Texte intégral
ORIANE MANCINI
Et notre invitée politique ce matin c'est Dominique FAURE, bonjour.
DOMINIQUE FAURE
Bonjour.
ORIANE MANCINI
Merci beaucoup d'être avec nous, ministre déléguée chargée des collectivités territoriales et de la Ruralité. On est ensemble pendant 20 minutes pour une interview en partenariat avec la presse régionale représentée par Stéphane VERNAY de " Ouest-France ", bonjour Stéphane.
STEPHANE VERNAY
Bonjour Oriane, bonjour Dominique FAURE, bonjour, bonjour.
DOMINIQUE FAURE
Bonjour à vous.
ORIANE MANCINI
On va évidemment longuement parler du congrès des maires, Dominique FAURE, " Communes attaquées, République menacée " c'est le thème de ce 105e congrès des maires qui s'ouvre aujourd'hui, quelles réponses allez-vous apporter à ces maires ?
DOMINIQUE FAURE
Les réponses que nous allons apporter à cette montée de la violence faite aux élus, on parle d'une augmentation d'environ 15%, elles ont déjà démarré, ces réponses, au mois d'avril avec un pack sécurité que je pourrai vous rappeler si vous le souhaitez, avec un plan de lutte contre la violence faite aux élus, qui a été mis en place, on va dire début juillet, et puis on va finir cette année sous ces trois axes qui nous animent que sont le mieux protéger, mieux… mieux protéger, et puis surtout mieux sanctionner, en fait on va s'appuyer sur une proposition de loi du président BUFFET, qui a été votée à l'unanimité, qui va monter la sanction…
ORIANE MANCINI
Mais est-ce qu'il y aura des réponses nouvelles jeudi ou est-ce que vous allez faire le bilan de ce que vous avez déjà fait ?
DOMINIQUE FAURE
Sur le sujet de la montée de la violence, vous comprenez bien qu'il s'assoit sur la montée de la violence dans la société, bien sûr, et je peux vous dire quelles en sont l'origine d'après moi, mais est-ce que nous allons amener quelque chose de nouveau, dans ce congrès des maires, sur ce sujet, non, bien sûr, nous allons écouter parce qu'on pourra toujours progresser sur le premier semestre 2024, mais là l'échéance que nous attendons c'est véritablement la sanction. Dire aussi que l'on a annoncé hier un numéro que pourront appeler nos maires, sur le champ tout simplement de la protection psychologique. Moi j'ai vu, à l'issue des émeutes des maires, à qui les larmes sont montées aux yeux, et on a échangé sur cette violence psychologique issue de ces émeutes début juillet, et donc, oui, on a pensé intéressant…
ORIANE MANCINI
Donc c'est une de leurs demandes, ce numéro vert ?
DOMINIQUE FAURE
Oui, parce que derrière ça peut donner lieu à un diagnostic qui peut peut-être les encourager familialement, parce qu'il n'est pas uniquement destiné aux maires, aux élus, mais aussi à leurs familles.
STEPHANE VERNAY
L'Association des maires de France parle de communes attaquées, vous répondez violences faites aux élus, est-ce qu'il n'y a que ça, c'est essentiellement ça ou il y a d'autres points qui sont sur la table, en quoi les communes se sentent attaquées aujourd'hui ?
DOMINIQUE FAURE
Communes attaquées ça sous-entend violences faites aux élus, oui, mais pas que, ça veut dire aussi attaques aux biens de la collectivité, on l'a vu au mois de juillet, et surtout il faut rappeler que dans ces 1387 faits, c'est +15%, on ne va trouver que moins de 5%, et heureusement, de violences faites aux maires et aux élus, violences physiques, très peu, heureusement, donc beaucoup d'attaques aux biens, écoles, on l'a vu pendant les émeutes. Donc, quelles sont les origines, peut-être-me demandiez-vous ?…
ORIANE MANCINI
Oui, non, mais juste sur les attaques aux biens, parce que les maires doivent payer la reconstruction, et il y a des maires qui sont lâchés par les assurances, soit qui les lâchent, soit qui leur demandent des tarifs exorbitants, est-ce que vous avez les moyens de faire pression sur les assureurs, qu'est-ce que vous pouvez faire ?
DOMINIQUE FAURE
Nous avons lancé une mission, avec Bruno LE MAIRE, il y a un mois environ, avec à la fois deux inspecteurs, mais aussi un maire, Alain CHRETIEN, et puis un dirigeant d'une compagnie d'assurances, et c'est ce quatuor qui est en train de travailler pour nous apporter des solutions. Les compagnies d'assurance sont confrontées à des dégâts énormes et à devoir rembourser des travaux dans des proportions qui ne sont plus corrélées aux risques qu'ils ont pris et il nous faut trouver un chemin pour permettre à toute collectivité qui le souhaite de vouloir s'assurer, mais en même temps ne pas amener au dépôt de bilan nos compagnies d'assurance, ce qui aurait pu être le cas de la SMACL…
ORIANE MANCINI
Mais qui se désengagent, qui disent que ce n'est plus rentable aujourd'hui d'assurer les collectivités.
DOMINIQUE FAURE
Exactement. Je vais prendre juste le petit exemple de la SMACL, vous savez, c'est une compagnie d'assurance, une mutuelle, qui assure près de 80% de nos communes, et elle rembourse de l'ordre de 4 millions d'euros de dégâts par an, avec les émeutes de fin juin-début juillet c'est autour de 46 millions d'euros qu'elle doit rembourser. Si la MAIF n'était pas venu au capital de la SMACL à hauteur de 100 millions d'euros, eh bien la SMACL n'aurait pas pu poursuivre et ne serait plus une mutuelle pérenne pour nos collectivités.
STEPHANE VERNAY
Qu'est-ce qui se passe quand une municipalité n'arrive plus à assurer ses biens, ça arrive, et qu'est-ce qui se passe dans ce… est-ce que ça arrive et qu'est-ce qui se passe dans ces cas-là ?
DOMINIQUE FAURE
Elles s'auto-assure en fait.
STEPHANE VERNAY
Donc elle n'a plus d'assurance ?
DOMINIQUE FAURE
Le cahier des charges est émis, et puis, parfois, il n'y a personne qui répond à l'appel d'offres que la collectivité a lancé. Moi j'appelle les maires et les collectivités à prendre en compte les rapports que les compagnies d'assurance leur font sur comment mieux protéger leurs biens, et souvent ça génère évidemment des frais, des travaux de maintenance, on prend une porte de gymnase qui a été forcée une fois, deux fois, trois fois, trois années de suite ou trois mois d'affilée, il faut remettre en cause tout simplement le système de fermeture pour faire en sorte que ce gymnase, la porte ne soit plus forcée, et quelques communes n'investissent pas suffisamment sur la maintenance et donc, forcément, les compagnies d'assurance ne répondent plus. Cependant, j'attends les résultats de cette mission pour être en mesure de voir quelles sont les solutions qui s'offrent aux maires et mon idée est véritablement qu'il y ait toujours une solution, quand ils souhaitent s'assurer bien sûr.
ORIANE MANCINI
Stéphane, on revient à la question des violences ?
STEPHANE VERNAY
Oui, sur le plan de protection des élus locaux que vous évoquiez, donc il avait été annoncé au printemps, vous dites qu'il a été mis en place début juillet, est-ce que le réseau de 3400 référents, gendarmes ou policiers, a été pleinement déployé à ce jour ?
DOMINIQUE FAURE
Tout simplement il s'agissait des 3400 gendarmes ou policiers référents élus, qui existaient, et on les a formés…
STEPHANE VERNAY
Il est pleinement opérationnel ce réseau, selon vous ?
DOMINIQUE FAURE
Et on leur a demandé d'être des référents violences faites aux élus, et on leur a demandé d'accélérer " l'aller vers ", c'est vraiment aller à la rencontre de tous les maires pour à la fois travailler sur la prévention et à la fois travailler sur la perception de sécurité que le maire, sa famille, ses collègues élus, peut ressentir.
STEPHANE VERNAY
Il était question d'un dispositif " Alarme élu ", un dispositif spécifique, est-ce qu'il a été utilisé et si oui, dans quelle proportion ?
DOMINIQUE FAURE
Il a été déployé dès le mois de juillet, je ne sais pas vous dire dans quelle proportion il est utilisé. Vous savez, il y a deux façons d'appeler à l'aide., la première c'est quand même le 17, après s'être assuré que son numéro de portable est bien enregistré, et en appelant le 17 vous êtes certain que vous serez traité prioritairement comme une personne à risque. Ensuite, si la personne n'a pas son téléphone mobile, le dispositif « Alarme », si elle se sent menacée, que le maire, ou les élus, ont sur eux, leur permet d'appeler cinq numéros qui s'appellent automatiquement et qui géolocalisent là où se trouve l'élu. A-t-il été utilisé de façon importante ou pas ? On l'a lancé il y a quelques mois, je saurai vous le dire d'ici quelques semaines ou mois.
STEPHANE VERNAY
Il est également question de mieux judiciariser les violences en ligne faites aux élus, est-ce que ça ça marche, ça fonctionne aussi ou pas ?
DOMINIQUE FAURE
Donc c'est la proposition de loi du président BUFFET qui a été votée à l'unanimité et qui va être votée très probablement à l'Assemblée à la fin de l'année ou au tout début de l'année, donc là…
ORIANE MANCINI
Elle sera examinée quand, juste à l'Assemblée ?
DOMINIQUE FAURE
Elle devrait donc passer deuxième semaine de décembre, si impossible, tout début janvier. Je voudrais quand même dire que les sanctions vont monter jusqu'à 100.000 euros d'amende et sept ans d'emprisonnement ferme, et la sanction elle a souvent des vertus de prévention, c'est-à-dire de faire savoir à ces délinquants à quel point la sanction peut être importante, pour eux et pour leur famille, parce qu'on a vu qu'on avait quelques délinquants mineurs, et l'autorité parentale doit jouer son rôle.
ORIANE MANCINI
Alors, il y a l'autorité parentale, mais est-ce que face à ces augmentations des violences d'élus, les citoyens ont aussi un rôle à jouer ?
DOMINIQUE FAURE
J'ai appelé dès le mois d'avril à un choc civique et nous travaillons…
ORIANE MANCINI
Vous avez l'impression qu'il a été entendu ce choc civique ?
DOMINIQUE FAURE
Depuis quelques mois, à comment le mettre en oeuvre. Est-il entendu ? moi, en tout cas, je fais régulièrement, aux côtés de mes rencontres avec les maires et les élus locaux, je fais des rencontres citoyennes, j'en ai fait une la semaine dernière avec Olivier VERAN, il y avait une petite centaine de citoyens, et l'idée est de réfléchir à est-ce qu'une réserve citoyenne, qui puisse être municipale, est-elle la solution qui peut provoquer ce choc civique.
ORIANE MANCINI
Qu'est-ce que c'est qu'une réserve citoyenne ?
DOMINIQUE FAURE
Qu'est-ce que c'est que cette réserve citoyenne ? ça pourrait être, puisque je suis en phase d'investigation, de réflexion, d'association de citoyens pour savoir si ça peut être pertinent, c'est tout simplement faire appel à des bénévoles et à des citoyens qui veulent accompagner leur commune par rapport à des services. Je prends toujours deux exemples. Le premier, c'est celui qui vise à accompagner des enfants à traverser l'école, et c'est toujours des coûts très importants pour les maires, et puis les parents sont souvent pressés d'aller travailler, donc on ne peut pas mettre des policiers municipaux devant tous les groupes scolaires, pour accompagner ces enfants, c'est quelque chose qui est sympathique, qui crée du lien social, et qui pourrait intéresser quelques citoyens. Le second c'est des jardins potagers qui pourraient être mis à disposition par des communes auprès de citoyens pour ensuite redistribuer les fruits de ce jardin. Cette réserve citoyenne elle aurait donc pour vertu d'accompagner les élus locaux et de leur faire prendre conscience à quel point la République est menacée quand on s'attaque à nos élus comme on le voit aujourd'hui, et en même temps elle pourrait servir, dans le cadre des tempêtes, ou des inondations que nous avons eues dans le Nord de la France, à peut-être mobiliser facilement, parce que ce seraient des gens qui seraient mis à la disposition de leur commune, qui pourraient se déplacer pour aller secourir des personnes qui feraient l'objet de sinistres.
ORIANE MANCINI
Il y a l'enquête du CEVIPOF qui a été publiée hier et qui révèle notamment que les maires ont un ressentiment sur les conditions d'exercice de leurs missions et sur la question de leur indemnité, est-ce qu'il faut augmenter les indemnités des maires ?
DOMINIQUE FAURE
Nous avons travaillé sur ce sujet, avec l'AMF d'abord, puis toutes les associations d'élus, et plus récemment dans la Convention nationale de démocratie locale où, vous le savez, 350 maires sont venus. Aujourd'hui, je dirais qu'ils sont unanimes et je pense que l'on doit travailler plus finement maintenant pour augmenter leurs indemnités, que ce soit des maires de petites ou moyennes…
ORIANE MANCINI
Donc on va vers une augmentation de leurs indemnités ?
DOMINIQUE FAURE
On y va parce qu'ils sont demandeurs. Le gouvernement considère que cette générosité, historiquement qu'ils portent en leur sein, quand on est maire on aime les gens et il y a cette générosité, certains ne prennent pas la totalité de l'indemnité à laquelle ils ont droit, certains la redistribuent à leurs conseillers délégués, mais l'idée est véritablement de les augmenter.
ORIANE MANCINI
Pour tous les niveaux, puisqu'il y a différentes indemnités en fonction du nombre d'habitants ?
DOMINIQUE FAURE
Moi je pense que ça peut être travaillé effectivement de façon très large, il faut arriver, à défaut d'un consensus, à un compromis, donc, oui, nous allons poursuivre les travaux pour savoir de combien, à quel niveau, parce qu'on voit qu'il est de plus en plus difficile de concilier la fonction de maire avec un emploi, et bien sûr avec sa vie de famille, et sur le sujet de la hausse de l'indemnité je veux quand même rappeler…
ORIANE MANCINI
Qu'il faut indexer sur l'inflation, juste ? c'est une des propositions du Sénat, d'indexer l'indemnité sur l'inflation.
DOMINIQUE FAURE
Oui parce que, à ce stade, l'indemnité elle n'est augmentée que par l'augmentation du point d'indice des fonctionnaires, mais elle n'est pas indexée sur l'inflation.
ORIANE MANCINI
Donc pour vous c'est envisageable de l'indexer sur… ?
DOMINIQUE FAURE
Moi je n'y suis pas favorable, mais je suis ouverte à toute discussion sur le sujet.
STEPHANE VERNAY
Est-ce que les Français et les Françaises ont conscience que l'écrasante majorité des maires ne vivent pas de ces indemnités en fait, quand vous êtes maire d'une petite commune vous êtes obligé d'avoir un emploi à côté, est-ce que tout le monde a bien ça en tête ? Combien il gagne le maire d'un village aujourd'hui, enfin, il gagne, ce n'est pas le bon terme, mais c'est quoi son indemnité ?
DOMINIQUE FAURE
Jusqu'à 500 habitants, donc nos plus petites communes, mais les plus nombreuses, en fait c'est ce que je vous disais, Jacqueline GOURAULT était ministre des Collectivités locales à ce moment-là, c'est la loi 3DS, et on augmente cette indemnité à 1000 euros brut, c'est-à-dire 800 euros net. Ensuite, ça monte progressivement, de 500 à 1000 habitants, donc on va jusqu'à 1400 euros brut, et puis ça monte jusqu'à, sur la tranche 1000/10.000, on est autour de 2000, 2200 euros brut, et puis voilà, ça monte progressivement. La réflexion elle doit vraiment être menée sur toutes les strates, encore une fois pour les raisons que j'invoquais, parce que dans certains cas les maires ont évidemment tous les moyens et ne sont pas, eux, sollicités sur leur portable, et ne sont pas dans l'action du service public sur leur commune parce qu'il y a beaucoup d'agents, et puis dans d'autres cas ils n'ont pas d'agent et c'est eux qui sont sollicités par nos concitoyens.
ORIANE MANCINI
Est-ce que lors de ce congrès il y aura des annonces sur le statut de l'élu ?
DOMINIQUE FAURE
Alors, je ne sais pas vous le dire encore, parce que s'il y avait annonce ce serait la Première ministre qui la ferait, en tout cas il y a vraiment consensus, me semble-t-il, et c'est pour ça que moi j'arrive dans ce congrès avec vraiment le sentiment que le climat est apaisé. Alors bien sûr l'AMF va sûrement m'interpeller, interpeller le gouvernement, mais le climat est apaisé, je le constate, et la Première ministre est satisfaite du travail que nous avons fait, dont je viens de vous parler, initié avec l'AMF, élargi à toutes les associations d'élus et les parlementaires, qui aboutit à, on va dire deux notes que j'ai faites à la Première ministre, la première elle est sur le statut de l'élu, elle reprend beaucoup de ce que nos maires nous ont demandé, la seconde elle est sur les conditions d'exercice du mandat d'élu, c'est-à-dire tous ces irritants, et je ne pense pas que nous ayons le temps de produire des annonces véritablement, mais elle va au moins annoncer sa détermination à trouver les, on va dire les créneaux parlementaires, pour faire passer tout ce qui relève du législatif.
STEPHANE VERNAY
Le climat est meilleur avec les élus, dites-vous, mais il y a quand même eu plus de 1400 démissions de maires depuis les dernières élections municipales, 2020, c'est beaucoup. Quels sont les, vous parliez d'irritants, quels sont les principales raisons, selon vous, qui font qu'il y a un nombre impressionnant de maires qui jettent l'éponge avant même d'avoir commencé quasiment ?
DOMINIQUE FAURE
Beaucoup de ces démissions sont des maires élus depuis 2020, ce sont des maires qui découvrent à quel point le mandat de maire, et quelle que soit la strate, les absorbe dans leur totalité…
STEPHANE VERNAY
Il y a un décalage entre ce qu'ils imaginaient et ce qu'ils vivent aujourd'hui ?
DOMINIQUE FAURE
Pour beaucoup d'entre eux, parce que je les reçois, pour ceux qui ont le temps dans leur vie professionnelle qu'ils ont reprise quand ils ont démissionné, de venir échanger et expliquer. La raison principale, c'est la charge de travail, la charge administrative, la complexité administrative, et c'est pour ça que je me suis attelée à ce sujet.
STEPHANE VERNAY
Ce n'est pas les violences faites contre les élus, ce n'est pas des problèmes d'indemnités, c'est vraiment l'empilement de règles….
DOMINIQUE FAURE
Et souvent l'incompatibilité avec la vie de famille et avec un emploi. Et quel que soit le montant des indemnités que nous pourrions augmenter, de toute façon beaucoup d'entre eux sont obligés de continuer à travailler et donc travaillent, mandat de maire et vie familiale, ils se rendent compte à quel point c'est difficile. Et puis vous savez, émerge souvent la question et pourquoi ne pourrions-nous pas indemniser les maires à la hauteur de leurs rémunérations professionnelles ? C'est juste impossible parce qu'il y a une telle disparité dans les fonctions qu'occupent les maires avant de devenir maire que ce n'est pas pensable.
ORIANE MANCINI
Stéphane Sur la décentralisation.
STEPHANE VERNAY
Oui. Est-ce que l'on peut parler d'autre échelon que les maires, est-ce que les régions doivent s'inquiéter de la mission confiée par Emmanuel MACRON à Eric WOERTH ? Est ce qu'il y aura un découpage ou un redécoupage dans l'air des grandes régions que Occitanie, Grand Ouest ou Nouvelle Aquitaine par exemple ?
DOMINIQUE FAURE
Les raisons, nos élus n'ont pas de raison de s'inquiéter.
STEPHANE VERNAY
Aucune.
DOMINIQUE FAURE
Pour ce qui est des départements, la Première ministre a été claire à l'Assemblée générale des départements de France, Eric WOERTH a été très clair lorsqu'il accompagnait le président aux Rencontres de Saint-Denis, il n'y aura pas de suppression des départements ou d'une quelconque strate aujourd'hui.
ORIANE MANCINI
Donc aucune suppression de strate.
DOMINIQUE FAURE
Non, ça a été clairement….
STEPHANE VERNAY
Pour les départements.
DOMINIQUE FAURE
Pour les départements mais voyez-vous…
STEPHANE VERNAY
Et les régions ?
DOMINIQUE FAURE
…. Intercommunalités, départements, régions, non, suppression des régions, il n'y aura pas la suppression des régions.
STEPHANE VERNAY
La question du redécoupage, elle est sur la table ?
DOMINIQUE FAURE
Alors moi, je n'ai pas entendu aujourd'hui de réflexion sur le redécoupage des régions. Moi je pense que pour les régions les plus grandes, cela a beaucoup de sens de par la concurrence que nous avons en Europe avec les régions allemandes. Les régions espagnoles comme vous le savez, moi je suis d'origine toulousaine et fière de cette région Occitanie qui peut rivaliser avec la région Catalogne qui est extrêmement forte économiquement. Donc oui, des régions fortes sur leurs compétences que sont les transports, que sont la recherche, l'innovation, que sont le développement économique, on a besoin de régions fortes. Donc….
ORIANE MANCINI
Mais juste sur cette mission….
DOMINIQUE FAURE
Je ne peux pas présumer de ce que seront les résultats de la mission.
ORIANE MANCINI
Mais sur cette mission parce qu'on entend parler de décentralisation depuis les premiers mois du premier quinquennat d'Emmanuel MACRON. Vous devez avoir sur votre bureau un nombre incalculable de propositions, notamment qui viennent du Sénat, puisque le Sénat a fait plusieurs propositions. Du coup, quel est l'intérêt de cette mission ? Est-ce que n'est pas venu le temps de l'action ?
DOMINIQUE FAURE
Vous savez le 20ème siècle a été le siècle dans lequel on a décentralisé et plusieurs actes de décentralisation qui nous ont amenés à la situation dans laquelle nous nous trouvons aujourd'hui. Je pense que le président appelle de ses voeux beaucoup de lisibilité et je pense que quand il indique à quel point il aimerait que quand le citoyen vote pour la région, il sache pourquoi et pour quelles compétences il vote, quand il vote pour le département de même. Donc qu'il y ait besoin de faire des ajustements sur le champ de la lisibilité entre l'Etat, les régions, les départements, les intercommunalités, les maires, je dis oui, qu'il y ait besoin d'ajustement….
ORIANE MANCINI
Vous avez besoin d'une mission pour ça ?
DOMINIQUE FAURE
Alors oui tout simplement parce qu'aujourd'hui, il ne vous a pas échappé que l'on a traversé trois crises majeures et que notre gouvernement est quand même extrêmement au travail pour accompagner nos citoyens, nos élus locaux dans la traversée de ces crises. Donc oui, un député expérimenté, Eric WOERTH, mandaté pour faire des recommandations concrètes à la Première ministre, au président de la République, bien sûr. Moi, je trouve que cela a du sens. Ensuite, il a évoqué le nombre de rencontres qu'il allait faire pour nourrir sa réflexion. Je pense qu'il va aussi aller voir ce qui se passe dans les pays étrangers. Moi-même, j'ai été en Espagne et au Portugal pour voir comment cela fonctionnait. Je pense que ça peut conduire à une efficacité et comme vous l'appelez de vos voeux à un passage à l'action.
ORIANE MANCINI
Dernière question, Stéphane.
STEPHANE VERNAY
Vous évoquiez tout à l'heure les irritants, les sujets qui agacent les élus, les élus locaux, quel que soit l'échelon, en ce moment c'est qu'est ce qui crée les tensions entre l'État et les élus locaux, toutes catégories confondues ? Plus de tensions.
DOMINIQUE FAURE
Les deux grandes natures d'irritants, c'est d'abord la recherche de subventions où ils sont obligés d'instruire des dossiers pour l'Etat, pour la région, pour le département, parfois pour leur intercommunalité.
STEPHANE VERNAY
Une question d'argent, ça reste une source de tension.
DOMINIQUE FAURE
Alors pas l'argent lui-même, mais la complexité des dossiers à instruire pour aller chercher ces conventions. Tous les maires appellent de leurs voeux une simplification et surtout un travail plus étroit pour essayer de faire en sorte, surtout les plus petites communes qui n'ont pas les moyens de porter ces dossiers. Ensuite, les sujets que vous connaissez du zéro artificialisation, bien sûr de la ZFE, au-delà de l'adhésion à l'objectif que nous portons d'être plus sobres sur le plan du foncier et d'être plus écologiquement responsable, ils appellent de leurs voeux moins de ce qu'ils appellent des injonctions contradictoires, donc il nous faut travailler avec les parlementaires, mais aussi avec les élus locaux pour faire évoluer les choses, pour que les choses soient plus simples.
ORIANE MANCINI
Merci.
DOMINIQUE FAURE
Vous voyez.
ORIANE MANCINI
Merci Dominique FAURE, j'aurais pu vous laisser finir votre phrase. Merci beaucoup…
DOMINIQUE FAURE
Avec plaisir.
ORIANE MANCINI
D'avoir été avec nous.
Source : Service d'information du Gouvernement, le 23 novembre 2023