Déclaration de M. Jacques Dondoux, secrétaire d'Etat au commerce extérieur, sur le développement économique des entreprises, notamment dans le cadre de l'euro, des nouvelles technologies et de la réduction du temps de travail, Marcigny (Haute Loire) le 5 février 1998.

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Circonstance : Réunion avec les chefs d'entreprise à Marcigny (Haute Loire) le 5 février 1998

Texte intégral

Je suis heureux d'être ici aujourd'hui en Saône-et-Loire pour parler avec vous de la politique économique de la France, à l'invitation de M. Jacques REBILLARD, député.
J'irai à l'essentiel et ne vous ferai pas un exposé complet.
L'important c'est que nous discutions.
Je vous propose de faire avec vous un rapide bilan de l'année écoulée, et d'explorer les perspectives pour 1998.
1997 a été, à plusieurs titres, une très bonne année pour notre commerce extérieur.
Nos exportations ont été particulièrement dynamiques : + 13 % (chiffre des 10 premiers mois 1997, comparés aux 10 premiers mois 1996). C'est très clairement un signe de bonne santé pour nos entreprises.
La croissance de nos importations s'accélère aussi : + 8 % sur la même période. C'est le signe d'une reprise de la demande intérieure.
Nous avons au total dégagé un solde positif élevé, que nous ne connaîtrons avec exactitude que fin février, mais qui devrait être d'environ 70 milliards de francs sur l'année, à comparer aux 89 milliards de francs de 1996. Nos échanges extérieurs ont tiré la croissance et l'emploi.
C'est une excellente performance, et une très bonne nouvelle pour notre économie.
Je crois qu'aujourd'hui les entreprises doivent absolument saisir trois opportunités.
LA PREMIERE, VOUS LE SAVEZ, C'EST L'EURO
L'Euro va se faire
La France fera partie du premier groupe de pays qualifiés.
Je vous rappelle que ce n'était pas si évident il y a quelques mois.
Le Gouvernement a pris les mesures nécessaires même si elles sont difficiles.
Ce qu'il faut voir est que l'Euro va constituer un élément d'expansion pour nos entreprises, qui seront protégées de ces dévaluations compétitives qui ont mis à mal certains secteurs de notre économie.
L'Euro va aussi favoriser une baisse de taux d'intérêt.
Enfin, l'Euro va aussi simplifier les échanges, en particulier pour les PME et les PMI.
Je crois que si les entreprises françaises se préparent efficacement pour l'Euro, elles peuvent en tirer un avantage compétitif par rapport à leurs concurrents.
LA SECONDE OPPORTUNITÉ, CE SONT LES NOUVELLES TECHNOLOGIES
Je ferai deux observations.
Si on compare l'investissement en France et aux États-Unis sur ces dernières années, on observe que la différence du taux d'investissement des entreprises américaines par rapport aux entreprises françaises s'explique par l'effort considérable que les américains ont accompli dans le domaine des nouvelles technologies : équipements informatiques, réseau Internet et Intranet, etc..
Je constate avec satisfaction que la France décolle.
L'Association Française de la Télématique vient de publier les derniers chiffres : 321.000 ordinateurs raccordés ; + 62 % en un an ; 20 % des PME de moins de 200 salariés ; 30 % pour la tranche de 200 à 300.
Il faut poursuivre dans cette voie d'un rattrapage rapide.
"ELEMENTS POUR DEPLACEMENT EN PROVINCE"
03/02/98
Partie :
" La seconde opportunité, ce sont les nouvelles technologies ... "
1) Les technologies de l'information sont au coeur de la compétition économique mondiale
Les technologies de l'information et de la communication sont dès aujourd'hui au coeur de la concurrence internationale et de la compétitivité des entreprises. La société de l'information, loin de n'être qu'un horizon vague, est en train de devenir aujourd'hui une réalité. Elle fournit des outils et des services utiles à la maison, sur le lieu de travail, partout, et en particulier pour les entreprises.
La maîtrise de l'information est également devenue, pour les sociétés et pour les administrations dont la mission est de les soutenir, un enjeu stratégique : savoir lire au plus tôt et le mieux possible les évolutions de la demande, de la réglementation, des techniques, connaître les forces et les faiblesses des concurrents ou des partenaires potentiels constituent la garantie de l'efficacité et souvent de la survie dans la compétition mondiale.
Nos entreprises doivent mieux réaliser le formidable bouleversement que constitue Internet dans la vie économique. Pour amener les entreprises sur les marchés étrangers par les technologies de l'information, il ne s'agit pas seulement de faire prendre conscience aux entreprises de l'existence des nouvelles technologies, mais également de les sensibiliser à l'usage particulier d'Internet pour l'exportation.
2) Il faut sensibiliser et accompagner les entreprises dans leur conquêtes de nouveaux marchés.
La seule existence de quelques pages sur la Toile n'est pas une condition suffisante pour aborder les marchés à l'exportation au moyen d'Internet ; il est nécessaire de prendre également en compte les aspects spécifiques de ces marchés et de leur approche à l'aide des technologies de l'information.
Une action de promotion et de sensibilisation, destinée à promouvoir l'image internationale de la France est mise en place : " Les exportateurs sur la Toile " . Un label sera délivré aux entreprises les plus innovantes dans ce domaine. Les P.M.E. pourront bénéficier d'une aide au financement de leur site, dotée de 20 millions de francs sur deux ans, financés par redéploiement de crédits du commerce extérieur.
3) Les P.M.E. peuvent être le moteur de changement.
Une autre priorité sur laquelle je voudrais mettre l'accent aujourd'hui, ce sont les P.M.E. Elles jouent un rôle essentiel dans l'économie française et occupent l'essentiel de la main d'oeuvre salariée et créent plus d'emplois que les grandes entreprises.
Les P.M.E. réalisent aussi environ 40 % de nos exportations mais ce chiffre élevé ne doit pas cacher que les P.M.E. françaises restent assez peu internationalisées et souffrent plus souvent que d'autres de problèmes de taille critique dans leur approche des marchés étrangers.
Le développement d'Internet nous offre une formidable opportunité d'améliorer cette situation. Le commerce électronique ouvre en effet aux P.M.E. la perspective d'un accès au marché mondial pour un coût très faible. Il est relativement peu coûteux d'établir un site sur la Toile et une entreprise qui " monte " sur Internet devient instantanément visible du monde entier.
LA TROISIEME OPPORTUNITÉ EST LA RÉDUCTION DU TEMPS DE TRAVAIL.
Je ne dirai pas que la justification de la RTT est uniquement économique.
Il est clair que ce que souhaitent le Premier Ministre et le Gouvernement c'est de jouer avec tous les leviers dont nous disposons pour lutter contre le chômage.
Il faut être clair : une croissance à 3 % ne crée pas suffisamment d'emplois pour faire reculer significativement le chômage.
La RTT a donc un aspect politique : la réduction du chômage.
Les simulations, qu'ont réalisé le Ministère de l'Économie, des Finances et de l'Industrie et le Ministère de l'Emploi et de la Solidarité, montrent qu'à terme plusieurs centaines de milliers d'emplois peuvent ainsi être créés.
Mais je crois que la RTT a une justification aussi économique, et c'est ce que certains représentants du patronat semblent ne pas comprendre.
De quoi ont besoin nos entreprises dans la compétition mondiale aujourd'hui :
*de fournir un meilleur service à leurs clients,
*de maîtriser leurs coûts,
*d'obtenir un cadre prévisible.
En quoi la RTT correspond-elle à ces besoins ?
Je vous demande de bien regarder ce qu'a prévu le Gouvernement sur 3 points :
1) des aides,
2) une réduction de la durée du travail de 10 % pour une création d'emploi de 6 %
3) une négociation qui permet de discuter :
*de l'organisation du travail,
*de l'évolution des salaires,
*du nombre et du tarif des heures supplémentaires, etc.
Si vous additionnez les trois facteurs, je vois mal comment on peut dire que les entreprises, à cause de la RTT, vont perdre en compétitivité.
Ce qui est la conséquence logique de mon analyse, c'est que les entreprises doivent ouvrir rapidement les négociations pour entrer dans le dispositif (je vous rappelle que plus vous allez vite, plus les aides financières de l'État seront importantes).
Et ceci vaut pour les PME-PMI.
Je conclus : il y a un peu de mouvement sur la RTT au C.N.P.F. qui est en campagne électorale.
Ne vous laissez pas détourner de l'essentiel.
Regardez bien, par vous-même, ce que prévoit le Gouvernement.
Regardez ce que font les entreprises qui ont choisi la RTT.
Et vous verrez quel est votre intérêt.
(source http://www.minefi.gouv.fr, le 23 août 2002)