Texte intégral
A. Hausser
Quand on est secrétaire d'Etat aux PME, à l'Artisanat, au Commerce, à la Consommation et aux Professions libérales, on a dû passer un dimanche très studieux, puisque vous deviez rendre une note au Premier ministre hier soir, lundi, pour donner les grandes orientations de votre action. C'est fait ? Vous avez réussi ?
- "Oui. Cette note a pour but essentiel, dans la très courte période qui nous sépare des élections législatives, de voir ce que nous pouvons faire, de façon urgente, pour améliorer la situation. Et puis ensuite décliner les orientations à six mois de notre action."
On fait un papier, une dissertation en deux parties...
- "C'est très court, très précis et très concret, parce que je crois que ce qu'il faut faire aujourd'hui, ce sont des choses concrètes. J'ai insisté pour ma part sur la simplification administrative..."
Tout le monde dit cela, tous les ministres disent cela depuis dix ans...
- "Oui, parce qu'au moins, cela ne coûte pas d'argent au budget et cela peut améliorer la vie des gens, et en particulier dans mon secteur. Un artisan, un commerçant, un professionnel libéral, une petite entreprise, ce sont des gens qui ont envie de se consacrer à leur entreprise et pas du tout à ces monceaux de paperasse qui les recouvrent et qui sont un fardeau terrible pour ces gens-là. Donc, il faut alléger le fardeau, il faut que la France comprenne que trop d'administration tue l'emploi, et donc on va essayer de s'y atteler."
Vous pouvez faire cela en un mois ?
- "Non, on ne peut pas en un mois faire des choses extraordinaires. D'ailleurs, les Français le comprennent bien. Ce qu'on peut faire en revanche, c'est procéder à des premières décisions qui ont avoir un caractère symbolique, qui vont indiquer la direction."
Par exemple ?
- "En matière de simplification administrative, je vais essayer de bâtir un prototype de feuille de paye à trois lignes. Imaginez ce que ça serait pour les 2,5 millions entreprises qui sont dans mon secteur, ce que ce serait s'il y avait de telles feuilles de paye avec simplement trois lignes. Je vais bâtir un prototype, "une action pilote", comme dirait J.-P. Raffarin. Ensuite, on verra si on peut généraliser cette expérience. Voilà ce que je souhaite faire dans les quelques jours qui nous séparent des élections législatives."
C'est vraiment de l'action et pas de la communication, comme vous le reproche F. Hollande ?
- "F. Hollande devrait mieux regarder la poutre qu'il a dans l'oeil avant d'aller chercher la paille qui éventuellement est dans le nôtre. Pendant cinq ans, les socialistes n'ont pas fait grand-chose pour améliorer la situation, notamment de ces milliers et milliers de chefs d'entreprise qui aujourd'hui créent l'emploi. Donc, on voit bien aujourd'hui le PS, il est en miettes. F. Hollande agite son sabre de bois qui est cassé en deux. Tout cela n'est pas vraiment intéressant. Ce qui compte, c'est l'action de ce gouvernement dans la durée, parce que nous allons avoir besoin de temps pour agir, pour réformer ce pays, et surtout en finir avec la cohabitation. La cohabitation, c'est un vrai poison et je crois que les Français aujourd'hui doivent renvoyer cela au passé."
La cohabitation, c'est un "poison", comme vous dites, mais F. Hollande, dans un entretien au Parisien ce matin, dit : "Nous sommes prêts à gouverner la France". Lui aussi rejette un peu la cohabitation. Il dit : "Il faut un partage très équilibré des pouvoirs". Or aujourd'hui, on a le sentiment que tout le pouvoir est concentré à l'Elysée...
- "Non. Je crois qu'aujourd'hui, il est très clair que le vrai pouvoir législatif, c'est une assemblée à l'Assemblée nationale. On ne peut pas imaginer gouverner la France et changer les choses si on n'a pas une majorité solide à l'Assemblée nationale. Dire autre chose, c'est essayer de guérir des plaies qui au Parti socialiste sont plutôt en train de s'ouvrir que de se refermer. Donc, il faut donner au président de la République une majorité solide, tout simplement pour qu'en France, on puisse faire de la bonne politique. Faire de la mauvaise politique, cela dessert la démocratie. Et aujourd'hui, ce que les Français veulent, c'est que enfin on puisse entrer dans l'action, passer du système des mots au système de l'action. C'est ce que J.-P. Raffarin nous a demandé de faire, à chacun d'entre nous, dans nos départements ministériels, sous l'autorité du président de la République dont la vision me paraît aujourd'hui très claire."
Un mot sur les réductions d'impôts promises par J. Chirac pendant sa campagne électorale. Hier, il y a eu un contretemps qui est venu de la Commission européenne, qui dit que le maintien de l'échéance de 2004 pour la suppression des déficits est primordial. C'est-à-dire qu'il ne faut pas baisser les impôts en France, parce qu'il faut d'abord réduire les déficits...
- "Il y a un débat effectivement sur 2004 : faut-il maintenir ou non cet objectif de "déficit zéro" en 2004 ? Ce qui est important aujourd'hui en France, c'est de diminuer la pression des charges et des impôts. Nous sommes un pays qui est écrasé par ce fardeau des charges et des impôts, donc il est normal que les électeurs s'expriment pour que les impôts et les charges diminuent et c'est la volonté de ce gouvernement. Maintenant, il faut que cet objectif soit compatible avec des engagements européens qui sont au coeur de notre engagement politique. Et je crois qu'un débat va s'engager. Il ne pourra être construit, solide, que lorsque nous aurons fait l'audit des comptes de la nation. Monsieur Hollande donne des leçons après en avoir reçu une très importante aux élections présidentielles, mais il oublie que le gouvernement socialiste laisse la France dans un état piteux. Les comptes sociaux, les comptes publics sont aujourd'hui dans un état que l'on ne connaît pas, que l'on va essayer d'apprécier grâce à cet audit, mais dont on pressent qu'ils sont très inquiétants. Et donc avant de trancher ce débat - 2004, que faisons-nous ? Faut-il différer sur 2007 ou maintenir cet objectif de 2004 ? -, il est important de savoir où l'on en est. C'est comme dans une maison, avec un compte de ménage, il faut savoir ce qu'il y a dans les caisses avant de pouvoir s'engager. On va le faire."
La France n'est pas en position de surendettement puisque vous parlez des ménages...
- "La consommation - vous parlez du surendettement des ménages -, c'est un sujet qui me tient à coeur. Aujourd'hui, beaucoup de ménages sont surendettés et peut-être que nous pourrions faire quelque chose là-dessus. En tout cas, dans les six prochains mois, je travaillerai sur ce sujet activement."
Vous êtes le concepteur de l'UMP - L'Union pour la majorité présidentielle -, qui a accouché ce week-end de 523 candidatures dites "uniques", et cela ne marche pas bien avec l'UDF : F. Bayrou n'est pas content, on le voit. Revenons sur les investitures : pouvez-vous me dire quelle est la différence entre un septuagénaire qui n'a pas démérité et une septuagénaire qui n'a pas démérité ? Je fais allusion aux personnes qui ont été investies, aux députés sortants - E. Balladur et B. Pons, qui ont tous les deux plus de 70 ans - et à madame Catala, à qui on a refusé l'investiture à Paris...
- "Ce qui est très important, c'est que nous puissions avoir de bons candidats partout pour gagner ces élections législatives. On peut discuter tel ou tel cas, estimer que la tête de l'un ne revient pas ou que la tête de l'autre aurait mieux convenu, bien sûr. Mais ce qui compte pour nous, ce sont les candidats uniques, qui sont issus de l'UDF, de Démocratie Libérale et du RPR. C'est-à-dire que nos candidats UMP sont des candidats d'union et il y en a 150 issus de l'UDF. Donc l'UDF est tout à fait représentée dans ces candidatures."
Et l'UDF autonome n'a plus sa place dans la politique française ?
- "Ce qui est important, et vous savez à quel point je me suis engagé pour cela depuis des années, c'est de rassembler. L'union, c'est ce qui fait la force. Se diviser, cela conduit à une gauche plurielle éclatée, en miettes aujourd'hui. On voit bien qu'on ne peut pas gouverner comme cela. Aujourd'hui d'ailleurs, c'est intéressant de voir que le Parti socialiste est en train de se dire : et si nous faisions comme l'UMP ? L'UMP est une bonne idée, elle répond au souhait des Français de se rassembler, tout en préservant la diversité des familles de pensée. Et loin de nous l'idée d'étouffer telle ou telle sensibilité qui pourrait enrichir le débat à l'intérieur de l'UMP. Et l'UDF y a toute sa place. Moi-même je suis issu de l'UDF."
Comment expliquez-vous la rébellion de F. Bayrou ?
- "Je me demande si derrière cette rébellion, qui d'ailleurs n'est pas tout à fait encore allée encore au bout de sa logique, derrière cette attitude, il n'y a pas un peu d'amertume liée à l'élection présidentielle et peut-être la déception d'avoir eu un score qui ne représente pas le score habituel de la famille UDF. Mais au-delà des personnes, au-delà de la personne de F. Bayrou, de tel ou tel, ce qui compte, c'est l'intérêt de tous. Et l'intérêt de tous aujourd'hui, c'est de gouverner avec une majorité solide et une majorité qui s'appuiera sur le maximum de candidats uniques, les candidats de l'UMP."
(Source :Premier-ministre, Service d'information du gouvernement, le 16 mai 2002)
Quand on est secrétaire d'Etat aux PME, à l'Artisanat, au Commerce, à la Consommation et aux Professions libérales, on a dû passer un dimanche très studieux, puisque vous deviez rendre une note au Premier ministre hier soir, lundi, pour donner les grandes orientations de votre action. C'est fait ? Vous avez réussi ?
- "Oui. Cette note a pour but essentiel, dans la très courte période qui nous sépare des élections législatives, de voir ce que nous pouvons faire, de façon urgente, pour améliorer la situation. Et puis ensuite décliner les orientations à six mois de notre action."
On fait un papier, une dissertation en deux parties...
- "C'est très court, très précis et très concret, parce que je crois que ce qu'il faut faire aujourd'hui, ce sont des choses concrètes. J'ai insisté pour ma part sur la simplification administrative..."
Tout le monde dit cela, tous les ministres disent cela depuis dix ans...
- "Oui, parce qu'au moins, cela ne coûte pas d'argent au budget et cela peut améliorer la vie des gens, et en particulier dans mon secteur. Un artisan, un commerçant, un professionnel libéral, une petite entreprise, ce sont des gens qui ont envie de se consacrer à leur entreprise et pas du tout à ces monceaux de paperasse qui les recouvrent et qui sont un fardeau terrible pour ces gens-là. Donc, il faut alléger le fardeau, il faut que la France comprenne que trop d'administration tue l'emploi, et donc on va essayer de s'y atteler."
Vous pouvez faire cela en un mois ?
- "Non, on ne peut pas en un mois faire des choses extraordinaires. D'ailleurs, les Français le comprennent bien. Ce qu'on peut faire en revanche, c'est procéder à des premières décisions qui ont avoir un caractère symbolique, qui vont indiquer la direction."
Par exemple ?
- "En matière de simplification administrative, je vais essayer de bâtir un prototype de feuille de paye à trois lignes. Imaginez ce que ça serait pour les 2,5 millions entreprises qui sont dans mon secteur, ce que ce serait s'il y avait de telles feuilles de paye avec simplement trois lignes. Je vais bâtir un prototype, "une action pilote", comme dirait J.-P. Raffarin. Ensuite, on verra si on peut généraliser cette expérience. Voilà ce que je souhaite faire dans les quelques jours qui nous séparent des élections législatives."
C'est vraiment de l'action et pas de la communication, comme vous le reproche F. Hollande ?
- "F. Hollande devrait mieux regarder la poutre qu'il a dans l'oeil avant d'aller chercher la paille qui éventuellement est dans le nôtre. Pendant cinq ans, les socialistes n'ont pas fait grand-chose pour améliorer la situation, notamment de ces milliers et milliers de chefs d'entreprise qui aujourd'hui créent l'emploi. Donc, on voit bien aujourd'hui le PS, il est en miettes. F. Hollande agite son sabre de bois qui est cassé en deux. Tout cela n'est pas vraiment intéressant. Ce qui compte, c'est l'action de ce gouvernement dans la durée, parce que nous allons avoir besoin de temps pour agir, pour réformer ce pays, et surtout en finir avec la cohabitation. La cohabitation, c'est un vrai poison et je crois que les Français aujourd'hui doivent renvoyer cela au passé."
La cohabitation, c'est un "poison", comme vous dites, mais F. Hollande, dans un entretien au Parisien ce matin, dit : "Nous sommes prêts à gouverner la France". Lui aussi rejette un peu la cohabitation. Il dit : "Il faut un partage très équilibré des pouvoirs". Or aujourd'hui, on a le sentiment que tout le pouvoir est concentré à l'Elysée...
- "Non. Je crois qu'aujourd'hui, il est très clair que le vrai pouvoir législatif, c'est une assemblée à l'Assemblée nationale. On ne peut pas imaginer gouverner la France et changer les choses si on n'a pas une majorité solide à l'Assemblée nationale. Dire autre chose, c'est essayer de guérir des plaies qui au Parti socialiste sont plutôt en train de s'ouvrir que de se refermer. Donc, il faut donner au président de la République une majorité solide, tout simplement pour qu'en France, on puisse faire de la bonne politique. Faire de la mauvaise politique, cela dessert la démocratie. Et aujourd'hui, ce que les Français veulent, c'est que enfin on puisse entrer dans l'action, passer du système des mots au système de l'action. C'est ce que J.-P. Raffarin nous a demandé de faire, à chacun d'entre nous, dans nos départements ministériels, sous l'autorité du président de la République dont la vision me paraît aujourd'hui très claire."
Un mot sur les réductions d'impôts promises par J. Chirac pendant sa campagne électorale. Hier, il y a eu un contretemps qui est venu de la Commission européenne, qui dit que le maintien de l'échéance de 2004 pour la suppression des déficits est primordial. C'est-à-dire qu'il ne faut pas baisser les impôts en France, parce qu'il faut d'abord réduire les déficits...
- "Il y a un débat effectivement sur 2004 : faut-il maintenir ou non cet objectif de "déficit zéro" en 2004 ? Ce qui est important aujourd'hui en France, c'est de diminuer la pression des charges et des impôts. Nous sommes un pays qui est écrasé par ce fardeau des charges et des impôts, donc il est normal que les électeurs s'expriment pour que les impôts et les charges diminuent et c'est la volonté de ce gouvernement. Maintenant, il faut que cet objectif soit compatible avec des engagements européens qui sont au coeur de notre engagement politique. Et je crois qu'un débat va s'engager. Il ne pourra être construit, solide, que lorsque nous aurons fait l'audit des comptes de la nation. Monsieur Hollande donne des leçons après en avoir reçu une très importante aux élections présidentielles, mais il oublie que le gouvernement socialiste laisse la France dans un état piteux. Les comptes sociaux, les comptes publics sont aujourd'hui dans un état que l'on ne connaît pas, que l'on va essayer d'apprécier grâce à cet audit, mais dont on pressent qu'ils sont très inquiétants. Et donc avant de trancher ce débat - 2004, que faisons-nous ? Faut-il différer sur 2007 ou maintenir cet objectif de 2004 ? -, il est important de savoir où l'on en est. C'est comme dans une maison, avec un compte de ménage, il faut savoir ce qu'il y a dans les caisses avant de pouvoir s'engager. On va le faire."
La France n'est pas en position de surendettement puisque vous parlez des ménages...
- "La consommation - vous parlez du surendettement des ménages -, c'est un sujet qui me tient à coeur. Aujourd'hui, beaucoup de ménages sont surendettés et peut-être que nous pourrions faire quelque chose là-dessus. En tout cas, dans les six prochains mois, je travaillerai sur ce sujet activement."
Vous êtes le concepteur de l'UMP - L'Union pour la majorité présidentielle -, qui a accouché ce week-end de 523 candidatures dites "uniques", et cela ne marche pas bien avec l'UDF : F. Bayrou n'est pas content, on le voit. Revenons sur les investitures : pouvez-vous me dire quelle est la différence entre un septuagénaire qui n'a pas démérité et une septuagénaire qui n'a pas démérité ? Je fais allusion aux personnes qui ont été investies, aux députés sortants - E. Balladur et B. Pons, qui ont tous les deux plus de 70 ans - et à madame Catala, à qui on a refusé l'investiture à Paris...
- "Ce qui est très important, c'est que nous puissions avoir de bons candidats partout pour gagner ces élections législatives. On peut discuter tel ou tel cas, estimer que la tête de l'un ne revient pas ou que la tête de l'autre aurait mieux convenu, bien sûr. Mais ce qui compte pour nous, ce sont les candidats uniques, qui sont issus de l'UDF, de Démocratie Libérale et du RPR. C'est-à-dire que nos candidats UMP sont des candidats d'union et il y en a 150 issus de l'UDF. Donc l'UDF est tout à fait représentée dans ces candidatures."
Et l'UDF autonome n'a plus sa place dans la politique française ?
- "Ce qui est important, et vous savez à quel point je me suis engagé pour cela depuis des années, c'est de rassembler. L'union, c'est ce qui fait la force. Se diviser, cela conduit à une gauche plurielle éclatée, en miettes aujourd'hui. On voit bien qu'on ne peut pas gouverner comme cela. Aujourd'hui d'ailleurs, c'est intéressant de voir que le Parti socialiste est en train de se dire : et si nous faisions comme l'UMP ? L'UMP est une bonne idée, elle répond au souhait des Français de se rassembler, tout en préservant la diversité des familles de pensée. Et loin de nous l'idée d'étouffer telle ou telle sensibilité qui pourrait enrichir le débat à l'intérieur de l'UMP. Et l'UDF y a toute sa place. Moi-même je suis issu de l'UDF."
Comment expliquez-vous la rébellion de F. Bayrou ?
- "Je me demande si derrière cette rébellion, qui d'ailleurs n'est pas tout à fait encore allée encore au bout de sa logique, derrière cette attitude, il n'y a pas un peu d'amertume liée à l'élection présidentielle et peut-être la déception d'avoir eu un score qui ne représente pas le score habituel de la famille UDF. Mais au-delà des personnes, au-delà de la personne de F. Bayrou, de tel ou tel, ce qui compte, c'est l'intérêt de tous. Et l'intérêt de tous aujourd'hui, c'est de gouverner avec une majorité solide et une majorité qui s'appuiera sur le maximum de candidats uniques, les candidats de l'UMP."
(Source :Premier-ministre, Service d'information du gouvernement, le 16 mai 2002)