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© motortion / Stock-adobe.com

Loi du 2 mars 2022 visant à combattre le harcèlement scolaire

Temps de lecture  5 minutes

La loi crée un délit de harcèlement scolaire qui pourra être puni jusqu'à 10 ans de prison en cas de suicide ou tentative de suicide de la victime. Elle améliore également le droit à une scolarité sans harcèlement. Le harcèlement scolaire, amplifié par les réseaux sociaux, toucherait près d'un élève sur dix chaque année.

Où en est-on ?

  1. Étape 1 validée

    Dépôt au parlement

    5 novembre 2021

  2. Étape 2 validée

    Examen et adoption

    24 février 2022

    Adoption définitive

  3. Étape 3 validée

    Promulgation

    2 mars 2022

Qu'est-ce que la procédure législative ?

Consulter

La loi a été promulguée le 2 mars 2022. Elle a été publiée au Journal officiel du 3 mars 2022.

La loi complète les mesures déjà mises en oeuvre par le gouvernement, et rappelées par le ministre de l'éducation nationale le 17 novembre 2021.

Le droit à une scolarité sans harcèlement

Le droit de suivre une scolarité sans harcèlement scolaire, posé par la loi du 26 juillet 2019 pour une école de la confiance, devient une composante du droit à l'éducation. Il est étendu dans le code de l'éducation aux élèves de l'enseignement privé et aux étudiants. La définition du harcèlement est aussi complétée, notamment pour y inclure les faits commis en marge de la vie scolaire ou universitaire et par les personnels.

Une obligation de moyens pèsera sur les établissements d’enseignement scolaire et supérieur publics et privés ainsi que sur les centres régionaux des œuvres universitaires et scolaires (Crous), qui devront prendre les mesures appropriées pour :

  • prévenir et traiter les cas de harcèlement ;
  • orienter les victimes, les témoins et les auteurs, notamment vers des associations pouvant les accompagner.

Afin de mieux prendre en charge les victimes et les harceleurs, le projet d’école ou d’établissement devra fixer les lignes directrices et les procédures destinées à la prévention, à la détection et au traitement des faits de harcèlement.

Ces mesures accompagneront la généralisation du programme pHARe, plan expérimental de prévention et de lutte contre le harcèlement entre élèves.

À l'initiative des parlementaires, une information sur les risques liés au harcèlement scolaire et au cyberharcèlement sera délivrée chaque année aux élèves et aux parents d’élèves.

Les différents personnels qui, au cours de leur activité professionnelle, peuvent être amenés à rencontrer ce type de situation (médecins, travailleurs sociaux, policiers, magistrats, enseignants...) devront recevoir une formation sur le harcèlement scolaire et universitaire.

Sur amendements des sénateurs :

  • lors des visites médicales obligatoires à l'école, une attention devra être portée aux cas de harcèlement scolaire, à côté de la maltraitance ;
  • afin de mieux prévenir le harcèlement scolaire, les personnels assistants d’éducation (AED) ayant exercé pendant six ans pourront bénéficier d'un contrat à durée indéterminée (CDI) dans leur établissement ;
  • le gouvernement devra remettre un rapport évaluant la possibilité d'un meilleur remboursement par l'assurance maladie des frais engagés pour le suivi psychologique et psychiatrique des enfants victimes de harcèlement et de leurs auteurs.

Un nouveau délit de harcèlement scolaire

Le texte, tel qu'adopté, prévoit un nouveau délit de harcèlement scolaire, sanctionnant les élèves, les étudiants ou les personnels des établissements scolaires et universitaires, reconnus coupables de harcèlement. Les peines maximales encourues sont de dix ans de prison et de 150 000 euros d’amende en cas de suicide ou de tentative de suicide de la victime harcelée. Un stage de "sensibilisation aux risques liés au harcèlement scolaire" pourra être également prononcé par le juge.

Les sénateurs en première lecture avaient supprimé ce nouveau délit et prévu à la place une circonstance aggravante du délit général de harcèlement, déjà existant.

Afin de mieux lutter contre le cyberharcèlement sur les réseaux sociaux, les parlementaires ont autorisé la saisie et la confiscation des téléphones portables et des ordinateurs qui ont été utilisés pour harceler un élève ou un étudiant. Des garanties sont posées.

Enfin, le texte inscrit la lutte contre le harcèlement scolaire parmi les objectifs assignés aux acteurs d'internet (plateformes et fournisseurs d'accès à internet - FAI) et consacre l’obligation de modération des contenus de harcèlement scolaire sur les réseaux sociaux.

Selon un rapport du Sénat, 6 à 10% des élèves subiraient un harcèlement au cours de leur scolarité.

Ce phénomène peut prendre plusieurs formes : moqueries, insultes, racket, harcèlement physique, moral ou encore sexuel.

Les effets psychologiques peuvent être graves pour l’élève harcelé : baisse de l’estime de soi, anxiété, dépression, suicide.

Depuis l’avènement d’internet, le harcèlement scolaire se trouve amplifié par le phénomène du cyberharcèlement.

Il a cette particularité de continuer à s’exercer en dehors de l’école à travers les réseaux sociaux .

Photos, vidéos, rumeurs se propagent sur internet de façon massive et répétitive.

Un phénomène particulièrement observé en collège où un quart des élèves serait confronté à du cyberharcèlement.

Le harcèlement scolaire peut faire l’objet de sanctions disciplinaires au sein d’un établissement.

Il est reconnu comme une forme de harcèlement moral, délit sanctionné par le code pénal.

La loi de 2018 sur les violences sexuelles et sexistes a étendu sa définition, intégrant le harcèlement exercé en groupe.

La loi de 2019 pour une école de la confiance a rappelé le droit à une scolarité sans harcèlement.

Des outils existent pour prévenir et lutter contre le harcèlement et le cyberharcèlement.

Des lignes d’écoute : 3020 contre le harcèlement et plus récemment le 3018 spécifiquement créé pour les violences numériques.

Le site internet « Non au harcèlement » à destination des victimes, témoins, parents et professionnels de l’éducation.

Ces outils restent souvent méconnus, les enseignants et personnels sont encore trop peu formés à la détection et à la prévention de ces phénomènes.

Le cyberharcèlement se diffuse d’autant plus largement qu’il peut s’exercer dans un anonymat relatif pour les harceleurs peu conscients des conséquences.

 

Lancement de l'application 3018 pour aider les victimes de cyberharcèlement

L'association e-Enfance, qui gère le numéro national d'assistance 3018 pour les jeunes victimes de cyberviolence et de cyberharcèlement et leurs parents, vient de lancer l'application mobile 3018, avec le soutien du gouvernement.

Cette application gratuite et confidentielle permet notamment une prise de contact instantanée par tchat avec un professionnel du 3018 et le stockage sécurisé des preuves du harcèlement vécu (captures d'écran, photos, liens url, etc.), transférable aux équipes 3018.

Le 3018 dispose de procédures de signalement accélérées pour faire supprimer les comptes ou les contenus en quelques heures sur les réseaux. Il est le partenaire de l'Éducation nationale, de la plateforme PHAROS et du 119 Enfance en danger pour réaliser des signalements prioritaires.

Cette page propose un résumé explicatif du texte pour le grand public. Elle ne remplace pas le texte officiel.

Où en est-on ?

  1. Étape 1 validée

    Dépôt au parlement

    5 novembre 2021

  2. Étape 2 validée

    Examen et adoption

    24 février 2022

    Adoption définitive

  3. Étape 3 validée

    Promulgation

    2 mars 2022

Qu'est-ce que la procédure législative ?

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