Texte intégral
Monsieur le Ministre,
Madame la Ministre,
Monsieur lAdministrateur,
Monsieur lAdministrateur honoraire,
Mesdames et Messieurs les Professeurs du Collège de France,
Mesdames et Messieurs,
Aujourdhui, Monsieur l'Administrateur, le Collège de France dévoile son nouveau visage. Et cest un grand jour pour tous ceux qui ont conçu, conduit, participé à ce beau projet. Mais c'est aussi un grand jour pour la communauté scientifique française et internationale, et pour notre pays tout entier. Notre pays dont le rayonnement culturel doit tant au Collège de France.
Ces lieux transformés ont valeur de symbole. En effet, par essence et par vocation, le Collège de France, cinq fois centenaire, doit toujours changer, se métamorphoser, se rénover. Cest à cette condition quil peut poursuivre avec le même enthousiasme et la même audace la grande aventure de lesprit. C'est ainsi qu'il reste fidèle à certains principes en forme d'exigences : liberté, ouverture, remise en question.
C'est une histoire singulière que celle du Collège de France, et qui explique sa place singulière dans notre univers scientifique. Les fondateurs, Guillaume Budé, François Ier, voulaient quil fût un berceau de lhumanisme, échappant au monopole de la Sorbonne, de son enseignement en latin, de son encadrement par les clercs de lEglise.
Leur rêve, celui de leurs contemporains, cest luniversalité du savoir, cest le progrès de lhomme, cest son affranchissement. Leur idée-force, c'est que lesprit puisse sabreuver en toute liberté à des sources multiples, quil souvre à de nouvelles influences, quil senrichisse de la rencontre, du dialogue, de la concertation. Cétait le temps où, dans lEurope dalors, le savoir ne connaissait pas de frontières. Un temps où lon pouvait rêver dembrasser tous les champs de la connaissance.
Geste pionnier que cette fondation, puisque le Collège de France fut la première institution d'Etat. Geste hardi, à une époque où la liberté, et dabord celle de lesprit, ne va pas de soi.
La liberté, c'est celle de lenseignement et de la science en premier. Liberté absolue pour le Collège de choisir ses disciplines, ses chaires, leurs titulaires. Et de les choisir où il veut, souvent à lUniversité, cest vrai, mais aussi partout ailleurs, pourvu quils soient les plus éminents et les plus créatifs dans leur domaine. Liberté pour les professeurs dorienter, comme bon leur semble, leurs recherches, leurs cours. Liberté pour les auditeurs de suivre lenseignement de leur choix. Car, depuis toujours au Collège de France, lesprit tient table ouverte.
La liberté, cest bien sûr louverture. Ouverture à tous, sans condition ni préalable. Etudiants, chercheurs, avides des derniers développements de la science, mais aussi tout un chacun mû par le désir dapprendre. Ouverture à tous les savoirs, sans exclusive ni limite. La fondation du Collège de France comblait une absence, celle du grec, des mathématiques, de lhébreu dans lenseignement universitaire dalors. Il n'a cessé de s'adapter aux évolutions de la science et d'accueillir, voire d'inventer, de nouvelles disciplines.
Ouverture à toutes les recherches, menées en France mais également en Europe et dans le monde. Ouverture aux laboratoires universitaires, aux grands établissements français à létranger, aux équipes de recherche travaillant au-delà de nos frontières. Ouverture, enfin, en développant les nouveaux outils de la communication, et en étant présent sur les grands réseaux de linformation.
Oui, le Collège est bien un espace de liberté, mais une liberté exigeante, assurée par la collégialité des grands choix et la remise en question constante. Chaque professeur le sait et laccepte : jamais deux fois le même cours. Cest le secret dune insatiable curiosité, dune recherche incessante, dune pensée en mouvement perpétuel. Cest ce qui confère son aura au Collège de France. C'est le viatique qui lui a permis de traverser les siècles, de résister aux soubresauts et aux changements de lHistoire, daffirmer sa place, sa nécessité, son prestige. Dès lorigine, il allait, lidée quil avait fondée allait dans le sens de lHistoire.
Pourtant, travailler, fréquenter le Collège de France sest parfois apparenté à un parcours héroïque. Déjà, à sa création et jusquau XVIIIè siècle, quand eurent lieu les travaux de Chalgrin, les « lecteurs royaux », que lon évoquait tout à lheure, regrettaient labsence de locaux et déquipements adaptés à leur mission. Dès lorigine, la chronique rapporte la presse et la cohue des premiers cours. Ces dernières années, le Collège de France, certes « basty en hommes » comme lécrivait en son temps Etienne Pasquier, étouffait néanmoins dans des locaux hérités dun autre temps.
C'était la rançon du succès, des succès scientifiques en même temps que des succès daudience. Les progrès, la spécialisation des sciences, la multiplication des disciplines, la sophistication de la recherche, les nécessités de la coopération, lassiduité dun public toujours plus important, avaient rendu difficiles les conditions de travail et de vie au sein de votre Communauté. Jusqu'à ce jour, le Collège de France ne disposait daucune salle de plus de cent places quand ses auditeurs sont plus de 5 000. Les laboratoires accusaient une vision ancienne de la science, désormais dépassée.
Il y a sept ans, lEtat prenait ses responsabilités. Mon prédécesseur, le Président François Mitterrand, inscrivait la rénovation et lagrandissement du Collège de France parmi les grands travaux de la République.
Il ne sagissait pas seulement daméliorer ce qui devait lêtre et de donner au Collège un peu dair et despace. Il fallait lui permettre d'assumer ses nouvelles missions, avec ses nouveaux chercheurs, avec ses grands programmes nationaux et internationaux. Il fallait qu'il puisse répondre aux impératifs dune recherche scientifique de pointe. Il fallait permettre à un Collège de France transformé et modernisé d'aborder dans de bonnes conditions le prochain millénaire.
Nous venons de parcourir ensemble ce qui fut le chantier de sept années : le Grand amphithéâtre, lamphithéâtre Guillaume Budé, de nouvelles salles, bref, de nouveaux équipements enfin dignes de l'Institution. Un chantier que vous avez porté de toutes vos forces, Monsieur lAdministrateur honoraire, avant de passer le relais.
Je félicite toutes celles et tous ceux qui, à un titre ou un autre, lui ont apporté leur concours. Et dabord celles et ceux qui ont relevé le formidable défi technique de cette renaissance.
Je pense notamment bien sûr aux architectes Bernard Huet et Jean-Michel Wilmotte qui ont accompli une véritable prouesse, en conciliant laudace et la retenue, la tradition et linnovation. Prouesse technique parce que, pour respecter les lieux, leur histoire, leurs racines, leur beauté, il a fallu creuser et créer en sous-sol ce qui ne pouvait lêtre en surface. Votre ambition était de donner à ce lieu une cohérence nouvelle sans attenter à son intégrité dorigine. Pour reprendre votre formule, Messieurs, il fallait « opérer une greffe qui paraisse si naturelle quelle semble relever dun phénomène de croissance organique ». Avec les ingénieurs et les techniciens, vous avez réussi une restauration, Monsieur lAdministrateur général, exemplaire.
Au moment où elle va laisser place à un nouvel établissement public, je tiens à saluer également la Mission interministérielle des grands travaux qui était maître douvrage, et qui là-aussi ou là encore a accompli un travail tout à fait remarquable.
Bien sûr, laventure de la rénovation se poursuit. A partir de lan prochain, elle portera sur les laboratoires, la Bibliothèque générale et le Centre daccueil des chercheurs étrangers. Il sagit, encore et toujours, de favoriser les rencontres des disciplines et des chercheurs. Il sagit daffirmer laudience internationale du Collège de France et, au-delà, lautorité de la recherche française, lune des premières du monde. Et qui lest en grande partie grâce à vous, Mesdames et Messieurs, grâce à vos grands prédécesseurs, grâce au Collège de France et à ses fondateurs visionnaires.
En vous rendant visite aujourdhui, en partageant avec vous ce moment de votre histoire, je voudrais vous témoigner mon attachement et celui de notre pays, notre gratitude, notre fierté et notre confiance pour lavenir.
Mesdames et Messieurs, je vous remercie.
Madame la Ministre,
Monsieur lAdministrateur,
Monsieur lAdministrateur honoraire,
Mesdames et Messieurs les Professeurs du Collège de France,
Mesdames et Messieurs,
Aujourdhui, Monsieur l'Administrateur, le Collège de France dévoile son nouveau visage. Et cest un grand jour pour tous ceux qui ont conçu, conduit, participé à ce beau projet. Mais c'est aussi un grand jour pour la communauté scientifique française et internationale, et pour notre pays tout entier. Notre pays dont le rayonnement culturel doit tant au Collège de France.
Ces lieux transformés ont valeur de symbole. En effet, par essence et par vocation, le Collège de France, cinq fois centenaire, doit toujours changer, se métamorphoser, se rénover. Cest à cette condition quil peut poursuivre avec le même enthousiasme et la même audace la grande aventure de lesprit. C'est ainsi qu'il reste fidèle à certains principes en forme d'exigences : liberté, ouverture, remise en question.
C'est une histoire singulière que celle du Collège de France, et qui explique sa place singulière dans notre univers scientifique. Les fondateurs, Guillaume Budé, François Ier, voulaient quil fût un berceau de lhumanisme, échappant au monopole de la Sorbonne, de son enseignement en latin, de son encadrement par les clercs de lEglise.
Leur rêve, celui de leurs contemporains, cest luniversalité du savoir, cest le progrès de lhomme, cest son affranchissement. Leur idée-force, c'est que lesprit puisse sabreuver en toute liberté à des sources multiples, quil souvre à de nouvelles influences, quil senrichisse de la rencontre, du dialogue, de la concertation. Cétait le temps où, dans lEurope dalors, le savoir ne connaissait pas de frontières. Un temps où lon pouvait rêver dembrasser tous les champs de la connaissance.
Geste pionnier que cette fondation, puisque le Collège de France fut la première institution d'Etat. Geste hardi, à une époque où la liberté, et dabord celle de lesprit, ne va pas de soi.
La liberté, c'est celle de lenseignement et de la science en premier. Liberté absolue pour le Collège de choisir ses disciplines, ses chaires, leurs titulaires. Et de les choisir où il veut, souvent à lUniversité, cest vrai, mais aussi partout ailleurs, pourvu quils soient les plus éminents et les plus créatifs dans leur domaine. Liberté pour les professeurs dorienter, comme bon leur semble, leurs recherches, leurs cours. Liberté pour les auditeurs de suivre lenseignement de leur choix. Car, depuis toujours au Collège de France, lesprit tient table ouverte.
La liberté, cest bien sûr louverture. Ouverture à tous, sans condition ni préalable. Etudiants, chercheurs, avides des derniers développements de la science, mais aussi tout un chacun mû par le désir dapprendre. Ouverture à tous les savoirs, sans exclusive ni limite. La fondation du Collège de France comblait une absence, celle du grec, des mathématiques, de lhébreu dans lenseignement universitaire dalors. Il n'a cessé de s'adapter aux évolutions de la science et d'accueillir, voire d'inventer, de nouvelles disciplines.
Ouverture à toutes les recherches, menées en France mais également en Europe et dans le monde. Ouverture aux laboratoires universitaires, aux grands établissements français à létranger, aux équipes de recherche travaillant au-delà de nos frontières. Ouverture, enfin, en développant les nouveaux outils de la communication, et en étant présent sur les grands réseaux de linformation.
Oui, le Collège est bien un espace de liberté, mais une liberté exigeante, assurée par la collégialité des grands choix et la remise en question constante. Chaque professeur le sait et laccepte : jamais deux fois le même cours. Cest le secret dune insatiable curiosité, dune recherche incessante, dune pensée en mouvement perpétuel. Cest ce qui confère son aura au Collège de France. C'est le viatique qui lui a permis de traverser les siècles, de résister aux soubresauts et aux changements de lHistoire, daffirmer sa place, sa nécessité, son prestige. Dès lorigine, il allait, lidée quil avait fondée allait dans le sens de lHistoire.
Pourtant, travailler, fréquenter le Collège de France sest parfois apparenté à un parcours héroïque. Déjà, à sa création et jusquau XVIIIè siècle, quand eurent lieu les travaux de Chalgrin, les « lecteurs royaux », que lon évoquait tout à lheure, regrettaient labsence de locaux et déquipements adaptés à leur mission. Dès lorigine, la chronique rapporte la presse et la cohue des premiers cours. Ces dernières années, le Collège de France, certes « basty en hommes » comme lécrivait en son temps Etienne Pasquier, étouffait néanmoins dans des locaux hérités dun autre temps.
C'était la rançon du succès, des succès scientifiques en même temps que des succès daudience. Les progrès, la spécialisation des sciences, la multiplication des disciplines, la sophistication de la recherche, les nécessités de la coopération, lassiduité dun public toujours plus important, avaient rendu difficiles les conditions de travail et de vie au sein de votre Communauté. Jusqu'à ce jour, le Collège de France ne disposait daucune salle de plus de cent places quand ses auditeurs sont plus de 5 000. Les laboratoires accusaient une vision ancienne de la science, désormais dépassée.
Il y a sept ans, lEtat prenait ses responsabilités. Mon prédécesseur, le Président François Mitterrand, inscrivait la rénovation et lagrandissement du Collège de France parmi les grands travaux de la République.
Il ne sagissait pas seulement daméliorer ce qui devait lêtre et de donner au Collège un peu dair et despace. Il fallait lui permettre d'assumer ses nouvelles missions, avec ses nouveaux chercheurs, avec ses grands programmes nationaux et internationaux. Il fallait qu'il puisse répondre aux impératifs dune recherche scientifique de pointe. Il fallait permettre à un Collège de France transformé et modernisé d'aborder dans de bonnes conditions le prochain millénaire.
Nous venons de parcourir ensemble ce qui fut le chantier de sept années : le Grand amphithéâtre, lamphithéâtre Guillaume Budé, de nouvelles salles, bref, de nouveaux équipements enfin dignes de l'Institution. Un chantier que vous avez porté de toutes vos forces, Monsieur lAdministrateur honoraire, avant de passer le relais.
Je félicite toutes celles et tous ceux qui, à un titre ou un autre, lui ont apporté leur concours. Et dabord celles et ceux qui ont relevé le formidable défi technique de cette renaissance.
Je pense notamment bien sûr aux architectes Bernard Huet et Jean-Michel Wilmotte qui ont accompli une véritable prouesse, en conciliant laudace et la retenue, la tradition et linnovation. Prouesse technique parce que, pour respecter les lieux, leur histoire, leurs racines, leur beauté, il a fallu creuser et créer en sous-sol ce qui ne pouvait lêtre en surface. Votre ambition était de donner à ce lieu une cohérence nouvelle sans attenter à son intégrité dorigine. Pour reprendre votre formule, Messieurs, il fallait « opérer une greffe qui paraisse si naturelle quelle semble relever dun phénomène de croissance organique ». Avec les ingénieurs et les techniciens, vous avez réussi une restauration, Monsieur lAdministrateur général, exemplaire.
Au moment où elle va laisser place à un nouvel établissement public, je tiens à saluer également la Mission interministérielle des grands travaux qui était maître douvrage, et qui là-aussi ou là encore a accompli un travail tout à fait remarquable.
Bien sûr, laventure de la rénovation se poursuit. A partir de lan prochain, elle portera sur les laboratoires, la Bibliothèque générale et le Centre daccueil des chercheurs étrangers. Il sagit, encore et toujours, de favoriser les rencontres des disciplines et des chercheurs. Il sagit daffirmer laudience internationale du Collège de France et, au-delà, lautorité de la recherche française, lune des premières du monde. Et qui lest en grande partie grâce à vous, Mesdames et Messieurs, grâce à vos grands prédécesseurs, grâce au Collège de France et à ses fondateurs visionnaires.
En vous rendant visite aujourdhui, en partageant avec vous ce moment de votre histoire, je voudrais vous témoigner mon attachement et celui de notre pays, notre gratitude, notre fierté et notre confiance pour lavenir.
Mesdames et Messieurs, je vous remercie.