Texte intégral
Monsieur le Maire,
Monsieur le Directeur général,
Monsieur le Chef de service,
Je suis très heureux de clôturer cette manifestation organisée pour les 10 ans de fonctionnement du SAMU - centre 15 des Bouches du Rhône.
Comme vous venez de le rappeler, c'est hélas devenu un truisme que de constater aux urgences la plus forte progression d'activité du secteur hospitalier. Et en corollaire, des difficultés récurrentes de fonctionnement.
A tous les niveaux de la chaîne, du centre 15 aux services d'accueil, en passant par les SMUR, le sentiment d'engorgement, voire de dépassement, prévaut.
C'est probablement, d'abord, la rançon du succès. Les urgences hospitalières ont bonne réputation. Elles sont efficaces. Elles sont disponibles. Elles sont rassurantes.
C'est aussi, bien sûr, le résultat du changement de l'organisation de la permanence des soins en libéral, avec une moindre disponibilité des médecins généralistes et une modification du recours aux soins de nos concitoyens.
C'est donc un remerciement appuyé, que je souhaite d'abord adresser, aux urgentistes bien sûr, mais aussi à l'ensemble des personnels participant à la chaîne de l'urgence.
Car par delà les situations exceptionnelles, que Jean-Claude Gaudin a rappelées à l'instant, et pour lesquelles nous savons effectivement pouvoir compter sur vous, c'est à votre travail quotidien que je voudrais rendre un hommage tout particulier.
Je sais le sentiment d'épuisement qui accable souvent les urgentistes, et leurs équipes. Ils ont eu l'occasion de me l'exprimer. Et si ma première visite dans un hôpital s'est effectuée dans un SAMU - celui de Pontoise, près de Paris -, ce n'est pas un hasard.
Je rapporterai ici quelques-unes de ces impressions, qui vous sembleront familières :
*Une impression de sollicitations de plus en plus diversifiées et toujours plus nombreuses, avec des moyens humains qui mettent parfois du temps à s'adapter à l'activité, malgré les efforts des agences régionales de l'hospitalisation ;
*Une impression d'utilisation souvent excessive des urgences par la population ;
*Une impression de cloisonnements encore existant entre les différents acteurs de l'urgence;
*et parfois même une impression d'isolement du service d'urgence au sein de l'établissement.
Ces difficultés sont réelles, bien qu'inégales d'un établissement à l'autre. Elles interpellent le ministre et le médecin que je suis. Elles interpellent aussi nos concitoyens.
Aussi, j'ai d'ores et déjà mobilisé mes collaborateurs pour mener une réflexion approfondie qui débutera dans les toutes prochaines semaines avec l'ensemble des acteurs concernés.
Beaucoup de rapports, de groupes de travail ont déjà défriché le secteur. L'objectif est d'utiliser efficacement et rapidement la matière existante, sans réécrire une énième contribution.
Il s'agit maintenant de définir une véritable politique de la prise en charge de la demande urgente. C'est-à-dire de mettre en uvre une stratégie de réponses territoriales adaptées à l'urgence et à la permanence des soins.
Permettez-moi d'évoquer en quelques mots, les principales idées force qui guideront cette réflexion.
1. Je commencerai tout d'abord, puisque nous sommes au SAMU, par les urgences pré-hospitalières.
Car s'il est une tâche évidente à laquelle je compte m'atteler, c'est bien de conforter les réseaux de proximité d'urgences, en leur assurant cohérence et sécurité.
Cohérence, d'abord, par la régulation médicale, qui permet une véritable coordination et une bonne complémentarité des sapeurs-pompiers, des ambulanciers privés, des médecins libéraux et des SMUR.
Je sais qu'ici votre collaboration avec la médecine générale et le Service Médical du Bataillon des Marins Pompiers est excellente. C'est, je crois, le seul grand SAMU de France où l'on trouve cette situation. Il convenait de vous en féliciter, collectivement.
Je sais aussi que la complémentarité avec les ambulanciers privés va se développer. Marseille fait partie des 8 départements qui expérimentent un dispositif innovant de permanences des ambulanciers. Je suis confiant dans les résultats de cette expérimentation.
Sécurité, ensuite, par l'existence d'équipages SMUR bien formés et en adéquation avec les besoins constatés, et par le développement des transports héliportés. Là encore, votre exemple est à suivre.
Sécurité, également, grâce à une régulation médicale efficace, qui ne soit pas engorgée d'appels dits de " conseils médicaux ". 68 000 conseils ont été délivrés par votre SAMU en 2001. C'est considérable. Là aussi, nous devons rapidement prendre la mesure d'un réflexe que nos concitoyens auront du mal à perdre.
Des campagnes pédagogiques destinées à la population peuvent nous y aider, mais l'adaptation des centres 15 à ces nouvelles contraintes doit également être encouragée.
2. Je poursuivrai ensuite avec les urgences hospitalières.
L'urgence doit s'affirmer comme une mission de santé publique à part entière, qui doit impliquer l'ensemble de l'établissement au travers notamment du projet médical et du projet d'établissement.
L'intégration des urgences dans la dynamique de l'hôpital doit rompre son isolement des autres activités, susciter une plus grande compréhension des contraintes respectives des urgences et des services d'aval, et favoriser une plus grande participation de l'ensemble des praticiens au bon fonctionnement de l'urgence. Ceci, afin d'améliorer, car c'est bien notre objectif commun, la prise en charge globale des patients.
3. Aucune de ces activités d'urgence ne peut demeurer performante sans des professionnels compétents et motivés.
Ils le sont aujourd'hui. Mais, évitons le découragement. C'est pourquoi, il est nécessaire de s'engager dans la voie d'une reconnaissance plus affirmée des spécificités liées à l'activité des structures d'urgences.
A ce titre, j'ai décidé de conduire rapidement une concertation sur la meilleure prise en compte du travail spécifique des permanenciers de régulation médicale. Avec les régulateurs, ils sont les véritables pivots des centres 15. Ils sont en première ligne de l'écoute, de l'angoisse, de la détresse, et doivent y répondre avec humanité, discernement et rapidité.
S'agissant des urgentistes, je suis déterminé à poursuivre la démarche visant à une juste reconnaissance de la spécialité. Je constate, par delà la diversité de leur origine professionnelle, une unité d'exercice, dans l'intensité, la complexité et la spécificité, qui légitime plus que jamais de faire aboutir la concertation engagée.
4. En conclusion, je me dois d'évoquer l'inquiétude exprimée par les urgentistes du fait de la fermeture estivale de certains lits hospitaliers.
Je tiens aujourd'hui à rassurer tant la population que les urgentistes. Les effets saisonniers dans l'activité hospitalière sont connus. Et jusqu'à présent, l'hôpital a toujours su s'adapter à ces situations, même dans la difficulté.
Néanmoins, devant les craintes, signalées notamment par les urgentistes, d'une amplification du phénomène cette année, je me dois de veiller à la continuité des soins, mission prioritaire de l'hôpital.
C'est pourquoi j'ai décidé de mettre en place pour la première fois un dispositif déconcentré d'adaptation de l'offre de soins par anticipation des fermetures de lits publics ou privés.
J'adresse ce jour aux directeurs des ARH des instructions en ce sens. Au plus tôt, et avant le 5 juillet, dans chaque département, le représentant de l'ARH rassemblera les prévisions de fermeture et organisera une réunion de concertation entre tous les établissements publics et privés, en présence du directeur du SAMU et des chefs de service des urgences, pour apprécier les conséquences de ces fermetures et étudier les aménagements éventuels.
Les informations collectées seront adressées au SAMU et aux services d'urgence, afin d'assurer une meilleure régulation des appels et des prises en charge.
L'hôpital inspire confiance. Les urgences rassurent.
Nos concitoyens le savent, et imposent à l'hôpital une adaptation permanente de son organisation, à laquelle aucune autre institution n'est soumise.
C'est pourquoi, pour faciliter son évolution, et fidèle à mon souci du dialogue social, je renouvelle mon engagement à une réflexion commune et approfondie sur les urgences et la permanence de soins, dans un esprit d'ouverture et de décloisonnements.
(source http://www.sante.gouv.fr, le 1 juillet 2002)
Monsieur le Directeur général,
Monsieur le Chef de service,
Je suis très heureux de clôturer cette manifestation organisée pour les 10 ans de fonctionnement du SAMU - centre 15 des Bouches du Rhône.
Comme vous venez de le rappeler, c'est hélas devenu un truisme que de constater aux urgences la plus forte progression d'activité du secteur hospitalier. Et en corollaire, des difficultés récurrentes de fonctionnement.
A tous les niveaux de la chaîne, du centre 15 aux services d'accueil, en passant par les SMUR, le sentiment d'engorgement, voire de dépassement, prévaut.
C'est probablement, d'abord, la rançon du succès. Les urgences hospitalières ont bonne réputation. Elles sont efficaces. Elles sont disponibles. Elles sont rassurantes.
C'est aussi, bien sûr, le résultat du changement de l'organisation de la permanence des soins en libéral, avec une moindre disponibilité des médecins généralistes et une modification du recours aux soins de nos concitoyens.
C'est donc un remerciement appuyé, que je souhaite d'abord adresser, aux urgentistes bien sûr, mais aussi à l'ensemble des personnels participant à la chaîne de l'urgence.
Car par delà les situations exceptionnelles, que Jean-Claude Gaudin a rappelées à l'instant, et pour lesquelles nous savons effectivement pouvoir compter sur vous, c'est à votre travail quotidien que je voudrais rendre un hommage tout particulier.
Je sais le sentiment d'épuisement qui accable souvent les urgentistes, et leurs équipes. Ils ont eu l'occasion de me l'exprimer. Et si ma première visite dans un hôpital s'est effectuée dans un SAMU - celui de Pontoise, près de Paris -, ce n'est pas un hasard.
Je rapporterai ici quelques-unes de ces impressions, qui vous sembleront familières :
*Une impression de sollicitations de plus en plus diversifiées et toujours plus nombreuses, avec des moyens humains qui mettent parfois du temps à s'adapter à l'activité, malgré les efforts des agences régionales de l'hospitalisation ;
*Une impression d'utilisation souvent excessive des urgences par la population ;
*Une impression de cloisonnements encore existant entre les différents acteurs de l'urgence;
*et parfois même une impression d'isolement du service d'urgence au sein de l'établissement.
Ces difficultés sont réelles, bien qu'inégales d'un établissement à l'autre. Elles interpellent le ministre et le médecin que je suis. Elles interpellent aussi nos concitoyens.
Aussi, j'ai d'ores et déjà mobilisé mes collaborateurs pour mener une réflexion approfondie qui débutera dans les toutes prochaines semaines avec l'ensemble des acteurs concernés.
Beaucoup de rapports, de groupes de travail ont déjà défriché le secteur. L'objectif est d'utiliser efficacement et rapidement la matière existante, sans réécrire une énième contribution.
Il s'agit maintenant de définir une véritable politique de la prise en charge de la demande urgente. C'est-à-dire de mettre en uvre une stratégie de réponses territoriales adaptées à l'urgence et à la permanence des soins.
Permettez-moi d'évoquer en quelques mots, les principales idées force qui guideront cette réflexion.
1. Je commencerai tout d'abord, puisque nous sommes au SAMU, par les urgences pré-hospitalières.
Car s'il est une tâche évidente à laquelle je compte m'atteler, c'est bien de conforter les réseaux de proximité d'urgences, en leur assurant cohérence et sécurité.
Cohérence, d'abord, par la régulation médicale, qui permet une véritable coordination et une bonne complémentarité des sapeurs-pompiers, des ambulanciers privés, des médecins libéraux et des SMUR.
Je sais qu'ici votre collaboration avec la médecine générale et le Service Médical du Bataillon des Marins Pompiers est excellente. C'est, je crois, le seul grand SAMU de France où l'on trouve cette situation. Il convenait de vous en féliciter, collectivement.
Je sais aussi que la complémentarité avec les ambulanciers privés va se développer. Marseille fait partie des 8 départements qui expérimentent un dispositif innovant de permanences des ambulanciers. Je suis confiant dans les résultats de cette expérimentation.
Sécurité, ensuite, par l'existence d'équipages SMUR bien formés et en adéquation avec les besoins constatés, et par le développement des transports héliportés. Là encore, votre exemple est à suivre.
Sécurité, également, grâce à une régulation médicale efficace, qui ne soit pas engorgée d'appels dits de " conseils médicaux ". 68 000 conseils ont été délivrés par votre SAMU en 2001. C'est considérable. Là aussi, nous devons rapidement prendre la mesure d'un réflexe que nos concitoyens auront du mal à perdre.
Des campagnes pédagogiques destinées à la population peuvent nous y aider, mais l'adaptation des centres 15 à ces nouvelles contraintes doit également être encouragée.
2. Je poursuivrai ensuite avec les urgences hospitalières.
L'urgence doit s'affirmer comme une mission de santé publique à part entière, qui doit impliquer l'ensemble de l'établissement au travers notamment du projet médical et du projet d'établissement.
L'intégration des urgences dans la dynamique de l'hôpital doit rompre son isolement des autres activités, susciter une plus grande compréhension des contraintes respectives des urgences et des services d'aval, et favoriser une plus grande participation de l'ensemble des praticiens au bon fonctionnement de l'urgence. Ceci, afin d'améliorer, car c'est bien notre objectif commun, la prise en charge globale des patients.
3. Aucune de ces activités d'urgence ne peut demeurer performante sans des professionnels compétents et motivés.
Ils le sont aujourd'hui. Mais, évitons le découragement. C'est pourquoi, il est nécessaire de s'engager dans la voie d'une reconnaissance plus affirmée des spécificités liées à l'activité des structures d'urgences.
A ce titre, j'ai décidé de conduire rapidement une concertation sur la meilleure prise en compte du travail spécifique des permanenciers de régulation médicale. Avec les régulateurs, ils sont les véritables pivots des centres 15. Ils sont en première ligne de l'écoute, de l'angoisse, de la détresse, et doivent y répondre avec humanité, discernement et rapidité.
S'agissant des urgentistes, je suis déterminé à poursuivre la démarche visant à une juste reconnaissance de la spécialité. Je constate, par delà la diversité de leur origine professionnelle, une unité d'exercice, dans l'intensité, la complexité et la spécificité, qui légitime plus que jamais de faire aboutir la concertation engagée.
4. En conclusion, je me dois d'évoquer l'inquiétude exprimée par les urgentistes du fait de la fermeture estivale de certains lits hospitaliers.
Je tiens aujourd'hui à rassurer tant la population que les urgentistes. Les effets saisonniers dans l'activité hospitalière sont connus. Et jusqu'à présent, l'hôpital a toujours su s'adapter à ces situations, même dans la difficulté.
Néanmoins, devant les craintes, signalées notamment par les urgentistes, d'une amplification du phénomène cette année, je me dois de veiller à la continuité des soins, mission prioritaire de l'hôpital.
C'est pourquoi j'ai décidé de mettre en place pour la première fois un dispositif déconcentré d'adaptation de l'offre de soins par anticipation des fermetures de lits publics ou privés.
J'adresse ce jour aux directeurs des ARH des instructions en ce sens. Au plus tôt, et avant le 5 juillet, dans chaque département, le représentant de l'ARH rassemblera les prévisions de fermeture et organisera une réunion de concertation entre tous les établissements publics et privés, en présence du directeur du SAMU et des chefs de service des urgences, pour apprécier les conséquences de ces fermetures et étudier les aménagements éventuels.
Les informations collectées seront adressées au SAMU et aux services d'urgence, afin d'assurer une meilleure régulation des appels et des prises en charge.
L'hôpital inspire confiance. Les urgences rassurent.
Nos concitoyens le savent, et imposent à l'hôpital une adaptation permanente de son organisation, à laquelle aucune autre institution n'est soumise.
C'est pourquoi, pour faciliter son évolution, et fidèle à mon souci du dialogue social, je renouvelle mon engagement à une réflexion commune et approfondie sur les urgences et la permanence de soins, dans un esprit d'ouverture et de décloisonnements.
(source http://www.sante.gouv.fr, le 1 juillet 2002)