Article de Mme Elisabeth Guigou, ministre de la justice, dans "Le Courrier de la Chancellerie" de décembre 1997, sur le plan et la réalisation du programme emplois-jeunes au Ministère de la justice.

Prononcé le 1er décembre 1997

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Média : Le Courrier de la Chancellerie

Texte intégral

Créer 350 000 emplois pour les jeunes, c'est d'abord conduire notre société à accomplir un geste civique. Quel sens peut avoir la vie d'une collectivité si elle ne se donne pas comme premier objectif l'avenir de la jeunesse, avenir qui passe par l'insertion professionnelle ?
Lier la création de ces emplois à la satisfaction de besoins nouveaux marque la volonté d'améliorer le fonctionnement du service public de la Justice. Associer la jeunesse à ce projet est lui faire la place qui lui convient.
Il est essentiel que notre ministère prenne une place significative dans la réalisation de ce programme. En effet, quotidiennement, la Justice est confrontée aux conséquences de ces difficultés d'insertion. L'institution judiciaire doit donc s'engager pour offrir une chance à ces jeunes.
La Justice constitue, en outre, un lieu exceptionnel d'échanges humains. Les jeunes qui interviendront dans le domaine de la Justice trouveront, auprès des magistrats, des fonctionnaires et des responsables associatifs, une professionnalisation, mais aussi un enrichissement personnel et une formation aux responsabilités de citoyen.
Il faut que les réponses judiciaires évoluent. C'est une condition de la reconstruction d'une relation plus confiante entre la Justice et nos concitoyens. Il s'agit, en premier lieu, d'aider à développer l'accès au droit des personnes les plus défavorisées ce qui ne passe pas nécessairement par une saisine de la Justice.
J'ai constaté à plusieurs reprises le changement réel qu'apporte une réponse de proximité dans les maisons de la Justice et du Droit, dans des lieux d'information montés en partenariat avec des municipalités ou des caisses d'allocations familiales. Le plan emplois jeunes est l'occasion d'accélérer cette ouverture de la Justice.
A cette action pour l'égalité des droits doit s'ajouter une volonté permanente d'humanisation de la Justice. Les victimes doivent faire l'objet d'une attention et d'un soutien tout au long des procédures. Tout justiciable devrait pouvoir bénéficier d'un accompagnement personnalisé dans une juridiction. Le plan emplois jeunes contribuera à l'amélioration de ce service rendu au public. L'apport de ces jeunes devrait enfin permettre de développer les moyens de l'insertion ou de la réinsertion des personnes dont le ministère de la Justice a la charge : personnes prévenues ou condamnées, mineurs de la Protection Judiciaire de la Jeunesse.
Le programme emplois jeunes est une occasion de réfléchir sur le modèle de Justice que nous voulons offrir à nos concitoyens. Ceux-ci demandent à la fois une plus grande présence destinée à affirmer les repères de notre vie commune, mais aussi une évolution de ses modes d'intervention vers plus de simplicité, plus de lisibilité.
En s'impliquant dans l'ouverture de la Justice, dans l'attention portée au justiciable, dans le développement des démarches de médiation et de conciliation, des magistrats, des fonctionnaires, des auxiliaires de justice, des militants associatifs, de simples citoyens s'efforcent de donner un contenu à ces aspirations. Soyez tous remerciés pour votre engagement dans cette volonté d'améliorer les réponses du service public en associant ces jeunes qui vont ainsi participer à l'oeuvre de la Justice.
Elisabeth Guigou
Garde des Sceaux
Ministre de la Justice