Déclaration de M. Jean-Jack Queyranne, secrétaire d'Etat à l'Outre-mer, sur l'aide aux jeunes entrepreneurs dans les DOM TOM, Paris le 5 novembre 1999.

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Circonstance : Premier forum national des jeunes créateurs d'entreprises d'outre-mer, Paris les 5 et 6 novembre 1999

Texte intégral

Madame la ministre,
Mesdames, mesdemoiselles, messieurs,
Permettez-moi d'abord de remercier Philippe Salles et ses collaborateurs du GIP Défi-jeunes, d'avoir pris l'initiative d'organiser cette manifestation qui contribue à donner une image positive de l'outre mer français, rompant ainsi avec les clichés parfois caricaturaux qui circulent encore en métropole.
Je veux également remercier ceux d'entre vous qui venez de l'un des quatre départements d'outre mer ou pour quelques uns, de plus loin encore, de Mayotte et de la Polynésie française.
Vous êtes la preuve vivante que les sociétés d'outre mer ne sont pas ces milieux anémiques que certains se plaisent à décrire, qui ne vivraient que sous perfusion, grâce aux transferts financiers de la métropole.
Témoigne du dynamisme de l'outre mer, la part des projets de création d'activités durables et notamment d'entreprises, dans l'ensemble des projets examinés par les jurys chargés de distribuer les bourses Défi-jeunes. Cette part est près de trois fois supérieure en outre - mer à celle de la métropole. Et 80% des lauréats des départements d'outre - mer créent leur entreprise contre 30% en métropole.
Témoigne également de cette capacité d'initiative, la très grande diversité des activités créées par les lauréats :
- services aux personnes et aux collectivités, dans tous les domaines : transport, restauration, formation aux multi média, réalisation de sites Internet, bureaux d'études, fabrication de matériels de pirogues de compétition, etc,
- entreprises artisanales dans le secteur de la menuiserie, de l'ébénisterie, de la fabrication d'instruments de musique traditionnels, de la broderie, de la création et de l'entretien d'espaces verts, de la création florale etc
- la mode est également représentée, avec plusieurs ateliers de couture et de confection ou de stylisme, salons de coiffure et instituts de beauté etc
- le tourisme, les activités de loisirs et sportives ont intéressé également plusieurs d'entre vous,
- on note enfin une quinzaine d'entreprises ou d'initiatives personnelles dans les métiers des arts, de la culture et de l'éducation.
Certaines de ces entreprises sont déjà insérées dans une économie de marché et s'autofinancent. D'autres appartiennent à l'économie solidaire et s'impliquent sur le terrain de l'insertion, constituant ainsi une bouée de sauvetage pour des personnes en grande précarité, après avoir permis à leurs créateurs de sortir eux-mêmes du chômage.
L'encouragement des initiatives des jeunes qui souhaitent créer leur activité, est pour le gouvernement une priorité nationale. C'est d'autant plus vrai en outre - mer où 35% des habitants ont moins de 20 ans contre 25% en métropole.
Les dispositifs de droit commun mis en place à cette fin, sur le plan national, s'appliquent pleinement dans les départements d'outre-mer :
- Après la suppression de l'aide financière qui faisait la particularité de l'ACCRE (aide aux chômeurs créateurs ou repreneurs d'entreprise) en janvier 1997, la loi sur les emplois-jeunes et la loi sur les exclusions ont mis en place le dispositif EDEN. Il permet aux jeunes de moins de 26 ans, aux RMIstes et aux bénéficiaires de l'allocation spécifique de solidarité, désireux de créer leur entreprise, de bénéficier d'une avance remboursable sur cinq ans à taux zéro de 30 à 40 000 francs, d'une éxonération de charges sociales pendant un an et d'un suivi renforcé pendant les premières années de la nouvelle activité.
- L'aide à la première embauche s'applique également dans les départements d'outre-mer comme en métropole. Elle consiste en une exonération pendant deux ans, de la part patronale des charges sociales sur le salaire du premier salarié recruté en CDI ou CDD d'au moins 12 mois.
- Les départements d'outre-mer bénéficient également des mesures d'aide aux entreprises d'insertion par l'économique. L'aide de l'Etat a été portée à 50 000 francs par an et par poste de travail depuis cette année. Dans les départements d'outre-mer, les entreprises d'insertion peuvent recourir en outre, aux contrats d'accès à l'emploi qui permettent à l'employeur de bénéficier d'une aide allant jusqu'à 2000 francs par mois et par contrat pendant deux ans.
Le projet de loi d'orientation pour l'outre-mer qui sera présenté au parlement au premier semestre 2000, contiendra des mesures pour favoriser la création et le développement des très petites entreprises, qui forment le vivier économique des sociétés d'outre-mer. Les jeunes, qui sont l'avenir de ces sociétés, seront au cur de ce projet.
Nous envisageons notamment, la création d'un Contrat Initiative Jeune pour mieux soutenir les projets professionnels des jeunes, chaque fois qu'ils le souhaitent, les aider à mettre en uvre leurs idées, leurs savoir-faire et à créer leur activité et des emplois.
Le Défi-jeunes démontre que cette voie est la bonne et qu'elle demande à être amplifiée.
La mise en uvre de ces mesures sera efficace si des dispositions sont prises pour accompagner les jeunes créateurs d'activités pendant la phase de démarrage de leur entreprise.
Le dossier de presse souligne l'absence de ressources locales dans les départements d'outre mer en matière de conseil, d'expertise et de formation dans les domaines juridiques, économiques fiscaux et techniques. Ce diagnostic est un peu sévère. Les compétences existent dans les départements d'outre-mer : correspondants locaux du GIP Défi-jeunes, chambres consulaires, fédérations d'éducation populaire, services extérieurs de l'Etat.
Nous avons en outre, sur les crédits du secrétariat d'Etat à l'outre-mer, favorisé cette année l'implantation aux Antilles et en Nouvelle Calédonie de l'Association pour le développement de l'initiative économique (A.D.I.E.) dont l'action dans ce domaine est très appréciée. Ce qu'il faut aujourd'hui, c'est mettre en réseau ces compétences, en former de nouvelles, faire circuler les informations et les savoir-faire. Le GIP Défi jeunes doit pouvoir jouer un rôle de fédérateur des réseaux d'accompagnement des projets de jeunes, à l'exemple de la Guyane où l'antenne du GIP a été la rampe de lancement de la boutique de gestion de Cayenne.
Je souhaite que ces deux journées de rencontres à Paris permettent de nouvelles avancées. Je remercie tous les lauréats pour l'action qu'ils mènent, mais aussi, et c'est très important, pour être venus témoigner en métropole du dynamisme économique de l'outre-mer et de la capacité d'initiative et de créativité des jeunes, qui méritent notre pleine confiance.
(source http://www.outre-mer.gouv.f. le 8 novembre 1999)