Déclaration de M. Emile Zuccarelli, ministre de la fonction publique, de la réforme de l'Etat et de la décentralisation, sur l'importance de la coopération dans le domaine de la fonction publique entre la France et la Chine et sur la réforme de l'ENA, Paris le 5 octobre 1999.

Prononcé le

Intervenant(s) : 
  • Émile Zuccarelli - Ministre de la fonction publique, de la réforme de l'Etat et de la décentralisation

Circonstance : Rencontre avec les élèves étrangers du cycle international à l'ENA à Paris le 5 octobre 1999

Texte intégral

Monsieur le Secrétaire Général du Conseil des affaires d'État,
Monsieur le Ministre du personnel,
Monsieur le Vice-Président de l'École nationale d'administration de Chine,
Monsieur le Vice-Président du Conseil d'État,
Monsieur le Directeur de l'École nationale d'administration,
Mesdames, Messieurs,

Permettez-moi tout d'abord de vous dire le plaisir d'accueillir, en ces lieux et dans cette assemblée de hauts responsables administratifs et futurs cadres supérieurs de notre pays, Monsieur Wang Zhong-yu et Monsieur Song Defu, ainsi que les membres de la délégation chinoise qui les accompagnent.
Ce plaisir est d'autant plus vif que nous avions fait l'objet, mes collaborateurs et moi-même, d'un accueil particulièrement chaleureux lors de mon voyage à Pékin au cours duquel nous avons engagé nos deux pays dans la voie d'une coopération administrative approfondie.
Sensible à l'honneur que nous font nos invités d'avoir accepté de nous rencontrer à cette époque, alors que leur pays vit les importantes cérémonies du cinquantième anniversaire de la création de la République populaire de Chine, je leur souhaite que toutes ces festivités soient couronnées de succès.
Enfin, ainsi que vous le savez, les relations franco-chinoises vont franchir une étape importante et je m'en réjouis avec la visite d'État en France du Président de la République populaire, Monsieur Jiang Zemin du 22 au 26 octobre prochain.
La coopération dans le domaine de la Fonction publique, qui est une des composantes du partenariat global franco-chinois, a déjà une histoire.
Depuis quelques années, le ministère français de la Fonction publique et ses écoles de formation accueillent des délégations du ministère chinois du personnel pour des visites d'études.
Cette coopération avec l'ENA, ainsi que vient de le rappeler Monsieur Wang, devait au fil des ans connaître un élargissement de son champ d'actions et une multiplication des rencontres et séminaires entre les différents hauts fonctionnaires de nos pays.
Mais le temps était venu de donner une nouvelle ampleur à nos relations et de les inscrire dans un cadre politique et juridique, afin de marquer l'importance que nos gouvernements respectifs attachent à son développement et à sa pérennisation.

Nous avons concrétisé cette volonté commune lors de mon voyage en République populaire de Chine, où le 18 janvier dernier nous avons signé avec Monsieur Song, en présence de Monsieur Wang, un accord en matière de coopération dans le domaine de la Fonction publique.
Cette signature revêt une valeur d'autant plus symbolique qu'elle est intervenue à l'occasion de la première visite d'un ministre français de la Fonction publique en République populaire de Chine.
L'existence et le contenu de cet accord répondent aux préconisations de la Déclaration conjointe franco-chinoise pour un partenariat global, signée à Pékin le 16 mai 1997, entre les deux présidents de la République, qui dispose que les deux parties " accorderont une haute importance à leur coopération dans le secteur administratif telle que la formation et la gestion des ressources humaines ".

Après quelques mois de mise en uvre, nous pouvons déjà dresser un premier bilan et mesurer les apports de cet accord qui a permis :

  • de coordonner les actions de coopération entre les différents partenaires, les deux ministères de la fonction publique, l'École nationale d'administration de Chine (ENAC) et l'ENA, le centre de formation aux cadres de la fonction publique, le collège administratif de Pékin (Beijing administrative center), l'institut de diplomatie de Pékin et demain les instituts d'administration de province.
  • d'élargir notre coopération à de nouveaux partenaires, comme le centre de la formation des cadres de la fonction publique, dépendant du ministère du Personnel mais également les instituts au niveau régional et municipal de Wuhan.
  • de diversifier et d'élargir les thèmes de coopération notamment au contrôle de l'administration, aux relations entre l'État et les entreprises publiques, à la gestion des ressources humaines dans le secteur public, à la formation des hauts fonctionnaires.
  • d'évaluer les actions entreprises, souci de plus en plus répandu dans nos administrations et qui nécessite la création de fonctions d'inspection et d'évaluation dans le processus de déconcentration et de modernisation de l'administration.

Je dois souligner la contribution importante à ces apports du groupe de travail mixte prévu par l'accord qui s'est réuni pour la première fois en juillet à Pékin.
Je voudrais à cet égard vous remercier, Monsieur Wang et Monsieur le ministre du personnel, pour l'excellent accueil que vous avez réservé à la délégation française présidé par le Directeur général de l'administration et de la fonction publique, et l'organisation remarquable de ces journées de travail qui ont été particulièrement fructueuses.
Lors de sa séance inaugurale, le groupe mixte a programmé des actions de coopération qui répondent à des préoccupations partagées par nos deux pays et portent sur la réforme de l'État, la modernisation de l'administration, l'amélioration de la gestion des ressources humaines.

Parmi ces dossiers, je mettrais en exergue celui de la formation des hauts fonctionnaires, compte tenu de l'importance particulière de l'implication de l'encadrement supérieur dans la réforme de l'État et la modernisation de ses services. Il s'agit là d'un des principaux chantiers que j'ai engagé depuis mon arrivée à ce ministère.
Les méthodes de gestion et de management évoluent et la mobilisation des cadres, singulièrement des cadres supérieurs, est absolument indispensable pour réussir l'adaptation et la modernisation des services publics.
La réforme de l'ENA s'inscrit dans cette logique : la réforme des concours et celle de la scolarité entreront très prochainement dans les faits pour mieux répondre aux attentes de l'Etat-employeur et aux besoins des élèves, français et étrangers.
Cette réforme de l'ENA ne constitue évidemment qu'un des multiples aspects de la modernisation de la gestion de l'encadrement supérieur que j'entends mener à bien.

J'évoquerai simplement quelques uns des autres enjeux auxquels nous travaillons :

  • la gestion prévisionnelle des emplois et des carrières basée sur l'évaluation des compétences et des performances,
  • la gestion des parcours professionnels qui nécessitera un classement par niveau de responsabilité de l'ensemble des postes d'encadrement supérieur,
  • un meilleur accès des femmes aux emplois supérieurs.

C'est dans ce domaine de la haute fonction publique que la coopération entre nos deux fonctions publiques va connaître très prochainement des développements importants puisque l'ENA reconduit le séminaire de qualification de 40 hauts fonctionnaires chinois de l'ENAC et le séminaire organisé à l'intention des Directeurs d'instituts régionaux d'écoles d'administration.
Enfin, il est envisagé la formation de 12 inspecteurs chargés du contrôle des entreprises publiques.

Au terme de mon propos, je voudrais me féliciter du renforcement de la coopération administrative entre nos deux pays à la suite de l'accord du 18 janvier 1999. A l'aube du XXIème siècle, le moment est venu pour la France et la Chine de prolonger cette démarche dans le respect de nos intérêts mutuels en amplifiant les actions déjà entreprises et en envisageant dès maintenant l'éventualité de son élargissement dans le cadre européen.
Je vous remercie.

(Source http://www.fonction-publique.gouv.fr, le 8 octobre 1999).