Texte intégral
Monsieur le ministre,
Mesdames et messieurs,
Au moment de conclure ces premières rencontres de la recherche outre-mer, je voudrais tout d'abord vous faire part de mon sentiment de satisfaction et de reconnaissance.
Les interventions que nous avons entendues hier matin, les compte-rendus des ateliers qui viennent d'être faits, le débat qui a eu lieu à l'instant portent la marque de la qualité du travail que vous avez réalisé pendant ces journées et pour les préparer. Je souhaitais vous en remercier.
Je crois qu'il y a lieu également de se féliciter de l'intérêt que votre présence nombreuse manifeste pour le sujet que nous avons traité : nous étions hier près de 240 participants.
Je crois que ceci confirme l'importance qu'il y avait à permettre la rencontre entre toutes les parties intéressées aux questions de recherche. Certes les chercheurs ont l'habitude d'échanger sur leurs thèmes de recherche : c'est bien ainsi seulement que peut fonctionner l'expertise collégiale qui permet de mettre en synergie les connaissances acquises par plusieurs organismes. Mais il est indispensable de mettre en contact également les décideurs politiques avec le monde de la recherche, afin qu'un chemin clair puisse être tracé qui permette de valoriser au mieux des intérêts publics le travail des chercheurs. Et les politiques ont eux aussi besoin de connaître l'état de la recherche pour éclairer leur choix.
Il était déterminant également de placer ces premières rencontres sous le signe de l'Europe. Dans le fonctionnement de l'Union européenne, ces rencontres viennent à point nommé, puisque des décisions importantes sont en préparation. Le commissaire BUSQUIN nous les a détaillées hier : il s'agit, vous le savez, du 6ème programme cadre de recherche et de développement qui est en phase finale d'adoption. L'ambition est de définir ainsi un " espace européen de recherche " qui servira de référence aux questions de politique de recherche en Europe. L'enjeu est donc considérable pour l'outre-mer, français et européen, puisque c'est aujourd'hui que nous devons nous mobiliser pour que l'outre-mer ait toute sa place dans cet " espace ".
Je veux croire que ces rencontres ont au moins atteint l'objectif de sensibiliser non seulement la communauté des chercheurs, mais également la commission européenne sur l'intérêt que l'outre-mer européen représente pour une politique de recherche européenne. Cet intérêt repose sur deux atouts principaux : les caractéristiques propres à l'outre-mer, qui offrent des sujets de recherche dont l'Europe continentale ne dispose pas, d'une part, et l'influence régionale dans des parties du monde éloignées du continent d'autre part.
Ces premières rencontres me paraissent donc avoir constitué l'amorce d'une mouvement de prise en compte de l'outre-mer dans la politique de recherche européenne ; elles me paraissent devoir jouer un rôle de catalyseur, au sens chimique du terme, dans la formulation de propositions concrètes permettant cette prise en compte.
Pour atteindre cet objectif, il est évidemment bien préférable d'unir ses forces plutôt que d'être seul à défendre un dossier. C'est pourquoi je suis heureux que des représentants de la Grande Bretagne, du Danemark et du Portugal, ainsi que de l'Espagne aient bien voulu venir participer à notre réflexion, et je voudrais les en remercier.
Ces rencontres ont confirmé, je n'en suis pas surpris mais je le constate à nouveau aujourd'hui avec satisfaction, l'engagement des grandes structures de recherche française en outre-mer.
C'est le cas bien sûr de l'IRD, du CIRAD, de l'IFREMER et de l'INRA, qui ont, certains depuis plusieurs décennies, des structures permanentes sur l'ensemble de l'outre-mer, et qui ont d'ailleurs signé, il y a presque deux ans, une convention de partenariat visant à mettre leurs compétences en synergie sur l'outre-mer. Les actions de ces organismes, souvent très liées au développement économique des territoires où ils opèrent ont été détaillées dans les ateliers. Elles font d'ailleurs souvent l'objet de conventions avec les collectivités, ce qui me paraît un mode de partenariat très souhaitable.
Je me réjouis également de l'implication grandissante du CNRS dans la recherche outre-mer. De très nombreux chercheurs travaillent déjà sur des sujets liés à l'outre-mer, comme le montre clairement la plaquette éditée à l'occasion de ces rencontres. Je comprends en outre, des orientations décidées au sein du CNRS, que cet engagement devrait se manifester, en Guyane, par la nomination d'un chercheur qui assurera une représentation permanente, ce dont je me réjouis. Je ne verrai par ailleurs que des avantages à ce que de nouveaux postes soient affectés à des sujets de recherche en sciences humaines, et j'ai cru comprendre que la direction du CNRS n'y était pas défavorable, dès lors que des laboratoires feraient des propositions de sujets de recherche dans ce domaine.
Les questions de santé sont également essentielles outre-mer, et offrent des champs de recherche spécifiques, dont l'aboutissement est vital pour les populations de l'outre-mer, qui bénéficierait d'ailleurs tout autant aux pays voisins des régions ultra-marines. Je pense notamment au paludisme, à la drépanocytose. Je pense également aux très importantes questions que soulève en matière de santé l'exploitation de l'or en Guyane. La présence de l'Institut Pasteur dans la plupart des régions d'outre-mer est à cet égard déterminante.
L'espace est aussi bien sûr un domaine d'excellence qu'on ne peut omettre ici, même s'il concerne plus particulièrement la Guyane. En marge du succès récent d'ARIANE V, je voudrais sur ce sujet évoquer un projet qui me paraît particulièrement intéressant, celui de la création d'une Université Médicale Virtuelle. Soutenu par le Premier ministre en novembre 2001, il porte sur l'enseignement médical transmis par satellites. L'objectif ambitieux de mettre en ligne les ressources pédagogiques de l'enseignement supérieur en médecine me paraît particulièrement pertinent pour l'outre-mer. Une première expérience de ce type a été menée en Nouvelle-Calédonie. Je sais qu'il est envisagé de renouveler cette expérience aux Antilles Guyane, et je ne peux que soutenir cette idée.
Les universités doivent elles aussi jouer un rôle important dans la recherche et notamment par la formation d'étudiants de haut niveau. Un projet me paraît à cet égard exemplaire de ce qu'un partenariat bien compris peut apporter comme solution originale aux problèmes spécifique de certaines régions d'outre-mer : il s'agit du pôle universitaire de Guyane. Associant l'Université des Antilles Guyane, une université métropolitaine, les collectivités et l'Etat dans un partenariat avec les instituts de recherche, cette entité proposera aux étudiants, sur place, des formations de base sur tous sujets, mais aussi des filières d'excellence sur des sujets plus spécifiques (comme par exemple la pharmacopée à partir des ressources forestières). Des étudiants des pays voisins pourront d'ailleurs y avoir accès. Les discussions sur la mise en place du GIP destiné à gérer ce pôle universitaire sont maintenant en cours de finalisation, et j'ai bon espoir que la signature de ses statuts intervienne dans les prochaines semaines.
Mesdames et messieurs, les compte-rendus des ateliers que nous venons d'entendre illustrent les propos que je viens de tenir. Je sais que vos débats ont été riches et nourris. Il est évidemment impossible pour moi de me prononcer de façon certaine sur les suites qui pourront être données aux propositions qui ont été formulées, mais je suis sûr, c'est le sens même de l'organisation de ces rencontres, qu'ils feront l'objet d'un examen attentif par l'administration du ministère de la recherche et par celle de l'Union européenne. Je me propose d'ailleurs de réunir l'ensemble de nos débats dans des " actes ". Je ne doute pas que ce document pourra être utilement diffusé, par exemple lors de la prochaine conférence des Canaries à laquelle la représentante de l'Espagne nous a invités hier.
Il me semble néanmoins possible d'être plus précis sur certains des thèmes évoqués depuis hier matin.
La biodiversité, tout d'abord. Elle est sans conteste l'une des richesses les plus spécifiques de l'outre-mer européen. De la forêt guyanaise jusqu'à la flore de Nouvelle-Calédonie, en passant par exemple par les lagons présents presque partout dans l'outre-mer français, les exemples abondent de ces écosystèmes spécifiques, riches de potentiel, mais menacés souvent par l'activité humaine. Plusieurs d'entre vous ont élaboré un projet de recherche, intitulé BIORUP, visant à comprendre les éléments impliqués dans le conflit entre la conservation de cette biodiversité et les activités humaines. Il s'agit d'identifier les espèces à haut potentiel économique et de définir des modes alternatifs de gestion de ces écosystèmes.
Un tel projet, qui est de nature à intéresser également l'Espagne avec les Canaries et le Portugal avec les Açores et Madère, me paraît également riche de potentiel pour des actions de coopération régionale.
Sans doute est-il encore possible d'améliorer encore sa construction, comme l'indiquais hier le directeur de la technologie, Monsieur COSTES. Je puis cependant vous confirmer aujourd'hui que le ministre de la recherche et moi-même sommes tout à fait déterminés à apporter notre soutien politique à ce projet. C'est ce qui sera fait, je n'en doute pas, lors des prochains rendez-vous européens, comme le conseil des ministres de juin prochain. Mais, sans attendre, je suis pour ma part disposé à m'associer en tant qu'il sera nécessaire, aux démarches que pourra engager sur ce sujet M. SCHWARTZENBERG.
Je parlais à l'instant de la coopération régionale, et c'est le second sujet sur lequel je crois que nous pouvons d'ores et déjà nous engager. Ma conviction est établie que l'Europe, la France, les régions d'outre-mer ont tout à gagner à développer des relations plus étroites avec les régions au sein desquelles l'outre-mer nous rend présents. La loi d'orientation pour l'outre-mer prévoit d'ailleurs plusieurs mesures propres à améliorer l'efficacité de cette coopération, en particulier en renforçant le rôle des collectivités d'outre-mer dans la représentation de la France dans les relations avec les pays voisins. Il convient également de donner un contenu concret aux actions de coopération régionale, et je suis convaincu que la recherche peut en donner maintes opportunité : nos débats l'ont montré à plusieurs reprises.
Je relèverai à cet égard une idée proposée hier par le président VERGES, qui consiste à organiser des " assises réunionnaises de la recherche ". Je ne peux que soutenir ce type de rencontres, organisées au niveau régional, par les régions ultra-périphériques elles-mêmes. Elles permettraient de rassembler, d'une part, les responsables politiques et les chercheurs européens et, d'autre part, ceux des pays voisins dans chaque zone géographiques. Ces manifestations devraient permettre de définir des programmes de coopération régionale dans le secteur de la recherche, qui ne peuvent qu'être profitables à chacun.
Enfin, les régions d'outre-mer, qui sont souvent des îles, sont particulièrement sensibles aux effets du réchauffement climatique. Leurs territoires sont exigüs, souvent montagneux, et les zones utilisables par l'homme d'autant plus menacées par une élévation du niveau de la mer. C'est pourquoi le gouvernement a soutenu la proposition de loi élaborée par le sénateur VERGES, visant à la création d'un observatoire national du réchauffement climatique. Cette loi du 19 février 2001 précise les missions de cet observatoire, qui portent sur la collecte et la liés au réchauffement climatique et sur l'élaboration d'un rapport annuel à l'intention du Premier ministre, qui peut inclure des recommandations. Il me paraît important que, sur un problème crucial de l'avenir des régions d'outre-mer, un tel outil puisse être rapidement opérationnel. C'est pourquoi je suis heureux de vous indiquer que le décret d'application de cette loi sera publié au plus tard demain, le samedi 9 mars. Ce texte prévoira notamment que l'observatoire exercera ses missions en liaison étroites avec les organismes et instituts de recherche. Je ne peux que vous engager à collaborer activement avec cet observatoire.
Monsieur le Ministre, mesdames et messieurs, ces rencontres s'achèvent aujourd'hui avec, de mon point de vue, le sentiment d'avoir avancé dans la direction d'une meilleure intégration de l'outre-mer dans cet " espace de la recherche européen " que M. BUSQUIN souhaite construire. Je souhaite que cette dynamique ne s'essouffle pas. Plusieurs rendez-vous ont été pris dans cet objectif: la Conférence des Canaries, les Assises réunionnaises de la recherche. Je souhaite bonne réussite à ces manifestations.
Je vous remercie.
(Source http://www.outre-mer.gouv.fr, le 18 avril 2002)
Mesdames et messieurs,
Au moment de conclure ces premières rencontres de la recherche outre-mer, je voudrais tout d'abord vous faire part de mon sentiment de satisfaction et de reconnaissance.
Les interventions que nous avons entendues hier matin, les compte-rendus des ateliers qui viennent d'être faits, le débat qui a eu lieu à l'instant portent la marque de la qualité du travail que vous avez réalisé pendant ces journées et pour les préparer. Je souhaitais vous en remercier.
Je crois qu'il y a lieu également de se féliciter de l'intérêt que votre présence nombreuse manifeste pour le sujet que nous avons traité : nous étions hier près de 240 participants.
Je crois que ceci confirme l'importance qu'il y avait à permettre la rencontre entre toutes les parties intéressées aux questions de recherche. Certes les chercheurs ont l'habitude d'échanger sur leurs thèmes de recherche : c'est bien ainsi seulement que peut fonctionner l'expertise collégiale qui permet de mettre en synergie les connaissances acquises par plusieurs organismes. Mais il est indispensable de mettre en contact également les décideurs politiques avec le monde de la recherche, afin qu'un chemin clair puisse être tracé qui permette de valoriser au mieux des intérêts publics le travail des chercheurs. Et les politiques ont eux aussi besoin de connaître l'état de la recherche pour éclairer leur choix.
Il était déterminant également de placer ces premières rencontres sous le signe de l'Europe. Dans le fonctionnement de l'Union européenne, ces rencontres viennent à point nommé, puisque des décisions importantes sont en préparation. Le commissaire BUSQUIN nous les a détaillées hier : il s'agit, vous le savez, du 6ème programme cadre de recherche et de développement qui est en phase finale d'adoption. L'ambition est de définir ainsi un " espace européen de recherche " qui servira de référence aux questions de politique de recherche en Europe. L'enjeu est donc considérable pour l'outre-mer, français et européen, puisque c'est aujourd'hui que nous devons nous mobiliser pour que l'outre-mer ait toute sa place dans cet " espace ".
Je veux croire que ces rencontres ont au moins atteint l'objectif de sensibiliser non seulement la communauté des chercheurs, mais également la commission européenne sur l'intérêt que l'outre-mer européen représente pour une politique de recherche européenne. Cet intérêt repose sur deux atouts principaux : les caractéristiques propres à l'outre-mer, qui offrent des sujets de recherche dont l'Europe continentale ne dispose pas, d'une part, et l'influence régionale dans des parties du monde éloignées du continent d'autre part.
Ces premières rencontres me paraissent donc avoir constitué l'amorce d'une mouvement de prise en compte de l'outre-mer dans la politique de recherche européenne ; elles me paraissent devoir jouer un rôle de catalyseur, au sens chimique du terme, dans la formulation de propositions concrètes permettant cette prise en compte.
Pour atteindre cet objectif, il est évidemment bien préférable d'unir ses forces plutôt que d'être seul à défendre un dossier. C'est pourquoi je suis heureux que des représentants de la Grande Bretagne, du Danemark et du Portugal, ainsi que de l'Espagne aient bien voulu venir participer à notre réflexion, et je voudrais les en remercier.
Ces rencontres ont confirmé, je n'en suis pas surpris mais je le constate à nouveau aujourd'hui avec satisfaction, l'engagement des grandes structures de recherche française en outre-mer.
C'est le cas bien sûr de l'IRD, du CIRAD, de l'IFREMER et de l'INRA, qui ont, certains depuis plusieurs décennies, des structures permanentes sur l'ensemble de l'outre-mer, et qui ont d'ailleurs signé, il y a presque deux ans, une convention de partenariat visant à mettre leurs compétences en synergie sur l'outre-mer. Les actions de ces organismes, souvent très liées au développement économique des territoires où ils opèrent ont été détaillées dans les ateliers. Elles font d'ailleurs souvent l'objet de conventions avec les collectivités, ce qui me paraît un mode de partenariat très souhaitable.
Je me réjouis également de l'implication grandissante du CNRS dans la recherche outre-mer. De très nombreux chercheurs travaillent déjà sur des sujets liés à l'outre-mer, comme le montre clairement la plaquette éditée à l'occasion de ces rencontres. Je comprends en outre, des orientations décidées au sein du CNRS, que cet engagement devrait se manifester, en Guyane, par la nomination d'un chercheur qui assurera une représentation permanente, ce dont je me réjouis. Je ne verrai par ailleurs que des avantages à ce que de nouveaux postes soient affectés à des sujets de recherche en sciences humaines, et j'ai cru comprendre que la direction du CNRS n'y était pas défavorable, dès lors que des laboratoires feraient des propositions de sujets de recherche dans ce domaine.
Les questions de santé sont également essentielles outre-mer, et offrent des champs de recherche spécifiques, dont l'aboutissement est vital pour les populations de l'outre-mer, qui bénéficierait d'ailleurs tout autant aux pays voisins des régions ultra-marines. Je pense notamment au paludisme, à la drépanocytose. Je pense également aux très importantes questions que soulève en matière de santé l'exploitation de l'or en Guyane. La présence de l'Institut Pasteur dans la plupart des régions d'outre-mer est à cet égard déterminante.
L'espace est aussi bien sûr un domaine d'excellence qu'on ne peut omettre ici, même s'il concerne plus particulièrement la Guyane. En marge du succès récent d'ARIANE V, je voudrais sur ce sujet évoquer un projet qui me paraît particulièrement intéressant, celui de la création d'une Université Médicale Virtuelle. Soutenu par le Premier ministre en novembre 2001, il porte sur l'enseignement médical transmis par satellites. L'objectif ambitieux de mettre en ligne les ressources pédagogiques de l'enseignement supérieur en médecine me paraît particulièrement pertinent pour l'outre-mer. Une première expérience de ce type a été menée en Nouvelle-Calédonie. Je sais qu'il est envisagé de renouveler cette expérience aux Antilles Guyane, et je ne peux que soutenir cette idée.
Les universités doivent elles aussi jouer un rôle important dans la recherche et notamment par la formation d'étudiants de haut niveau. Un projet me paraît à cet égard exemplaire de ce qu'un partenariat bien compris peut apporter comme solution originale aux problèmes spécifique de certaines régions d'outre-mer : il s'agit du pôle universitaire de Guyane. Associant l'Université des Antilles Guyane, une université métropolitaine, les collectivités et l'Etat dans un partenariat avec les instituts de recherche, cette entité proposera aux étudiants, sur place, des formations de base sur tous sujets, mais aussi des filières d'excellence sur des sujets plus spécifiques (comme par exemple la pharmacopée à partir des ressources forestières). Des étudiants des pays voisins pourront d'ailleurs y avoir accès. Les discussions sur la mise en place du GIP destiné à gérer ce pôle universitaire sont maintenant en cours de finalisation, et j'ai bon espoir que la signature de ses statuts intervienne dans les prochaines semaines.
Mesdames et messieurs, les compte-rendus des ateliers que nous venons d'entendre illustrent les propos que je viens de tenir. Je sais que vos débats ont été riches et nourris. Il est évidemment impossible pour moi de me prononcer de façon certaine sur les suites qui pourront être données aux propositions qui ont été formulées, mais je suis sûr, c'est le sens même de l'organisation de ces rencontres, qu'ils feront l'objet d'un examen attentif par l'administration du ministère de la recherche et par celle de l'Union européenne. Je me propose d'ailleurs de réunir l'ensemble de nos débats dans des " actes ". Je ne doute pas que ce document pourra être utilement diffusé, par exemple lors de la prochaine conférence des Canaries à laquelle la représentante de l'Espagne nous a invités hier.
Il me semble néanmoins possible d'être plus précis sur certains des thèmes évoqués depuis hier matin.
La biodiversité, tout d'abord. Elle est sans conteste l'une des richesses les plus spécifiques de l'outre-mer européen. De la forêt guyanaise jusqu'à la flore de Nouvelle-Calédonie, en passant par exemple par les lagons présents presque partout dans l'outre-mer français, les exemples abondent de ces écosystèmes spécifiques, riches de potentiel, mais menacés souvent par l'activité humaine. Plusieurs d'entre vous ont élaboré un projet de recherche, intitulé BIORUP, visant à comprendre les éléments impliqués dans le conflit entre la conservation de cette biodiversité et les activités humaines. Il s'agit d'identifier les espèces à haut potentiel économique et de définir des modes alternatifs de gestion de ces écosystèmes.
Un tel projet, qui est de nature à intéresser également l'Espagne avec les Canaries et le Portugal avec les Açores et Madère, me paraît également riche de potentiel pour des actions de coopération régionale.
Sans doute est-il encore possible d'améliorer encore sa construction, comme l'indiquais hier le directeur de la technologie, Monsieur COSTES. Je puis cependant vous confirmer aujourd'hui que le ministre de la recherche et moi-même sommes tout à fait déterminés à apporter notre soutien politique à ce projet. C'est ce qui sera fait, je n'en doute pas, lors des prochains rendez-vous européens, comme le conseil des ministres de juin prochain. Mais, sans attendre, je suis pour ma part disposé à m'associer en tant qu'il sera nécessaire, aux démarches que pourra engager sur ce sujet M. SCHWARTZENBERG.
Je parlais à l'instant de la coopération régionale, et c'est le second sujet sur lequel je crois que nous pouvons d'ores et déjà nous engager. Ma conviction est établie que l'Europe, la France, les régions d'outre-mer ont tout à gagner à développer des relations plus étroites avec les régions au sein desquelles l'outre-mer nous rend présents. La loi d'orientation pour l'outre-mer prévoit d'ailleurs plusieurs mesures propres à améliorer l'efficacité de cette coopération, en particulier en renforçant le rôle des collectivités d'outre-mer dans la représentation de la France dans les relations avec les pays voisins. Il convient également de donner un contenu concret aux actions de coopération régionale, et je suis convaincu que la recherche peut en donner maintes opportunité : nos débats l'ont montré à plusieurs reprises.
Je relèverai à cet égard une idée proposée hier par le président VERGES, qui consiste à organiser des " assises réunionnaises de la recherche ". Je ne peux que soutenir ce type de rencontres, organisées au niveau régional, par les régions ultra-périphériques elles-mêmes. Elles permettraient de rassembler, d'une part, les responsables politiques et les chercheurs européens et, d'autre part, ceux des pays voisins dans chaque zone géographiques. Ces manifestations devraient permettre de définir des programmes de coopération régionale dans le secteur de la recherche, qui ne peuvent qu'être profitables à chacun.
Enfin, les régions d'outre-mer, qui sont souvent des îles, sont particulièrement sensibles aux effets du réchauffement climatique. Leurs territoires sont exigüs, souvent montagneux, et les zones utilisables par l'homme d'autant plus menacées par une élévation du niveau de la mer. C'est pourquoi le gouvernement a soutenu la proposition de loi élaborée par le sénateur VERGES, visant à la création d'un observatoire national du réchauffement climatique. Cette loi du 19 février 2001 précise les missions de cet observatoire, qui portent sur la collecte et la liés au réchauffement climatique et sur l'élaboration d'un rapport annuel à l'intention du Premier ministre, qui peut inclure des recommandations. Il me paraît important que, sur un problème crucial de l'avenir des régions d'outre-mer, un tel outil puisse être rapidement opérationnel. C'est pourquoi je suis heureux de vous indiquer que le décret d'application de cette loi sera publié au plus tard demain, le samedi 9 mars. Ce texte prévoira notamment que l'observatoire exercera ses missions en liaison étroites avec les organismes et instituts de recherche. Je ne peux que vous engager à collaborer activement avec cet observatoire.
Monsieur le Ministre, mesdames et messieurs, ces rencontres s'achèvent aujourd'hui avec, de mon point de vue, le sentiment d'avoir avancé dans la direction d'une meilleure intégration de l'outre-mer dans cet " espace de la recherche européen " que M. BUSQUIN souhaite construire. Je souhaite que cette dynamique ne s'essouffle pas. Plusieurs rendez-vous ont été pris dans cet objectif: la Conférence des Canaries, les Assises réunionnaises de la recherche. Je souhaite bonne réussite à ces manifestations.
Je vous remercie.
(Source http://www.outre-mer.gouv.fr, le 18 avril 2002)