Déclaration de M. Hervé Berville, secrétaire d'État, chargé de la mer, sur les négociations avec le Royaume-Uni et la Norvège à la réunion des ministres européens en charge de la pêche, Bruxelles le 18 septembre 2023.

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Circonstance : Réunion des ministres européens en charge de la pêche

Texte intégral

M. Hervé Berville : "Je suis très heureux d'être ici pour ce Conseil des ministres européens de la pêche, puisque c'est un moment important en ce début de négociation avec le Royaume-Uni et puis la Norvège. C'est un moment qui est extrêmement compliqué pour la pêche européenne puisqu'il y a une accumulation de difficultés avec la hausse du coût du carburant, avec les effets, on l'a vu cet été, du changement climatique sur les stocks ou encore avec pour l'instant notre incapacité à lancer la transition énergétique. Ce que nous demandons et ce que la France souhaite, c'est que nous ayons une position qui soit ferme, qui soit un mandat politique très fort et qui permette de défendre les intérêts de nos pêcheurs. Cette position doit permettre de renforcer la viabilité économique des entreprises de pêche et au fond, de renforcer la souveraineté économique et alimentaire de notre pays et de notre continent. Et donc, nous avons confiance dans la Commission européenne pour porter ce mandat politique très fort, mais nous sommes vigilants puisque nous allons avoir des négociations qui vont être compliquées. Et donc il faut être extrêmement rigoureux, il faut être extrêmement ambitieux parce qu'il en va de la stabilité, de la viabilité économique d'une entreprise et au fond, de notre capacité aussi à tracer des perspectives pour nos pêcheurs.

Q : La Pologne ferme ses frontières aux céréales ukrainiennes, il faut réagir comment, avec la Commission européenne, c'est quoi votre position ?

M. Hervé Berville : Je pense que ce qui caractérise le projet européen, c'est d'abord la solidarité européenne. C'est de toujours essayer de trouver les voies et le chemin qui permettent de concilier, c'est une évidence, tous les intérêts et les priorités de chaque pays. Vous évoquez les céréales, mais l'enjeu qui est devant nous dans ce Conseil et on le voit dans d'autres moments importants de l'Union européenne, c'est de renforcer notre souveraineté, et c'est faire preuve de solidarité. C'est de faire en sorte que dans toutes les décisions que nous prenons, nous soyons ambitieux. Parce que nous sommes dans un moment aussi politique qui est important, il va y avoir les élections européennes dans 6 mois et donc il faut qu'on arrive à faire la preuve et la démonstration que l'Union européenne fonctionne ; et c'est le cas, on l'a vu face aux crises du COVID, face à la crise ukrainienne, que l'Union européenne avance sur des dossiers très compliqués. Il y a parfois des difficultés, mais on arrive à les surmonter en discutant, en ayant de l'ambition et en ayant toujours à cœur les intérêts de nos concitoyens européens.

Q : On doit faire quoi exactement concernant les trois États membres qui ne sont pas d'accord ?

M. Hervé Berville : Ce n'est pas contre les 3 États membres. On a des difficultés, on a des désaccords, il faut les mettre sur la table, échanger et trouver les voies de consensus qui nous permettent d'avancer. C'est le travail à effectuer, mais ce n'est pas le rôle du ministre de la mer français, en charge de la pêche, de vous donner la réponse sur le sujet. Mais comme à chaque fois qu'on a des désaccords, il faut avoir ces discussions et avancer. Nous n'étions pas totalement d'accord il y a quelques années sur comment arriver à surmonter le COVID, comment arriver à avoir une réponse efficace face à l'invasion russe en Ukraine. Nous y sommes arrivés, parfois ça prend un peu de temps, mais parce que nous avons mis tout sur la table et nous avons avancé avec ces 3 principes, la solidarité, la souveraineté et toujours avoir à cœur l'intérêt de nos concitoyens européens.

Q : Il n'y a pas d'union ?

M. Hervé Berville : Si il y a une union. On peut toujours considérer que cette Union est imparfaite, qu'elle est toujours en amélioration. C'est le rôle de la Commission, du Parlement européen, des citoyens européens, des gouvernements de la faire sans cesse s'améliorer. Avec ce qui s'est passé au cours des derniers mois, il y a eu une Union qui nous permet d'avoir un endettement commun. Dans la réponse face à l'agression russe en Ukraine, il y a eu une Union pour condamner et pour apporter une aide rapide, efficace, massive à nos amis ukrainiens. Il y a une Union quand nous considérons que l'enjeu de la souveraineté économique, de la souveraineté alimentaire, c'est une priorité. La Présidence espagnole, et je la salue parce qu'elle fait un travail de grande qualité, porte aussi cette volonté de solidarité, d'union et surtout d'efficacité pour le projet européen. Cela guidera aussi beaucoup les résultats prochains des élections européennes."


Source https://ue.delegfrance.org, le 20 septembre 2023