Conférence de presse de Mme Sophie Primas, ministre déléguée, porte-parole du Gouvernement, sur les 20 ans de la loi pour l'égalité des droits et des chances, la participation et la citoyenneté des personnes handicapées, le sommet pour l'action sur l'intelligence artificielle (IA), la mobilisation des fonds européens en France, un accord entre la France et Chypre donnant un cadre juridique aux forces armées françaises en cas de déploiement d'une opération d'évacuation à partir du Moyen-Orient et le bilan du permis de conduire à 17 ans, Paris le 13 février 2025.

Prononcé le

Intervenant(s) : 
  • Sophie Primas - Ministre déléguée, porte-parole du Gouvernement

Circonstance : Conférence de presse à l'issue du Conseil des ministres

Texte intégral

Bonjour à tous et à toutes,

Cette semaine est marquée pour nous en France par trois événements majeurs qui illustrent les dynamiques actuelles de notre pays.

D'abord, l'Assemblée nationale a rejeté l'ensemble des motions de censure sur le budget, le budget de la France et le budget de la Sécurité sociale. Et donc c'est ce que le président de la République a appelé ce matin "la fin de la vie au ralenti". Et le Premier ministre a effectivement repris cette expression pour dire que désormais nous sommes dans une phase d'accélération des objectifs qui sont les nôtres.

L'agenda parlementaire, d'ailleurs, illustre cette semaine certaines des priorités sectorielles du Gouvernement. La sécurité du quotidien avec, vous le savez, la proposition de loi sur la sûreté dans les transports qui avait été adoptée au Sénat début 2024 et qui, maintenant, passe à l'Assemblée nationale.

La proposition de loi pour la justice des mineurs, dont nous pourrons reparler, qui est portée par le président ATTAL. Bien sûr, la reconstruction de Mayotte avec la Commission mixte paritaire sur le projet de loi d'urgence pour Mayotte. La question agricole avec deux textes sur le projet de loi d'orientation agricole et la Commission mixte paritaire sur la démocratie agricole. Le Premier ministre a par ailleurs évoqué avoir convoqué le Gouvernement vendredi pour un séminaire de travail demain matin aux aurores qui sera essentiellement consacré à la réforme de l'action publique qui est un des chantiers majeurs que nous allons ouvrir – que nous avons déjà ouvert, mais sur lequel nous allons pouvoir accélérer – puisque chaque semaine doit être utile dans ce sens, tant cette réforme de l'action publique est obligatoire, cruciale, stratégique pour envisager la suite.

Le deuxième élément important de cette semaine, c'est bien sûr le 20e anniversaire de la loi sur le handicap. Il y a 20 ans, vous le savez, sous l'impulsion du président Jacques CHIRAC, une loi faisait tomber ce qu'on a appelé le mur de l'indifférence autour du handicap. Nous célébrons donc ce 20e anniversaire de cette loi qui a instauré des principes essentiels tels que l'accessibilité universelle, l'égalité des droits et la compensation du handicap. Aujourd'hui, 20 ans après, les progrès sont visibles partout. Ils le sont dans l'école, dans l'entreprise, dans nos stades. On l'a vu à l'été dernier, au travers de nos écrans, mais ces progrès restent bien sûr très insuffisants. Cet anniversaire est donc aussi l'occasion de tourner nos regards vers l'avenir pour voir comment nous pouvons bâtir une société encore plus inclusive. Je vous invite à découvrir, je ne sais pas si elles sont ici, les calicots de la campagne de communication du Gouvernement. Il y aura une conférence sur le handicap qui va être initiée, en mars 2025. Et nous allons travailler également sur les propositions de loi qui seront déposées au Sénat de façon multipartie.

Troisième élément évidemment de cette année, la clôture du sommet de l'Intelligence artificielle qui s'est achevée avec des avancées majeures. La France a été le centre du monde de l'intelligence artificielle en regroupant des pays de l'ensemble des continents. Nous sommes aujourd'hui champions européens en investissement dans ce domaine et nous voyons des champions arriver, comme Mistral bien sûr. Mais pour accélérer, nous devons surtout encourager nos entreprises à adopter ces technologies. Vous savez qu'en France, moins d'une entreprise sur deux utilise aujourd'hui l'intelligence artificielle. C'est 75 % dans le reste des pays, et donc nous devons créer aussi la demande, créer la demande auprès des entreprises. Nous avons été un peu en retard sur l'industrialisation 4.0, la robotique. Il faut qu'on aille beaucoup plus vite et beaucoup plus loin avec l'Intelligence artificielle. Pour illustrer le potentiel de ces investissements qui vont être réalisés, essentiellement, vous savez, les 109 milliards qui ont été annoncés d'investissements sur les infrastructures et la puissance de calcul, sur la recherche et la formation, et surtout l'IA au service de l'État et justement de la réforme de l'État. Pour illustrer le potentiel de ces investissements, j'irai moi-même demain chez un opérateur, un acteur clé du numérique, Data4, en Essonne, qui est le champion européen des centres de données durables et qui joue un rôle essentiel dans l'indépendance numérique de la France. Son campus de Marcoussis, en pleine expansion, illustre le potentiel de ce secteur, son importance pour la croissance, pour l'emploi.

Voilà 3 événements qui montrent une France qui avance, une France qui innove, une France qui agit pour l'égalité des chances. Et le Gouvernement, dans toutes ses sensibilités, va chercher, bien sûr, à construire un avenir à la fois plus inclusif et plus compétitif. Voilà pour le propos liminaire.

Sur le compte rendu du Conseil des ministres, le ministre de l'Europe et des Affaires étrangères a présenté un projet de loi autorisant l'approbation d'un accord signé le 9 septembre 2022 entre France et Chypre, qui établit un cadre juridique pour les forces armées françaises au cours d'opérations d'évacuation depuis le Moyen-Orient via Chypre en cas de crise. Cet engagement est essentiel pour garantir la sécurité et l'efficacité des opérations d'évacuation de nos ressortissants dans des zones qui sont instables. Moi-même, dans mon ancienne mission au commerce extérieur et auprès des Français de l'étranger, j'ai pu mesurer, au moment de la crise du Liban, combien ce partenariat avec Chypre était important.

Le Premier ministre a ensuite présenté une communication relative à la mobilisation des fonds européens et a rappelé à quel point ces derniers irriguaient l'ensemble de nos politiques publiques, bien sûr la politique agricole commune, grâce à laquelle nos agriculteurs reçoivent chaque année 9 milliards d'euros, mais aussi tous les fonds de cohésion qui permettent de financer de très nombreux projets dans nos territoires, y compris en Outre-mer, ou encore des fonds dédiés à la culture ou à la recherche. Dans un contexte budgétaire que vous connaissez tous et qui est extrêmement contraint, le Premier ministre a surtout insisté sur la nécessité de s'investir pleinement pour mobiliser davantage ces fonds au service des Français. Et dans cette perspective, une stratégie interministérielle de mobilisation des fonds européens a été lancée sous l'autorité du Premier ministre pour maximiser nos taux de retour sur ces différents instruments.

Enfin, et j'en finirai par là, le ministre auprès du ministre d'État, ministre de l'Intérieur, a présenté une communication relative à la réforme permettant d'obtenir le permis de conduire dès l'âge de 17 ans. Un an après son entrée en vigueur, le bilan montre que les jeunes de 17 ans se sont pleinement emparés de la mesure. Un jeune de 17 ans sur 3 s'est présenté à l'épreuve de conduite avec un taux de réussite de 73 % qui est nettement supérieur au taux moyen de 58 %. On voit donc une appétence de ces jeunes pour le permis de conduire. Et cette hausse des inscriptions est observée dans tous les départements, qu'ils soient en zone urbaine et en zone rurale, mais particulièrement dans la grande couronne parisienne et dans les Outre-mer. Par ailleurs, il n'y a aucune incidence sur l'accidentologie, puisque les taux d'accidentologie sont beaucoup plus faibles sur cette population-là qu'en moyenne. C'est donc plutôt un beau succès pour amener notre jeunesse à plus de mobilité et plus d'accès à l'emploi, en particulier sur l'apprentissage. Donc il y aura probablement des suites à cette décision.

Voilà, pour ce qui est du Conseil des ministres. Je vois que vous êtes déjà prêts pour les questions, et donc je vous écoute avec plaisir.


Francesco FONTEMAGGI
Bonjour madame la ministre. Francesco FONTEMAGGI pour l'Agence France Presse. Le Président TRUMP a eu hier une longue conversation avec son homologue russe Vladimir POUTINE. Ils ont décidé de se rencontrer, de lancer immédiatement des négociations directes entre eux sur l'Ukraine. Est-ce que le président de la République en a parlé ce matin en Conseil des ministres ? Et concrètement, comment lui et les Européens comptent s'y prendre pour être à la table au-delà de le dire le fait que les Ukrainiens et les Européens doivent être à la table. Comment compte-t-il s'y prendre ? Le Président a prévu de parler avec Donald TRUMP à ce sujet prochainement ?

Sophie PRIMAS
Alors, c'est un sujet qui a été abordé ce matin lors du conseil des ministres par le ministre des Affaires étrangères essentiellement qui a redit la position de la France qui est constante et des pays européens puisqu'il y a eu des discussions entre ministres des Affaires étrangères européens qui ont réaffirmé tous ensemble au-delà des annonces des uns et des autres, les Européens devaient être partie prenante dans cette négociation, que les Européens acceptaient de continuer, évidemment, de soutenir l'Ukraine, tant que l'Ukraine défendait à la fois ses intérêts, mais aussi les intérêts des Européens dans la sécurité internationale. Donc l'action est une action de l'ensemble des ministres des Affaires européennes de l'Union européenne.

Francesco FONTEMAGGI
Mais y a-t-il une démarche pour être à la table ? Est-ce qu'il a été déploré que le président TRUMP fasse cet acte sans concertation visiblement avec les Européens ?

Sophie PRIMAS
Je n'ai pas plus d'informations. Merci.

Nicolas LAURENT
Bonjour Madame la ministre. Nicolas Laurent pour TF1-LCI. Sur l'attaque d'un bar à la Grenade hier à Grenoble, est-ce que vous avez des informations supplémentaires sur l'état de santé des victimes, notamment celles en urgence absolue ? Et qu'est-ce que ça dit plus largement de la situation sécuritaire dans certaines grandes villes ? Est-ce que pour vous, on a passé un cap dans la violence, je pense notamment à l'usage des armes et notamment d'une grenade ?

Sophie PRIMAS
Alors premièrement, évidemment, mes pensées vont aux victimes et très particulièrement aux deux qui sont les plus touchées, sur lesquelles je n'ai pas d'informations supplémentaires sur leur état. Évidemment, c'est à elles qu'on pense en premier. Je n'ai pas non plus d'informations sur l'enquête qui se déroule et dans quelle mesure elle peut avancer. En revanche, vous posez la question sur le niveau de délinquance et le niveau de violence que l'on observe. Vous savez que c'est une des priorités du ministre de l'Intérieur et du Garde des Sceaux, qui sont déjà dans l'action, par le vote à l'unanimité, notamment au Sénat, de la proposition de loi transpartisane sur le narcotrafic. C'est un exemple d'actions qui sont menées rapidement pour créer des structures qui nous permettent de mieux agir. Mais vous avez raison, il y a d'autres sujets qui sont notamment le trafic d'armes, l'arrivée dans certaines communes, pas que métropolitaines, d'armements lourds, qui sont des sujets sur lesquels à la fois le ministre de l'Intérieur et des Gardes des Sceaux, sous l'autorité du Premier ministre, sont pleinement mobilisés.

Oscar TESSONNEAU
Bonjour Madame Primas, Oscar TESSONNEAU pour Right Brain Magazine. Il y a quelques jours, la France était endeuillée par le meurtre de la jeune Louise qui montre la violence que peuvent avoir certains mineurs dans leur comportement. La jeune Louise a été tuée par un ensemble de coups de couteau dans le département de l'Essonne et ce matin Gérald DARMANIN, votre collègue, ministre de la Justice, prend la parole dans le Parisien toujours sur cette question de la justice des mineurs et une proposition forte ressort de cet entretien, c'est la modification de la justice pénale notamment pour les jeunes de 16 ans avec certains jeunes qui pourraient porter un bracelet électronique à partir de l'âge de 16 ans. Est-ce qu'il y a un consensus dans l'ensemble du Gouvernement sur cette mesure qui pourrait émerger de la proposition de loi que proposerait Gabriel ATTAL dans quelques mois ?

Sophie PRIMAS
Alors, il s'agit de propositions du Garde des Sceaux qui ont été faites dans le cadre de l'examen de la proposition de loi Gabriel ATTAL discutée cet après-midi à l'Assemblée nationale, puis qui sera examinée au Sénat. L'intention du Garde des Sceaux est de répondre, en fait, à ce que nous observons tous, que nous soyons dans la société civile, la vie politique ou journaliste, observateur de notre société, c'est qu'un jeune, aujourd'hui de 18 ans, n'est pas le même que celui d'il y a 20 ans ou 30 ans. Et donc la modification de la façon dont nous exerçons la justice dans notre pays doit être adaptée à l'évolution de notre situation. Vous avez cité quelques dispositifs proposés par le Garde des Sceaux, qu'il proposera dans l'examen au Sénat. On va laisser les Parlementaires parlementer, on va laisser les Parlementaires décider et voter. Ils apprécieront, en travaillant sur ces sujets, quelles sont les dispositions qui seront prises. Mais évidemment, l'adaptation de notre droit à l'évolution de ce qu'est aujourd'hui la jeunesse et sa protection par rapport à la délinquance. Vous savez qu'une des dispositions qui est portée dans la proposition de loi de Gabriel ATTAL, c'est la comparution immédiate pour ancrer dans l'esprit des jeunes, que lorsqu'il y a un délit, lorsqu'il y a violence, il doit y avoir immédiatement une sanction qui doit être prise dans les plus brefs délais. Ça, c'est un élément qui va modifier aussi l'esprit dans lequel vont se trouver les jeunes qui peuvent être soumis à la délinquance. Donc toute cette réflexion, il faut qu'elle soit menée, il faut qu'elle soit courageuse, il faut qu'elle soit portée par l'ensemble du Parlement. C'est l'objet des propositions de Gérald DARMANIN.

Oscar TESSONNEAU
Et enfin, il y a un deuxième point dans cet entretien. Gérald DARMANIN mentionne très précisément les types de structures dans lesquelles ces jeunes pourront être accompagnés sur un plan psychologique, médico-social. Ce sont les centres éducatifs fermés. Il y en a un petit peu partout qui...

Sophie PRIMAS
Il n'y en a pas assez.

Journaliste
Est-ce que cette solution est quand même assez dure parfois dans la prise en charge qui peut être proposée aux mineurs, est celle qui est la plus adaptée en sachant que plusieurs parlementaires, notamment Marianne MAXIMI du groupe de la France Insoumise, s'étaient opposés dans l'hebdomadaire que je dirige il y a un peu plus d'un an au développement de ces structures. Je rappelle que la parlementaire MAXIMI est une ancienne éducatrice spécialisée.

Sophie PRIMAS
Ce qui est dur, c'est la violence qui engraine aujourd'hui l'ensemble de la jeunesse. C'est ça qui est dur. Et donc, le rôle du garde des Sceaux, c'est de proposer des outils à disposition des juges pour permettre d'adapter la bonne sanction à la bonne personne. Et donc, que le garde des Sceaux propose ces centres d'éducation fermés pour des cas bien précis qui seront soumis au jugement de ceux qui doivent porter ces jugements, me semble être une opportunité de plus d'avoir un éventail de solutions important pour les juges et proportionné.

Hugo CAPELLI
Bonjour, Madame la porte-parole, Hugo CAPELLI, BFM TV. L'affaire Bétharram secoue le Premier ministre ces derniers jours. Des articles de presse révèlent que les récentes prises de parole de François BAYROU à ce sujet contiendraient des éléments erronés. Une partie de la gauche demande même la démission du Premier ministre, car elle estime qu'il aurait menti devant la représentation nationale. Est-ce que ce sujet a été évoqué ce matin lors du Conseil des ministres ? Et confirmez-vous qu'il y a eu des propos erronés qui ont été prononcés par le Premier ministre ? Merci.

Sophie PRIMAS
Alors, premièrement, là aussi, ma première pensée va aux personnes qui ont témoigné ou qui vont témoigner et qui, en toute vraisemblance, ont été l'objet de violences sexuelles ou pas sexuelles, mais en tout cas, mes pensées vont vers eux. Deuxièmement, le Premier ministre s'est exprimé deux fois à l'Assemblée nationale, il s'est exprimé hier au Sénat. Je n'aurai aucun commentaire supplémentaire, évidemment, ici, dans ce compte rendu. Troisièmement, ce point n'a pas été évoqué en Conseil des ministres ce matin. Et quatrièmement, je voudrais rappeler qu'une plainte pour diffamation a été déposée par le Premier ministre. La plainte va donc suivre son cours.

Hugo CAPELLI
Elle a été déposée, la plainte.

Sophie PRIMAS
Je ne sais pas. Elle va être déposée ou elle a été déposée. Mais il l'a dit clairement, donc je n'ai pas de raison de remettre en cause ça.

Lisa LAP
Bonjour, Lisa LAP pour Le Média, toujours sur Bétharram, dont je rappelle l'effet. Cet établissement catholique privé sous contrat visé par au moins 112 plaintes pour des violences physiques et pédocriminelles sur des dizaines et des dizaines d'enfants pendant près de 60 ans, je redis comme mon confrère, que Mediapart a révélé que Monsieur BAYROU, qui était déjà en fonction à l'époque, avait été alerté. Il a démenti ceci à l'Assemblée nationale. Il a dit n'avoir jamais été informé. Mais quelques heures après cela, Mediapart a de nouveau révélé avec des documents et des témoignages à l'appui que le Premier ministre avait reçu plusieurs fois des alertes. Vous venez de dire que vous n'avez pas discuté de ça au Conseil des ministres. Pourquoi ? Est-ce que vous trouvez que c'est un sujet qui n'est pas assez important ou est-ce qu'on va avoir enfin une communication du Gouvernement et/ou de la présidence de la République là-dessus ? Merci beaucoup.

Sophie PRIMAS
Ma réponse est strictement la même qu'à votre confrère précédent. Et donc je m'en arrêterai là.

Clélie MATHIAS
Bonjour, Clélie MATHIAS de CNews. Il y a deux jours, Élise LUCET est venue tester les députés contre les stupéfiants. Des petits tests. C'était une proposition et une suggestion d'Éric PIOLLE, déjà qui l'avait fait, le maire de Grenoble. Que pensez-vous de ces initiatives et de ces propositions ?

Sophie PRIMAS
Élise LUCET aime bien la lumière (rire) et les propositions disruptives, un peu.

Clélie MATHIAS
C'étaient celles d'Éric PIOLLE déjà.

Sophie PRIMAS
Oui. Écoutez, moi, je pense que Monsieur PIOLLE a fort à faire dans sa vie. On le voit encore malheureusement dans l'actualité. C'est symbolique, c'est disruptif. Moi, je vise l'efficacité et je pense que ces tests sont un peu anecdotiques.

Clélie MATHIAS
Voilà. Merci, Madame.

Sophie PRIMAS
Mais c'est une position personnelle, vous l'avez compris.

Raphaël DELVOLVÉ
Bonjour, Madame la ministre. Raphaël DELVOLVÉ, Radio France International. La candidature déclarée du ministre de l'Intérieur pour prendre la tête de votre parti Les Républicains a-t-elle été évoquée en Conseil des ministres ? Et selon vous, est-elle de nature à fragiliser l'impérieuse nécessité de cohésion au sein du Gouvernement dans la configuration parlementaire actuelle ?

Sophie PRIMAS
Alors, le sujet n'a évidemment pas été évoqué puisqu'il s'agit d'un sujet qui concerne un parti politique. Et l'endroit où je me trouve et le lieu auquel nous sommes ne m'invite pas à répondre à cette question qui est une question uniquement qui concerne un parti politique. Je m'en... Voilà. Excusez-moi.

Ilyes RAMDANI
Bonjour, Madame PRIMAS. Ilyes RAMDANI pour Mediapart. Je vais me permettre de prolonger un tout petit peu la question de…

Sophie PRIMAS
Je vous ferai la même réponse.

Ilyes RAMDANI
…mon confrère et de…. Non, vous allez voir, elle est différente.

Sophie PRIMAS
C'est vrai. Mais peut-être pas ma réponse.

Ilyes RAMDANI
Simplement sur un point précis d'abord. Ce matin, dans Mediapart, le juge d'instruction du tribunal de (inaudible), à l'époque, était en charge des faits. Le juge MIRANDE témoigne et explique factuellement avoir rencontré François BAYROU à sa demande en 1998. Et il explique : "je lui ai confirmé que les faits étaient patents et établis". Ma question, elle est assez simple. Est-ce que vous estimez que le juge ment ?

Sophie PRIMAS
Je ne ferai aucun commentaire supplémentaire au-delà des déclarations du Premier ministre.

Ilyes RAMDANI
Je vais me permettre, j'ai une toute petite question alors tout aussi factuelle sur un point précis. Il y a des articles de presse de l'époque, j'en ai un ici, de Sud-Ouest en 1996 que je tiens à votre disposition, qui raconte la visite du ministre à l'époque, François BAYROU, ministre de l'Éducation nationale à Bétharram. Et dans cet article, le ministre parle des faits, des reproches, des accusations qui portent sur l'établissement en expliquant que le ministre a demandé toutes les vérifications. Est-ce que le ministre a oublié ou est-ce que le Premier ministre aujourd'hui ment en disant qu'il n'avait aucune connaissance des faits ?

Sophie PRIMAS
Je n'ai aucune déclaration supplémentaire au-delà des propos du Premier ministre.

Ilyes RAMDANI
Une toute dernière question, je vais être insistant…

Sophie PRIMAS
Merci. Je crois que vous en avez déjà posé deux.

Ilyes RAMDANI
… une toute dernière, s'il vous plaît. Est-ce que vous avez confirmé aujourd'hui en Conseil des ministres la nomination de Sarah EL HAÏRY au Haut-Commissaire à l'Enfance ? Et est-ce que vous avez pu aborder à cette occasion la priorité du Gouvernement et l'attention portée par le Gouvernement à la question de la protection des enfants et des violences faites aux enfants ?

Sophie PRIMAS
Ce point n'a pas été abordé et n'était pas à l'ordre du jour du Conseil des ministres. Donc, je reviendrai vers vous dès que ça le sera.

Ilyes RAMDANI
Je vous remercie.

Sophie PRIMAS
Merci.

Romain CLUZEL
Je tente à nouveau ma chance. Bonjour, pardon, Romain CLUZEL pour RMC. Concernant Bruno RETAILLEAU, est-ce qu'on peut être ministre de l'Intérieur et président d'un parti, si jamais il s'avère qu'il gagne cette élection ?

Sophie PRIMAS
Ma réponse est simple. On peut être premier ministre et président d'un parti.

Lisa LAP
Toujours Lisa LAP pour Le Média. En parlant de violence envers les enfants, plus généralement, je rappelle quelques chiffres, par exemple, que 24 % des Français de plus de 18 ans estiment avoir été victimes de maltraitance grave dans leur enfance, qu'en 2021, 13 % des femmes et 5,5 % des hommes disent avoir subi des violences sexuelles dans leur enfance. Et je rappelle le plan de lutte contre les violences faites aux enfants présenté par Élisabeth BORNE qui devait aller de 2023 à 2027. Où en est ce plan ? Est-ce que vous allez retravailler sur ces questions des violences faites aux enfants, justement liées à tout le scandale autour de Bétharram ? Merci.

Sophie PRIMAS
Alors, indépendamment des scandales dont vous parlez et sur lequel, évidemment, je n'ai pas de déclaration supplémentaire. La question des violences faites aux femmes et des violences faites aux enfants est une question récurrente. Vous savez qu'en ce qui concerne les enfants, un Haut-commissariat va être créé. On vient à peine de l'évoquer. Et au-delà des questions d'ambiancement de la natalité, de conditions par lesquelles les Français pourront être amenés à choisir de faire davantage d'enfants, les questions évidemment de violences faites aux enfants seront au cœur des préoccupations de celle ou celui qui occupera cette fonction.

Journaliste
Et concrètement, qu'est-ce que ça veut dire dans l'application de cette priorité ?

Sophie PRIMAS
Je la laisserai ou le laisserai proposer ses plans d'action, quand ils seront déterminés.

Journaliste
Merci.

Journaliste
Rebonjour.

Sophie PRIMAS
Rebonjour.

Journaliste
Comme vous l'avez mentionné ce matin, la France sort d'un Sommet de l'IA majeur.

Sophie PRIMAS
Oui.

Journaliste
Et techniquement, l'un des points qui nous permettra aujourd'hui de développer les data centers pour que la France ait l'électricité pour alimenter ces data centers, c'est le développement d'une industrie du câble avec différents pylônes. Marc FERRACCI selon Libération ce matin dans un article du journaliste Damien DOLE explique qu'un Buy European Act est en marche pour que la France puisse se fournir sur un plan industriel en câble et en pylône. Est-ce que vous êtes plutôt confiants sur la capacité des entreprises françaises en tant qu'ancienne présidente de la Commission des affaires économiques au Sénat, a développé cette nouvelle industrie pour électrifier la France qui nous permettra d'utiliser les techniques d'IA en ayant assez d'électricité dans les prochaines années en tout cas ?

Sophie PRIMAS
3 éléments sont majeurs pour développer rapidement l'intelligence artificielle et qui sont des éléments physiques. La première, c'est la construction des data centers. Et là, dans le projet de loi de simplification, il y a fort à parier qu'on renforce les actions de simplification pour permettre, un petit peu comme pour Notre-Dame ou un petit peu comme pour les Jeux olympiques, d'aller vite sur ces questions de construction de data centers. Il ne s'agit pas de bypasser des normes ou de bypasser des lois. Il s'agit simplement de mener les actions en parallèle et d'avoir des sortes de chefs de projet qui permettent l'arrivée rapide de la construction de data centers. La deuxième, c'est évidemment les câbles. Vous l'avez indiqué, nous avons une industrie qui est intéressante en Europe sur ces compétences-là. Le Buy European Act est absolument obligatoire. Et j'ai toute confiance en Marc FERRACCI pour pousser les feux à l'Europe, pour nous permettre de conforter, en fait, notre puissance sur cet élément qui semble assez loin de l'Intelligence artificielle, mais en réalité qui en est aussi le cœur. Et la troisième, c'est l'énergie décarbonée dont nous disposons. Lors de ce sommet de l'Intelligence artificielle, j'ai rencontré des investisseurs, des investisseurs étrangers que j'ai questionnés sur pourquoi venaient-ils en France ? Et ils venaient en France parce que l'électricité décarbonée était importante et que ça fait partie de leurs fondamentaux à eux en termes de compétitivité. Voilà 3 éléments sur lesquels la France et l'Europe doivent massivement investir.

Journaliste
Madame la ministre, les assises contre l'antisémitisme ont été relancées aujourd'hui. Est-ce qu'il en a été question plus concrètement lors du Conseil des ministres ?

Sophie PRIMAS
Nous n'avons pas abordé ces assises, mais je connais la détermination d'Aurore BERGÉ pour faire avancer ces assises, en sortir des propositions et les mener jusqu'au bout.

Journaliste
Merci Madame.

Cyril ADRIAENS-ALLEMAND
Bonjour, Madame la ministre. Cyril ADRIAENS-ALLEMAND pour France Télévisions. Le président de la République envisage de nommer Richard FERRAND à la tête du Conseil constitutionnel. Des questions ont été soulevées concernant sa proximité avec le chef de l'État, un manque de formation juridique et puis la question de la probité. Est-ce le profil idéal pour devenir le prochain président du Conseil constitutionnel ? Et craignez-vous qu'il ne soit pas confirmé par les commissions des lois ? On entend qu'il ne ferait pas l'unanimité parmi les parlementaires.

Sophie PRIMAS
Pour avoir quelques années d'historique, d'histoire politique, je note qu'à chaque proposition du président de la République, on note des réserves sur les candidats. C'est une décision qui revient au président de la République de proposer cette nomination. Et désormais, nous laisserons le Parlement, nous laisserons les deux chambres du Parlement prendre leurs responsabilités, ce qui arrivera, je crois, mercredi prochain lors des auditions de Richard FERRAND. Il n'en a pas été question ce matin au Conseil des ministres.

Journaliste
Merci.

Sophie PRIMAS
C'est une prérogative du Parlement.

Journaliste
Madame la ministre, je me permets juste de vous relancer une fois sur la polémique autour de Bétharram parce que vous l'avez évoqué cette plainte en diffamation du Premier ministre qui va ou qui a été déposée. Pouvez-vous me dire qui elle vise parce que malgré nos demandes, on n'a pas réussi à avoir cette précision. Donc diffamation que pour l'instant on n'a pas de…

Sophie PRIMAS
Je vous engage à interroger Matignon directement.

Journaliste
C'est fait, plusieurs fois.

Sophie PRIMAS
Ils vous répondront sûrement.

Arthur BELLIER
Bonjour Madame la ministre, Arthur BELLIER pour RTL. On sait désormais que le Président veut lancer des référendums dès cette année. Est-ce qu'il en a été question lors de ce conseil ou d'autres conseils des ministres ? Il y a des thèmes qui sont évoqués dans Le Parisien ce matin, les réseaux sociaux, la fin de vie, le travail. Quelles sont les idées qui remontent des ministres ? Sur quoi vous auriez envie d'interroger les Français ? Est-ce que le Gouvernement soutient l'idée du Président ?

Sophie PRIMAS
Nous n'en n'avons pas parlé ce matin au Conseil des ministres. Moi-même, je n'ai pas été dans le groupe de travail qui travaille sur cela. Nous sommes, comme je vous l'ai dit, focalisé sur la réforme de l'État, sur la façon dont nous allons pouvoir refaire un reset total de la façon dont fonctionne l'État aujourd'hui pour gagner en efficience. La question du référendum a été propulsée dans l'actualité par le président de la République. C'est donc lui avec le Gouvernement naturellement qui doit réfléchir à ce sujet. Pour l'instant, nous ne sommes pas sur cette réflexion-là, en tout cas collégialement.

Arthur BELLIER
Et vous, vous auriez envie d'interroger les Français sur quoi ?

Sophie PRIMAS
Moi, j'ai envie d'interroger les Français à moment où la situation politique est calme et où l'objet du référendum peut faire l'objet d'échanges sérieux, d'échanges entre les Français, le Gouvernement, les différentes parties politiques. Dans un calme relatif, je ne suis pas certaine qu'on soit dans une situation politique qui permette la sérénité absolue bien que comme gaulliste à titre personnel, je suis évidemment favorable au référendum.

Arthur BELLIER
Mais ce n'est pas la priorité.

Sophie PRIMAS
Écouter, le Gouvernement, le Premier ministre aujourd'hui n'évoque pas ce point dans nos discussions et le président de la République ne l'a pas évoqué de nouveau. Donc, je pense qu'il y a peut-être des discussions mais pour l'instant, je n'ai pas de solution à vous proposer, de sujets précis.

Maximilien NAGY
Merci. Maximilien NAGY, journaliste indépendant. Que peut bien contenir un séminaire sur la réforme de l'action publique ?

Sophie PRIMAS
Alors, c'est une bonne question, je devrais vous répondre peut-être demain après avoir été à ce séminaire. Non, je pense que ce qui était important pour le Premier ministre, c'est de montrer que maintenant que nous avons un budget et que nous allons pouvoir vraiment travailler, la réforme de l'État, le questionnement sur comment nous pouvons rendre un service public de meilleure qualité en dépensant moins d'argent, en étant plus efficient, donc en remettant en cause l'ensemble de nos organisations aujourd'hui, est vraiment un chantier qui est extrêmement prioritaire parce que c'est en dégageant, en fait, des capacités financières, budgétaires, que nous rendrons des meilleurs services aux Français et que nous retrouverons une autonomie par rapport au déficit.

Maximilien NAGY
Donc concrètement, vous nous direz peut-être demain ce que vous avez abordé, mais ce n'est pas…

Sophie PRIMAS
Mais on aborde la façon dont le service public est aujourd'hui délivré à l'ensemble de nos concitoyens.

Maximilien NAGY
Il n'y a pas de priorité ?

Sophie PRIMAS
Il n'y a pas de priorité. Chaque ministre devra rendre une feuille de route sous un mois sur la simplification, la réorganisation des services et les questionnements qui sont les siens. Nous devrons vraiment cogiter avec l'ensemble de l'administration pour savoir comment on peut faire plus, mieux, mieux répondre aux préoccupations des Français, avoir plus de services publics avec moins de dépenses. Et ça doit être possible. C'est même possible.

Maximilien NAGY
Peut-être juste une question d'ordre économique. La France est au pied du mur selon la Cour des comptes qui publie aujourd'hui un document sur les finances publiques. L'institution chiffre à 110 milliards d'euros l'effort à fournir pour ramener le déficit à 3 %. Il parle de baisse d'impôts non financés, de perte de contrôle des dépenses. Est-ce que la trajectoire budgétaire de la France présentée par votre Gouvernement est encore crédible au regard de ces enjeux et des critiques qui ont été formulées par la Cour des comptes.

Sophie PRIMAS
Les critiques permettent toujours de progresser. Et vous savez qu'Éric LOMBARD a annoncé qu'il mettait en place une cellule de pilotage du budget, de l'exécution du budget dès 2025 pour nous permettre, mois après mois, de vérifier effectivement si nous sommes dans la trajectoire des 5,4 % de déficit annoncé cette année, et s'il y a des mesures correctives ou de bonnes nouvelles. On ne peut pas exclure complètement les bonnes nouvelles qui nous permettraient d'avoir une autre trajectoire. L'objectif vraiment assigné par le Premier ministre, c'est ces 5,4 % de déficit maximum pour pouvoir aller sur une trajectoire 3 % à 2029. Et c'est la raison pour laquelle la réforme de l'État est impérative, parce que l'effort, comme vous le soulignez, et comme la Cour des comptes le souligne, est très, très important et sera très important sur 2026. Donc, mobilisation des fonds européens, réforme de l'État, questionnement sur l'ensemble de nos services publics et la façon dont on les exerce, questionnement sur notre modèle social et son financement, questionnement sur l'organisation territoriale, rien n'est exclu. Et on sait que la marche est haute.

Journaliste
Vous vous êtes alignés avec ce document et ses objectifs ?

Sophie PRIMAS
On sait que la marche est haute, on sait que la marche est très haute, mais on est déterminés à l'affronter et organisés.

Journaliste
Dernière question sur Bétharram. Je sais que vous n'allez pas répondre sur le fond. Vous avez dit que vous ne ferez pas de commentaires, donc ça, j'ai bien compris. Je voulais juste savoir si vous pouviez nous dire pourquoi ce n'était pas à l'ordre du jour du Conseil des ministres aujourd'hui. Est-ce que vous pensez que c'est une petite affaire ou que ce n'est pas prioritaire ? Pourquoi vous n'avez pas parlé aujourd'hui ?

Sophie PRIMAS
Mais c'est une question. L'ordre du jour du Conseil des ministres ne nous appartient pas, donc cette question est en dehors des sujets du Conseil des ministres.

Journaliste
Merci.

Sophie PRIMAS
Eh bien, je vous remercie et je vous donne rendez-vous la semaine prochaine. Merci à tous.


Source https://www.info.gouv.fr, le 14 février 2025