Texte intégral
A. Chabot,- Ce matin, vous avez l'esprit tranquille : il n'y pas de suspens ? Vous avez bien les signatures pour être candidat à l'élection présidentielle ?
- "Je l'espère, oui."
Vous avez compté et recompté ?
- "On compte et on recompte, je suis autour de 1.000. Mais ce n'est pas ça la question. Les maires les envoient au Conseil constitutionnel directement ou aux candidats. C'est aujourd'hui que s'ouvre la période de l'envoi par les maires ou les conseillers généraux ou régionaux, parlementaires, au Conseil constitutionnel de leur signature pour garantir un candidat."
Pas de problème pour vous, mais apparemment, il y a des problèmes pour d'autres, à commencer par J.-M. Le Pen. S'il ne pouvait pas être candidat vous seriez choqué ?
- "Oui, je ne trouve pas normal que les représentants d'un courant politique, quel qu'il soit, ne puisse pas être présent à cette élection. Je vis avec la maxime de Voltaire qui dit à peu près : "Je me ferais tuer pour que vos idées ne l'emportent pas mais je me ferais tuer pour que vous puissiez les exprimer". Normalement, la démocratie c'est ça. Quelles que soient les opinions - et on se bat durement contre les opinions qui ne vous vont pas, contre les opinions qui attentent à des choses précieuses ou à des valeurs que vous voulez défendre -, la démocratie, c'est qu'on a le droit de les exprimer."
On a entendu J.-L. Borloo expliquer cette grève des maires ; ils en ont marre. Il dit qu'ils hésitent car ils travaillent ensemble, dans les communes, droite ou gauche, et on dépasse les clivages.
- "Il a absolument raison."
Il vous soutient, alors, si vous auriez dit le contraire, il y aurait eu un petit débat...
- "Ce n'est pas seulement parce que c'est un de mes amis. C'est parce que les maires portent, aujourd'hui, le poids de la réalité politique vraie, celle de terrain. Et puis, en effet, on a l'impression que dans ce Paris lointain il y des débats que les gens ne comprennent plus trop. Regardez le ton de la campagne électorale. Au début de la semaine, regardez les mots que l'on a échangés : vieillard décati, fasciste. Tout cela n'est pas à la hauteur de ce que les Français sont en droit d'attendre de l'élection présidentielle alors qu'il y a des problèmes cruciaux qui se posent, comme celui que nous évoquions à l'instant. Quelle est la réalité du pouvoir local ? Est-ce qu'on continue à avoir un pouvoir où personne ne retrouve ses petits ? Ou bien est-ce qu'au contraire, on dit que tout ce qui est de la proximité va être assumé par le pouvoir local, par les maires, avec les moyens de leurs pouvoirs ? Et tout ce qui est de l'aménagement du territoire, par le grand ensemble région-département, avec les moyens de leurs pouvoirs ? C'est ce que je propose."
C'est long une campagne ; vous vous apercevez en ce moment qu'elle est difficile ?
- "Je ne dirais pas ça, je dirais plutôt qu'elle est bizarre."
On est déjà au second tour là.
- "Voilà ! Elle est bizarre parce que tout le système médiatique est en train de forcer les Français à s'intéresser à une élection de second tour..."
C'est de votre faute ! Si vous aviez intéressé les Français à votre candidature, peut-être qu'on n'en serait pas là ?!
- "...Une élection de second tour hypothétique. Parce que ce que vous voyez et ce qu'il convient de dire, c'est que les Français n'ont pas très envie de voter, je crois, pour l'un des deux sortants, J. Chirac ou L. Jospin."
Vous le dites depuis l'automne et pour l'instant, il n'y a pas de troisième homme ?
- "Vous allez voir que les Français ne vont pas se laisser enfermer dans ce coin. Les Français vont se dégager de ce coin, parce qu'ils vont se dire : "A quoi sert le premier tour ? On va voter le 21 avril, et avec ce modeste bulletin de vote qu'on a entre les mains, nous avons, nous citoyens Français, le pouvoir de changer le système. Pas seulement de préparer le deuxième tour entre l'un et l'autre. Puisque l'un et l'autre sont là depuis plus de 20 ans et puisque l'un et l'autre, on le sait bien, ne changeront pas le système. Or, la France telle qu'elle est organisée, c'est un système qui a profondément besoin d'être changé pour que les gens soient entendus, pour que les difficultés, les problèmes qu'ils vivent tous les jours trouvent un responsable en face d'eux à qui ils puissent s'adresser et à qui ils puissent demander des comptes."
Je reviens à ma question : vous dites cela depuis l'automne dernier et on s'aperçoit que cela ne marche pas.
- "Non !"
Alors pourquoi n'êtes-vous pas vraiment audible ? Est-ce que vous n'arrivez pas à intéresser les Français à votre campagne ?
- "Regardons le problème de sécurité à Evreux. Un drame épouvantable, inacceptable pour beaucoup de Français qui l'ont très mal vécu. Cette bande qui a roué de coups et tué ce pauvre père de famille qui allait défendre son fils, existait depuis des mois ou des années. Elle s'est constituée peu à peu. C'est évident qu'elle commettait des exactions depuis longtemps. C'est évident qu'on la connaissait. Qu'est-ce qui fait qu'on n'a pas pu intervenir ou qu'on n'est pas intervenu plus tôt ? C'est qu'il n'y a pas une autorité de proximité capable de prendre en charge ce genre de problème. Normalement "police de proximité" devrait dire "autorité de proximité"."
Qui est l'autorité de proximité dans ce cas-là ?
- "Ce ne peut être que le maire dans une grande ville. Vous savez qui est le maire à Evreux ? J.-L. Debré, l'ancien ministre de l'Intérieur. Il n'a pas son mot à dire sur l'organisation de la police. Et quand ses concitoyens veulent se plaindre que dans un quartier il y a une bande qui injurie, agresse, rackette les gamins ou qu'ils ont des pittbulls, à qui peuvent-ils s'adresser ? Ils vont au commissariat et on leur dit qu'ils n'ont pas les forces de police suffisantes, parce que le ministre ne leur donne pas. Cela se règle donc dans le bureau de M. Vaillant à Paris ! Franchement, est-ce que vous croyez qu'on va continuer à avoir une France où tout se règle à Paris dans le bureau de M. Vaillant, ministre de l'Intérieur ? Eh bien ce n'est pas vrai, et ceux qui vous disent - MM. Chirac ou Jospin - : "Ne touchons pas à cela", se trompent. Il faut que les citoyens les regardent au fond des yeux, si j'ose dire, et qu'ils s'interrogent : est-ce qu'on peut continuer comme ça ? Tous les grands pays du monde ont traité les problèmes de sécurité en mettant une autorité de proximité pour la police de proximité, c'est-à-dire un maire dans les grandes villes et les grandes agglomérations. Vous retrouverez, là, le problème que Borloo indiquait au début : c'est-à-dire que les maires ont le sentiment d'avoir tous les problèmes sur les bras et de ne pas avoir les moyens et le soutien pour les résoudre. Cette organisation-là de la France est à l'origine de bien des déboires et de bien des difficultés."
Vous dites vos différences sur la sécurité. Vous avez aussi fortement critiqué les propositions de baisses des impôts de J. Chirac, des propositions mirobolantes. Pourtant, hier, R. Barre, qui vous soutient, lui aussi, dit qu'il faut baisser très fortement les impôts. Donc J. Chirac a raison ?
- "R. Barre a dit des choses très différentes. Il a dit que si l'on veut - et on le doit - baisser les impôts, il faut avoir le courage de dire quelles dépenses on supprimera. Ce que j'ai dit au moment où J. Chirac a parlé, c'est qu'on ne peut pas tout faire à la fois : baisser les impôts, baisser les charges et augmenter les dépenses publiques. Cela ne s'est jamais fait et cela ne se fera jamais. Chacun de ceux qui nous écoutent en ce moment, en buvant leur café ou au volant de leur voiture, le savent bien."
La réduction des dépenses, elle est où pour vous ?
- "Pour moi, la priorité est à la baisse des charges. Il faut concentrer notre effort sur le problème qui nous donne du chômage depuis si longtemps et qui est le fait que l'emploi coûte trop cher en France, en rapportant trop peu aux salariés. Je trouve à la fois que le Smic est trop bas : il y a des gens qui se sont levés ce matin à 5 heures 30 ou 6 heures, qui vont travailler tout le mois pour avoir au bout 5 800 francs ou 900 euros ! Je trouve qu'on n'est pas responsable et sérieux si on laisse durer une situation comme celle-là. C'est aussi pourquoi nous avons beaucoup de chômage. Concentrons-nous sur la baisse des charges, et dès que la croissance dépasse 2 %, on rend tout au pays en baisses d'impôts. C'est plus cohérent et responsable."
Sur les fonctionnaires qu'on ne doit pas complètement remplacer quand ils partent à la retraite dans les 10 ans qui viennent : vous dites quoi ?
- "Cela dépend des secteurs, des secteurs de terrain. Pour les enseignants, les infirmières, les policiers ou les juges, vous savez très bien qu'on ne baissera pas leur nombre. Et on aura raison. En revanche, il y a toute une administration de papier, de contrôles, d'imprimés, de paperasse sur laquelle, oui, en effet, on peut gagner des postes pour les déployer sur le terrain."
Je reviens à votre cas personnel. Tout le monde a dit "chapeau" et "courage" quand vous êtes allé à Toulouse affronter les chiraquiens de l'UEM. Aujourd'hui, il n'y a pas de traduction dans les sondages.
- "Le seul sondage qui compte - cessons de tourner en rond - c'est le 21 avril. De deux choses l'une : ou bien les Français sont satisfaits et contents avec M. Jospin ou M. Chirac, présents depuis 25 ans avec des mêmes approches - même si ce ne sont pas des gens détestables -, avec ces habitudes de pouvoir et qui ne changeront pas. Ou bien les Français se disent : "on a commencé un nouveau siècle, on a changé beaucoup de choses, on a une nouvelle monnaie... Il faut des équipes nouvelles, des approches nouvelles, un langage nouveau". Si c'est cela la vérité, le 21 avril qu'on le veuille ou non, qu'on essaye de l'empêcher ou qu'on tente de le forcer, les Français le feront. Parce que ce petit bulletin de papier blanc, c'est le pouvoir absolu de l'électeur sur son avenir."
Néanmoins, vous vous retrouvez derrière J. Chirac s'il est aussi au second tour, comme c'est probable pour l'instant, sans difficulté ?
- "Excusez-moi, mais vous ne savez rien ! Et personne n'en sait rien."
Mais s'il est en tête, vous vous retrouverez tous après vous êtes dit des choses relativement désagréables pendant la campagne...
- "Je n'ai pas dit un mot désagréable. Je critique quand j'ai besoin de critiquer mais je suis un homme loyal et j'entends le rester. Mais dans cette élection, je ne voudrais pas qu'on se quitte sans parler du Proche-Orient une seconde. Il se passe un drame que tout le monde voit au Proche-Orient, et s'il était besoin d'une preuve de l'exigence de l'Europe, c'est là qu'on la trouverait. On a besoin d'une voix européenne qui se fasse entendre pour la paix au Proche-Orient."
(Source :Premier ministre, Service d'information du gouvernement, le 15 mars 2002)
- "Je l'espère, oui."
Vous avez compté et recompté ?
- "On compte et on recompte, je suis autour de 1.000. Mais ce n'est pas ça la question. Les maires les envoient au Conseil constitutionnel directement ou aux candidats. C'est aujourd'hui que s'ouvre la période de l'envoi par les maires ou les conseillers généraux ou régionaux, parlementaires, au Conseil constitutionnel de leur signature pour garantir un candidat."
Pas de problème pour vous, mais apparemment, il y a des problèmes pour d'autres, à commencer par J.-M. Le Pen. S'il ne pouvait pas être candidat vous seriez choqué ?
- "Oui, je ne trouve pas normal que les représentants d'un courant politique, quel qu'il soit, ne puisse pas être présent à cette élection. Je vis avec la maxime de Voltaire qui dit à peu près : "Je me ferais tuer pour que vos idées ne l'emportent pas mais je me ferais tuer pour que vous puissiez les exprimer". Normalement, la démocratie c'est ça. Quelles que soient les opinions - et on se bat durement contre les opinions qui ne vous vont pas, contre les opinions qui attentent à des choses précieuses ou à des valeurs que vous voulez défendre -, la démocratie, c'est qu'on a le droit de les exprimer."
On a entendu J.-L. Borloo expliquer cette grève des maires ; ils en ont marre. Il dit qu'ils hésitent car ils travaillent ensemble, dans les communes, droite ou gauche, et on dépasse les clivages.
- "Il a absolument raison."
Il vous soutient, alors, si vous auriez dit le contraire, il y aurait eu un petit débat...
- "Ce n'est pas seulement parce que c'est un de mes amis. C'est parce que les maires portent, aujourd'hui, le poids de la réalité politique vraie, celle de terrain. Et puis, en effet, on a l'impression que dans ce Paris lointain il y des débats que les gens ne comprennent plus trop. Regardez le ton de la campagne électorale. Au début de la semaine, regardez les mots que l'on a échangés : vieillard décati, fasciste. Tout cela n'est pas à la hauteur de ce que les Français sont en droit d'attendre de l'élection présidentielle alors qu'il y a des problèmes cruciaux qui se posent, comme celui que nous évoquions à l'instant. Quelle est la réalité du pouvoir local ? Est-ce qu'on continue à avoir un pouvoir où personne ne retrouve ses petits ? Ou bien est-ce qu'au contraire, on dit que tout ce qui est de la proximité va être assumé par le pouvoir local, par les maires, avec les moyens de leurs pouvoirs ? Et tout ce qui est de l'aménagement du territoire, par le grand ensemble région-département, avec les moyens de leurs pouvoirs ? C'est ce que je propose."
C'est long une campagne ; vous vous apercevez en ce moment qu'elle est difficile ?
- "Je ne dirais pas ça, je dirais plutôt qu'elle est bizarre."
On est déjà au second tour là.
- "Voilà ! Elle est bizarre parce que tout le système médiatique est en train de forcer les Français à s'intéresser à une élection de second tour..."
C'est de votre faute ! Si vous aviez intéressé les Français à votre candidature, peut-être qu'on n'en serait pas là ?!
- "...Une élection de second tour hypothétique. Parce que ce que vous voyez et ce qu'il convient de dire, c'est que les Français n'ont pas très envie de voter, je crois, pour l'un des deux sortants, J. Chirac ou L. Jospin."
Vous le dites depuis l'automne et pour l'instant, il n'y a pas de troisième homme ?
- "Vous allez voir que les Français ne vont pas se laisser enfermer dans ce coin. Les Français vont se dégager de ce coin, parce qu'ils vont se dire : "A quoi sert le premier tour ? On va voter le 21 avril, et avec ce modeste bulletin de vote qu'on a entre les mains, nous avons, nous citoyens Français, le pouvoir de changer le système. Pas seulement de préparer le deuxième tour entre l'un et l'autre. Puisque l'un et l'autre sont là depuis plus de 20 ans et puisque l'un et l'autre, on le sait bien, ne changeront pas le système. Or, la France telle qu'elle est organisée, c'est un système qui a profondément besoin d'être changé pour que les gens soient entendus, pour que les difficultés, les problèmes qu'ils vivent tous les jours trouvent un responsable en face d'eux à qui ils puissent s'adresser et à qui ils puissent demander des comptes."
Je reviens à ma question : vous dites cela depuis l'automne dernier et on s'aperçoit que cela ne marche pas.
- "Non !"
Alors pourquoi n'êtes-vous pas vraiment audible ? Est-ce que vous n'arrivez pas à intéresser les Français à votre campagne ?
- "Regardons le problème de sécurité à Evreux. Un drame épouvantable, inacceptable pour beaucoup de Français qui l'ont très mal vécu. Cette bande qui a roué de coups et tué ce pauvre père de famille qui allait défendre son fils, existait depuis des mois ou des années. Elle s'est constituée peu à peu. C'est évident qu'elle commettait des exactions depuis longtemps. C'est évident qu'on la connaissait. Qu'est-ce qui fait qu'on n'a pas pu intervenir ou qu'on n'est pas intervenu plus tôt ? C'est qu'il n'y a pas une autorité de proximité capable de prendre en charge ce genre de problème. Normalement "police de proximité" devrait dire "autorité de proximité"."
Qui est l'autorité de proximité dans ce cas-là ?
- "Ce ne peut être que le maire dans une grande ville. Vous savez qui est le maire à Evreux ? J.-L. Debré, l'ancien ministre de l'Intérieur. Il n'a pas son mot à dire sur l'organisation de la police. Et quand ses concitoyens veulent se plaindre que dans un quartier il y a une bande qui injurie, agresse, rackette les gamins ou qu'ils ont des pittbulls, à qui peuvent-ils s'adresser ? Ils vont au commissariat et on leur dit qu'ils n'ont pas les forces de police suffisantes, parce que le ministre ne leur donne pas. Cela se règle donc dans le bureau de M. Vaillant à Paris ! Franchement, est-ce que vous croyez qu'on va continuer à avoir une France où tout se règle à Paris dans le bureau de M. Vaillant, ministre de l'Intérieur ? Eh bien ce n'est pas vrai, et ceux qui vous disent - MM. Chirac ou Jospin - : "Ne touchons pas à cela", se trompent. Il faut que les citoyens les regardent au fond des yeux, si j'ose dire, et qu'ils s'interrogent : est-ce qu'on peut continuer comme ça ? Tous les grands pays du monde ont traité les problèmes de sécurité en mettant une autorité de proximité pour la police de proximité, c'est-à-dire un maire dans les grandes villes et les grandes agglomérations. Vous retrouverez, là, le problème que Borloo indiquait au début : c'est-à-dire que les maires ont le sentiment d'avoir tous les problèmes sur les bras et de ne pas avoir les moyens et le soutien pour les résoudre. Cette organisation-là de la France est à l'origine de bien des déboires et de bien des difficultés."
Vous dites vos différences sur la sécurité. Vous avez aussi fortement critiqué les propositions de baisses des impôts de J. Chirac, des propositions mirobolantes. Pourtant, hier, R. Barre, qui vous soutient, lui aussi, dit qu'il faut baisser très fortement les impôts. Donc J. Chirac a raison ?
- "R. Barre a dit des choses très différentes. Il a dit que si l'on veut - et on le doit - baisser les impôts, il faut avoir le courage de dire quelles dépenses on supprimera. Ce que j'ai dit au moment où J. Chirac a parlé, c'est qu'on ne peut pas tout faire à la fois : baisser les impôts, baisser les charges et augmenter les dépenses publiques. Cela ne s'est jamais fait et cela ne se fera jamais. Chacun de ceux qui nous écoutent en ce moment, en buvant leur café ou au volant de leur voiture, le savent bien."
La réduction des dépenses, elle est où pour vous ?
- "Pour moi, la priorité est à la baisse des charges. Il faut concentrer notre effort sur le problème qui nous donne du chômage depuis si longtemps et qui est le fait que l'emploi coûte trop cher en France, en rapportant trop peu aux salariés. Je trouve à la fois que le Smic est trop bas : il y a des gens qui se sont levés ce matin à 5 heures 30 ou 6 heures, qui vont travailler tout le mois pour avoir au bout 5 800 francs ou 900 euros ! Je trouve qu'on n'est pas responsable et sérieux si on laisse durer une situation comme celle-là. C'est aussi pourquoi nous avons beaucoup de chômage. Concentrons-nous sur la baisse des charges, et dès que la croissance dépasse 2 %, on rend tout au pays en baisses d'impôts. C'est plus cohérent et responsable."
Sur les fonctionnaires qu'on ne doit pas complètement remplacer quand ils partent à la retraite dans les 10 ans qui viennent : vous dites quoi ?
- "Cela dépend des secteurs, des secteurs de terrain. Pour les enseignants, les infirmières, les policiers ou les juges, vous savez très bien qu'on ne baissera pas leur nombre. Et on aura raison. En revanche, il y a toute une administration de papier, de contrôles, d'imprimés, de paperasse sur laquelle, oui, en effet, on peut gagner des postes pour les déployer sur le terrain."
Je reviens à votre cas personnel. Tout le monde a dit "chapeau" et "courage" quand vous êtes allé à Toulouse affronter les chiraquiens de l'UEM. Aujourd'hui, il n'y a pas de traduction dans les sondages.
- "Le seul sondage qui compte - cessons de tourner en rond - c'est le 21 avril. De deux choses l'une : ou bien les Français sont satisfaits et contents avec M. Jospin ou M. Chirac, présents depuis 25 ans avec des mêmes approches - même si ce ne sont pas des gens détestables -, avec ces habitudes de pouvoir et qui ne changeront pas. Ou bien les Français se disent : "on a commencé un nouveau siècle, on a changé beaucoup de choses, on a une nouvelle monnaie... Il faut des équipes nouvelles, des approches nouvelles, un langage nouveau". Si c'est cela la vérité, le 21 avril qu'on le veuille ou non, qu'on essaye de l'empêcher ou qu'on tente de le forcer, les Français le feront. Parce que ce petit bulletin de papier blanc, c'est le pouvoir absolu de l'électeur sur son avenir."
Néanmoins, vous vous retrouvez derrière J. Chirac s'il est aussi au second tour, comme c'est probable pour l'instant, sans difficulté ?
- "Excusez-moi, mais vous ne savez rien ! Et personne n'en sait rien."
Mais s'il est en tête, vous vous retrouverez tous après vous êtes dit des choses relativement désagréables pendant la campagne...
- "Je n'ai pas dit un mot désagréable. Je critique quand j'ai besoin de critiquer mais je suis un homme loyal et j'entends le rester. Mais dans cette élection, je ne voudrais pas qu'on se quitte sans parler du Proche-Orient une seconde. Il se passe un drame que tout le monde voit au Proche-Orient, et s'il était besoin d'une preuve de l'exigence de l'Europe, c'est là qu'on la trouverait. On a besoin d'une voix européenne qui se fasse entendre pour la paix au Proche-Orient."
(Source :Premier ministre, Service d'information du gouvernement, le 15 mars 2002)