Rapport d'information (...) sur le déplacement d'une délégation de la commission à Beyrouth, du 2 au 5 juin 2025

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Depuis 2019, le Liban traverse une crise d'une ampleur inédite et multifactorielle. L'effondrement du système bancaire a ruiné l'épargne de la population et asséché les finances publiques. L'explosion du port de Beyrouth, le 4 août 2020, a agi comme un révélateur brutal des carences de l'État. La vacance du pouvoir présidentiel, qui a duré 26 mois entre 2022 et 2025, a cristallisé l'incapacité des acteurs politiques à surmonter les blocages confessionnels. 

À ces événements majeurs se sont ajoutées des dynamiques de fond : 

  • une crise migratoire durable, liée à la présence de plus d'un million de réfugiés syriens sur le territoire ;
  • une défiance croissante de la jeunesse envers la classe politique ainsi qu'une montée des tensions sécuritaires dans le Sud du pays, aggravée par les affrontements entre le Hezbollah et l'armée israélienne.

Cette crise libanaise ne peut être appréhendée qu'à la croisée de plusieurs registres : 

  • politique, avec la paralysie institutionnelle ;
  • économique, avec une contraction historique du PIB et l'effondrement de la monnaie nationale ;
  • social, avec l'appauvrissement brutal d'une large part de la population ;
  • sécuritaire, avec le maintien d'un arsenal non étatique et la persistance de tensions régionales ;
  • humanitaire, avec la pression migratoire et l'affaissement des services publics.

Dans ce contexte, la mission parlementaire a rencontré un large éventail d'acteurs : autorités libanaises, représentants de la société civile, responsables religieux, diplomates, militaires et organisations non gouvernementales (ONG) locales. Ces entretiens ont permis d'esquisser un diagnostic sur les blocages persistants et attentif aux dynamiques émergentes. 

INTRODUCTION

I. LE LIBAN À L'HEURE DE L'INSTABILITÉ PROLONGÉE

A. UNE CRISE SÉCURITAIRE QUI N'EST TOUJOURS PAS RÉSOLUE 
1. En dépit de l'accord de cessation des hostilités, les frappes israéliennes restent quotidiennes et sont concomitantes à la consolidation de cinq positions occupées et l'établissement d'un no man's land au Nord de la frontière
2. Les progrès sur le terrain au Sud-Liban masquent une impasse stratégique sur le désarmement du Hezbollah en l'absence de concessions israéliennes
3. Le rôle central de la FINUL dans la stabilisation du Sud-Liban est fragilisé par des tensions locales et les pressions américano-israéliennes en faveur d'une transformation de son mandat

B. UN EFFONDREMENT ÉCONOMIQUE SANS PRÉCÉDENT
1. Le Liban fait face à une crise économique systémique 
2. Les réformes du secteur bancaire avancent lentement dans un climat de
blocage sur la loi de résolution et l'absence de solution pour la restitution des dépôts 
3. Malgré des besoins évalués à plus de dix milliards de dollars, la reconstruction demeure bloquée faute de consensus sur le lien entre aide économique et désarmement des milices

C. UNE CRISE SOCIALE ET DÉMOCRATIQUE
1. La présence prolongée de plus d'un million de réfugiés syriens exerce une pression difficilement soutenable sur les finances publiques et accentue les tensions communautaires
2. Les élections municipales de 2025 amorcent un retour au jeu démocratique qui ne rompt néanmoins pas avec les pratiques confessionnelles
3. Malgré sa densité et son dynamisme, la société civile libanaise se heurte à l'épuisement des ressources et à la lassitude démocratique 

II. LES OBSTACLES ET DES LEVIERS POUR SORTIR DE L'IMPASSE

A. DES POINTS DE BLOCAGE 
1. Le maintien de l'occupation israélienne et l'absence de stratégie de sortie politique alimentent une impasse sécuritaire et empêchent toute stabilisation durable au Sud-Liban 
2. Un désarmement mal géré du Hezbollah pourrait raviver les fractures communautaires
3. L'absence de consensus entre les forces politiques bloque l'adoption de réformes clés
4. L'excès de conditionnalité des aides internationales freine la réponse aux urgences

B. MAIS DES AVANCÉES INDÉNIABLES
1. La présence d'un exécutif enfin opérationnel
2. Le rôle stabilisateur des forces armées libanaises
3. Une dynamique de dialogue entre le Liban et la Syrie autour des réfugiés et de la frontière
4. La reconnaissance d'une opportunité de transformation

III. QUEL RÔLE POUR LA FRANCE ?

A. CE QUE LA FRANCE FAIT DÉJÀ
1. Une présence militaire active et une diplomatie engagée au service de la stabilité
2. Un engagement constant dans les secteurs humanitaires, judiciaires et culturels
3. Le rôle structurant de l'AFD et de Business France

B. CE QUE LA FRANCE POURRAIT FAIRE DE PLUS
1. Retrait israélien et mandat onusien : deux clés pour la stabilité dans le Sud
2. Renforcer durablement les Forces armées libanaises
3. Faciliter une sortie de crise sur les réfugiés syriens
4. Pour une refondation institutionnelle par la base

CONCLUSION
EXAMEN EN COMMISSION
ANNEXE N° 1 : PROGRAMME DU DÉPLACEMENT À BEYROUTH DE LA DÉLÉGATION
ANNEXE N° 2 : CONTRIBUTIONS INDIVIDUELLES
1. M. Arnaud Le Gall (9ème circonscription du Val-d'Oise – La France insoumise – Nouveau front populaire), président du groupe d'amitié France / Liban 
2. Mme Alexandra Masson (4ème circonscription des Alpes-Maritimes – Rassemblement national)