Texte intégral
"Je suis très heureux d'être ici aujourd'hui pour le dernier Conseil Compétitivité de cette mandature qui permet de montrer combien l'Europe a progressé depuis cinq ans sur les sujets essentiels. Évidemment, je voudrais remercier la Commission européenne, notre commissaire, qui a mené tout cela d'une main de maître et les Présidences successives, de la Croatie à, aujourd'hui, la Belgique, qui ont permis de faire ces avancées qui sont de véritables pas de géants.
Le Green deal, c'est une ambition écologique, c'est une ambition sociétale, mais c'est aussi une ambition industrielle, de production, qui fait que l'Union européenne va être à la fois le premier continent décarboné au monde mais aussi le continent prospère qui aura les moyens de produire tout ce qui va nous permettre de décarboner. Bravo. Bravo parce qu'on a travaillé sur des secteurs importants, comme les matériaux de base, les médicaments et évidemment l'énergie dans un autre Conseil. On a aussi travaillé, dans le cadre du règlement NZIA, sur les avancées majeures sur la commande publique. Évidemment, ce travail est un aboutissement. C'est aussi un nouveau départ qui va nous permettre, dans le mandat prochain, d'augmenter l'ambition, d'aller plus loin, et tout ça est évidemment mentionné dans les conclusions d'aujourd'hui.
Nous souhaitons que le Green deal soit mis en œuvre de manière concrète dans le mandat qui vient, de manière à ce que la stratégie de production en soit au cœur, avec deux éléments essentiels, deux politiques essentielles, sur lesquelles on doit mettre le paquet : l'innovation et la décarbonation. Trois instruments seront extrêmement importants. D'abord la commande publique. Nous devons aller au-delà encore de ce qu'on a fait dans le cadre du NZIA sur quelques secteurs de manière à ce que la commande publique prenne bien en compte, évidemment, les prix, mais aussi tous les autres enjeux : environnement, souveraineté, diversification d'approvisionnement et résilience des chaînes de valeur.
Deuxième élément très important : la politique commerciale. Il faut qu'on utilise les moyens à notre disposition, les enquêtes et les instruments de protection commerciale qui sont utiles et parfois nécessaires quand les règles ne sont plus respectées de manière juste et équitable dans le monde. Ça, c'est essentiel. On doit aussi éventuellement utiliser tous les outils à notre disposition dans le cadre des politiques commerciales, notamment ce qu'on appelle des “clauses miroirs”. Il n'y a pas de raison qu'on importe, en France et en Europe, des produits qui sont produits selon des standards minimums et inférieurs à ceux que l'on a ici et qu'on impose à nos producteurs pour de bonnes raisons.
Troisième élément important de cette stratégie, évidemment, même s'il ne concerne pas directement le Conseil Compétitivité, ce sont les enjeux de financement, avec des besoins d'investissement énormes de 600 à 700 milliards d'euros par an. On devra trouver du privé, du public, et un financement ambitieux qu'on devra mettre en œuvre avec, là aussi, des instruments à inventer ou à réinventer. Évidemment, la France jouera un rôle majeur dans ce mandat. La France est prête à s'impliquer de manière extrêmement ambitieuse. Vous le savez, on a un conseil des ministres franco-allemand la semaine prochaine qui permettra à la France et à l'Allemagne de montrer combien nous travaillons de concert pour ces grandes ambitions, faire de l'Union européenne le premier continent décarboné au monde, un continent de production, prospère, compétitif et vert".
Q : Monsieur le ministre, sur les enjeux de financement que vous avez mentionnés, est-ce que vous pensez que vous arriverez à convaincre, dans les prochains mois, les États membres qui sont réticents à l'idée d'investir massivement avec de l'argent public européen ?
M. Roland Lescure : On avance, déjà, et, à chaque discussion, on avance au-delà. Vous savez que, par exemple, la mobilisation de la Banque européenne d'investissement est en train de faire son chemin, de manière ambitieuse, donc on va continuer de le faire. Je suis sûr qu'on trouvera un chemin parce que, d'abord, le temps presse. On n'a plus le temps, les ambitions sont là, c'est le Green deal, les moyens doivent être au rendez-vous. Les besoins sont exceptionnels. Vous savez, en France, ce sont près de 70 milliards d'euros supplémentaires par an qui ont été évalués comme nécessaires. En Europe, c'est 600 à 700 milliards d'euros supplémentaires par an qu'il faut trouver. On doit mobiliser les capitaux privés, c'est l'Union des marchés des capitaux qui doit permettre de le faire. On doit aussi trouver des financements publics et je suis persuadé qu'on trouvera les moyens de trouver les bons instruments au bon endroit et au bon moment.
Q : Sur les projets de conclusion que vous avez aussi mentionnés, est-ce que vous êtes satisfait pour l'instant des textes qu'on vous a sûrement soumis ? Est-ce que ça vous paraît assez ambitieux ?
M. Roland Lescure : Bien sûr. On aurait peut-être préféré aller plus loin sur tel ou tel sujet particulier mais, globalement, je pense qu'on a des conclusions qui montrent à la fois combien on a été loin dans ce mandat et combien on compte continuer à aller loin dans le mandat qui suit. Évidemment, ce sont de bonnes conclusions que l'on va adopter avec plaisir aujourd'hui et que la France soutiendra pleinement".
Source https://ue.delegfrance.org, le 27 mai 2024