Interview de Geneviève Darrieussecq, ministre de la santé et de l'accès aux soins, à France Info le 13 novembre 2024, sur le projet de loi de financement de la sécurité sociale et les mesures envisagées pour limiter le déficit de la sécurité sociale.

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Intervenant(s) : 

Média : France Info

Texte intégral

Salhia BRAKHLIA
Bonjour Geneviève DARRIEUSSECQ.

Geneviève DARRIEUSSECQ
Bonjour,

Jérôme CHAPUIS
Bonjour,

Salhia BRAKHLIA
Les sénateurs se penchent, aujourd'hui, sur le projet de loi de financement de la sécurité sociale. Le trou de la Sécu, comme on dit communément, va atteindre 18 milliards d'euros, cette année, au lieu des un peu plus de 10 milliards qui avaient été anticipés. Il y a urgence à redresser la barre puisqu'il y a eu gros dérapage ?

Geneviève DARRIEUSSECQ
Il y a urgence à redresser la barre effectivement et à revenir dans une épure plus acceptable pour nos finances publiques, mais on voit bien qu'il y a des besoins aussi qui sont là, des besoins en termes de santé, des besoins pour couvrir l'évolution des hôpitaux, pour prendre en charge les soins de maladie. Donc il faut que nous trouvions le bon, le bon curseur et le bon niveau.

Salhia BRAKHLIA
Pourtant, c'est bien le terme d'économie qui est utilisé, même pour la santé. Le Gouvernement espère faire cinq milliards d'économies sur la santé. Ça passe par plusieurs mesures, d'abord, le remboursement des consultations médicales par la Sécurité sociale devrait baisser de 70 % à 60 %. C'est ce qui est prévu dans le budget, en clair, en décembre, le tarif de consultation chez le généraliste va passer à 30 euros, avec la nouvelle mesure l'an prochain, donc, l'Assurance-maladie ne remboursera plus que 18 euros, et les mutuelles vont prendre en charge le reste, d'où, 12 euros. C'est-à-dire que ça coûtait plus cher aux Français pour se faire soigner.

Geneviève DARRIEUSSECQ
Alors nous n'en sommes pas là puisque nous avons effectivement une barre de 5 milliards d'économies à réaliser et que dans ces 5 milliards d'économies qui étaient envisagées, qui sont envisagées et qui sont nécessaires, nous devons porter. Nous avons envisagé de transférer aux assureurs complémentaires effectivement 1 milliard d'euros et cela correspond à dix points, vous l'avez dit, de ticket modérateur. Mais, aujourd'hui, moi, je travaille depuis un mois pour faire évoluer tout cela et faire en sorte qu'il y ait le moins d'impact possible sur le ticket modérateur. Et les navettes parlementaires aussi vont nous permettre, j'espère, de pouvoir aller dans ce sens.

Jérôme CHAPUIS
Geneviève DARRIEUSSECQ, rien n'est gratuit au bout du compte, c'est-à-dire que si c'est transféré aux mutuelles, ça veut dire que les frais de mutuelle augmenteront.

Geneviève DARRIEUSSECQ
Je partage avec vous que rien n'est gratuit et que la santé n'est pas gratuite, que la prise en charge des français n'est pas gratuite et les Français le savent bien puisqu'ils cotisent. Et que c'est leur argent que nous essayons de gérer au mieux, et qu'avec des déficits, nous entraînons aussi les générations futures à financer des soins que nous portons, aujourd'hui. Donc nous avons besoin de trouver des équilibres. Mais ce que je vous dis, et ce qu'a dit toujours le Premier ministre, c'est que la discussion n'est pas close et que des choses peuvent évoluer. Et nous travaillons encore, actuellement, à trouver des solutions différentes pour ces équilibres-là afin de limiter au maximum la pression sur le ticket modérateur avec d'autres mesures.

Salhia BRAKHLIA
Donc ça veut dire que la hausse du ticket modérateur peut ne pas être dans le budget finalement ?

Geneviève DARRIEUSSECQ
Elle peut ne pas être dans le budget, elle peut ne pas être de 10 %. Donc ce travail est encore en cours et c'est ça l'intérêt de la discussion parlementaire.

Jérôme CHAPUIS
Mais donc au bout du compte, il y a bien quelqu'un qui va payer, ce seront soit les mutuelles et donc éventuellement les tarifs, soit la Sécurité Sociale et donc nos charges et nos cotisations sociales, soit nos enfants, aujourd'hui, qui paieront les déficits de demain. Quelle est la ligne du Gouvernement là-dessus aujourd'hui ?

Geneviève DARRIEUSSECQ
Nous avons un vrai sujet qui est devant nous et qui est un sujet d'avenir, qui n'est pas que le sujet du PLF 2025. Nous avons une démographie, vous le savez, avec une population qui est vieillie, une augmentation importante des maladies longue durée, des maladies chroniques qui nécessitent beaucoup de soins et donc des besoins de financement de plus en plus importants. Et nous avons besoin, surtout, de transformer notre système et de passer vers un système de santé qui se base beaucoup plus sur la prévention. Et tout cela est à articuler, certainement, dans les années à venir et même assez rapidement avec des évolutions, je crois, du financement de toutes ces parts de la santé.

Salhia BRAKHLIA
Alors juste, on revient sur le budget, le ticket modérateur, rien n'est acté, ça va bouger, vous espérez que ce soit moins que 10 % ?

Geneviève DARRIEUSSECQ
Je pense que nous travaillons à cela.

Salhia BRAKHLIA
Les arrêts de travail maintenant, qui sont aussi dans votre viseur, ça veut dire que dans le budget, il est possible que le plafond des indemnités journalières baisse, c'est l'objectif ?

Geneviève DARRIEUSSECQ
Ce qui est proposé par le ministre de la Fonction publique, c'est qu'il y ait, effectivement, d'abord, une mise à niveau un petit peu entre le public et le privé sur le nombre de jours de carence pour les arrêts de travail.

Salhia BRAKHLIA
Ça c'est trois jours pour tout le monde.

Geneviève DARRIEUSSECQ
Et qu'il y ait donc cette mise à niveau, je dis à niveau…

Salhia BRAKHLIA
C'est l'alignement des deux régions ?

Geneviève DARRIEUSSECQ
C'est l'alignement, voilà. On peut être préoccupé par la montée importante des jours d'arrêt de travail et des indemnités journalières qui sont financées par l'Assurance-maladie. C'est très important. Nous étions à 8 milliards il y a dix ans et nous sommes aujourd'hui à 18 milliards. Donc ce sont des sommes considérables.

Salhia BRAKHLIA
Alors qu'est-ce qu'on fait ?

Geneviève DARRIEUSSECQ
Alors, je crois qu'il faut, alors, ce qui est envisagé par le ministre de la Fonction publique, c'est d'aligner les jours de carence. Moi, je crois qu'il faut beaucoup travailler sur la qualité de vie au travail, sur l'explication de ce nombre de jours de travail qui est en explosion.

Salhia BRAKHLIA
Allez, on cherchait les causes, mais juste, quand même, Geneviève DARRIEUSSECQ…

Geneviève DARRIEUSSECQ
C'est important d'aller chercher les causes.

Salhia BRAKHLIA
Là on parle de l'argent, on parle du budget, parce que c'est ce sur quoi les sénateurs plongent, aujourd'hui. Sur l'alignement du privé, du moins de la fonction publique sur le privé, c'est-à-dire trois jours de carence pour tout le monde, Sophie BINET de la CGT était à votre place hier, écoutez comment elle a réagi.

Sophie BINET, DE LA CGT
Avec le projet du Gouvernement, ça serait 100 % des fonctionnaires qui auraient trois jours de carence et donc qui seraient nettement moins bien traités que dans le privé, sachant que les salaires sont beaucoup plus faibles dans la fonction publique que dans le privé.

Salhia BRAKHLIA
Ce qu'elle dit en fait, c'est que dans le privé, pour 70 % des salariés, les jours de carence sont pris en charge par les complémentaires santés. Ça n'arrivera pas pour les fonctionnaires, donc ça veut dire qu'ils vont être lésés.

Geneviève DARRIEUSSECQ
Écoutez, il y a dans les collectivités territoriales, par exemple, des contrats de prévoyance. Et je pense qu'il faut continuer à travailler, là aussi, avec les partenaires sociaux pour pouvoir assurer une meilleure protection de tous les salariés, qu'ils soient du public ou du privé.

Salhia BRAKHLIA
Mais là encore, on bascule du côté des complémentaires santés. Ça va coûter plus cher.

Geneviève DARRIEUSSECQ
Pour ce qui est du monde de la santé, moi d'abord je veux louer les personnes qui travaillent dans le milieu de la santé, que ce soit en milieu hospitalier ou que ce soit dans le milieu médico-social également, je veux louer leur sens professionnel et leur engagement. Mais on voit bien que, par exemple, dans nos hôpitaux, et moi je l'ai vécu pour y avoir travaillé, je l'ai vu, quand vous avez des arrêts maladie de courte durée, ça désorganise complètement tout le système.

Salhia BRAKHLIA
Oui, mais d'accord, mais, pardon…

Jérôme CHAPUIS
Il y a, quand même, un risque aussi…

Salhia BRAKHLIA
Et les personnes qui les ont validées.

Geneviève DARRIEUSSECQ
Oui, mais je ne remets pas en cause tout cela, et je ne dis pas que les gens ne sont pas malades. Mais je dis que nous devons avoir un regard, et il peut y avoir aussi de la part de l'Assurance-maladie, il peut y avoir aussi des contrôles de pertinence des arrêts. Donc je crois que tout cela est un tout. Il ne faut pas mettre au banc les personnes qui sont malades, loin de là, parce qu'elles sont malades, mais il faut aussi que nous trouvions voies et moyens pour arriver à un équilibre, qui soit un équilibre qui ne désorganise pas le travail, et qui soit aussi un équilibre qui n'entraîne pas de coûte exponentielle pour l'Assurance-maladie.

Jérôme CHAPUIS
Geneviève DARRIEUSSECQ, plusieurs députés ont proposé des amendements au budget de la Sécurité sociale pour taxer les produits sucrés, vous vous êtes déclarée favorable à ce principe. Cela ne va concerner que les sodas qui sont déjà taxés, c'est ce que disent les détracteurs de cette mesure.

Geneviève DARRIEUSSECQ
Alors les sodas sont déjà taxés, mais ils étaient taxés par une taxe difficile à comprendre. Il y avait 15 niveaux, là, ce qui est proposé, c'est de revoir un peu l'architecture de cette taxe, et de mettre trois niveaux de sucre, avec des taxations différentes selon la quantité de sucre dans les sodas. Tout cela pour avoir un effet incitatif sur la composition de ces produits, parce que ceux qui mettront très peu de sucre dans leurs produits, payeront très peu de taxes. Cela permet d'inciter les industriels à revoir leurs recettes.

Salhia BRAKHLIA
Mais vous l'avez dit, madame la ministre, cette taxe existait depuis 2012. Elle a eu zéro incidence sur le comportement des consommateurs, zéro incidence sur les industriels qui n'ont en aucun cas changé leurs recettes.

Geneviève DARRIEUSSECQ
Je ne suis pas d'accord. Il y a certains sodas qui n'ont pas la même composition en France, et dans d'autres pays étrangers qui n'ont pas ce type de taxe.

Salhia BRAKHLIA
Vous en avez parlé avec COCA-COLA, par exemple ?

Geneviève DARRIEUSSECQ
Je pense véritablement qu'il faut que nous ayons, que nous poursuivions ces mesures, qui au-delà, bien entendu, d'être une taxe qui peut remplir les caisses de l'État, est aussi quand même, pour moi surtout, un sujet d'incitation à mettre moins de sucre dans les produits. Et par ailleurs, nous avons un vrai sujet d'éducation de la population dans la prévention, pour faire en sorte que surtout les enfants et les jeunes consomment le moins possible ces produits.

Jérôme CHAPUIS
Et à ce propos d'éducation, il y a un débat en ce moment sur le Nutri-Score. Un certain nombre de fabricants, d'industriels, de l'agroalimentaire, refusent les nouvelles formules, les nouvelles règles, et vont le faire disparaître de certains de leurs paquets. Des distributeurs comme CARREFOUR veulent les inciter davantage. Est-ce qu'il ne faudrait pas que le Gouvernement soit plus qu'incitatif, mais oblige certains industriels à utiliser ce Nutri-Score qui est devenu très populaire ?

Geneviève DARRIEUSSECQ
Le Nutri-Score, c'est un dispositif européen qui a toute sa place dans notre pays. Bien sûr, il n'y a pas d'obligation, aujourd'hui, mais nous avons quand même 1 400 entreprises françaises qui sont rentrées dans ce dispositif. Il y a eu des modifications de l'algorithme qui modifient un petit peu ce Nutri-Score. Je pense qu'il faut le mettre en place dans notre pays sans en avoir peur. Mais par ailleurs, qu'est-ce que le Nutri-Score ? Je veux dire que si vous achetez un ROQUEFORT, parce que j'entends les députés qui disaient pas les produits artisanaux, mais si vous achetez un ROQUEFORT, vous savez que le Nutri-Score, il sera à D ou E, parce que c'est gras, mais c'est bon le ROQUEFORT. Alors il ne faut pas manger que du ROQUEFORT, il faut un équilibre alimentaire. Par contre, pour les produits qui sont très transformés, dont vous ne connaissez pas, c'est utile. Il est utile de savoir si c'est un produit qui est un peu équilibré dans sa composition.

Jérôme CHAPUIS
Et donc obligatoire ou pas ?

Geneviève DARRIEUSSECQ
Alors il ne sera pas obligatoire, mais le nouvel algorithme, bien entendu, sera proposé à tous les industriels français.

Salhia BRAKHLIA
Mais on sent qu'il n'y a pas beaucoup de pression, pardon. On se demande l'utilité de la taxe sur les sodas, parce que par exemple vous, vous étiez pour taxer aussi les produits transformés qui utilisent du sucre transformé. Là, ce n'est plus le cas, vous n'en parlez plus. Le Nutri-Score ne doit pas être obligatoire. Ça sert à quoi, en fait, de vouloir taxer que les sodas ?

Geneviève DARRIEUSSECQ
Écoutez, moi je crois qu'il faut faire prendre conscience à l'industrie agroalimentaire, qu'elle a aussi un rôle dans la santé des consommateurs et des concitoyens.

Salhia BRAKHLIA
Oui, mais si vous ne leur mettez pas la pression, ce n'est pas contraint.

Geneviève DARRIEUSSECQ
Pour le sucre transformé dans l'agroalimentaire, dans les produits complexes, nous avons fait le choix, avec la ministre de l'Agriculture, de travailler avec les industriels pour se donner des objectifs. Ça a marché avec les boulangers, par exemple, et avec le sel. C'est-à-dire qu'on avait donné des objectifs de diminution du sel de 20 % dans la composition du pain, par exemple, et bien ça a fonctionné. Donc, moi je voudrais qu'on ait un contrat, un contrat un peu de confiance, et si ce contrat-là n'est pas respecté, à ce moment-là, nous pourrons taxer. On va commencer par le début.

Jérôme CHAPUIS
La ministre de la Santé, Geneviève DARRIEUSSECQ, est l'invitée de France Info jusqu'à 9 h. On vous retrouve juste après le Fil Info. Il est 8 h 45. Marine CLETTE

(…)

Jérôme CHAPUIS
Et la ministre de la Santé, Geneviève DARRIEUSSECQ. La Fédération des hôpitaux publics de France réclame pour 2025 une hausse de 6 % de l'enveloppe financière allouée aux hôpitaux publics et privés, soit 6,3 milliards d'Euros. Est-ce que vous allez accéder à cette demande ?

Geneviève DARRIEUSSECQ
Alors aujourd'hui, l'ONDAM, c'est-à-dire les prévisions en fait…

Jérôme CHAPUIS
Des dépenses.

Geneviève DARRIEUSSECQ
National des dépenses de santé, est fixé à 2,8 %, soit 9 milliards de plus pour l'ensemble.

Jérôme CHAPUIS
Pour l'ensemble des dépenses de santé. Là on parle juste de l'hôpital.

Geneviève DARRIEUSSECQ
Pour l'hôpital. Il s'agit de 3,1 %. Je veux quand même dire que l'ONDAM en question a augmenté depuis 2019 de 63 milliards et cette année augmente encore de 9 milliards supplémentaires. Alors bien entendu, j'entends bien sûr toutes les inquiétudes et les demandes, et je suis moi-même attentive à la situation de l'hôpital et surtout à la situation des budgets hospitaliers, puisque je sais qu'il y a dans cette année 2024 des déficits assez importants qui peuvent s'accumuler dans 117 milliards d'euros. Néanmoins, moi, ce qui me, pour l'hôpital, ce que je constate aussi, ce que disent tous les acteurs, c'est qu'il y a une reprise de l'activité. C'est qu'il y a à nouveau des recrutements qui se font. Donc l'hôpital est attractif et je crois que cette reprise d'activité va être aussi un des facteurs d'amélioration des finances de l'hôpital.

Jérôme CHAPUIS
On va parler du recrutement, mais quand même. Quand vous dites 3 %, 3,1 % de hausse, c'est deux fois moins que ce que ce que réclame la Fédération des hôpitaux. Comment ils font ?

Geneviève DARRIEUSSECQ
Même s'ils font, même si l'on sort, le point qui correspond à la compensation de l'augmentation des cotisations retraite pour les agents hospitaliers. On se retrouve quand même avec plus de 2 % d'augmentation de l'ONDAM pour l'hôpital. Et je veux juste dire que c'était exactement l'augmentation moyenne qui existait avant le Covid. Jusqu'en 2019. Donc nous sommes…

Salhia BRAKLIA
Oui ! Pardon mais les professionnels de dire qu'ils à qui il manque de moyens, à l'hôpital, qu'il manque de bras aussi surtout. Par exemple 1 510 internes en moins pour faire fonctionner les hôpitaux. Comment on en sort sachant qu'il y avait une promesse, quand même, d'Emmanuel MACRON en ce qui concerne les services d'urgence en particulier. Désengorger pardon les services d'urgence à l'hôpital avant la fin de l'année 2024. On y est là.

Geneviève DARRIEUSSECQ
C'est ce que nous mettons en œuvre. Et pour tout vous dire, rien ne se fait dans un claquement de doigt. Ce sont des organisations et les organisations prennent un temps minimum. Désengorger les urgences, c'est une obligation. Beaucoup de personnes n'avaient rien à faire aux urgences puisqu'elle avait un problème de médecine générale. Nous avons, nous mettons, se sont mis en œuvre des services d'accès aux soins, les SAS qui c'est une organisation entre l'hôpital et la médecine libérale, s'est développée dans 94 % du territoire français. Nous allons…

Salhia BRAKLIA
Continuer.

Geneviève DARRIEUSSECQ
Continuer et augmenter cet accès aux soins pour les soins non programmés. Ça, désengorger les urgences, c'est absolument primordial. Mais je veux dire ici que l'hôpital, il y a les urgences qui étaient en difficulté parce que accueillant tout le monde en définitive, c'est en train, Nous travaillons à changer ce paradigme. Mais l'hôpital, moi je suis admirative de ce qui se fait à l'hôpital parce que nous avons des grands services de pointe qui prennent en charge des maladies complexes avec des professionnels, des plateaux techniques tout à fait importants. Et nous avons aussi l'hôpital de proximité qui, dans les territoires, rend un service incroyable en termes de…

Salhia BRAKLIA
Vous le savez, vous aussi Geneviève DARRIEUSSECQ que pour garder cette excellence là et cette proximité-là, il faut des moyens. Et tous ceux qu'on a reçus qui ont défilé sur ce plateau disent : "On en manque".

Geneviève DARRIEUSSECQ
Alors il faut des moyens, mais il faut aussi des transformations. Et elles sont à l'œuvre. Les transformations avec l'ambulatoire, des façons différentes de prendre en charge, elles sont à l’œuvre, cette transformation.

Jérôme CHAPUIS
Alors justement, Geneviève DARRIEUSSECQ, on a parlé des hôpitaux, vous parlez de la médecine libérale. Il y a une proposition de loi transpartisane qui va être déposée à l'Assemblée. Proposition de loi, c'est-à-dire qu'elle émane des députés qui proposent de réguler l'installation des médecins, comme au Canada ou en Allemagne. Un médecin ne pourrait pas s'installer dans un territoire où l'offre de soins est déjà suffisante. Quelle est la position du Gouvernement sur ce texte ?

Geneviève DARRIEUSSECQ
Écoutez nous avons toujours été attentifs, bien entendu, à l'accès aux soins sur les territoires. Nous sommes actuellement dans l'incitation. L'incitation par des facilités d'exercice.

Jérôme CHAPUIS
Mais là, il s'agit d'obligation.

Geneviève DARRIEUSSECQ
Oui, on peut dire que l'incitation ne suffit pas forcément. Moi j'ai entendu aussi, porté par certains députés ou par certains parlementaires, un projet potentiellement de services sanitaires obligatoire. Moi, je trouve que c'est intéressant de demander à des étudiants répondant à des jeunes médecins qui ont terminé, pardon, pendant un an ou deux de s'installer dans des, de travailler dans des zones qui sont des zones en difficulté.

Salhia BRAKLIA
Demander pour les obliger.

Geneviève DARRIEUSSECQ
Si c'est un service national, ça peut être…

Salhia BRAKLIA
Donc vous êtes pour ça.

Geneviève DARRIEUSSECQ
Non mais ça ce n'est pas pareil. Obliger des médecins.

Jérôme CHAPUIS
En fait précisément, empêcher des médecins de s'installer dans un territoire où il y a déjà suffisamment de médecins.

Geneviève DARRIEUSSECQ
Alors il y a des exemples intéressants, par exemple avec les dentistes. L'Ordre des dentistes a proposé et met en œuvre un système où, par exemple, vous ne pouvez pas vous installer en tant que dentiste dans un territoire sur doté.

Salhia BRAKLIA
C'est comme les pharmaciens.

Geneviève DARRIEUSSECQ
Bien doté et à moins que vous remplacez quelqu'un qui part à la retraite. Donc il peut y avoir différentes façons d'organiser les choses. Ça en fait peut être une que l'Ordre des médecins pourrait aussi réfléchir.

Salhia BRAKLIA
Le Premier ministre a indiqué vouloir faire de la santé mentale la grande cause nationale en 2025. Alors, on va commencer par un constat 13 millions de personnes touchées par un trouble psychique chaque année. Une personne sur quatre est concentrée au cours de sa vie et en parallèle en psychiatrie, un tiers des postes de praticiens hospitaliers sont vacants. Comment on fait ?

Geneviève DARRIEUSSECQ
Alors moi c'est un grand sujet. C'est un grand sujet de préoccupation. La psychiatrie n'est pas un métier qui attire les étudiants puisque les postes d'internes en psychiatrie ne sont pas pourvus bien souvent. Donc c'est et je crois que l'importance de ce qu'a annoncé le Premier ministre en disant que la santé mentale serait une grande cause nationale, c'est aussi de parler de santé mentale, de parler de psychiatrie, de destigmatiser la santé mentale et les maladies psychiatriques, et aussi de rendre attractif un peu ces métiers auprès des jeunes médecins. Ensuite, nous avons besoin de travailler sur des pratiques avancées, ce qui existe avec des infirmiers en pratique avancée. Mais c'est vrai que nous avons un vrai sujet de manque de professionnels. Ce ne sont pas des lits qui manquent, ce sont les professionnels pour mettre autour de ces lits et pour donner des réponses d'accès aux soins à la population. Et puis la santé mentale, c'est aussi plus généralement, il y a la psychiatrie, les maladies psychiatriques et nous allons continuer à déployer des solutions en souhaitant que des professionnels s'inscrivent aussi dans cette dynamique. Et puis nous avons la santé, l'état de santé de la société, si vous voulez : le mal être, la charge mentale, toute chose qui va…

Salhia BRAKLIA
La santé mentale des jeunes aussi.

Geneviève DARRIEUSSECQ
La santé mentale des jeunes qui souvent sont inquiets, angoissés, ne dorment pas assez.

Salhia BRAKLIA
Il y a la de antidépresseurs qui explosent. Pour ça, vous avez une mesure en particulier que vous voulez mettre en avant.

Geneviève DARRIEUSSECQ
Non, je pense qu'il faut faire de la prévention. Je pense qu'il faut faire de la détection précoce et qu'il faut aider ces jeunes à avoir une, enfin à essayer d'adopter des mesures de qualité de vie différentes. Pour les enfants, être moins sur les écrans, dormir davantage, avoir faire de l'exercice physique…

Jérôme CHAPUIS
Pardon mais moins sur les écrans, ça passe par la contrainte, ça passe par quoi ?

Geneviève DARRIEUSSECQ
Moi je pense que ça passe véritablement par une information massive. Et je peux vous annoncer que par exemple il y a un carnet de santé nouveau, qui va être mis en œuvre au 1er janvier 2025. Donc un carnet de santé pour chaque enfant et il y aura vraiment des pages dédiées à ce sujet des écrans et du temps trop long passé sur ces écrans par les enfants. Parce qu'en définitive ça les désocialise un petit peu puisqu'ils sont enfermés dans leur bulle et les interactions sociales, eh bien, pas d'interaction sociale, génère bien entendu des troubles psychiques ou du mal être.

Jérôme CHAPUIS
Ce carnet de santé, ces pages, ces nouvelles pages qu'on trouvera dans les carnets de santé, qu'est-ce qu'elles contiendront ? C'est quoi un suivi du temps d'écran ? C'est quoi ?

Geneviève DARRIEUSSECQ
Alors il y aura. Oui, il y aura des conseils. Il y aura effectivement des mesures de suivi. Je crois que ce qui est important, c'est d'expliquer aux parents quelle est la, parce que c'est les parents qui sont bien entendu en première ligne, quelle est la nocivité de temps trop long devant les écrans. Alors je parle du temps trop long et quelquefois je peux parler du contenu parce que pour les adolescents, c'est aussi le contenu qui peut être parfaitement…

Jérôme CHAPUIS
Ça veut dire que je suis parent, je vais chez le médecin et il parle avec mon enfant et il lui parlera des écrans. Il lui dirait…

Geneviève DARRIEUSSECQ
Je souhaite que ça fasse partie des mesures de prévention. Nous avons mis en œuvre des bilans prévention aux âges clés de la vie. Il y a par exemple un bilan prévention qui va être fait chez les enfants de six sept ans. Et bien c'est le moment de parler de tout ça, y compris avec les enfants eux-mêmes.

Jérôme CHAPUIS
Geneviève DARRIEUSSECQ Il y a une demi-heure, sur France info, on parlait de la santé mentale à l'instant, il y a une demi-heure sur France info, dans le choix de France info, on apprenait qu'une trentaine de suicides s'étaient produits ces deux dernières années au sein de l'entreprise ORANGE, anciennement FRANCE TELECOM, marquée par une grave crise il y a une quinzaine d'années. Est-ce que vous allez, comme ministre de la Santé, vous pencher sur ce cas précis, sur cette entreprise ?

Geneviève DARRIEUSSECQ
Alors moi, je pense que ce qui est important, c'est de parler de bien-être au travail de façon générale et que ça fait partie. Il faut renforcer la médecine du travail. C'est impérieux. Et renforcer dans chaque entreprise, à mon sens, la présence de référents, c'est-à-dire de personnes que l'on peut contacter quand on a un problème ou qu'on ne se sent pas bien dans son travail pour des raisons diverses. Ça doit être un père, ça doit être quelqu'un qui est à votre niveau. Et il faut je veux travailler avec la ministre du Travail sur, parce que vous avez bien compris que c'est interministériel, cette affaire. Je souhaite vraiment que nous travaillions sur ces sujets parce que ce sont souvent des questions d'organisation du travail. Ce sont souvent des questions aussi, quelquefois de charge mentale, et il faut pouvoir en parler et il faut pouvoir le plus possible prévenir et bien sûr faire en sorte que des accidents n'arrivent pas. Parce que je trouve tout cela un peu dramatique.

Jérôme CHAPUIS
Geneviève DARRIEUSSECQ, ministre de la Santé, invitée de France Info ce matin. Merci à vous.

Source : Service d'information du Gouvernement, le 19 novembre 2024