me jette la première bière Laurence FERRARI.
LAURENCE FERRARI
Cul sec.
OLIVIER VERAN
Non mais vous savez, le président de la République c'est un homme politique, c'est donc un homme. On nous reproche souvent d'être complètement nous les politiques déconnectés…
LAURENCE FERRARI
L'alcool n'est pas dangereux, on ne boit pas avec modération. On oublie tout ça ?
OLIVIER VERAN
Mais ce n'est pas ça, on oublie pas ça évidemment et le président de la République est le président qui porte le projet de prévention en santé le plus élevé que j'ai connu depuis que je fais de la santé, ça veut dire un certain nombre d'années.
LAURENCE FERRARI
Faites ce que je dis, pas ce que je fais.
OLIVIER VERAN
Non, Laurence FERRARI, ça veut dire qu'on n'est pas dans…
LAURENCE FERRARI
Si, si.
OLIVIER VERAN
Absolu, la prévention de manière générale, ça ne veut pas dire zéro consommation, ça veut dire qu'on fait attention à toutes les situations qui peuvent nous mettre en danger, ce qui n'est pas le cas du président de la République, ça ne vous aura pas échappé.
LAURENCE FERRARI
Donc vous ne jetez pas la première bière au président de la République et ça vous arrive défaire la même chose.
OLIVIER VERAN
Ecoutez dans mes années de médecine en tout cas, dans les moments collectifs, je crois qu'il y a beaucoup de Français qui s'identifient à cela.
LAURENCE FERRARI
Bon, donc c'est un exemple à suivre ?
OLIVIER VERAN
Je ne dis pas que c'est un exemple à suivre et vous le savez bien.
LAURENCE FERRARI
Merci Olivier VERAN d'être venu ce matin dans la matinale.
Source : Service d'information du Gouvernement, le 21 juin 2023