Déclaration de M. Emmanuel Macron, président de la République, sur l'importance des forêts primaires dans la lutte contre le dérèglement climatique, à Belém le 6 novembre 2025.

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Circonstance : Lancement du Tropical Forests Forever Fund

Texte intégral

Merci président Lula, 
Chers collègues, 
Monsieur le Secrétaire général, cher Antonio, 
Mesdames et messieurs en vos grades et qualités,

D'abord je veux remercier le Président et le Brésil pour l'organisation de cette COP à Belém et cet événement et cette initiative du TFFF.

Beaucoup de choses ont été dites et je ne vais pas les répéter si ce n'est pour insister sur l'importance des forêts primaires à la fois dans la bataille pour la réduction de nos émissions parce que ce sont les puits aujourd'hui les plus efficaces de carbone terrestre et qui viennent compléter ce que mangroves et les fonds marins font.  

Ce sont, en plus, les plus grandes réserves de carbone irrécupérables, ce qui fait qu'à chaque fois qu'on les détruit, on recule dans notre effort de décarbonation. Ce sont des réserves les plus importantes de la biodiversité, 75% de la biodiversité terrestre est dans ces forêts primaires. Ce sont aussi des lieux, des écosystèmes de vie et d'habitat pour beaucoup de peuples autochtones.

Pour toutes ces raisons, l'initiative qui consiste à freiner la déforestation, comme vous l'avez fait, Président, au Brésil, avec des résultats frappants, vous avez fait chuter depuis 2022 de 50% le rythme de la déforestation. Mais en même temps, préserver les forêts existantes est essentiel, à la fois en Amazonie, Président Petro en a parlé à l'instant, que nous avons un partage quelques-uns autour de cette table. Dans le bassin du fleuve Congo, le Président Tshisekedi l'a dit tout à l'heure, et je salue tous les pays aussi qui contribuent à cet effort, mais également en Asie du Sud-Est, l'envoyé spécial de l'Indonésie l'a dit, et je vois mon frère de Papouasie-Nouvelle-Guinée de l'autre côté de la table, qui participe de cet effort. Donc on doit vraiment s'assurer de cet effort complet.

Face à ça, ce constat, la TFFF apporte des innovations financières importantes, elle mobilise davantage, elle permet d'aller chercher de l'argent privé, ça a été très bien dit par le Premier ministre de Norvège tout à l'heure, et elle doit reposer à la fois sur la science, une analyse, un suivi des résultats.

Je veux ici d'abord apporter le soutien de la France à cette initiative politique, ensuite dire que pour nous, il est important que ça repose sur la science et le suivi de l'évolution de la forêt. Donc faire travailler nos scientifiques, dédier une partie des montants à une analyse scientifique indépendante et continuer des initiatives comme on l'a prise ces dernières années avec, par exemple, le One Forest Vision, c'est-à-dire avoir une analyse, en particulier à travers l'observation spatiale, de l'évolution de la forêt qui permet de faire le suivi des résultats de ce qu'on mène et de prévenir aussi les déforestations.

Deuxième élément, qui est une analyse constante, coût-bénéfice, et qui est une analyse projet par projet, comme l'a dit là aussi le Premier ministre de Suède, de manière importante. Troisième point, qui est une gouvernance exemplaire, avec un suivi des décaissements en toute transparence, ex ante et ex post essentiel pour garantir l'additionnalité et le suivi. Quatrième point, que ce soit décliné par pays. C'est le sens de ce qu'a dit le Président Tshisekedi, qu'il y ait une appropriation par chaque pays, comme on l'a fait d'ailleurs avec la Papouasie-Nouvelle-Guinée, et donc que ça repose sur des approches one country package.

Si ces conditions sont remplies et qu'on avance donc sur de telles approches, la France, au-delà du soutien politique, apportera un soutien financier en plus de ce que nous avons commencé avec le Président Lula. Il y a quelques mois, nous avons pris l'engagement d'un milliard d'euros sur l'Amazonie ensemble. L'Agence française de développement a déjà décaissé 400 millions d'euros sur ce milliard pour financer la préservation de la forêt et de la bioéconomie. Donc, sur la base des conditions et des hypothèses que je viens d'évoquer, la France apportera d'ici 2030 un soutien supplémentaire de 500 millions d'euros qui pourraient être contribué à la TFFF.

Voilà, Président, ce que je voulais dire en remerciant la Banque mondiale d'avoir accepté d'accueillir le Secrétariat et d'être l'administrateur de la facilité. C'est une garantie de bonne gouvernance et de bon fonctionnement. Et vous dire qu'au-delà de ce soutien politique et de cet engagement financier, je crois que nous sommes là aussi pour dire combien la préservation de nos forêts et la lutte contre la déforestation sont un enjeu essentiel pour nous tous. Merci, Président.