Déclaration de M. Robert Hue, président du PCF et candidat à l'élection présidentielle, sur l'enjeu du premier tour, le bilan du gouvernement Jospin et de la participation communiste, l'importance du vote communiste pour "ancrer la gauche bien à gauche", au Zénith de Paris le 11 avril 2002.

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Circonstance : Meeting au Zénith à Paris le 11 avril 2002.

Texte intégral

Cher-e-s ami-e-s, cher-e-s camarades,
Dix jours nous séparent du premier tour de l'élection présidentielle.
Dix jours qui vont particulièrement compter puisque, nous le savons, la majorité des électrices et des électeurs n'ont pas encore fait leur choix définitif.
Faut-il le leur reprocher ? Faut-il - comme on l'entend dire parfois - incriminer leur manque d'intérêt pour la politique et, en la circonstance, pour ce premier tour de l'élection présidentielle ?
Non, vraiment non, je ne le pense pas !
S'il y a des responsables à cette situation, ce n'est pas du côté des quelques 70 % d'électrices et d'électeurs - indécis ou déclarant vouloir s'abstenir - qu'il faut les chercher !...
Depuis des mois, en effet, tout a été fait pour " brouiller les cartes ". L'importance de l'élection présidentielle - en particulier de son premier tour - a été complètement escamotée.
Il y a d'abord eu l'inversion du calendrier électoral, décidée d'un commun accord par le Président de la République et le Premier ministre.
L'effet recherché a été immédiat, et durable : les échéances de 2002 ont été placées sous le signe non pas du choix entre plusieurs politiques, mais de l'affrontement entre deux hommes. L'un voulant farouchement conserver sa place.
L'autre voulant farouchement la lui prendre. D'où le sentiment d'inutilité du premier tour puisque, on n'a cessé de le répéter aux Françaises et aux Français, le seul enjeu de l'élection présidentielle : Chirac ou Jospin ; Jospin ou Chirac se jouerait au second tour !
Mais, comme si cela ne suffisait pas, les deux prétendants à l'Elysée en ont rajouté en s'installant longtemps dans une non-campagne, puis dans une pré-campagne réduite à un véritable festival de faux-semblant.
Ainsi on a vu un Jacques Chirac plus patelin que nature, s'efforçant d'autant plus de rassurer que son véritable projet est rien moins que rassurant, puisqu'il s'agit de permettre à la droite de prendre une véritable revanche antisociale.
Quant à Lionel Jospin, il s'est avancé sous le mot d'ordre assez surréaliste : "Présider autrement", sans dire vraiment "présider pour quoi faire", tout en lançant des illades appuyées en direction de cette partie de l'électorat de droite dite "centriste".
Comment s'étonner, dans ces conditions, qu'une majorité de citoyennes et de citoyens en soit venus à penser qu'il n'y avait pas de différence notable entre les deux principaux protagonistes de la conquête de l'Elysée ? Et il est vrai que ce qui est surtout visible, lisible c'est que Chirac et Jospin ne peuvent plus se supporter après cinq ans de cohabitation.
Comment s'étonner, encore, qu'une majorité de nos concitoyens en soit venus à penser qu'il n'y aurait à ce scrutin, d'autre enjeu qu'un choix pas très enthousiasmant entre deux personnages cherchant à garder ou à conquérir le pouvoir suprême ? Et la bataille dite du "3ème homme", elle aussi située essentiellement sur le plan des personnes, de l'image, de la posture, est venue renforcer chez les Françaises et les Français le sentiment d'une campagne vide de perspectives politiques proposées à leur choix.
Nous devons en avoir bien conscience, tout cela a fait des dégâts considérables dont on peut redouter qu'ils produisent des effets négatifs le 21 avril, et bien au-delà. Il y a, chez des millions de nos concitoyens, le sentiment qu'ils risquent d'être encore une fois trompés.
Il en résulte tantôt du découragement, tantôt de la colère. Et dans tous les cas une forte envie de refuser de participer à un jeu qu'ils estiment piégé.
Et c'est pour exprimer ce refus que beaucoup envisagent de s'abstenir, ou de choisir des votes d'exaspération, de désespoir, de dérision parfois. Avec, au fond d'eux-mêmes la conviction que cela ne servira à rien et leur amertume est d'autant plus grande !
Je n'ai vraiment pas envie de "faire la morale" à celles et ceux qui sont tentés par de tels comportements. Encore une fois, ils et elles ne manifestent pas ainsi un coupable désintérêt à l'égard de la politique en général, de l'élection présidentielle en particulier.
Ils et elles cherchent une façon de dire leur "ras le bol", leur colère, leur refus d'accepter les carences du pouvoir politique, de l'Etat, que ce soit en matière de sécurité ou face à la pauvreté, aux inégalités, aux injustices, aux difficultés de millions de citoyennes et de citoyens.
Cela dit, s'il est hors de question de "faire la morale" à qui que ce soit, il est de mon devoir, de notre devoir, de montrer que tout cela ne peut conduire qu'à une impasse. Qu'il y a un piège.
Eh bien, permettre aux électrices et aux électeurs qui le voudront de déjouer ce piège, c'est tout le sens de ma candidature.
Et d'abord, il faut le dire, parce que c'est la vérité : quels que soient les faux-semblants de la campagne électorale et les ambiguïtés calculées des uns et des autres : non, droite et gauche ce n'est pas pareil !
Je l'affirme : la réélection de Jacques Chirac, la victoire de la droite c'est un danger pour la France et pour notre peuple !
Au-delà de l'image qu'il se donne, la pensée et l'action politique de Jacques Chirac sont complètement inspirées des dogmes du libéralisme. Quoi qu'il en dise, il épouse totalement les rêves de revanche du baron Seillière, du Medef, du milieu de l'affairisme et de la finance, des nantis et des puissants.
Jacques Chirac, c'est sans doute "super menteur", mais c'est surtout "super réac", avec derrière lui la cohorte de tous les politiciens de la vieille droite antisociale et antipopulaire qui veulent une revanche sans merci mettant en pièce tous les acquis sociaux, économiques et démocratiques que le mouvement social a permis en France.
Alors, disons-le, répétons-le autour de nous : ne vous laissez pas endormir par celles et ceux qui prétendent que la droite ou de la gauche c'est du pareil au même.
A celles et ceux qui seraient tentés de le croire, disons clairement : "Vous vous trompez ! De bonne foi, peut-être, mais vous vous trompez ! Et vous risquez, demain, d'avoir à le regretter amèrement. Le réveil risque d'être particulièrement brutal et douloureux !"
Moi aussi, j'ai des critiques à faire à la politique menée depuis 1997. Mais je dis : attention ! Ces critiques ne doivent pas empêcher de voir l'ampleur du recul social, démocratique et national qui résulterait de la mise en uvre par la droite du programme destructeur du Medef.
Bien sûr, il y a à gauche - et je veux être net : au parti socialiste et dans le très proche entourage de Lionel Jospin - des pressions considérables pour pousser à droite, et faire la politique voulue par les marchés financiers, l'Europe de Maastricht et les tenants de la mondialisation capitaliste.
Ces pressions sont bien réelles. Elles sont telles qu'elles ont déjà abouti - notamment ces deux dernières années - à l'adoption de mesures tournant le dos à la politique que l'on attendait de la gauche.
C'est pourquoi le bilan de la gauche plurielle au terme de la législature apparaît à beaucoup contrasté et, à certains égards, décevant.
Il y a, bien sûr, les dispositions positives auxquelles les communistes - leurs députés et sénateurs, les ministres - s'honorent d'avoir contribué, souvent de façon décisive.
Là encore il faut dire la vérité : la présence des communistes dans la gauche, jusqu'au gouvernement, a contribué à épargner aux Françaises et aux Français l'extrême dureté des politiques suivies ailleurs en Europe : en Angleterre, en Allemagne ou encore en Italie avec, dans ce dernier cas, un boulevard ouvert à la droite extrême de Berlusconi.
Mais il y a eu aussi, dans cette même période, accentuation de la tendance à céder aux injonctions, aux dogmes du capitalisme.
Dans le même temps - et précisément parce que ce n'était pas le contrat moral sur lequel nous avions constitué, en 1997, ce que nous avons appelé la gauche plurielle - il y a eu, progressivement, le retour à de vieilles pratiques hégémoniques, tendant à rétrécir de plus en plus le pluralisme de la gauche, en imposant le point de vue du seul parti socialiste, souvent inspiré des thèses libérales de certains de ses dirigeants, et de leurs amis européens.
Et le parti socialiste a renoué, de la même façon, avec des comportements anciens à l'égard de ceux qui auraient dû être les interlocuteurs privilégiés de la gauche : les organisations syndicales, les associations, les citoyennes et les citoyens en général.
Dans ces conditions difficiles, les communistes n'ont pas baissé les bras.
Nous nous sommes battus, en obtenant des résultats qui ont marqué les réformes sociales du gouvernement. Mais dans un rapport de forces sur lequel il convient de réfléchir au moment de mettre un bulletin dans l'urne le 21 avril. Un rapport de forces au niveau des idées - avec la quasi hégémonie des conceptions selon lesquelles on ne peut résister au capitalisme, et même qu'on ne le doit pas - tout juste pourrait-on essayer de l'aménager et encore s'il y consent !
Rapport des forces aussi au niveau politique, avec un parti communiste certes indispensable pour permettre une majorité de gauche empêchant le retour de la droite, mais en même temps affaibli et ne disposant pas, de ce fait, des moyens de faire entendre pleinement sa contestation des idées dominantes, son refus des mesures qu'elles inspirent et ses propositions pour faire autrement.
On nous dit aujourd'hui, à longueur de commentaires, que ce rapport de forces serait définitif. La soumission aux objectifs des marchés financiers serait désormais, et pour toujours, complètement installée dans la société. Il faudrait donc s'en accommoder.
Et le parti communiste parce qu'il conteste radicalement le système capitaliste ne serait "plus dans le coup", ne serait plus "moderne". Il ne pourrait alors que s'affaiblir, jusqu'à disparaître. Eh bien non ! Je prétends que ce rapport de forces n'est figé ni au niveau des idées, ni au niveau politique !
Combien de fois, déjà, a-t-on voulu faire le coup aux Françaises et aux Français en leur expliquant qu'ils étaient définitivement acquis aux idées du capitalisme ? Combien de fois leur a-t-on martelé que le parti communiste, pour cette raison, ne comptait plus ? Et cependant : on a bien vu qu'il n'en était rien !
D'ailleurs, regardons ce qui se passe aujourd'hui, en France, en Europe et dans le monde. Quelles sont les idées qui progressent ? Les idées qui s'expriment de plus en plus souvent dans des manifestations de grande ampleur, auxquelles les communistes apportent leur concours ? Ce sont toutes des idées hostiles à l'inhumanité de la mondialisation capitaliste.
C'est le refus des licenciements boursiers et du mépris des actionnaires à l'égard du monde du travail. C'est la remise en cause des contraintes et des régressions qu'impose le pacte de stabilité à tous les citoyens d'Europe, une construction européenne tout entière tournée vers la satisfaction des exigences des marchés financiers.
C'est la volonté de ne pas se plier à tout cela, qui serait prétendument fatal, et d'exiger au contraire l'essor d'une citoyenneté nouvelle, responsable, épanouie, dans une société de partage, de sécurité, de bonheur garanti à toutes et tous.
Chacune, chacun a le droit, bien sûr, de juger la façon dont le parti communiste a géré sa participation au gouvernement depuis 1997.
Nous aurions dû mieux faire connaître nos propositions comme nos oppositions ? Cela se discute. Les élus communistes auraient pu voter différemment sur tel ou tel texte ? Cela peut évidemment se discuter aussi !
Cela dit, quoi qu'on en pense, le parti communiste reste le seul parti politique à gauche à porter concrètement, chaque jour, dans les luttes et dans la vie des institutions, les aspirations et les valeurs dont je viens de montrer qu'elles ne cessent de monter, en France et dans le monde.
Et le seul, aussi, à se battre pour les traduire dans des actes concrets, jusque dans une majorité parlementaire, jusque dans un gouvernement !
J'ai la conviction que nous avons agi utilement il y a moins d'un an quand, dans un contexte difficile, la loi de modernisation sociale est venue en débat à l'Assemblée nationale !
J'ai la conviction que notre loi sur le contrôle des fonds publics accordés aux entreprises est utile pour donner des armes aux salariés, aux citoyens afin de faire progresser la citoyenneté à l'entreprise, et pour une meilleure efficacité économique !
J'ai la conviction que nous avons raison de refuser les privatisations. Et, je suis le seul des candidats issus de la majorité élue en 1997 à m'opposer résolument à celle d'EDF !
J'ai la conviction que les communistes, les militants, les élus, les ministres communistes ont eu raison de refuser la loi de l'argent-roi dans le sport comme dans les services publics.
J'ai la conviction que nous avons raison de refuser la soi-disant fatalité des inégalités, des injustices et des discriminations de toutes sortes, qui rongent la société française et la tirent vers le bas. Et je suis le seul candidat à en faire la priorité absolue de mes engagements.
J'ai la conviction que nous avons raison de vouloir que notre pays joue un rôle dans le monde. Et comme Marie-George Buffet l'a indiqué précédemment en soulignant notre solidarité avec le peuple palestinien, la France peut, la France doit agir activement en faveur d'un règlement politique de la situation dramatique au Proche-Orient.
Elle doit encourager toutes les forces qui se mobilisent, et notamment en Israël, pour obtenir une paix juste et durable, la sécurité et le droit à la terre pour les peuples palestinien et israélien.
Oui, j'ai la conviction que tout cela est moderne et mobilisateur, parce que tout cela rejoint les besoins, les aspirations et les rêves de millions de citoyennes et de citoyens.
Alors non, vraiment, rien ne justifie l'idée selon laquelle le rapport de forces actuel serait figé. Et donner plus de suffrages au candidat communiste à l'élection présidentielle, c'est le bon moyen de faire bouger ce rapport de forces.
Non pas pour des raisons étroitement partisanes, des questions de pouvoirs à conquérir, de représentativité du parti communiste, ou de tel ou tel de ses élus ou responsables.
C'est au service de celles et ceux qui n'en peuvent plus de la vie qu'ils mènent, qui veulent qu'on les écoute et qu'on les respecte que je veux, avec le vote en faveur de ma candidature, faire évoluer le rapport de forces pour ancrer la gauche plus à gauche.
Il est là, le moyen de déjouer le piège que j'évoquais précédemment ; de sortir des querelles de personnes et des médiocres ambitions de pouvoir.
Il est là, le moyen de remettre au centre des élections présidentielle et législatives la vraie question, le vrai enjeu : les choses vont-elles après les élections continuer comme avant, ou bien, si la gauche l'emporte, va-t-on faire tout autrement, en répondant pleinement à l'ampleur, à la diversité et à l'urgence des attentes des citoyennes et des citoyens ?
Il est là, le moyen de déjouer le piège dans lequel on veut faire tomber les électrices et les électeurs, en les dépossédant de leur droit à faire prévaloir par leur vote les choix qui leur conviennent.
Et j'ajoute que c'est aussi le moyen de déjouer un autre piège tendu à la gauche française et que, peut-être, elle se tend elle-même.
Car enfin, pourquoi la gauche devrait-elle s'enliser dans une impasse dramatique : ou bien faire une politique tiédasse, sans portée mobilisatrice pour notre peuple, n'ayant d'autre ambition que de durer et, pour cela, cherchant à ne fâcher personne ; ou bien dériver carrément vers la droite, comme d'autres l'ont déjà fait, et comme on l'y invite avec insistance, de Bercy à la City de Londres, de Bruxelles à Wall Street ?
Franchement, s'il fallait accepter l'enfermement dans cette dangereuse alternative, la gauche ne pourrait aller qu'à l'échec électoral - en offrant à la droite une victoire par défaut - ou à court terme à un échec politique en provoquant la colère de celles et ceux qu'elle décevrait à coup sûr.
Vous qui êtes ici, vous le savez : le sens même de ma candidature c'est de proposer aux Françaises et aux Français un moyen de dégager la gauche de l'alternative désastreuse que j'évoquais il y a un instant.
Je me bats, dans cette campagne, pour ancrer la gauche bien à gauche. Et cela exige, je l'ai dit et je veux y insister devant vous, un profond renouvellement dans trois directions.
D'abord il s'agit de conduire une autre politique, à l'initiative d'une gauche d'audace sociale, ayant le courage de dire non aux puissants de ce monde et aux diktats des marchés financiers.
Une gauche entreprenante, sachant se procurer les moyens - particulièrement les moyens financiers - d'une politique fondant le progrès, et la croissance sur la satisfaction des besoins sociaux.
Il faut - c'est le second aspect - une gauche créative, sans tutelle ni hégémonie. C'est ce que j'ai appelé une "autre configuration politique à gauche", caractérisée par le respect de toutes les composantes de la gauche et de leurs apports plutôt que l'alignement sur un parti dominant.
Il faut, enfin, une gauche citoyenne, appuyant en permanence son action sur la transparence et la concertation. Avec les associations et les syndicats, et plus généralement avec les citoyens en sachant solliciter concrètement et le plus souvent possible l'initiative populaire.
Oui, c'est pour cela que je me bats dans cette campagne.
Il faut appeler un chat un chat : on a beau discourir sur la mort constamment annoncée du parti communiste, la vérité c'est qu'il y a besoin, bien besoin, de plus de communisme dans la gauche pour qu'elle soit bien à gauche et réponde à ce que l'on attend d'elle.
Plus de communisme dans la gauche, c'est-à-dire plus de détermination à lutter contre les inégalités et plus de sincérité dans l'engagement social. Plus de détermination, aussi, dans la résistance aux marchés financiers.
Plus de détermination, encore, pour préserver et renforcer les atouts de la société française que constituent le tissu associatif et syndical, et l'aspiration grandissante à une citoyenneté plus active.
Plus de communisme dans la gauche, c'est plus de volonté de partage et de responsabilité, de promotion de la personne humaine, à l'opposé de la vision glacée des technocrates, ceux de droite comme ceux de gauche, avec leur insupportable suffisance, et leur arrogance sans limite.
Oui, cher-e-s ami-e-s et camarades, plus de communisme dans la gauche c'est nécessaire pour faire gagner la gauche, et pour qu'elle réussisse une autre politique !
Je suis convaincu que nous pouvons dans les dix jours qui viennent porter cette idée de façon très offensive auprès des électrices et électeurs encore indécis. C'est le moyen indispensable pour leur redonner des raisons d'espérer. De bonnes raisons d'intervenir le 21 avril avec le bulletin de vote communiste.
Et surtout, surtout, c'est nécessaire, c'est indispensable pour que la gauche puisse changer les choses dans ce pays, pour que l'on en finisse avec l'insécurité de la vie, et pour que la France joue un autre rôle en Europe et dans le monde.
Il ne s'agit pas là de déclarations d'intention. Je ne demande pas aux électrices et aux électeurs qui voudront voter pour moi, de voter pour des grands principes sans contenu crédible, et donc sans possibilité concrète de les traduire en actes.
Et il ne s'agit pas là de simples déclarations de campagne destinées à être oubliées demain. Demain, il faudra discuter de ce que fera la gauche, pour combattre efficacement la politique de la droite si celle-ci l'emporte, ou dans le cas contraire pour conduire une politique répondant aux attentes de notre peuple.
Le Parti communiste a beaucoup appris depuis 1997, dans ce qui est à ce jour la période la plus longue pendant laquelle des communistes ont participé à un gouvernement majoritairement socialiste. Et l'une des leçons que nous en tirons, c'est que nous ne nous contenterons pas de vagues déclarations d'intention.
C'est sur des engagements précis et concrets, moyens à la clé, dans les trois directions que je viens d'évoquer - et seulement sur ces engagements réciproques - que pourra se réaliser une nouvelle construction à gauche pour une autre politique à gauche.
Je fais pour ma part des propositions précises qui sont l'aboutissement d'un long travail d'élaboration, avec des milliers et des milliers de citoyennes et de citoyens, de syndicalistes, de militantes et militants du monde associatif, qu'ils soient ou non membres du parti communiste.
Ces propositions peuvent permettre aux électrices et aux électeurs qui le voudront de donner corps à leur volonté de changement par le soutien à des mesures, des réformes concrètes ; Ce sont les supports indispensables pour un vote utile et efficace ; un vote de protestation contre les mauvais coups portés au monde du travail et de la création ; un vote de défense face à la volonté de revanche de la droite. Et inséparablement un vote de construction pour une autre politique à gauche.
J'ai précédemment évoqué quelques-uns de mes engagements, en indiquant que j'étais le seul candidat à les porter dans cette campagne.
Je ne vais pas bien sûr entrer ici comme je le fais chaque soir ou presque dans une ville différente, dans le détail du projet de profonde transformation sociale que je défends.
C'est bien un projet transformateur, car si le plan d'urgence contre la précarité et les inégalités que je préconise est mis en uvre, c'est non seulement la vie quotidienne de plusieurs millions de nos concitoyens qui immédiatement, prends des couleurs. Mais c'est toute la société qui reprend sa marche en avant, pour plus de civilisation et plus de bonheur pour toutes et tous.
Il n'y a rien de plus transformateur, de plus révolutionnaire, de plus communiste que d'exiger, comme je le fais que les salaires, le Smic, les pensions de retraite et les minima sociaux cessent d'être écrasés par les revenus du capital, et que l'exiger cesse d'être considéré comme si l'on proférait des " gros mots " inconvenants !
Rien de plus communiste que de réclamer avec force que la moitié de la société, et même plus - les femmes - aient les mêmes possibilités d'accéder à toutes les responsabilités professionnelles, politiques, sociales et perçoivent à qualification égale, le même salaire que les hommes.
Quoi de plus révolutionnaire que de se fixer pour objectif d'en finir avec les inégalités devant l'école et la culture ? Quoi de plus révolutionnaire que de prendre des mesures concrètes contre l'échec scolaire ?
Quoi de plus révolutionnaire que de sécuriser le parcours de formation, l'accès à un premier emploi et la vie tout court des jeunes de 18 à 25 ans en leur accordant les moyens de leur autonomie ? Du jamais vu, du jamais fait ni ici, ni ailleurs.
Je ne connais rien de plus transformateur, de plus radicalement moderne que de vouloir accorder aux salariés et à leurs représentants les droits nouveaux qui leur permettront d'intervenir sur les choix de gestion et d'avenir de leurs entreprises.
Rien de plus révolutionnaire encore que de fonder le processus de transformation de la société sur l'intervention et le vote majoritaire des citoyens auxquels je propose de donner des pouvoirs pour, qu'à tous les niveaux, ils puissent se faire entendre.
Si pour la première fois aussi, en France et en Europe le dirigeant politique que je suis, le candidat à l'élection présidentielle, propose que l'indispensable mobilité des salariés aille de pair avec une garantie de ressources, de formation et de droits, ce n'est pas un hasard. C'est que je suis communiste et que j'entends l'être toujours plus efficacement.
Oui, communiste et donc partisan acharné du développement et de la transformation des services publics. Oui, communiste et parce que communiste privilégiant l'embauche des jeunes plutôt que l'allongement de la durée des cotisations pour la retraite !
Et je veux le dire ici avec la plus grande fermeté : je ne transigerai jamais sur le droit à une retraite pleine à 60 ans. Je suis pour les 37 annuités ½ pour tout le monde, et pour le maintien des régimes spéciaux.
Oui, communiste et parce que communiste, donc humaniste, profondément convaincu qu'il faut régulariser les sans papiers, accorder le droit de vote aux résidents étrangers, abolir la double peine et restaurer le droit d'asile.
Oui, communiste, partisan sans réserve d'annuler la dette des pays pauvres ; d'augmenter l'aide publique que la France consacre à leur développement ; de créer un fonds de réparation sous l'égide de l'ONU, alimenté par une taxation de type Tobin.
Partisan de stabiliser les prix des matières premières, comme de mettre en place un plan d'urgence contre le sida.
Oui, communiste enfin et parce que communiste, le seul candidat qui, pour que la vie de l'immense majorité de nos concitoyens soit meilleure, plus riche et plus belle, propose qu'on utilise une part des 500 milliards d'euros détenus par les familles les plus riches et qui, à 80%, échappent légalement à l'impôt.
Une part aussi des 4 574 milliards d'euros - près de 20 fois le budget de la France - d'actions et d'obligations avec lesquels les grandes entreprises spéculent en bourse, sur les marchés financiers et dans les paradis fiscaux.
Cher-e-s ami-e-s, cher-e-s camarades,
Chacun le voit bien : le discours que je tiens, les propositions que je fais ne sont pas dans "l'air du temps".
"L'air du temps", vous le savez comme moi, est à la soumission, au fatalisme, ou - ce qui revient finalement au même - au "coup de gueule" sans lendemain car sans perspective.
C'est pourquoi ceux qui prétendent qu'il ne peut en être qu'ainsi, et qui monopolisent la parole dans les médias, ont décidé que, n'étant pas dans "l'air du temps", je n'étais tout simplement pas dans l'actualité. C'est-à-dire l'actualité telle qu'ils la souhaitent et s'efforcent de la faire.
Mais attention, ce ne sont pas eux qui décident. Des millions de femmes et d'hommes sont inquiets de ce qui se passe, et déçus de cette campagne électorale dépourvue de vision de ce qui pourrait, demain, changer en bien pour eux.
Ils sont en attente d'autre chose, qu'ils ne trouvent pas dans l'offre politique qui leur est proposée.
Ne comptons sur personne d'autre que nous-mêmes pour leur montrer que la candidature communiste au premier tour a justement pour objectif de répondre à cette attente, afin d'ouvrir avec eux une nouvelle perspective politique à gauche. Afin de donner une nouvelle chance à la gauche de faire vraiment la politique qu'ils sont en droit d'attendre d'elle.
Nous avons 10 jours pour les en convaincre.
Cela dépend de nous toutes et tous. Je m'y emploie de toutes mes forces. Les militantes et militants, les élu-e-s, les candidates et candidats aux élections législatives, s'y emploient également.
Dix jours de ce travail de conviction, "pied à pied", dans tout le pays, cela peut et doit beaucoup compter ; cela peut et doit changer beaucoup de choses.
Cher-e-s ami-e-s, cher-e-s camarades, militantes et militants, d'ici et de tout le pays, rien n'est écrit : j'ai confiance.

(source http://www.roberthue2002.net, le 16 avril 2002)