Texte intégral
JEAN-REMI BAUDOT
Bonjour Franck RIESTER.
FRANCK RIESTER
Bonjour.
JEAN-REMI BAUDOT
On a appris ce matin qu'un franco-israélien, que la dépouille d'un franco-israélien, Elya TOLEDANO, âgé de 28 ans, a été retrouvée dans la bande de Gaza par l'armée israélienne. Quelle est votre réaction ce matin ?
FRANCK RIESTER
Oui, eh bien, c'était une bien triste nouvelle. C'est beaucoup d'émotions. Je pense bien sûr à lui, à sa famille, à toutes celles et ceux qui ont perdu des proches, des membres de leur famille lors de cet attentat terroriste, dans cette attaque terroriste. Et nous pensons bien sûr à ceux qui sont encore en otage, les trois Français notamment. Et vous savez, le gouvernement est mobilisé avec toutes celles et ceux qui peuvent l'être…
JEAN-REMI BAUDOT
Est-ce que la France fait tout ce qu'il faut pour arriver à ces libérations ?
FRANCK RIESTER
Oui, bien sûr, à tout niveau, et au plus haut sommet de l'Etat pour faire libérer les otages restants.
AGATHE LAMBRET
Franck RIESTER, vous êtes de toutes les réunions sur la loi Immigration avec la Première ministre, et la droite depuis quelques jours. Est-ce que vous pouvez nous dire ce matin si oui ou non les bases d'un accord sont en train d'être posées ?
FRANCK RIESTER
En tout cas, nous travaillons, nous travaillons beaucoup, nous nous voyons beaucoup, nous échangeons beaucoup avec les dirigeants LR, la Première ministre et Gérald DARMANIN, en lien, bien évidemment, avec les parlementaires qui sont très impliqués sur le texte.
AGATHE LAMBRET
Mais vous voyez se dessiner un accord ou pas ?
FRANCK RIESTER
Le rapporteur général Florent BOUDIE, le président de la Commission des lois, Sacha HOULIE, et, bien sûr, toutes celles et ceux qui sont à l'Assemblée nationale et au Sénat, dont la majorité, sont mobilisés sur ce texte. Nous travaillons. Si nous passons autant de temps, c'est qu'il y a une volonté d'avoir un accord, et nous travaillons aux voies et moyens pour y parvenir, sur la base du texte du Sénat, puisque c'est le texte qui a été voté au Sénat, mais pas avec tout le texte du Sénat, puisqu'il y a un certain nombre de sujets sur lesquels nous discutons avec les LR, qui ne nous conviennent pas, qui ne correspondent pas à notre philosophie, que nous ne voulons pas conserver, mais bien sûr, on…
AGATHE LAMBRET
On a l'impression de deux camps irréconciliables, aujourd'hui, Franck RIESTER...
FRANCK RIESTER
Non…
AGATHE LAMBRET
La droite est claire, elle dit qu'elle veut que ce soit le texte durci par le Sénat qui soit adopté en Commission mixte paritaire. Or, la gauche de la majorité, notamment, tient à la version du gouvernement. Donc, est-ce qu'on n'est pas dans une impasse à nouveau ?
FRANCK RIESTER
Non, parce que nous souhaitons qu'il y ait un accord. C'est important qu'il y ait un texte. C'est important qu'il y ait un texte pour les Français, parce qu'il y a besoin de plus de fermeté dans la lutte contre l'immigration irrégulière pour mieux et plus vite éloigner celles et ceux qui menacent nos compatriotes qui sont étrangers. Nous avons besoin de mieux intégrer aussi celles et ceux que nous accueillons et que nous voulons accueillir et qui respectent nos lois et nos valeurs. Et pour ça, il faut qu'on trouve avec les partenaires qui sont les nôtres aujourd'hui sur ce texte, les LR, la possibilité d'avoir un accord, bien sûr, un accord qui s'approche du texte du Sénat, puisque c'est le seul aujourd'hui qui a été voté par une Chambre, le Sénat, mais aussi en tenant compte d'un certain nombre de sujets auxquels nous croyons particulièrement et qui nous paraissent importants d'être pris en compte. Je pense par exemple, bien sûr, à la question de l'AME, sur laquelle on a beaucoup de discussions.
JEAN-REMI BAUDOT
Franck RIESTER, à l'heure où l'on se parle, quelle est la probabilité que cette CMP soit conclusive, comme on le dit ?
FRANCK RIESTER
Mais, on ne rentre pas dans ces calculs-là ou dans ces prévisions-là, on ne fait pas de pronostic, on travaille, on échange, on discute, on échange, avec les LR, nous discutons, avec la majorité, on essaie de convaincre, d'écouter, de prendre en compte les avis, les convictions, les sensibilités…
JEAN-REMI BAUDOT
Est-ce que ça veut dire qu'il est presque plus difficile de convaincre certaines personnes de la majorité que les LR de bouger un petit peu le curseur ?
FRANCK RIESTER
Ça fait un an que sur tous les textes, il y en a eu 61 de votés, 56 sans 49.3, où nous travaillons avec la majorité et les députés des oppositions constructives qui veulent travailler avec nous pour bâtir des compromis, bâtir des accords politiques pour voter les textes. Et on a voté 56 textes, et à chaque fois, eh bien, oui, il faut aller chercher des voix, et il faut aller chercher des majorités plus larges que la majorité présidentielle, en gardant les axes de ce que l'on veut faire pour le pays, en gardant nos valeurs et nos convictions, mais en allant chercher des partenaires…
AGATHE LAMBRET
Vous n'avez pas réussi sur la réforme des retraites qui est une réforme majeure. Vous avez dû utiliser le 49.3, et aujourd'hui, vous n'avez pas vu venir la motion de rejet…
FRANCK RIESTER
Ça s'est joué à quelques voix, parce que nous n'avions pas de certitude sur le vote, et nous avons déclenché effectivement un 49.3, parce que ça nous paraissait être une réforme essentielle. Mais il y a eu cinq textes, quatre textes financiers et la réforme des retraites, mais il y a eu beaucoup de réformes importantes, difficiles, qu'on a réussi à faire voter...
AGATHE LAMBRET
Oui, mais concrètement…
FRANCK RIESTER
Grâce à un accord. Là, c'est la même chose. Vous savez, c'est un sujet particulier, bien sûr, c'est un sujet qui est médiatique, politique, c'est un sujet humain aussi. Il s'agit de femmes, d'enfants et d'hommes. Donc c'est un sujet qui touche particulièrement, même éventuellement personnellement, les députés, et donc c'est plus sensible qu'un autre texte. Et donc, nous voulons…
AGATHE LAMBRET
Mais par exemple, Franck RIESTER, concrètement, il y a une divergence sur la régularisation des travailleurs sans papiers. La droite veut une mesure plus restrictive que la majorité, sur ce point, vous faites comment ?
FRANCK RIESTER
Ce qui est important, c'est que celles et ceux, étrangers, en situation irrégulière, qui travaillent depuis longtemps dans des entreprises, dans des métiers en tension, qui sont sur notre sol depuis longtemps, qui respectent nos règles, qui respectent nos valeurs…
AGATHE LAMBRET
Ça, c'est le principe…
FRANCK RIESTER
Puissent avoir une régularisation sans forcément l'avis ou l'accord du chef d'entreprise. C'est ça qui est au cœur finalement de nos discussions. C'est un point très important pour nous. Nous en discutons avec les LR, et bien évidemment, nous partageons et nous échangeons avec les députés de la majorité. Vous savez, il s'agit d'un sujet où certains ont des convictions très fortes. Nous devons les respecter. Nous devons conserver nos valeurs, et en même temps, respecter aussi les convictions des LR et de celles et ceux qui seraient amenés à voter ou à s'abstenir sur ce texte. J'ajoute que, d'ailleurs, nous ne discutons pas qu'avec les LR, nous discutons aussi avec les députés du groupe Liot. On a rencontré avec la Première ministre et Gérald DARMANIN, hier, le président Bertrand PANCHER, Christophe NAEGELEN et un certain nombre de responsables Liot pour voir de quelle manière on pouvait aussi les convaincre de voter le texte ou s'abstenir sur le texte. Donc voyez, on cherche des majorités plus larges que la majorité présidentielle. C'est un travail long. C'est un travail difficile…
JEAN-REMI BAUDOT
Mais est-ce qu'il y a des lignes rouges pour vous ?
FRANCK RIESTER
Et on écoute aussi nos partenaires…
JEAN-REMI BAUDOT
Est-ce qu'il y a des lignes rouges typiquement, par exemple, vous parliez des emplois en tenson, mais il y a aussi la question de l'AME, la droite qui veut supprimer l'AME au profit d'un autre dispositif. Est-ce que, vous, c'est une ligne rouge, par exemple ?
FRANCK RIESTER
Vous savez, on a été très clair sur l'AME, on pense que c'est un bon système. Nous discutons avec les sénateurs qui ont supprimé l'AME pour mettre en place un autre dispositif qui nous paraît moins pertinent et moins performant…
JEAN-REMI BAUDOT
L'aide médicale d'urgence...
FRANCK RIESTER
L'aide médicale d'urgence. Vous avez vu que, tout en étant attachés à l'AME, en termes sanitaires, en termes humains, en termes aussi budgétaires, nous sommes aussi ouverts à ce qu'on puisse améliorer le système. Il y a eu un rapport remis par Claude EVIN et Patrick STEFANINI, la Première ministre et les ministres concernés, souhaitent qu'on puisse l'améliorer, et l'améliorer dès le début de l'année 2024, sans remettre en cause son fondement, qui est un fondement utile pour notre pays.
AGATHE LAMBRET
Donc vous allez vous y engager auprès des Républicains, puisque c'est ce qu'ils réclament ?
FRANCK RIESTER
Ça fait partie des discussions. Mais je réponds aussi sur les lignes rouges. Vous savez, si on a tous des lignes rouges et qu'on reste chacun de son côté et qu'on ne fait pas des pas les uns vers les autres, il n'y a pas d'accord. Et ça, c'est vrai depuis le début du quinquennat, je le rappelle, parce qu'il nous manque 40 députés, pour faire des majorités, il faut aller vers les autres…
AGATHE LAMBRET
Est-ce que c'est une option que vous prenez en compte…
FRANCK RIESTER
Ne pas perdre ses valeurs, garder ses convictions, mais ne pas rester forcément toujours sur son Aventin parce que, sinon, il n'y a pas d'accord.
AGATHE LAMBRET
Est-ce que c'est un risque que vous prenez en compte, le fait qu'il n'y ait pas d'accord à l'issue de cette Commission mixte paritaire ?
FRANCK RIESTER
Eh bien écoutez, bien sûr qu'il n'est pas sûr qu'il y ait un accord à l'issue de la Commission mixte paritaire. Parce qu'on ne peut pas avoir un accord à tout prix, à n'importe quel prix. On doit avoir un accord parce qu'on pense que c'est important pour le pays. C'est important qu'on ait un texte qui permette plus de fermeté, mieux lutter contre l'immigration irrégulière, mieux lutter contre les passeurs, contre les marchands de sommeil. Mais en même temps, nous devons garder un certain nombre de principes auxquels nous sommes attachés, auxquels la majorité est attachée. La Première ministre a reçu tous les députés, a échangé avec tous les députés de la majorité hier, et elle a eu des mots très forts. Elle veut l'unité de la majorité dans ce texte. Elle souhaite qu'avec cet accord, nous puissions embrasser toute la majorité, que chacun se retrouve dans cet accord. C'est difficile. C'est quelque chose qui nous occupe beaucoup, mais c'est une priorité de la Première ministre.
JEAN-REMI BAUDOT
On en reparle dans un instant. Pour l'instant, la priorité, c'est le Fil Info à 8h41 avec Maxime GLORIEUX.
/// Fil Info ///
AGATHE LAMBRET
Toujours avec Franck RIESTER, ministre délégué chargé des Relations avec le Parlement. « Pour moi c'est un gâchis épouvantable, parce que si on a un texte qui est conclu par la commission mixte paritaire et s'il est voté, il sera voté sans jamais avoir été examiné à l'Assemblée » a déploré François BAYROU hier sur France 5, c'est un gâchis ou François BAYROU se trompe ?
FRANCK RIESTER
Non, c'est assez inédit, et assez fou, que les députés s'auto-dessaisissent de leur propre pouvoir de débat dans l'hémicycle, c'est déjà arrivé dans le passé, mais c'est très rare. Comment expliquer, quand on est député, quand on se présente devant ses électeurs, au moment où il y a un texte important qui suscite beaucoup de questions et sur lequel il y a beaucoup de débat, les députés se disent « eh bien non, là j'ai deux semaines de discussion, deux semaines de débat, pour donner mon avis, pour critiquer, pour proposer », on refuse le débat. Mais vous savez, c'est ce que je vis, c'est ce que nous vivons, ce n'est pas forcément vu, aux yeux de tout le monde depuis un an et demi, mais sur tous les textes la NUPES, et bien souvent le Rassemblement national, déposent des motions de rejet et votent ces motion de rejet, c'est-à-dire qu'ils nous critiquent parfois en disant « mais le gouvernement refuse le débat, piétine le Parlement, empêche les députés de discuter », mais systématiquement au début des textes ils déposent et votent des motion de rejet, et il y a un nombre très important de fois où la motion de rejet a failli être votée. Souvent c'est d'ailleurs les LR qui ne la votent pas et qui permettent, en votant contre, que le débat se déroule, c'est pour ça que j'ai été surpris…
AGATHE LAMBRET
Les Républicains, vous avez encore confiance en eux ?
FRANCK RIESTER
Bien sûr ; c'est pour ça que j'ai été surpris que les LR votent cette motion de rejet, parce que ce n'est pas leur habitude, ils ont toujours voulu, même quand ils n'étaient pas d'accord avec des textes, qu'il y ait le débat, et donc oui c'est fou que les députés se dessaisissent de leur pouvoir de discuter. Pour autant, là où j'ai une petite nuance avec François BAYROU, c'est qu'il y a eu pendant une semaine, en commission, de nombreux débats sur le texte, les députés de la commission, et ceux qui ne sont pas dans la commission et qui ont voulu participer au débat, l'ont fait pendant une semaine, il y a eu de nombreux…
AGATHE LAMBRET
Mais cette version a été enterrée à cause de la motion de rejet, c'est la version du Sénat qui revient en commission mixte paritaire
FRANCK RIESTER
Vous avez tout à fait raison, le texte final a été rejeté par cette motion de rejet, mais les débats ont lieu, de nombreux débats, et d'ailleurs c'est encore accessible sur bien sûr le site de l'Assemblée nationale, pendant des heures et des heures, des jours et des nuits, des nuits peut-être pas, mais très tard le soir, les députés de la commission des lois, et ceux qui ont voulu participer à ces débats, ont débattu sur le texte. Alors, ça ne vaut pas évidemment quinze jours de débat dans l'hémicycle, bien sûr, mais enfin il y a eu un débat, mais de manière générale c'est absolument fou que les députés se dessaisissent de leur pouvoir, mais c'est, encore une fois…
JEAN-REMI BAUDOT
Est-ce que ce n'est pas le signe de quelque chose que vous n'avez pas réussi à convaincre et, en disant vous, je dis le gouvernement, et d'une manière générale je dis Gérald DARMANIN, qui avait fait le pari de faire s'entendre un peu tout le monde, et notamment de s'entendre avec la droite, et sur ce point-là de fait c'est un échec ?
FRANCK RIESTER
Alors, c'est sûr que ça reflète le fait qu'il n'y aurait pas d'accord potentiel à la fin du texte sur le texte issu de la commission des lois, mais pour autant on n'est jamais sûr que le texte issu d'une commission soit… d'ailleurs souvent c'est toujours différent, le texte issu de la commission des lois par rapport au texte qui est voté à la fin du débat dans l'hémicycle, mais plus largement c'est, une fois de plus, comme c'est arrivé un certain nombre de fois, pas forcément sur une motion de rejet, mais dans des articles, ou des textes, l'alliance des contraires, l'alliance des populismes, l'alliance entre la France Insoumise, la NUPES et le Rassemblement National, Rassemblement National qui matin, midi et soir, nous parle d'immigration, ils n'ont que le mot « immigrés, « immigration » à la bouche, sur tous les sujets, et au moment…
JEAN-REMI BAUDOT
Et vous vouliez faire un « en même temps » avec ce texte.
FRANCK RIESTER
Et au moment, Jean-Rémi BAUDOT, où pendant deux semaines on devait en parler à l'Assemblée nationale, Marine LE PEN, et les députés du Rassemblement national, votent une motion de rejet pour ne pas en parler, mais c'est hallucinant.
AGATHE LAMBRET
Est-ce que vous avez essayé de faire un texte « en même temps », vous allez voulu plaire à la gauche et à la droite ?
FRANCK RIESTER
Il faut que les électeurs Rassemblement national entendent ça. Le Rassemblement national qui vont dans leurs territoires dire « l'immigration, l'immigration, les immigrés », au moment où ils peuvent défendre leurs convictions dans l'hémicycle, au moment ils peuvent peut-être faire voter des dispositions qui leur paraissent pertinentes, disent « non, on ne veut pas… »
JEAN-REMI BAUDOT
Vous croyez vraiment que les électeurs entendent cet argument ?
FRANCK RIESTER
Ecoutez, en tout cas moi je ne sais pas s'ils l'entendent, mais moi je leur dis, je leur dis ce qu'est la réalité du comportement et du travail des Rassemblement national à l'Assemblée nationale, et finalement c'est la philosophie du Rassemblement national, c'est on dénonce les problèmes, on crie au loup, et quand il s'agit de résoudre les problèmes concrètement, avec pragmatisme, avec détermination, avec efficacité, il n'y a plus personne. Pourquoi il n'y a plus personne ? parce que si on règle les problèmes…
JEAN-REMI BAUDOT
Le Rassemblement national dit qu'il a un autre projet à proposer.
FRANCK RIESTER
Eh bien ils ne peuvent plus aller sur ce terreau-là, et c'est d'ailleurs la même chose, on en parlera peut-être tout à l'heure, en Europe, en Europe Monsieur BARDELLA…
AGATHE LAMBRET
Franck RIESTER, un instant, pardon, on va parler de la situation en Europe, mais juste une question, si jamais la commission mixte paritaire est conclusive lundi, le texte donc devra encore être voté au Parlement mardi, ce qui est loin d'être gagné, et Emmanuel MACRON a d'ores et déjà exclu tout 49.3 sur ce texte, ça veut dire que si vous n'avez pas de majorité ce texte, qui était présenté comme essentiel, et qui est réclamé par une partie des Français, il ira à la poubelle ?
FRANCK RIESTER
Ecoutez, je ne vais pas commenter les résultats négatifs potentiels, je me bats pour avoir…
AGATHE LAMBRET
Mais Emmanuel MACRON anticipe un 49.3 possible et il dit qu'il n'en veut pas.
FRANCK RIESTER
Emmanuel MACRON, je ne vais pas mieux dire que le président de la République sur ces questions-là, ce que je veux dire c'est que là on se mobilise pour trouver un accord en CMP et ensuite que cet accord puisse être voté à l'Assemblée nationale et au Sénat, c'est ça qui mobilise, c'est ça qui mobilise la première ministre, c'est ça qui mobilise Gérald DARMANIN, c'est ça qui mobilise le gouvernement, la majorité, parce que c'est l'intérêt du pays, ce n'est pas l'intérêt du gouvernement, ce n'est pas l'intérêt d'Emmanuel MACRON, c'est l'intérêt du pays, c'est l'intérêt du pays qu'on puisse donner à nos policiers, à nos gendarmes, à nos magistrats, à toutes celles et ceux qui, au quotidien, luttent contre l'immigration illégale, veulent protéger les Français contre des étrangers délinquants, puissent avoir davantage de moyens…
JEAN-REMI BAUDOT
Finalement vous ne remettez pas en cause le fait que dès le début…
FRANCK RIESTER
Et puisse aussi permettre de mieux intégrer ceux que nous voulons intégrer de la meilleure façon possible.
JEAN-REMI BAUDOT
Franck RIESTER, vous ne remettez pas en cause le fait que dès le début vous avez essayé de faire un texte « en même temps », avec une jambe gauche, une jambe droite, et que finalement ça aurait été peut-être plus stratégiquement politiquement payant de faire un texte plutôt répressif d'un côté et un texte plus social de l'autre ?
FRANCK RIESTER
Ecoutez, on n'est pas au moment de l'analyse de ce qu'on aurait dû mieux faire ou moins bien faire…
JEAN-REMI BAUDOT
Non, mais vous n'avez pas de majorité, donc il y a un moment il faut prendre en compte cette donnée de juin 2022.
FRANCK RIESTER
On verra, on analysera toute la séquence quand ça sera le moment de l'analyse, là on est dans le moment de l'action, et, encore une fois, nous sommes mobilisés pour trouver un accord. Et je le redis, vous avez évoqué, je n'ai pas eu le temps de développer, mais c'est important pour moi, vous disiez est-ce que j'ai confiance dans les LR ? Moi, je peux vous dire, en tant que ministre en charge des Relations avec le Parlement, que depuis le début du quinquennat, on a voté, comme je vous l'ai dit, 56 textes, sans 49.3, et beaucoup dans ces textes-là ont été votés grâce au soutien ou à la bienveillante abstention des Républicains, et Olivier MARLEIX, le président du groupe, Eric CIOTTI, le président du parti, et les différents députés LR, nous disent la vérité quand ils s'adressent à nous, ils ne nous mentent pas sur ce qu'ils font…
AGATHE LAMBRET
Ils vous ont menti sur la réforme des retraites…
FRANCK RIESTER
Mais pas du tout, ils ne nous ont pas menti…
AGATHE LAMBRET
Et aujourd'hui vous…
FRANCK RIESTER
Mais pas du tout…
AGATHE LAMBRET
…Du coup vous devez trouver un accord avec les Républicains, donc !
FRANCK RIESTER
Non mais, Agathe LAMBRET, c'est un point très important, non, ils n'ont pas menti…
AGATHE LAMBRET
En tout cas ils vous ont, d'une certaine façon, trahi, vous comptiez sur eux sur la réforme des retraites.
FRANCK RIESTER
On comptait sur eux, on peut reprocher que certains députés LR, au moment du vote des retraites, ne se soient pas engagés à voter le texte, mais enfin, c'est grâce aux LR si la motion de censure, par exemple, n'a pas été votée, c'est parce qu'il y a des députés LR qui n'ont pas voté la motion de censure, et Olivier MARLEIX, quand il me dit quelque chose, c'est la réalité, ça peut être une réalité qui me déplaît, tout son groupe ne vote peut-être pas de la même façon que je le souhaiterais, ou qu'il le souhaiterait, mais il ne me ment pas, et donc nous avons instauré un climat de confiance, de travail et de confiance, avec les LR, et d'ailleurs pas qu'avec les LR, avec d'autres oppositions constructives, mais spécifiquement avec les LR.
JEAN-REMI BAUDOT
On va passer à autre chose dans un instant, mais juste une dernière question là-dessus, on a l'impression effectivement, vous citiez les dizaines de textes qui ont été votés sans 49.3, et en même temps personne ne s'en vante, comme si le dialogue était un peu honteux dans le Parlement tel qu'il existe aujourd'hui à Paris.
FRANCK RIESTER
Je le regrette, je pense que c'est important…
JEAN-REMI BAUDOT
Vous le voyez un peu quand même, si vous le regrettez c'est que vous le voyez ce dialogue honteux. Personne n'a envie de taper dans la main des macronistes manifestement.
FRANCK RIESTER
Ecoutez, je ne suis pas d'accord, c'est à la vue de tout le monde, on n'est pas en train de négocier en cachette, tous les Français voient bien, ils le savent, qu'on discute avec les LR, avec Eric CIOTTI, avec Bruno RETAILLEAU, parce qu'on parle beaucoup de l'Assemblée, mais il y a eu un gros travail, et on travaille très bien aussi avec le Sénat, avec Gérard LARCHER, Bruno RETAILLEAU, avec Hervé MARSEILLE, avec les différents présidents de groupe, avec bien sûr François PATRIAT ou Claude MALHURET qui sont les présidents des groupes qui travaillent, qui sont dans la majorité, et donc ça c'est su de tout le monde, et ils n'ont pas la négociation honteuse, ils ont leurs convictions, ils les gardent dans leur poche, ils ne les perdent pas, c'est des gens qui sont très fiers de leurs convictions, c'est des gens qui sont dans l'opposition, mais qui essayent de défendre leurs convictions et de trouver des accords quand c'est nécessaire pour le pays. J'ai la conviction qu'on peut trouver un accord là, il y a encore beaucoup de travail jusqu'à cet accord, mais les choses s'engagent positivement, laissons maintenant ce travail se faire, la commission mixte paritaire se tenir et ensuite les députés trancher.
JEAN-REMI BAUDOT
Et on change de sujet dans un instant Franck RIESTER, ministre délégué des Relations avec le Parlement, juste après le Fil Info.
/// Fil Info ///
AGATHE LAMBRET
Toujours avec Franck RIESTER, ministre chargé des relations avec le Parlement. En savez-vous plus sur le rendez-vous avec la nation annoncé par le président pour début 2024 ?
FRANCK RIESTER
Ecoutez, non, je n'en sais pas plus. Le président aura à, en début, d'année, dire, présenter un certain nombre, vraisemblablement, d'éléments. Mais, ce qui est certain, c'est que nous travaillons, en tout cas, nous, avec la Première ministre, avec le gouvernement, au calendrier parlementaire, et au plan d'actions du début d'année.
AGATHE LAMBRET
Donc ce que l'on vit aujourd'hui, ce n'est pas une crise politique majeure. Vous, vous pensez que vous allez pouvoir continuer comme avant, et que vous pouvez vous pencher sur le calendrier du premier trimestre comme si de rien n'était ?
FRANCK RIESTER
Non, mais il s'est passé des choses assez importantes au Parlement, bien évidemment, à l'Assemblée nationale, c'est rare qu'une motion de rejet soit votée. Et donc on en tire les conséquences. On est mobilisé pour avoir un accord sur ce texte. On espère que le texte soit voté. Pour autant, on n'est pas dans une crise politique. Mais encore une fois, on a une majorité unie, soudée. On a des partenaires avec lesquels on discute pour trouver les voies de passage, pour régler les problèmes de nos compatriotes. Et le président de la République, dans ce contexte géopolitique particulier, dans ce début d'année 2024, aura les mots et fixera le cap comme il le fait régulièrement.
JEAN-REMI BAUDOT
Nous sommes le 15 décembre. Dans six mois, ce sont les élections européennes. Et vous n'avez toujours pas, je dis « vous », Renaissance, toujours pas annoncé officiellement votre tête de liste. Est-ce que le secret de polichinelle que ce serait Stéphane SEJOURNE votre tête de liste ? et pourquoi attendre ? Enfin, on a du mal à comprendre votre stratégie ?
FRANCK RIESTER
Parce qu'il ne faut jamais, vous savez, pour préparer une élection, il ne faut jamais mélanger vitesse et précipitation…
JEAN-REMI BAUDOT
Enfin, les autres ont déjà commencé depuis un certain temps…
FRANCK RIESTER
Oui, mais c'est les autres. Nous, on a notre calendrier, on se prépare, on se mobilise. Les militants se mobilisent. On travaille au projet. On travaille avec nos partenaires, puisque vous savez que ce n'est pas simplement Renaissance qui souhaite présenter une liste, c'est la majorité présidentielle, et peut-être au-delà de la majorité présidentielle. Donc on discute avec nos partenaires. Vous disiez : pourquoi Renaissance n'a pas annoncé sa tête de liste ? Eh bien, ce n'est pas simplement une tête de liste Renaissance. On souhaite que ce soit une tête de la majorité et du rassemblement autour de cette liste de la majorité.
AGATHE LAMBRET
Et donc Stéphane SEJOURNE n'est pas le bon profil ?
FRANCK RIESTER
Alors Stéphane SEJOURNE a toutes les qualités pour ça. C'est quelqu'un de compétent. C'est quelqu'un qui fait un travail exceptionnel depuis maintenant plusieurs années à Bruxelles en tant que responsable de la délégation française de la majorité présidentielle, du groupe Renew, mais aussi qui est président européen du groupe Renew, qui est un groupe charnière au niveau du Parlement européen, et sur toutes les avancées qu'il y a eu depuis maintenant plusieurs années au Parlement européen, en lien avec le chef de l'Etat et le gouvernement français. Et c'est d'ailleurs une de nos grandes forces aujourd'hui, ce qui nous permet de bouger les lignes en Europe, c'est que la vision, le cap fixé par le Président de la République et l'action, que son gouvernement mène au niveau de Bruxelles est accompagnée, poussée par la délégation française, par Stéphane SEJOURNE au Parlement européen…
AGATHE LAMBRET
Mais Franck RIESTER, vous n'avez ni candidat, ni programme, pour l'instant, vous êtes le parti le plus pro-européen, et vous n'avez ni candidat ni…
FRANCK RIESTER
Vous savez, le programme, c'est une Europe…
AGATHE LAMBRET
Vous pensez pouvoir éviter que le Rassemblement national soit en tête, comme aux dernières européennes ?
FRANCK RIESTER
... Dans une Europe puissante. Pardon ?
AGATHE LAMBRET
Vous pensez pouvoir éviter cette fois que le Rassemblement national soit en tête comme aux dernières européennes ?
FRANCK RIESTER
On va se mobiliser pour ça, parce qu'on pense que, contrairement au Rassemblement national, l'Europe est une chance pour la France et qu'on a besoin d'une Europe puissante pour que la France soit forte. Parce que beaucoup des grands enjeux de notre pays se relèvent au niveau européen. Les questions d'immigration, on en parlait tout à l'heure eh bien, en ce moment, il y a un pacte asile immigration qui est en train d'être négocié et qui va changer radicalement la donne en protégeant mieux nos frontières, et en faisant preuve d'une solidarité plus forte entre Européens pour lutter contre l'immigration irrégulière…
JEAN-REMI BAUDOT
... Le match : progressistes contre populistes, est-ce que ce match est toujours d'actualité ? La dernière fois, ça a marché à la marge, puisque le RN est quand même arrivé en tête ?
FRANCK RIESTER
On a fait un bon score la dernière fois. On veut faire un bon score parce que c'est important, encore une fois, qu'on ait beaucoup de députés de la majorité qui soient au Parlement pour conforter l'action du président de la République et du gouvernement pour que la France soit influente en Europe, pour changer l'Europe dans le sens que nous souhaitons, c'est-à-dire une Europe plus souveraine, une Europe plus forte, qui relève les défis de l'immigration, de la nouvelle technologie, bien sûr, du dérèglement climatique et de la lutte contre le réchauffement climatique. Les questions de défense, en étant plus forte, plus souveraine, c'est ça notre enjeu. C'est ça notre projet. Et c'est la grande différence avec ce que propose le Rassemblement national qui, une nouvelle fois, pense que la France sera plus forte en étant rabougrie sur elle-même. Chacun chez soi, chacun pour soi, alors que nous pensons l'inverse.
JEAN-REMI BAUDOT
Il nous reste quelques secondes, une loi était très attendue, celle de la fin de vie, qui devrait être présentée en Conseil des ministres, qui devait être présentée en Conseil des ministres en décembre. Elle est pour l'instant reportée. Il y a une voix qu'on a entendue, ces dernières heures, ces derniers jours, c'est Françoise HARDY qui se dit – elle est atteinte d'un grave cancer – elle se dit en faveur d'une légalisation de l'euthanasie, regrette que le gouvernement ne suive pas, hélas, cette question. Votre réaction quand une voix aussi importante dans le cœur des Français s'exprime sur ce sujet-là ?
FRANCK RIESTER
Eh bien, c'est une voix forte, et c'est quelque chose évidemment qui touche tout le monde. On est tous touchés personnellement par ces sujets-là. C'est donc quelque chose de très sensible sur lequel on veut prendre le temps. C'est pour ça que le Président, la République a souhaité qu'il y ait une convention citoyenne. C'est pour ça qu'il a demandé à Agnès FIRMIN-Le BODO de prendre le temps, de discuter, d'échanger pour préparer un texte. Le texte est préparé…
JEAN-REMI BAUDOT
Mais à chaque fois, c'est repoussé toujours un petit peu plus…
FRANCK RIESTER
Mais parce que, vous savez, là, pour le coup, aller trop vite sur un sujet comme celui-là, ça serait un ravageur. C'est sensible. Donc on va prendre le temps de la préparation du texte. Et une fois que le texte sera présenté, le temps du débat parlementaire, il y aura des lectures à l'Assemblée nationale, des lectures au Sénat, ça va prendre 18 mois à 2 ans. C'est long, mais c'est tellement important que ce débat ait lieu avec le temps qu'il faut pour aborder toutes les questions avec calme, sérénité et respect.
JEAN-REMI BAUDOT
Merci beaucoup Franck RIESTER, ministre délégué des Relations avec le Parlement d'avoir été l'invité du 8:30.
FRANCK RIESTER
Merci à vous.
Source : Service d'information du Gouvernement, le 18 décembre 2023