Interview de Mme Maud Bregeon, ministre déléguée, porte-parole du Gouvernement, à BFM TV le 3 décembre 2025, sur le projet de loi de finances pour 2026, le projet de loi de financement de la sécurité sociale pour 2026, la réforme des retraites et la baisse de la natalité.

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Média : BFM TV

Texte intégral

APOLLINE DE MALHERBE
Bonjour Maud BREGEON.

MAUD BREGEON
Bonjour.

APOLLINE DE MALHERBE
Merci de répondre à mes questions ce matin. Vous êtes la porte-parole du Gouvernement. Ce budget, ce fameux budget, le budget de la France, le budget de la Sécurité Sociale, honnêtement, au moment où on se parle, c'est quand même assez mal barré. Il y a peu de chances vraiment qu'on en ait un avant Noël, non ?

MAUD BREGEON
Écoutez, moi je constate que la deuxième partie du projet de loi de finances de la Sécurité Sociale, celle qui porte sur les recettes, a trouvé une majorité à l'Assemblée nationale. Je constate que depuis plusieurs semaines, les députés discutent. Alors oui, c'est long, oui, c'est exigeant, oui, c'est technique, mais sur un certain nombre de sujets, ils arrivent parfois à s'accorder. Et donc, nous, vous savez, on a mis le 49.3 de côté. On s'est engagé à ne pas l'utiliser, nous ne l'utiliserons pas. Et c'est désormais…

APOLLINE DE MALHERBE
Vous nous redites ce matin, Maud BREGEON, que vous n'utiliserez pas le 49.3 ? Il n'y aura pas de 49.3 ?

MAUD BREGEON
Oui, je le redis… Utiliser le 49.3, ça revient à acter l'échec des discussions parlementaires. On est en train de vivre un moment historique, avec un budget extrêmement important, le budget de la Sécurité Sociale, avec une nécessité absolue de réduire le déficit et de s'accorder pour prendre des mesures sérieuses qui permettent de garantir le maintien de ce système dans la durée. Moi, je veux croire qu'on trouvera une majorité à l'Assemblée nationale pour permettre cela.

APOLLINE DE MALHERBE
Donc, vous préférez pas de budget qu'un 49.3 ? C'est-à-dire au risque qu'il n'y ait pas de budget, vous n'utiliserez pas le 49.3, c'est sûr ?

MAUD BREGEON
Voter le budget, ce n'est pas voter pour ou contre le Gouvernement, c'est permettre de réduire le déficit pour l'année prochaine, c'est permettre d'augmenter, par exemple, le budget de l'hôpital. Il y a des mesures dedans extrêmement concrètes, mais pour qu'elles rentrent dans la vie des gens, concrètement, par exemple, la suspension de la réforme des retraites, il faut que les parlementaires votent ce budget.

APOLLINE DE MALHERBE
Donc, vous pensez que les Socialistes le voteront ?

MAUD BREGEON
Mais il y aurait une incohérence de la part des Socialistes à ne pas voter ce budget. Pourquoi ? Parce que dans ce budget…

APOLLINE DE MALHERBE
Vous leur rappelez quand même pas mal de concessions donc si ensuite, à la fin, ce serait ingrat.

MAUD BREGEON
Dans ce budget, il y a la suspension de la réforme des retraites. Ce n'est pas nous qui avons demandé la suspension de la réforme des retraites. Moi, pour ma part, je suis attachée à cette réforme. Je pense qu'elle était nécessaire. On a fait ce compromis, on a fait cette concession au nom de la stabilité. Il serait quand même, pour le moins curieux, et c'est un euphémisme, que les Socialistes ne votent pas ce budget. Pourquoi ? Parce que s'ils ne le votent pas, la suspension de la réforme des retraites ne pourra pas être appliquée, parce que ce budget ne sera pas adopté. Donc, vous comprenez bien qu'on attend, face à ces compromis et face à cette concession, qui était une concession importante, qui était une concession douloureuse, une cohérence dans les votes des uns et des autres.

APOLLINE DE MALHERBE
Ça, ce sont les socialistes ? Vous l'avez vu du côté du socle commun ? On peut encore parler de socle commun ?

MAUD BREGEON
Moi, je continue à parler de socle commun, parce que je pense qu'il y a davantage de choses qui nous rassemblent que de choses qui nous séparent.

APOLLINE DE MALHERBE
Vous l'avez vu hier ?

MAUD BREGEON
Avec Horizons, avec Les Républicains, ça fait un an et demi qu'on travaille ensemble. Qui aurait pu penser ça en 2022 ou 2023 ?

APOLLINE DE MALHERBE
Sauf qu'au moment où on se parle, quand même, Maud BREGEON, vous avez d'un côté les Socialistes qui, vraisemblablement, en tout cas si on vous écoute, s'apprêtent à voter ce budget, et ceux qui sont censés être les plus proches de vous, c'est-à-dire Horizons, qui ne le voteront pas. Édouard PHILIPPE qui a annoncé hier que les députés Horizons ne voteraient pas le projet de loi de finance de la Sécurité sociale. Donc, ce que vous avez gagné d'un côté, vous l'avez perdu de l'autre.

MAUD BREGEON
Édouard PHILIPPE a dit deux choses. D'abord, il y a quelques semaines, il a dit qu'il était convaincu de la nécessité de doter la France d'un budget. Je suis convaincue que c'est encore le cas aujourd'hui. Il a effectivement, semble-t-il, dit hier qu'en l'état, il ne pouvait pas le voter. Il nous reste plusieurs jours de discussion. Il reste, je crois, environ 50 heures de débat à l'Assemblée nationale sur le budget de la Sécurité sociale. Et donc, nous verrons. On sait qu'il y a, par exemple, un sujet auquel Édouard PHILIPPE est très attaché, c'est la question du déficit. Eh bien, la différence entre voter le PLFSS et ne pas voter le PLFSS, c'est 10 milliards de déficits supplémentaires.
Nous, on a un objectif de déficit à 20 milliards dans ce projet de loi. C'est déjà beaucoup. Si on ne vote pas ce projet de loi de finance de la Sécurité sociale, le déficit s'élèvera à 30 milliards. Ça signifie qu'en deux ans, on aurait doublé le déficit de la Sécurité sociale. Qui pourrait aujourd'hui avoir confiance en un système qui reposerait essentiellement sur la dette avec un déficit qui partirait complètement dans le décor ? Et donc, moi, je dis aux députés aujourd'hui, aux députés Horizons, aux députés LR, aux députés Socialistes, à l'ensemble des parlementaires et des 577 députés qui composent l'Assemblée nationale, nous avons une responsabilité majeure. La différence entre le vote du budget et l'absence de vote, c'est 10 milliards de déficits supplémentaires. Le vote de mardi prochain, c'est un vote à 10 milliards.

APOLLINE DE MALHERBE
C'est un vote à 10 milliards, mais quand je vous écoute, je ne sais pas si vous êtes dans le déni ou dans la méthode Coué ou un peu des deux.

MAUD BREGEON
Moi, je vois les débats à l'Assemblée nationale. Je n'ai pas à être optimiste ou pessimiste. Mon rôle…

APOLLINE DE MALHERBE
Non, moi, je vous demande juste d'être réaliste.

MAUD BREGEON
Mais notre rôle – on l'est depuis le départ – c'est d'éclairer les débats, c'est de faciliter les discussions, c'est de faciliter le compromis. Parfois, ça marche, parfois, c'est difficile, et on le sait. Mais enfin, pardonnez-moi, quand on dit ça, on se parle un peu à nous-mêmes. Moi, je rentre dans ma circonscription tous les week-ends. J'entends des gens qui nous demandent de nous accorder. J'entends des Français qui ne veulent pas retourner dans une crise politique. J'entends des Français qui veulent passer les fêtes de Noël, pouvoir se projeter vers des perspectives nouvelles l'année prochaine, pas de nouveau revenir en janvier avec des discussions budgétaires qui seraient interminables.

APOLLINE DE MALHERBE
Est-ce que vous vous préparez à une possible motion de censure ? Est-ce que ce scénario, vous commencez à y travailler ?

MAUD BREGEON
Vous savez, nous, on est dans la main, si je puis dire, des 577 députés qui composent l'Assemblée nationale, et on le sait depuis le départ… Il y a eu une motion de censure étudiée, il y a quelques semaines de ça, elle a été rejetée. Pourquoi ? Parce qu'il y avait une majorité absolue de députés à l'Assemblée nationale qui refusaient le désordre et qui voulaient que le débat puisse se tenir. Nous avons avancé depuis, je pense que c'est toujours le cas.

APOLLINE DE MALHERBE
Vous espérez que c'est toujours le cas. Il y a un point qui devait être discuté. Je n'arrive pas très bien à savoir si finalement il sera à l'ordre du jour ou pas, c'est la question de la CSG sur les revenus du patrimoine. Voilà un point auquel sont très attachés les Socialistes et dont ne veulent pas entendre parler les LR et Horizons. Vous allez trancher en quelle faveur ?

MAUD BREGEON
Les Socialistes y sont attachés moins philosophiquement que pour une logique de rendement. Dit autrement, il faut bien qu'il y ait de l'argent dans la partie recette qui entre pour pouvoir compenser certaines dépenses. On sait que le groupe Horizons, que le groupe LR, ils sont extrêmement défavorables. Nous, on n'est pas particulièrement attachés avec cette mesure. Ce qu'on dit, c'est que si on la retire et si on la modifie, il faut qu'on puisse compenser en face. Pour reprendre cette expression que j'aime bien de mon collègue Roland LESCURE, face à chaque plus, il faut un moins et face à chaque moins, il faut un plus. Donc là, c'est assez simple à comprendre.

APOLLINE DE MALHERBE
Donc là vous pensez que vous pouvez le trouver ?

MAUD BREGEON
Nous, on est ouverts, encore une fois, à la discussion sur l'ensemble des mesures depuis le départ.

APOLLINE DE MALHERBE
Donc vous n'êtes pas favorable personnellement à la CSG sur les revenus patrimoines ? Si vous pouvez y échapper…

MAUD BREGEON
Ce qu'on dit, c'est que si on retire cette mesure-là, il en faut une autre pour compenser en face parce que si ce n'est pas le cas, on laisse filer le déficit.

APOLLINE DE MALHERBE
Avez-vous des pistes ?

MAUD BREGEON
On en discutera durant la discussion parlementaire. Il y a par exemple un sujet qu'il faut regarder en face et avoir la lucidité d'aborder de façon courageuse, c'est la question du gel des retraites. On a proposé en entrée de match, si je puis dire, il y a quelques semaines, un gel complet. Vous vous souvenez, c'était l'année blanche. L'Assemblée nationale a fait le choix de revenir entièrement sur cette mesure et de dégeler l'intégralité des retraites. Le Sénat a proposé il y a deux semaines un entre-deux qui me semble intéressant en disant qu'on gèle une partie des retraites, celles qui sont supérieures à 1 400 euros, et une partie des minima sociaux. Laurent WAUQUIEZ, l'année dernière, avait mis la barre à 1 700 euros. Voilà des discussions intéressantes. Ce n'est pas un mauvais débat.

APOLLINE DE MALHERBE
Vous avez l'air de dire que c'est une piste possible.

MAUD BREGEON
C'est une piste possible, évidemment, mais on l'a déjà dit. Et pourquoi ?

APOLLINE DE MALHERBE
Et ça, les Socialistes seraient OK ?

MAUD BREGEON
Vous leur demanderez, et on verra pendant les débats. Mais enfin, quand on est attaché à la justice fiscale et sociale, on ne peut pas demander aux actifs de supporter seuls l'effort qui sera demandé l'année prochaine. Que les retraités, ceux qui le peuvent, contribuent également, et ça me semble au fond, là aussi, une forme de justice.

APOLLINE DE MALHERBE
Taxer davantage l'épargne, même le Livret A, le Haut Conseil aux Revenus et aux Prélèvements le recommande. Est-ce que ça pourrait aussi faire partie des taxes qui vont commencer à apparaître ?

MAUD BREGEON
Le Livret A, on parle de l'épargne, encore une fois, des classes moyennes, que les gens qui nous écoutent aujourd'hui ont. Notre priorité, ce n'est pas de mettre à contribution, encore une fois, les classes moyennes et les classes populaires. Notre priorité, c'est de demander à ceux qui le peuvent le plus de contribuer à hauteur de leurs moyens et, en parallèle, de réduire les dépenses. Et là encore, pardonnez-moi, je reviens sur le budget de la Sécurité sociale, la question des franchises médicales, on est seul à les défendre aujourd'hui. Mais moi, je le redis, le tout gratuit pour tous en matière de santé n'est ni possible, ni tenable.

APOLLINE DE MALHERBE
Je vais revenir dans un instant sur les questions de santé, sur les questions de médecin.

MAUD BREGEON
Là encore, il faudra qu'on arrive à trouver un point d'atterrissage équilibré.

APOLLINE DE MALHERBE
Et sur les questions très concrètes de médecins, de natalité, voir si à un moment ou à un autre, la politique a des effets concrets. Mais à l'instant, Bruno RETAILLEAU appelle Sébastien LECORNU, je cite, à assumer le 49.3.

MAUD BREGEON
C'est un peu facile. Pourquoi est-ce que nous aurions peur du débat parlementaire ? Bruno RETAILLEAU a des députés, il est président du groupe LR Et je le dis avec toute l'amitié que j'ai pour lui, il a été mon collègue au Gouvernement. Le groupe Les Républicains mené par Laurent WAUQUIEZ aujourd'hui s'investit dans les débats, propose des amendements, prend des positions politiques. Je pense que c'est extrêmement sain. Donc il faut laisser le débat se tenir. Je suis convaincue que les députés Les Républicains ont envie aussi de pouvoir s'exprimer devant les Français de par leur vote.

APOLLINE DE MALHERBE
Donc au fond, plutôt que le 49.3, qu'ils le votent ce budget ?

MAUD BREGEON
Bien sûr. Et donc nous irons au vote, au bout. Ce sera mardi 9 décembre, ce sera une journée importante. Les uns et les autres pourront prendre position. Puis les Français regarderont qui a choisi la réduction du déficit et qui a refusé d'avancer vers un budget.

APOLLINE DE MALHERBE
Vous disiez à l'instant, Maud BREGEON, qu'il fallait quand même qu'à un moment ou à un autre, les décisions politiques puissent se transformer en faits concrets pour les Français. Ce matin, la Cour des comptes alerte sur la dénatalité et sur ses conséquences. Ils disent qu'au fond, parce qu'on ne fait pas assez de bébés, soit il faut qu'on renonce à notre modèle social, soit il faudra qu'on paie davantage, qu'on travaille davantage. Et j'ai regardé cette histoire de réarmement démographique. Vous vous souvenez de cette fameuse expression d'Emmanuel MACRON ? Grand discours en janvier 2024, ça va faire deux ans et depuis rien. Mais quand je dis rien, c'est-à-dire rien du tout. J'ai regardé tout le déroulé de ses annonces. C'est le symptôme de cette politique qui ne se transforme en aucun fait. Il y avait un rapport qui a été demandé en 2022 sur les raisons de la dénatalité. Ce rapport a été remis en 2023. Le grand discours d'Emmanuel MACRON a été prononcé en 2024. On est bientôt en 2026 et rien de tout cela n'est devenu concret. Quand je dis rien, c'est-à-dire par exemple le plan fertilité, ça n'est qu'un mot, il n'y a rien de concret. Les pistes sont encore étudiées au moment où on se parle par la Haute autorité de Santé. C'est-à-dire des grands mots, des grandes promesses, aucune traduction concrète.

MAUD BREGEON
Alors on est sur un sujet qui est extrêmement complexe et qui nécessite à mon avis de sortir des caricatures. Quand on essaie de comprendre les raisons de la baisse de la natalité, on voit que d'abord elles sont extrêmement plurielles et elles dépendent de la classe sociale dans laquelle vous vivez, du lieu géographique dans lequel vous évoluez.

APOLLINE DE MALHERBE
Mais Maud BREGEON, c'est pour ça que je vous le dis. Je ne vous dis pas que ça n'a pas eu d'effet sur le nombre de bébés, je vous dis juste que les promesses, par exemple, l'accès plus facile pour les familles aux cliniques de fertilité, rien, c'est-à-dire que c'étaient des mots, il n'y a pas eu une seule mesure.

MAUD BREGEON
Ce que moi je vous dis, c'est que sur ce sujet-là, personne ne peut prétendre avoir de baguette magique.

APOLLINE DE MALHERBE
Non mais quand vous annoncez des mesures, pourquoi vous ne les faites pas ?

MAUD BREGEON
Je vais terminer. Ni nous, ni les autres. Quand vous dites que rien n'a été fait, c'est faux, c'est un mensonge. Quand par exemple, je vous prends un exemple, qui moi me tient beaucoup à cœur, c'est le passage de 14 à 28 jours du congé paternité.

APOLLINE DE MALHERBE
Mais ça, ce n'était pas dans le grand plan.

MAUD BREGEON
Quand on voit l'évolution des structures familiales... Que ce n'était pas dans le grand plan, c'est nous qui l'avons fait. C'est le président de la République qui l'a porté.

APOLLINE DE MALHERBE
Non. Oui, vous l'avez fait, mais pas dans ce grand plan. Ce grand plan avait promis, par exemple, un congé plus long, mais il arrivera peut-être en 2027. Rien pour l'instant.

MAUD BREGEON
Et ensuite, vous le savez bien, quand vous soutenez le pouvoir d'achat des Français face aux crises, ça joue. Quand vous travaillez à plus d'écologie, à préserver la planète, quand vous savez à quel point ça touche les jeunes et ça touche les jeunes femmes aujourd'hui, vous travaillez aussi en ce sens. Quand vous essayez d'avancer sur la question du logement, vous travaillez en ce sens. Quand vous permettez aux femmes de mieux concilier leur vie personnelle et leur vie professionnelle, là aussi vous accompagnez les familles. Quand vous portez, et je terminerai avec un dernier exemple, quand vous portez le plan des 1 000 premiers jours qu'a fait Adrien TAQUET lorsqu'il était au Gouvernement, vous accompagnez aussi les parents. Mais personne, je le redis, personne n'a de baguette magique. D'ailleurs, les parlementaires se sont de nouveau saisis de ce sujet. Il y a une mission qui est en cours à l'Assemblée nationale.

APOLLINE DE MALHERBE
Non, on ne peut pas me dire qu'il y a une mission alors qu'il y avait déjà un rapport qui a été commandé en 2022 et on refait une mission.

MAUD BREGEON
Mais les parlementaires, et c'est leur choix, ils sont souverains, ce n'est pas au Gouvernement qui leur donne des ordres.

APOLLINE DE MALHERBE
Mais non mais ... ce rapport qui a été commandé, qui a été payé, qui a été travaillé.

MAUD BREGEON
Vous menez de nouveau des auditions pour essayer d'avoir de nouvelles propositions. Moi, je vous dis, on a là un sujet... Vous avez raison d'en parler. Et je suis contente qu'on en parle ce matin.

APOLLINE DE MALHERBE
Non mais ce qui me désole, c'est que j'ai l'impression de passer ma vie à parler des rapports que vous commandez et en fait, quand on regarde ces rapports, ils restent dans des tiroirs.

MAUD BREGEON
Je viens de vous donner un certain nombre d'exemples qui répondent à votre question. Je vous dis que si des choses ont été faites, mais que non, personne n'a de baguette magique. Et j'en suis personnellement convaincue.

APOLLINE DE MALHERBE
Je vous demande pardon madame BREGEON, vous n'avez absolument pas répondu à ma question. Moi, je vous parlais des contenus de ce discours dans lequel il y avait un plan fertilité qui n'était pas du tout toutes les mesures que vous me dites, qui sont toutes des mesures très intéressantes, mais qui ne font pas partie de ce plan fertilité qui n'a jamais été traduit de fait.

MAUD BREGEON
Qu'elle soit dans un plan ou à côté d'un plan, l'important, c'est qu'elle s'applique dans la vie des gens.

APOLLINE DE MALHERBE
Mais n'annoncez pas de choses si vous ne le faites pas derrière.

MAUD BREGEON
Encore une fois, je ne nie pas l'importance de ce sujet parce que je suis convaincue.

APOLLINE DE MALHERBE
Non, je parle du problème de la concrétisation des promesses.

MAUD BREGEON
Je suis convaincue que c'est pour l'avenir et pour le présent par ailleurs un sujet absolument racine. Quand on parle des retraites, quand on parle du financement du grand âge, quand on parle de la Sécurité sociale…

APOLLINE DE MALHERBE
Tout est là. On est d'accord.

MAUD BREGEON
Quand on parle d'immigration de travail, eh bien tout ça, c'est lié à la question de la natalité.

APOLLINE DE MALHERBE
Il y avait un autre dispositif qui avait été annoncé, c'était le dispositif "Un médecin près de chez vous". Et là encore, grandes annonces et très petits effets. On a mené l'enquête sur RMC. Il y a au moment où on se parle 250 médecins qui ont répondu à l'appel. 250 médecins volontaires dans tout le pays.

MAUD BREGEON
On continue à travailler. Prenez l'exemple des Maisons France Santé annoncées par le Premier ministre qui sont en train de se déployer dans tous les départements qui dépendent d'ailleurs du budget de la Sécurité sociale. On revient toujours là. Si on n'a pas de budget de la Sécurité sociale, on n'aura pas de déploiement des Maisons France Santé. Et donc je le redis, ce qui se passe dans les prochains jours, ça répond à cette problématique-là.

APOLLINE DE MALHERBE
Une question sur les propos de Sophie BINET de la CGT. Elle avait dit, à propos des patrons, que les rats quittent le navire. Elle est mise en examen pour ses propos. Est-ce que quand on est syndicaliste, on ne peut plus dire une phrase comme "les rats quittent le navire" ?

MAUD BREGEON
Madame DE MENTHON, je crois, a porté plainte.

APOLLINE DE MALHERBE
Oui, tout à fait, c'est elle qui avait porté plainte. Et cette plainte a donc été reçue.

MAUD BREGEON
Et c'est son droit de porter plainte. La justice a été saisie. Moi, ce que j'ai à dire, c'est que je préfère la CGT et les organisations syndicales, lorsqu'elles sont avec nous autour de la table. Et je pense que, encore une fois, les vrais enjeux auxquels on doit répondre, ils se jouent dans les semaines à venir. Il y a une conférence travail-retraite. Et d'ailleurs, j'invite Sophie BINET à y participer parce qu'aujourd'hui, la CGT refuse d'y participer. Ce sont les vrais enjeux.

APOLLINE DE MALHERBE
Donc les vrais enjeux, c'est ça mais…

MAUD BREGEON
Quant à la question de la phrase qui a été prononcée, écoutez, j'ai assez peu de remarques à faire.

APOLLINE DE MALHERBE
Non, mais la judiciarisation, c'est-à-dire des propos, des déclarations, est-ce que ça, c'est quelque chose qui vous inquiète ?

MAUD BREGEON
Non. Encore une fois, la justice, elle s'est saisie et elle est parfaitement légitime à le faire. Par ailleurs, attention, parce que moi, je remarque aussi un climat de violence qui est extrêmement rude dans le monde politique. Vous commentez régulièrement des démissions d'élus locaux, des maires qui ont de plus en plus de mal à avancer dans leurs mandats et dans leurs responsabilités. Rappelez-vous de ce qui est arrivé à mon collègue Vincent JEANBRUN, ministre aujourd'hui de la Ville.

APOLLINE DE MALHERBE
Dont la maison avait même été ciblée par les émeutiers. Vous pensez aussi à l'œuvre sur Jordan BARDELLA ?

MAUD BREGEON
Je pense évidemment à l'œuvre sur Jordan BARDELLA, pardonnez-moi, j'aurais dû le citer. Sans, encore une fois, revenir sur les propos "les rats quittent le navire", je ne mets pas tout ça sur un même pied d'égalité. Mais j'invite les uns et les autres, voilà, je sais que le mot n'est pas très à la mode, mais à faire preuve de bienveillance, en tout cas de respect dans les échanges et les mots qui peuvent se tenir ici ou là.

APOLLINE DE MALHERBE
Est-ce que je suis labellisée ou pas ?

MAUD BREGEON
Enfin, bon…

APOLLINE DE MALHERBE
Vous me le donnez le label ou pas ?

MAUD BREGEON
Écoutez, ce n'est pas à moi de le dire.

APOLLINE DE MALHERBE
Ça vous fait rire, ce n'est pas très drôle.

MAUD BREGEON
Oui, ça me fait rire, parce que vous reprenez, là, encore une fois, pardonnez-moi, une énorme fake news, Apolline DE MALHERBE. Vous savez bien que l'État ne va pas donner de label. Il n'y a pas de label d'État, et je ne suis pas ministre de la Vérité.

APOLLINE DE MALHERBE
Est-ce qu'au fond, c'était le rôle d'Emmanuel MACRON de rentrer dans cette histoire ?

MAUD BREGEON
Ce n'est pas lui qui a soulevé le sujet. C'est la patronne, la directrice présidente, je crois, du groupe EBRA qui lui en parle dans une discussion qui est publique, que chacun peut revoir, qui se tenait dans les Vosges, il y a une ou deux semaines de ça. Le président de la République répond en évoquant une idée, encore une fois, qui a été soulevée par des patrons de médias, qui a été relevée dans les états généraux de l'information, et il dit lui-même : "Jamais le Gouvernement n'aura à faire ça, ce n'est pas le rôle du Gouvernement". Et l'inverse s'approcherait d'une dictature.

APOLLINE DE MALHERBE
Qui déciderait de ceux qui pourraient donner le label ?

MAUD BREGEON
Mais ce n'est pas à nous de le dire. Ce n'est précisément pas à nous de le dire. Nous n'avons pas à mettre nos mains là-dedans. Et le président de la République l'a redit en ses mots hier au Conseil des ministres.

APOLLINE DE MALHERBE
Est-ce que vous ne regrettez pas que c'était quand même très mal compris ?

MAUD BREGEON
Et j'ai eu l'occasion d'expliquer et de rappeler ce qu'il a dit en Conseil des ministres lors de mon compte-rendu. En revanche, faire dire au président de la République l'inverse de ce qu'il a précisément dit, laisser entendre et véhiculer l'idée qu'il y aurait un label d'État, et qu'il y aurait un ministère de la Vérité en création, pardon, mais c'est extrêmement grave.

APOLLINE DE MALHERBE
Mais vous n'avez pas de regrets ? Vous ne vous dites pas : "On s'est mêlés d'un sujet dont on n'aurait pas dû se mêler ?"

MAUD BREGEON
Mais on ne s'est pas mêlés d'un sujet auquel on n'aurait pas dû se mêler. Le président de la République a répondu à une question posée par une de vos consœurs d'ailleurs, et il répond en disant que ce n'est pas le rôle du Gouvernement que de poser tel ou tel label sur des médias.

APOLLINE DE MALHERBE
Donc pour vous, c'est clair.

MAUD BREGEON
C'est extrêmement clair.

APOLLINE DE MALHERBE
Merci Maud BREGEON, porte-parole du Gouvernement d'avoir répondu à mes questions de journaliste.


Source : Service d'information du Gouvernement, le 4 décembre 2025