Le contexte
L’union de la gauche a volé en éclats à l’automne 1977. Les partis de gauche sont défaits aux élections législatives de mars 1978. Au Parti socialiste (PS), François Mitterrand est fortement contesté par Michel Rocard qui déclare ses ambitions présidentielles. En vain, car le PS fait de François Mitterrand son candidat ; c’est sa troisième tentative. Le Parti communiste français (PCF) est représenté par son secrétaire général, Georges Marchais, et les radicaux de gauche par Michel Crépeau, député-maire de La Rochelle. À l’extrême gauche, Huguette Bouchardeau représente le Parti socialiste unifié (PSU) et Arlette Laguiller, Lutte ouvrière.
À droite, Valéry Giscard d’Estaing termine son premier mandat, mais sa majorité parlementaire est fragilisée. Le Rassemblement pour la République (RPR), derrière Jacques Chirac, se montre de plus en plus critique à l’égard de la politique économique et européenne suivie par le Président et son Premier ministre, Raymond Barre. Valéry Giscard d’Estaing et Jacques Chirac sont concurrents au premier tour auquel se présentent aussi Michel Debré, ancien Premier ministre du général de Gaulle de 1959 à 1962, et Marie-France Garaud ancienne conseillère de Georges Pompidou et Jacques Chirac.
Brice Lalonde représente le mouvement écologiste.
Innovations et particularités
Dans le domaine de la propagande, la loi interdit la publicité commerciale par voie de presse pendant la campagne électorale.
La loi du 19 juillet 1977 interdit la publication de sondage dans la dernière semaine précédant chaque tour de scrutin et le jour du vote. Une Commission des sondages est créée afin de contrôler le respect de la législation et de veiller à la fiabilité technique et à la transparence des enquêtes. Ce qui n’empêche nullement leur développement spectaculaire.
Afin d’éviter la multiplication des candidatures comme en 1974, le nombre d’élus devant parrainer les candidats passe de 100 à 500 provenant d’au moins 30 départements, les signatures émanant d’un même département ne pouvant pas dépasser le 1/10e du total des 500. Autre innovation : la liste des parrains est rendue publique.
C’est la première élection où à gauche, en particulier au PS, les armes du marketing politique sont totalement intégrées. L'année 1981 s’inscrit dans les mémoires par l’affiche de "la force tranquille".
Du fait de l’abaissement de la majorité électorale de 18 à 21 ans, le nombre d’inscrits sur les listes électorales passe de 30,6 à 36,3 millions d’électeurs.
C’est la première élection, à l’exception de celle de 1965 (mais celle de 1958 n’était pas au suffrage universel direct), où un Président sortant se représente.
C’est la première élection qui enregistre le déclin électoral du PCF : Georges Marchais totalise 15% des suffrages, alors qu’aux élections législatives de 1978 les candidats communistes avaient recueilli 20,6% des voix.
Pour la première fois un Président de gauche est élu (François Mitterrand : 51,8%). Un mois plus tard, le PS obtient la majorité absolue à l’Assemblée nationale. L’alternance politique est complète ; c’est la première fois depuis 1958.
La défaite de Valéry Giscard d’Estaing redonne aux gaullistes et particulièrement à Jacques Chirac le leadership de l’opposition.
L’élection de François Mitterrand le 10 mai 1981
Le soir de son élection, François Mitterrand est dans la ville de Château-Chinon, dont il est alors le maire. Il y prononce une courte déclaration : "Cette victoire est d’abord celle des forces de la jeunesse, des forces du travail, des forces de création, des forces du renouveau qui se sont rassemblées dans un grand élan national pour l’emploi, la paix, la liberté".
L’investiture du président de la République a lieu le 21 mai. Cette journée est avant tout marquée par une cérémonie au Panthéon. François Mitterrand prononce une allocution à l’Hôtel de ville de Paris et une allocation au Palais de l’Elysée : "Il n’y a eu qu’un vainqueur le 10 mai 1981, c’est l’espoir."