Extrait de la déclaration de M. Jean-Claude Gayssot, ministre de l'équipement, des transports et du logement, sur le bilan de l'action de son ministère en 2001, Paris, le 8 janvier 2002.

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Circonstance : Extrait du discours de présentation des voeux du ministre de l'équipement à la presse à Paris, le 8 janvier 2002

Texte intégral

Cinq ans dans ce ministère, j'aurais pu faire un bilan de ce que nous avons fait. Je pourrais, car c'est la tradition, vous faire le bilan de l'année passée et des perspectives de l'année à venir.
- l'intermodalité qui avance comme jamais,
- le service public de l'équipement qui bouge tout en amplifiant ses vraies valeurs,
- les entreprises publiques de transport qui gagnent,
- la concrétisation d'une étape de la décentralisation dans le domaine ferroviaire,
- une politique urbaine établie sur de nouvelles bases plus adaptées sur la réalité d'aujourd'hui et de demain,
- l'emploi qui se développe dans le BTP.
Ce bilan je ne le ferai pas en détail. D'abord parce que vous qui êtes des journalistes spécialisés vous le savez. Ensuite parce que ça ne m'apparaît pas la bonne manière de faire.
Vous savez bien ce qu'on dit habituellement de ce ministère.
a) On dit qu'il est un ministère dépensier. 1000 milliards.
b) On dit enfin que c'est "un ministère technique", borné à l'expertise où la politique n'a que peu de place. Je n'ai pas ce sentiment, je voudrais vous dire pourquoi.
Ce ministère est un ministère de la vie quotidienne. J'avoue que lorsque je suis arrivé à cette responsabilité, je ne percevais pas bien cette dimension. Je n'ai pas tardé à m'en rendre compte. Voyez ce que représente aujourd'hui la mobilité dans ce qu'est devenu la vie de nos concitoyens aujourd'hui. Voyez le rôle du commerce, c'est à dire des transports de marchandises. Voyez la part que représentent les déplacements, le logement et l'urbanisme, le tourisme dans l'emploi du temps de chacune et chacun. Voyez encore ce que représente la rapidité, la vitesse dans la conception même de notre mode de vie. Tout cela : ce ministère.
Ce ministère est celui du quotidien mais aussi celui de l'avenir. En cinq ans j'ai pu voir des décisions se réaliser et entrer dans la vie. Mais il en est aussi d'autres qui engage ce que sera demain.
Eh bien pour traiter ce quotidien d'aujourd'hui et de l'avenir, j'ai le sentiment d'avoir eu à affronter les grandes questions politiques qui se posent dans toute la société:
a) Par exemple le problème majeur de la contradiction posée par certains entre développement et environnement.
b) Par exemple encore la contradiction établie entre sécurité et efficacité économique. Le rôle de l'État, de l'intérêt général, donc de la sécurité. Ne pas transiger.
c) La contradiction entre liberté de l'individu et ce qu'il ressent comme une contrainte et qui n'est que l'autre nom de la liberté du citoyen. Je pense à la sécurité routière. Je sais le rôle que les médias ont joué. Je vous en remercie.
d) La contradiction entre "le laisser-faire" qui conduite aux ségrégations sociales et urbaines et les exigences de justice et de mixité sociale. La loi S R U.
e) La contradiction entre les exigences du service publique, sa logique, son esprit, ses valeurs, les nécessités de sa modernisation, et les pressions tenaces de ceux qui ne rêvent que de privatisations et de déréglementations.
8) Tout cela constitue bien des questions politiques qui se posent à l'ensemble de la société et dont on va parler dans les mois qui viennent.
9) Ajoutons-y la dimension européenne qui est essentielle et devenue quotidienne non seulement depuis l'Euro mais depuis que les transports se déroulent à cette échelle que ce soit pour les personnes ou les marchandises. Ici encore c'est bien la politique qui joue, des logiques qui s'opposent, des intérêts qui s'affrontent, un avenir qui se dessine.
10) Voilà pourquoi je ne vous présente pas un bilan, un inventaire de ce que nous avons réalisé. Car j'ai trop conscience de ce qui reste à faire, des contradictions qui ne sont pas encore tranchées et qui continuent de se poser avec force.
11) La prochaine période : l'enjeu. Dans quel sens peser ? Pour ce qui me concerne, comme je l'ai fait ici depuis cinq ans, je souhaite la démocratie, la concertation.
12) J'ai conscience de tout ce qu'il reste à faire, y compris des limites et des erreurs que nous avons pu commettre.
Méthode
1) Je n'ai eu qu'un souci -> l'intérêt général.
2) Je n'ai fait aucune discrimination vis à vis des élus et des forces politiques.
3) J'ai toujours respecté le point de vue et la dignité de nos interlocuteurs (0.S).
4) J'ai été disponible (j'ai reçu plus de 5.000 personnes entre élus, associations, syndicats, dirigeants de grandes entreprises publiques/privées) et j'ai été sur le terrain.
5) J'ai travaillé chaque dossier.
6) J'ai joué sur la durée.
7) J'ai intégré la dimension européenne aux questions françaises.
8) Je me suis appuyé sur un cabinet de sensibilité diverse, dévoué et compétent.
9) J'ai fait confiance aux cadres de l'administration.
10) J'ai dit ce que je faisais, sans précipitation et j'ai fait ce que j'ai dit sans tricher.
(Source http://equipement.gouv.fr, le 14 janvier 2002)