Texte intégral
Nous vous adressons tous nos meilleurs vux au nom du Parti socialiste. J'ai le sentiment de m'inscrire dans une longue procession à laquelle vous êtes rituellement conviés.
Vous dire que nous ne sommes pas fâchés de tourner la page de 2002, ne surprendra personne, même s'il ne faut rien oublier, occulter, de ce qui s'est produit l'année dernière, si on ne veut pas avoir à le revivre plus tard. L'année 2002 a été pour nous l'année de la confusion, l'année 2003 doit être celle de la clarification. L'année 2002 a marqué le deuil cruel de nos ambitions collectives, l'année 2003 doit être le renouveau de nos espérances. L'année s'ouvre dans un contexte lourd, pesant, difficile avec de nombreuses inquiétudes au plan international et économique. Il faut faire preuve dans ces circonstances, à la fois de clarté, de vérité et de volonté.
L'actualité
Sur l'Irak, la tension monte, la guerre se prépare, s'annonce même, des dates sont avancées et beaucoup s'interrogent sur le rôle de la communauté internationale. Il faut donc faire preuve de clarté, c'est l'affirmation du rôle de l'ONU, du Conseil de sécurité pour décider au nom de la communauté internationale ce qu'il y a lieu de faire sur la base de la résolution 1441, dont nous demandons l'effectivité. La vérité c'est d'admettre que depuis le vote de cette résolution et l'envoi des inspecteurs de l'ONU, rien n'a été constaté quant à la détention de ces armes de destruction massive. L'ambition n'a pas été entravée et même les inspecteurs demandent à travailler plus longtemps en Irak. Dès lors, il faut faire preuve de volonté. La volonté, ce n'est pas de préparer nos armées, même si elles sont par définition toujours prêtes, la volonté c'est de s'opposer à la guerre, en utilisant tous les moyens, ceux de la diplomatie, du droit, y compris en utilisant le droit de veto. La volonté, c'est d'exiger un débat au Parlement et un vote avant toute décision de la France.
Nous avons aussi de sérieuses inquiétudes par rapport au ralentissement économique, sujet qui n'est pas sans lien avec le précédent. Incertitudes sur la flambée des cours des matières premières comme le pétrole, sur le ralentissement des investissements et de la consommation.
Inquiétudes au niveau mondial, liées à une aggravation des inégalités planétaires et des risques que ces phénomènes engendrent en terme de frustration et de violence.
Inquiétudes au plan national, avec la remontée du chômage, constatée depuis plusieurs mois, et la multiplication des plans sociaux, des réductions d'emploi et des remises en cause, de l'avenir même de certaines entreprises.
- Inquiétudes enfin liées à un creusement des déficits, publics et sociaux. Pour faire face à la détérioration de la situation économique, le gouvernement n'a pas fait preuve de la clarté nécessaire, alors que dès 2002, tous les ingrédients de la stagnation économique étaient réunis. Le gouvernement n'a pas non plus fait preuve de la volonté indispensable pour faire face à cette situation avec toutes les mesures appropriées.
Mais, c'est peut-être sur le devoir de vérité que les manquements me semblent les plus sérieux et les plus graves et cela me permettra d'étayer le jugement que je veux prononcer sur l'action et la politique du gouvernement de Jean-Pierre RAFFARIN.
Une double critique
Le gouvernement est en place depuis 8 mois et dispose de la confiance du chef de l'État, ce qui n'était pas le cas du gouvernement précédent, et d'une majorité forte à l'Assemblée nationale et au Sénat. Il y a l'indulgence légitime de l'opinion qui veut que la France réussisse surtout après le choc du 21 avril. Après une période de transition toujours ambiguë, où le thème de l'héritage peut être par convenance utilisé, il n'y a plus là d'artifice commode à employer. Le gouvernement est pleinement responsable de l'action qu'il a engagée et de la forme qu'il entend lui donner.
Nous avons une double critique à formuler, sur la méthode et sur le fond : la méthode, ce n'est pas seulement la communication, même si elle est apparue comme une habileté opportune, ne serait-ce que pour différencier Jean-Pierre RAFFARIN de son lointain prédécesseur qui avait connu certaines infortunes. Elle est devenue méthodiquement, une stratégie politique, et même une obsession personnelle : visage de l'émotion et de la compassion, apparence de l'humanisme, mais avec le recours à des techniques de professionnel, souvent importées d'Outre-Atlantique. Mais l'essentiel ne se situe pas là, les formules connaissant toujours leurs limites, la communication également, elles reviennent d'ailleurs comme un boomerang sur leurs auteurs.
La vérité sur 8 mois d'exercice
L'essentiel, et c'est sans doute le plus grave, c'est que le gouvernement ne dit pas la vérité aux Français. Il ne dit pas la vérité sur la croissance : chacun sait que les chiffres de la loi de finances pour 2003 n'ont plus aucune validité, chacun sait que la croissance ne peut pas atteindre 2,5 % et que le chiffre de 2 % encore évoqué hier par Francis MER est irréaliste et que celui affiché par le MEDEF de 1,5, est optimiste. En Allemagne, le taux de croissance ne dépassera pas 1 % en 2003 et en France en 2002, il n'a pas dépassé non plus 1 %. Pourtant hier encore, le ministre de l'Économie des Finances a maintenu contre toute vérité ces chiffres et ces estimations.
- On ne dit pas non plus la vérité sur les déficits. Chacun peut comprendre qu'en période de ralentissement économique, les déficits se creusent, encore faut-il le dire, faut-il en faire un élément d'une politique économique ? Tel n'est pas le cas aujourd'hui. Le déficit de l'État sera proche de 3 % de la richesse nationale, lorsque les comptes nous seront donnés pour l'année 2002. Déjà pour la fin du mois de novembre, nous avons des estimations autour de 58 milliards d'euros, même si les chiffres de l'impôt sur les sociétés ne sont pas encore connus. Il reste cependant acquis que les déficits budgétaires dépasseront les estimations prévues pour 2002 et a fortiori pour 2003. Le gouvernement prépare, on le sait, il l'avoue, un plan de régulation, de gel d'annulation de crédits, sans qu'on puisse en connaître l'importance ni la répartition. Ce plan aura des conséquences sur la vie quotidienne des Français et sur les services publics. Et, nous sommes en droit de demander ce qu'il en est ou ce qu'il en sera des arbitrages budgétaires qui se préparent. Il en est de même pour la Sécurité sociale : nous avons la confirmation d'une dérive sérieuse des déficits cumulés pour l'année 2003, soit sans doute 10 milliards d'euros et, une nouvelle fois, il nous est demandé de relever le plafond des emprunts de la Sécurité sociale, encore une fois, comme si la charge de l'avenir et aussi du présent, pouvait être couverte par l'emprunt.
- Le gouvernement ne dit pas non plus la vérité sur les impôts : Jean-Pierre RAFFARIN par exemple, à l'occasion de ses vux, a dit que la fiscalité locale baisserait cette année, au moment même où le gouvernement a envoyé à Bruxelles le plan de stabilité qui indiquait précisément que les impôts locaux augmenteraient sur la période 2004/2006. Enfin, l'annonce qu'il pourrait y avoir dans le cadre de la décentralisation, une affectation de taux de TIPP aux Collectivités Locales donne le sens de la décentralisation, telle que Jean-Pierre RAFFARIN la conçoit : transfert de charges et transfert d'impôts, avec le risque déjà assumé d'augmentation des prélèvements sur les plus modestes avec le relèvement de la fiscalité indirecte.
- Le gouvernement dissimule aussi sa politique en matière de retraites. Les principes sont plusieurs fois rappelés par le Président de la République à l'occasion de ses vux devant les acteurs sociaux et par le Premier ministre, mais au-delà de l'énoncé de ces principes parfois contradictoires, quelle est la politique du gouvernement ? Le gouvernement va " concocter ", -c'est le mot de Francis MER,- une potion, une politique, une vision ? Nous n'en savons rien. En revanche, sa méthode et sa démarche ont déjà été contestées sur le dossier EDF/GDF. D'avoir voulu déconnecter de la réforme générale des retraites, le seul régime spécial d'EDF/GDF, ne pouvait qu'entraîner la suspicion. Le fait même d'avoir lié la réforme des retraites à la privatisation, ne pouvait que mobiliser grand nombre d'électriciens, qui conscients des réformes qu'il faut faire dans le régime des retraites, refusent un plan qui comportait directement ou indirectement la perspective de privatisation de leur entreprise. Et, c'est à ce point-là que la méthode rejoint le fond. On ne peut dissocier la manière de faire, de l'action elle-même. Les critiques que nous portons là encore sur l'action du gouvernement sont nombreuses.
- Depuis 8 mois, il y a eu un désarmement de l'État en matière de politique de l'Emploi. Alors que le contexte économique changeait, alors que le chômage reprenait sa progression, il y a de la part du gouvernement le démantèlement méthodique, scrupuleux de toute la politique volontariste que nous avions engagée, avec la suppression des emplois-jeunes, avec le recours aux heures supplémentaires pour abandonner la perspective des 35 heures, avec la suspension du volet licenciements de la loi de modernisation sociale. Rien de surprenant, mais tout devrait nous inquiéter quant à la progression du chômage.
- Le deuxième niveau d'intervention du gouvernement a été celui des services publics. Là encore nous portons des critiques sérieuses à la fois sur la réduction des moyens qui ont été accordés à l'Éducation nationale, (avec la suppression à terme des aides-éducateurs ou du nombre de surveillants), et sur les perspectives de privatisation de ce service public essentiel.
- Sur la sécurité, nous assistons au spectacle du ministre de l'Intérieur. Nous avons des lois qui s'accumulent les unes aux autres, sans certitude sur leur efficacité et sans assurance de leurs conséquences sur les libertés. Nous avons surtout l'image d'un gouvernement qui n'utilise qu'un volet de la politique de lutte contre la délinquance et qui oublie les deux autres aspects que sont la prévention et l'insertion.
- Nous sommes aussi sévères à l'égard de la politique ou de la non-politique du gouvernement en matière d'Environnement. Il ne suffit pas de se mettre en tenue d'agent anti-pollution sur les plages, il ne suffit pas d'avoir des déclarations compassionnelles, il ne suffit pas d'avoir le souci de lutter y compris avec ses bottes contre les galettes de fioul, il faut aussi avoir de la cohérence, il faut mettre les actes en correspondance avec les paroles ! Constatons qu'en matière d'écologie, il y a eu la aussi réduction des moyens et là aussi déréglementation. Et, on ne peut pas dans la même cérémonie de vux, quand on est chef de l'État, appeler à la responsabilité les entreprises, condamner ceux qui seraient des véreux ou des criminels et en même temps souhaiter une nouvelle fois en recevant les acteurs sociaux, regretter qu'il y ait trop de normes, trop de charges, trop de réglementations, trop de contraintes sur les entreprises.
- Enfin, nous devons être sévères sur l'absence de vision de l'Europe. A un moment où l'élargissement se fait, où la Convention sur la future constitution est au travail, nous ne connaissons toujours rien de la position de la France en matière de construction européenne. Rien sur son projet, rien sur la future constitution, rien sur l'architecture générale, rien sur le rôle de l'Europe par rapport à la mondialisation, dès lors c'est la responsabilité aussi des Socialistes de faire sur ce qu'est ce grand enjeu de faire propositions et de donner une perspective. L'Europe est sans doute à un moment décisif de son histoire et il faudra affirmer un projet, faire une véritable constitution fédérale et assumer l'évolution de l'Europe par rapport à la mondialisation.
la véritable responsabilité du Parti socialiste dans cette année qui s'ouvre.
Mes 3 défis pour le Parti socialiste
J'en arrive à la véritable responsabilité du Parti socialiste dans cette année qui s'ouvre. Le Parti socialiste a supporté de terribles épreuves dans l'année 2002 et les a surmontées. Il est la force principale de l'opposition, il a démontré sa vitalité, malgré l'échec, malgré la défaite : nous avons accueilli plus de 15000 nouveaux adhérents, nous avons tenu un débat militant exemplaire, qui a mobilisé l'ensemble du Parti socialiste, nous avons fait face et nous avons donné une perspective. En cette année qui commence, nous devons à la fois faire vivre notre diversité et permettre à tous les talents, à toutes les personnalités de faire rayonner nos idées et nos conceptions. Nous avons trois défis à relever et je compte sur les militants et les adhérents du Parti socialiste pour être à la hauteur de la charge qui leur incombe.
- Le premier défi est celui de clarifier et de renouveler. Clarifier la ligne du Parti socialiste, réformer à gauche, donner une vision globale de ce que nous devons engager comme réformes, globale pour la société française, globale pour l'Europe, globale pour le monde, par rapport à l'offensive libérale et par rapport aux risques d'aggravation des inégalités. Nous devons donner du sens et de la cohérence, nous ne devons pas considérer que notre seule responsabilité serait sur le seul terrain économique et social, pourtant décisif. Nous devons être aussi sur toutes les questions de société, nous devons être sur tous les domaines de l'action publique, et nous devons considérer qu'à chaque fois fois, nous devons mettre nos solutions à l'échelle qui convient. A l'échelle locale quand c'est possible, à l'échelle nationale, parce ce que c'est ce qui donne une perspective, notamment à l'élection présidentielle, et aux élections législatives. Nous devons aussi être à la hauteur lorsqu'il s'agit de problèmes planétaires, c'est-à-dire de nous mettre en situation de peser sur les choix du monde à travers une contestation, mais aussi une réforme de la mondialisation.
Nous devons aussi assurer le renouvellement de nos idées et de nos pratiques, car tout l'enjeu est de savoir que le Parti socialiste est un Parti qui influence le quart de l'opinion, et parfois moins, come nous avons pu le mesurer hors de l'élection présidentielle. Notre parti ne compte que 115 000 à 125 000 adhérents, dans les dernières statistiques, ce qui est bien peu comparé aux principaux partis sociaux-démocrates. Nous devons donc renouveler nos pratiques autant qu'il sera nécessaire, pour faire ce grand Parti socialiste, changer de mode de représentation, il y en a besoin, pour représenter la diversité de toute la société.
- Le second défi est de rassembler la gauche. A mes yeux la gauche ne peut se rassembler qu'autour d'un Parti socialiste fort. Ce n'est pas la force du Parti socialiste qui menace le rassemblement de la gauche, c'est sa faiblesse. Il faut d'abord redresser le Parti socialiste, le mettre au plus haut pour ensuite faire le rassemblement qui doit se faire sur la base du respect. Le respect, c'est d'abord celui du citoyen, le respect aussi des alliés et celui de l'avenir où nous devons ouvrir des voies vers un rassemblement plus unitaire encore. Il n'y a pas meilleure façon de respecter le citoyen, le partenaire et l'avenir que de proposer un accord de gouvernement pour toutes les élections. C'est maintenant la clef du rassemblement de la gauche et la seule méthode possible. Elle doit être complétée par une discussion citoyenne qui s'ouvrira, je l'espère, au lendemain de nos congrès respectifs, pour faire en sorte que partout en France des forums de la gauche puissent émerger afin que la réflexion s'engage sur ce projet qui peut nous rassembler.
- Le dernier défi est celui d'être utile. Ma conviction est que le Parti socialiste peut et doit être utile dans l'opposition. Il doit l'être d'abord en identifiant les enjeux principaux de notre société, en marquant les différences entre la gauche et la droite, et en faisant apparaître la nécessité de la construction européenne. Oui, nous pouvons être utiles en agissant là où nous exerçons des responsabilités politiques, et nous en exerçons au plan local , départemental et régional. Partout où les Socialistes ont en charge l'avenir de leur collectivité, ils doivent être exemplaires, en matière de démocratie participative et en matière aussi d'imagination quant aux politiques à mettre en uvre. Finalement préparer un projet au plan national, c'est souvent l'expérimenter au plan local, au bon sens du terme. A nous Socialistes d'expérimenter des politiques : politique du temps, politique de l'enfance, de la solidarité, de l'Environnement, de répartition différente d'un certain nombre de prestations, politique d'égalité face au service public. Oui, nous avons aussi à démontrer l'originalité de notre démarche.
Enfin être utile, c'est faire des propositions par rapport à des objectifs, que l'on pourrait résumer ainsi. Nous avons à préparer l'alternative, nous avons aussi à lutter contre l'extrême droite. Je ne fais pas partie de ceux qui pensent qu'après le 21 avril et malgré les indications des élections partielles, nous en ayons terminé avec le populisme, la haine et le racisme. On en a hélas une illustration tous les jours, mais je ne pense pas non plus que nous puissions lutter contre l'extrême droite simplement par tel ou tel mode de scrutin. A cet égard, je voudrais dire que ce qui nous a été proposé par le gouvernement par voie de presse, révèle une conception archaïque au service des intérêts exclusifs de l'UMP. Cette conception archaïque de la démocratie, c'est d'abord la complexité, on le voit bien à travers la réforme proposée du mode de scrutin européen. Nous sommes favorables à de grandes régions. C'était d'ailleurs ce qui était proposé par Lionel JOSPIN, mais arriver à faire la confusion avec des modalités qui justifieraient de mettre tel ou tel quota ou telle ou telle proportion pour telle ou telle région actuelle, dans le cadre des grandes régions électorales, c'est la meilleure façon pour dégoutter les Français de voter. Recul sur la parité, à travers les réformes pour les élections européennes et les élections sénatoriales. C'est aussi un véritable recul sur le non cumul des mandats, puisque pour le Parlement européen il y aurait retour à la situation antérieure. Le gouvernement fait montre de conservatisme alors que sur les cantonales, dans le cas spécifique des Bouches du Rhône, il sait innover parce que c'est là l'intérêt de l 'UMP .
Sur ces dossier-là, le Parti socialiste fera prévaloir l'intérêt général, marquera sa cohérence, ce que nous avons proposé hier nous continuerons de le soutenir, et essaiera de convaincre le gouvernement que s'il veut défendre l'esprit de mai, ce n'est pas simplement avec l'esprit de la réaction et de la défense des intérêts personnels.
Pour un Congrès réussi
Mais revenons au Congrès du Parti socialiste. Qu'est-ce qu'un Congrès réussi ? Un bon Congrès pour la presse, n'est pas forcément un bon Congrès pour les Socialistes, mais je veux croire à votre sens de l'intérêt commun.
Il reste qu'un bon Congrès à mes yeux doit porter sur l'essentiel, c'est-à-dire les idées et la stratégie. Le second élément pour un Congrès réussi est de faire en sorte que les questions de personne et notamment le choix d'un candidat pour l'élection présidentielle dans 4 ans et demi, n'aient pas leur place. Nous y viendrons le moment venu, et pour l'instant nous sortons d'une élection où nous avions le meilleur candidat.
La troisième condition est de créer une dynamique et pour cela il faut créer une majorité forte capable de donner l'impulsion et la cohérence.
En conclusion 2003 sera l'année de la clarification, l'année où les ambiguïtés tomberont, parce qu'elles finissent toujours par tomber, l'année où la démocratie sera confortée par l'affrontement légitime des idées et des projets.
Nous sommes prêts à nous rassembler sur l'essentiel, nous l'avons déjà montré d'ailleurs le 5 mai. Chaque fois que la République est en cause les Socialistes sont prêts à se retrouver dans les initiatives, mais en revanche ce serait le plus mauvais service à rendre à la démocratie que de pratiquer la confusion et l'idée de la pensée commune sur des sujets qui doivent forcément faire apparaître des options alternatives.
La meilleure façon de servir la démocratie et la République, que l'on soit dans le gouvernement ou dans l'opposition, est de faire en sorte que les contradictions s'expriment. 2003 doit être l'année du renouveau, j'ai confiance, parce que je me dis que lorsqu'on a surmonté autant d'épreuves, depuis 8 mois et qu'on en ressort vivant, avec l'envie de continuer à porter les idées qui sont les nôtres, que l'on a conscience que rien ne peut nous atteindre hormis le drame de l'incivisme ou de la division, alors nous pouvons être confiants par rapport à notre destin collectif, à la condition néanmoins de le maîtriser pour le forger. Et ce qui vaut pour les organisations politiques est aussi vrai pour chacun d'entre nous. La meilleure façon d'être confiant dans l'avenir est de maîtriser ses choix et son destin.
(Source http://www.parti-socialiste.fr, le 14 janvier 2003)
Vous dire que nous ne sommes pas fâchés de tourner la page de 2002, ne surprendra personne, même s'il ne faut rien oublier, occulter, de ce qui s'est produit l'année dernière, si on ne veut pas avoir à le revivre plus tard. L'année 2002 a été pour nous l'année de la confusion, l'année 2003 doit être celle de la clarification. L'année 2002 a marqué le deuil cruel de nos ambitions collectives, l'année 2003 doit être le renouveau de nos espérances. L'année s'ouvre dans un contexte lourd, pesant, difficile avec de nombreuses inquiétudes au plan international et économique. Il faut faire preuve dans ces circonstances, à la fois de clarté, de vérité et de volonté.
L'actualité
Sur l'Irak, la tension monte, la guerre se prépare, s'annonce même, des dates sont avancées et beaucoup s'interrogent sur le rôle de la communauté internationale. Il faut donc faire preuve de clarté, c'est l'affirmation du rôle de l'ONU, du Conseil de sécurité pour décider au nom de la communauté internationale ce qu'il y a lieu de faire sur la base de la résolution 1441, dont nous demandons l'effectivité. La vérité c'est d'admettre que depuis le vote de cette résolution et l'envoi des inspecteurs de l'ONU, rien n'a été constaté quant à la détention de ces armes de destruction massive. L'ambition n'a pas été entravée et même les inspecteurs demandent à travailler plus longtemps en Irak. Dès lors, il faut faire preuve de volonté. La volonté, ce n'est pas de préparer nos armées, même si elles sont par définition toujours prêtes, la volonté c'est de s'opposer à la guerre, en utilisant tous les moyens, ceux de la diplomatie, du droit, y compris en utilisant le droit de veto. La volonté, c'est d'exiger un débat au Parlement et un vote avant toute décision de la France.
Nous avons aussi de sérieuses inquiétudes par rapport au ralentissement économique, sujet qui n'est pas sans lien avec le précédent. Incertitudes sur la flambée des cours des matières premières comme le pétrole, sur le ralentissement des investissements et de la consommation.
Inquiétudes au niveau mondial, liées à une aggravation des inégalités planétaires et des risques que ces phénomènes engendrent en terme de frustration et de violence.
Inquiétudes au plan national, avec la remontée du chômage, constatée depuis plusieurs mois, et la multiplication des plans sociaux, des réductions d'emploi et des remises en cause, de l'avenir même de certaines entreprises.
- Inquiétudes enfin liées à un creusement des déficits, publics et sociaux. Pour faire face à la détérioration de la situation économique, le gouvernement n'a pas fait preuve de la clarté nécessaire, alors que dès 2002, tous les ingrédients de la stagnation économique étaient réunis. Le gouvernement n'a pas non plus fait preuve de la volonté indispensable pour faire face à cette situation avec toutes les mesures appropriées.
Mais, c'est peut-être sur le devoir de vérité que les manquements me semblent les plus sérieux et les plus graves et cela me permettra d'étayer le jugement que je veux prononcer sur l'action et la politique du gouvernement de Jean-Pierre RAFFARIN.
Une double critique
Le gouvernement est en place depuis 8 mois et dispose de la confiance du chef de l'État, ce qui n'était pas le cas du gouvernement précédent, et d'une majorité forte à l'Assemblée nationale et au Sénat. Il y a l'indulgence légitime de l'opinion qui veut que la France réussisse surtout après le choc du 21 avril. Après une période de transition toujours ambiguë, où le thème de l'héritage peut être par convenance utilisé, il n'y a plus là d'artifice commode à employer. Le gouvernement est pleinement responsable de l'action qu'il a engagée et de la forme qu'il entend lui donner.
Nous avons une double critique à formuler, sur la méthode et sur le fond : la méthode, ce n'est pas seulement la communication, même si elle est apparue comme une habileté opportune, ne serait-ce que pour différencier Jean-Pierre RAFFARIN de son lointain prédécesseur qui avait connu certaines infortunes. Elle est devenue méthodiquement, une stratégie politique, et même une obsession personnelle : visage de l'émotion et de la compassion, apparence de l'humanisme, mais avec le recours à des techniques de professionnel, souvent importées d'Outre-Atlantique. Mais l'essentiel ne se situe pas là, les formules connaissant toujours leurs limites, la communication également, elles reviennent d'ailleurs comme un boomerang sur leurs auteurs.
La vérité sur 8 mois d'exercice
L'essentiel, et c'est sans doute le plus grave, c'est que le gouvernement ne dit pas la vérité aux Français. Il ne dit pas la vérité sur la croissance : chacun sait que les chiffres de la loi de finances pour 2003 n'ont plus aucune validité, chacun sait que la croissance ne peut pas atteindre 2,5 % et que le chiffre de 2 % encore évoqué hier par Francis MER est irréaliste et que celui affiché par le MEDEF de 1,5, est optimiste. En Allemagne, le taux de croissance ne dépassera pas 1 % en 2003 et en France en 2002, il n'a pas dépassé non plus 1 %. Pourtant hier encore, le ministre de l'Économie des Finances a maintenu contre toute vérité ces chiffres et ces estimations.
- On ne dit pas non plus la vérité sur les déficits. Chacun peut comprendre qu'en période de ralentissement économique, les déficits se creusent, encore faut-il le dire, faut-il en faire un élément d'une politique économique ? Tel n'est pas le cas aujourd'hui. Le déficit de l'État sera proche de 3 % de la richesse nationale, lorsque les comptes nous seront donnés pour l'année 2002. Déjà pour la fin du mois de novembre, nous avons des estimations autour de 58 milliards d'euros, même si les chiffres de l'impôt sur les sociétés ne sont pas encore connus. Il reste cependant acquis que les déficits budgétaires dépasseront les estimations prévues pour 2002 et a fortiori pour 2003. Le gouvernement prépare, on le sait, il l'avoue, un plan de régulation, de gel d'annulation de crédits, sans qu'on puisse en connaître l'importance ni la répartition. Ce plan aura des conséquences sur la vie quotidienne des Français et sur les services publics. Et, nous sommes en droit de demander ce qu'il en est ou ce qu'il en sera des arbitrages budgétaires qui se préparent. Il en est de même pour la Sécurité sociale : nous avons la confirmation d'une dérive sérieuse des déficits cumulés pour l'année 2003, soit sans doute 10 milliards d'euros et, une nouvelle fois, il nous est demandé de relever le plafond des emprunts de la Sécurité sociale, encore une fois, comme si la charge de l'avenir et aussi du présent, pouvait être couverte par l'emprunt.
- Le gouvernement ne dit pas non plus la vérité sur les impôts : Jean-Pierre RAFFARIN par exemple, à l'occasion de ses vux, a dit que la fiscalité locale baisserait cette année, au moment même où le gouvernement a envoyé à Bruxelles le plan de stabilité qui indiquait précisément que les impôts locaux augmenteraient sur la période 2004/2006. Enfin, l'annonce qu'il pourrait y avoir dans le cadre de la décentralisation, une affectation de taux de TIPP aux Collectivités Locales donne le sens de la décentralisation, telle que Jean-Pierre RAFFARIN la conçoit : transfert de charges et transfert d'impôts, avec le risque déjà assumé d'augmentation des prélèvements sur les plus modestes avec le relèvement de la fiscalité indirecte.
- Le gouvernement dissimule aussi sa politique en matière de retraites. Les principes sont plusieurs fois rappelés par le Président de la République à l'occasion de ses vux devant les acteurs sociaux et par le Premier ministre, mais au-delà de l'énoncé de ces principes parfois contradictoires, quelle est la politique du gouvernement ? Le gouvernement va " concocter ", -c'est le mot de Francis MER,- une potion, une politique, une vision ? Nous n'en savons rien. En revanche, sa méthode et sa démarche ont déjà été contestées sur le dossier EDF/GDF. D'avoir voulu déconnecter de la réforme générale des retraites, le seul régime spécial d'EDF/GDF, ne pouvait qu'entraîner la suspicion. Le fait même d'avoir lié la réforme des retraites à la privatisation, ne pouvait que mobiliser grand nombre d'électriciens, qui conscients des réformes qu'il faut faire dans le régime des retraites, refusent un plan qui comportait directement ou indirectement la perspective de privatisation de leur entreprise. Et, c'est à ce point-là que la méthode rejoint le fond. On ne peut dissocier la manière de faire, de l'action elle-même. Les critiques que nous portons là encore sur l'action du gouvernement sont nombreuses.
- Depuis 8 mois, il y a eu un désarmement de l'État en matière de politique de l'Emploi. Alors que le contexte économique changeait, alors que le chômage reprenait sa progression, il y a de la part du gouvernement le démantèlement méthodique, scrupuleux de toute la politique volontariste que nous avions engagée, avec la suppression des emplois-jeunes, avec le recours aux heures supplémentaires pour abandonner la perspective des 35 heures, avec la suspension du volet licenciements de la loi de modernisation sociale. Rien de surprenant, mais tout devrait nous inquiéter quant à la progression du chômage.
- Le deuxième niveau d'intervention du gouvernement a été celui des services publics. Là encore nous portons des critiques sérieuses à la fois sur la réduction des moyens qui ont été accordés à l'Éducation nationale, (avec la suppression à terme des aides-éducateurs ou du nombre de surveillants), et sur les perspectives de privatisation de ce service public essentiel.
- Sur la sécurité, nous assistons au spectacle du ministre de l'Intérieur. Nous avons des lois qui s'accumulent les unes aux autres, sans certitude sur leur efficacité et sans assurance de leurs conséquences sur les libertés. Nous avons surtout l'image d'un gouvernement qui n'utilise qu'un volet de la politique de lutte contre la délinquance et qui oublie les deux autres aspects que sont la prévention et l'insertion.
- Nous sommes aussi sévères à l'égard de la politique ou de la non-politique du gouvernement en matière d'Environnement. Il ne suffit pas de se mettre en tenue d'agent anti-pollution sur les plages, il ne suffit pas d'avoir des déclarations compassionnelles, il ne suffit pas d'avoir le souci de lutter y compris avec ses bottes contre les galettes de fioul, il faut aussi avoir de la cohérence, il faut mettre les actes en correspondance avec les paroles ! Constatons qu'en matière d'écologie, il y a eu la aussi réduction des moyens et là aussi déréglementation. Et, on ne peut pas dans la même cérémonie de vux, quand on est chef de l'État, appeler à la responsabilité les entreprises, condamner ceux qui seraient des véreux ou des criminels et en même temps souhaiter une nouvelle fois en recevant les acteurs sociaux, regretter qu'il y ait trop de normes, trop de charges, trop de réglementations, trop de contraintes sur les entreprises.
- Enfin, nous devons être sévères sur l'absence de vision de l'Europe. A un moment où l'élargissement se fait, où la Convention sur la future constitution est au travail, nous ne connaissons toujours rien de la position de la France en matière de construction européenne. Rien sur son projet, rien sur la future constitution, rien sur l'architecture générale, rien sur le rôle de l'Europe par rapport à la mondialisation, dès lors c'est la responsabilité aussi des Socialistes de faire sur ce qu'est ce grand enjeu de faire propositions et de donner une perspective. L'Europe est sans doute à un moment décisif de son histoire et il faudra affirmer un projet, faire une véritable constitution fédérale et assumer l'évolution de l'Europe par rapport à la mondialisation.
la véritable responsabilité du Parti socialiste dans cette année qui s'ouvre.
Mes 3 défis pour le Parti socialiste
J'en arrive à la véritable responsabilité du Parti socialiste dans cette année qui s'ouvre. Le Parti socialiste a supporté de terribles épreuves dans l'année 2002 et les a surmontées. Il est la force principale de l'opposition, il a démontré sa vitalité, malgré l'échec, malgré la défaite : nous avons accueilli plus de 15000 nouveaux adhérents, nous avons tenu un débat militant exemplaire, qui a mobilisé l'ensemble du Parti socialiste, nous avons fait face et nous avons donné une perspective. En cette année qui commence, nous devons à la fois faire vivre notre diversité et permettre à tous les talents, à toutes les personnalités de faire rayonner nos idées et nos conceptions. Nous avons trois défis à relever et je compte sur les militants et les adhérents du Parti socialiste pour être à la hauteur de la charge qui leur incombe.
- Le premier défi est celui de clarifier et de renouveler. Clarifier la ligne du Parti socialiste, réformer à gauche, donner une vision globale de ce que nous devons engager comme réformes, globale pour la société française, globale pour l'Europe, globale pour le monde, par rapport à l'offensive libérale et par rapport aux risques d'aggravation des inégalités. Nous devons donner du sens et de la cohérence, nous ne devons pas considérer que notre seule responsabilité serait sur le seul terrain économique et social, pourtant décisif. Nous devons être aussi sur toutes les questions de société, nous devons être sur tous les domaines de l'action publique, et nous devons considérer qu'à chaque fois fois, nous devons mettre nos solutions à l'échelle qui convient. A l'échelle locale quand c'est possible, à l'échelle nationale, parce ce que c'est ce qui donne une perspective, notamment à l'élection présidentielle, et aux élections législatives. Nous devons aussi être à la hauteur lorsqu'il s'agit de problèmes planétaires, c'est-à-dire de nous mettre en situation de peser sur les choix du monde à travers une contestation, mais aussi une réforme de la mondialisation.
Nous devons aussi assurer le renouvellement de nos idées et de nos pratiques, car tout l'enjeu est de savoir que le Parti socialiste est un Parti qui influence le quart de l'opinion, et parfois moins, come nous avons pu le mesurer hors de l'élection présidentielle. Notre parti ne compte que 115 000 à 125 000 adhérents, dans les dernières statistiques, ce qui est bien peu comparé aux principaux partis sociaux-démocrates. Nous devons donc renouveler nos pratiques autant qu'il sera nécessaire, pour faire ce grand Parti socialiste, changer de mode de représentation, il y en a besoin, pour représenter la diversité de toute la société.
- Le second défi est de rassembler la gauche. A mes yeux la gauche ne peut se rassembler qu'autour d'un Parti socialiste fort. Ce n'est pas la force du Parti socialiste qui menace le rassemblement de la gauche, c'est sa faiblesse. Il faut d'abord redresser le Parti socialiste, le mettre au plus haut pour ensuite faire le rassemblement qui doit se faire sur la base du respect. Le respect, c'est d'abord celui du citoyen, le respect aussi des alliés et celui de l'avenir où nous devons ouvrir des voies vers un rassemblement plus unitaire encore. Il n'y a pas meilleure façon de respecter le citoyen, le partenaire et l'avenir que de proposer un accord de gouvernement pour toutes les élections. C'est maintenant la clef du rassemblement de la gauche et la seule méthode possible. Elle doit être complétée par une discussion citoyenne qui s'ouvrira, je l'espère, au lendemain de nos congrès respectifs, pour faire en sorte que partout en France des forums de la gauche puissent émerger afin que la réflexion s'engage sur ce projet qui peut nous rassembler.
- Le dernier défi est celui d'être utile. Ma conviction est que le Parti socialiste peut et doit être utile dans l'opposition. Il doit l'être d'abord en identifiant les enjeux principaux de notre société, en marquant les différences entre la gauche et la droite, et en faisant apparaître la nécessité de la construction européenne. Oui, nous pouvons être utiles en agissant là où nous exerçons des responsabilités politiques, et nous en exerçons au plan local , départemental et régional. Partout où les Socialistes ont en charge l'avenir de leur collectivité, ils doivent être exemplaires, en matière de démocratie participative et en matière aussi d'imagination quant aux politiques à mettre en uvre. Finalement préparer un projet au plan national, c'est souvent l'expérimenter au plan local, au bon sens du terme. A nous Socialistes d'expérimenter des politiques : politique du temps, politique de l'enfance, de la solidarité, de l'Environnement, de répartition différente d'un certain nombre de prestations, politique d'égalité face au service public. Oui, nous avons aussi à démontrer l'originalité de notre démarche.
Enfin être utile, c'est faire des propositions par rapport à des objectifs, que l'on pourrait résumer ainsi. Nous avons à préparer l'alternative, nous avons aussi à lutter contre l'extrême droite. Je ne fais pas partie de ceux qui pensent qu'après le 21 avril et malgré les indications des élections partielles, nous en ayons terminé avec le populisme, la haine et le racisme. On en a hélas une illustration tous les jours, mais je ne pense pas non plus que nous puissions lutter contre l'extrême droite simplement par tel ou tel mode de scrutin. A cet égard, je voudrais dire que ce qui nous a été proposé par le gouvernement par voie de presse, révèle une conception archaïque au service des intérêts exclusifs de l'UMP. Cette conception archaïque de la démocratie, c'est d'abord la complexité, on le voit bien à travers la réforme proposée du mode de scrutin européen. Nous sommes favorables à de grandes régions. C'était d'ailleurs ce qui était proposé par Lionel JOSPIN, mais arriver à faire la confusion avec des modalités qui justifieraient de mettre tel ou tel quota ou telle ou telle proportion pour telle ou telle région actuelle, dans le cadre des grandes régions électorales, c'est la meilleure façon pour dégoutter les Français de voter. Recul sur la parité, à travers les réformes pour les élections européennes et les élections sénatoriales. C'est aussi un véritable recul sur le non cumul des mandats, puisque pour le Parlement européen il y aurait retour à la situation antérieure. Le gouvernement fait montre de conservatisme alors que sur les cantonales, dans le cas spécifique des Bouches du Rhône, il sait innover parce que c'est là l'intérêt de l 'UMP .
Sur ces dossier-là, le Parti socialiste fera prévaloir l'intérêt général, marquera sa cohérence, ce que nous avons proposé hier nous continuerons de le soutenir, et essaiera de convaincre le gouvernement que s'il veut défendre l'esprit de mai, ce n'est pas simplement avec l'esprit de la réaction et de la défense des intérêts personnels.
Pour un Congrès réussi
Mais revenons au Congrès du Parti socialiste. Qu'est-ce qu'un Congrès réussi ? Un bon Congrès pour la presse, n'est pas forcément un bon Congrès pour les Socialistes, mais je veux croire à votre sens de l'intérêt commun.
Il reste qu'un bon Congrès à mes yeux doit porter sur l'essentiel, c'est-à-dire les idées et la stratégie. Le second élément pour un Congrès réussi est de faire en sorte que les questions de personne et notamment le choix d'un candidat pour l'élection présidentielle dans 4 ans et demi, n'aient pas leur place. Nous y viendrons le moment venu, et pour l'instant nous sortons d'une élection où nous avions le meilleur candidat.
La troisième condition est de créer une dynamique et pour cela il faut créer une majorité forte capable de donner l'impulsion et la cohérence.
En conclusion 2003 sera l'année de la clarification, l'année où les ambiguïtés tomberont, parce qu'elles finissent toujours par tomber, l'année où la démocratie sera confortée par l'affrontement légitime des idées et des projets.
Nous sommes prêts à nous rassembler sur l'essentiel, nous l'avons déjà montré d'ailleurs le 5 mai. Chaque fois que la République est en cause les Socialistes sont prêts à se retrouver dans les initiatives, mais en revanche ce serait le plus mauvais service à rendre à la démocratie que de pratiquer la confusion et l'idée de la pensée commune sur des sujets qui doivent forcément faire apparaître des options alternatives.
La meilleure façon de servir la démocratie et la République, que l'on soit dans le gouvernement ou dans l'opposition, est de faire en sorte que les contradictions s'expriment. 2003 doit être l'année du renouveau, j'ai confiance, parce que je me dis que lorsqu'on a surmonté autant d'épreuves, depuis 8 mois et qu'on en ressort vivant, avec l'envie de continuer à porter les idées qui sont les nôtres, que l'on a conscience que rien ne peut nous atteindre hormis le drame de l'incivisme ou de la division, alors nous pouvons être confiants par rapport à notre destin collectif, à la condition néanmoins de le maîtriser pour le forger. Et ce qui vaut pour les organisations politiques est aussi vrai pour chacun d'entre nous. La meilleure façon d'être confiant dans l'avenir est de maîtriser ses choix et son destin.
(Source http://www.parti-socialiste.fr, le 14 janvier 2003)