Déclaration de M. Jean-Claude Gayssot, ministre de l'équipement des transports et du logement, sur la construction d'une déviation entre Thourotte et Ribécourt et sur la nécessité de moderniser le transport fluvial, de développer et de sécuriser le réseau fluvial, Ribécourt, le 14 janvier 2000.

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Texte intégral

Monsieur le Député,
Mesdames et Messieurs les parlementaires et les élus,
Mesdames et Messieurs,
C'est croyez le, avec grand plaisir que je suis parmi vous cette après midi, à l'invitation de Patrice Carvalho qui a su me convaincre de venir visiter le chantier de la RN 32.
Si j'ai accepté cette invitation, alors que l'actualité m'impose un emploi du temps particulièrement chargé, c'est bien sûr en raison des liens amicaux que j'entretiens avec Patrice Carvalho, mais aussi parce qu'il m'est particulièrement utile de pouvoir, même brièvement, toucher du doigt les réalités du terrain et m'entretenir avec les responsables locaux.
Comme je le dit souvent, il est pour moi essentiel, pour guider mon action de pouvoir croiser les avis des experts "d'en haut " qui m'entourent et des experts de terrains que sont les élus ou les associations. C'est me semble-t-il une condition indispensable pour une action de l'État proche des préoccupations et des besoins de nos concitoyens.
Comme vous le savez mon action est guidée par le souci de rééquilibrer la part des différents modes de transports. Une politique du tout routier conduirait inévitablement à l'asphyxie et à de graves problèmes environnementaux et de sécurité. C'est pourquoi je développe depuis bientôt trois ans, une politique ambitieuse en faveur du transport ferroviaire et aussi de la voie d'eau. Et c'est à cet effet que les enveloppes des prochains contrats de plan ont été très fortement rééquilibrées: multiplication par 10 pour le fer, par 8 pour la voie d'eau.
Mais ceci ne veut pas dire que je néglige la route ou que je considère qu'il n'y aurait pas encore des investissements importants à réaliser.
La RN 32 est un bon exemple des besoins auxquels il nous faut répondre.
Voilà une route nationale qui est proche de la saturation avec un trafic de plus de 12 000 véhicules par jour, dont 12 % de poids lourds et qui traversant plusieurs agglomérations n'offre pas à ses utilisateurs les commodités et les conditions de sécurité qu'ils sont en droit d'attendre d'une infrastructure nationale; et qui n'offre pas non plus aux habitants des agglomérations traversées un cadre de vie satisfaisant.
Par ailleurs, cette route constitue incontestable un axe important pour le développement économique de ce secteur de l'Oise.
Des investissements y sont donc clairement indispensables.
La déviation de Thourotte et Ribécourt en est l'élément principal. J'ai pu mesurer aujourd'hui l'importance de ce chantier de 525 millions de francs et 15 kilomètres de long. Sa mise en service permettra d'en apprécier toute l'utilité:
- pour les habitants des communes contournées, qui ne subiront plus les nuisances des poids lourds et les dangers d'une circulation dense et rapide ;
- pour les usagers qui verront leurs temps de parcours raccourcis, et leurs conditions de sécurité améliorées ;
- pour les activités et les entreprises de la région de Noyon, dont les facilité d'accès vers le sud seront fortement améliorées.
En réalité, c'est bien avant cette visite d'aujourd'hui que, par l'intermédiaire de Patrice Carvalho, j'ai été sensibilisé à l'intérêt de cette opération et à la nécessité de mener le chantier à un bon rythme.
C'est ainsi que j'ai pu, en fin d'année, ajouter 15 millions de francs de crédits supplémentaires par rapport à l'exécution normale de la programmation 1999, ce qui a permis avec la part de la région un apport complémentaire total de 30 MF.
Cet effort supplémentaire en fin 1999 permettra que la mise en service de cette déviation intervienne au deuxième semestre 2001 et que le complément de financement nécessaire au prochain contrat État région soit limité à un peu plus de 70 MF.
Au delà se pose évidemment la question de la suite entre Ribécourt et Noyon.
Cette question doit se régler dans le cadre de la négociation du contrat de plan.
L'enveloppe routière de la Picardie a été portée à un niveau élevé: 1 milliard 70 millions, à comparer aux 680 millions effectivement mis en place durant le 11ème plan. Mais je sais que les besoins sont importants et multiples et que les marges de manoeuvre sont étroites.
Toutefois il m'apparaît nécessaire d'engager l'aménagement entre Ribécourt et Noyon au cours du 12ème plan.
Pour cela il faut d'abord faire les études, lancer et conduire jusqu'à son terme la procédure de DUP, et procéder aux acquisitions foncières. Les dépenses correspondantes seront prévues au contrat de plan.
Mais il est souhaitable de pouvoir aller au delà et que de premiers travaux s'engagent avant la fin du plan. Pour cela j'ai demandé au Préfet de région, qui conduit pour le compte de l'État la négociation du contrat de plan, d'envisager l'inscription de premiers crédits de travaux à hauteur de 30 millions.
L'actualité me conduit à évoquer les ouragans des 26 et 27 décembre dernier qui, entre autres dégâts, ont durement meurtri la forêt française. Votre département, avec, m'a-t-on dit, 100 000 mètres cube d'arbres abattus ou cassés dont 30 000 dans le secteur de Compiègne, n'a pas échappé à cette catastrophe.
Comme vous le savez, mon ministère est l'un des plus importants planteurs de végétaux en France en raison des aménagements paysagers qu'il réalise chaque année lors de la construction des routes et autoroutes.
Aussi j'ai demandé qu'un effort exceptionnel soit fait pour participer à la reconstitution des forêts dans le cadre des réalisations d'infrastructures routières, autoroutières et ferroviaires à venir; l'objectif étant de planter dix millions d'arbres dans les dix prochaines années.
Les aménagements paysagers de la RN 32 entre Thourotte et Ribécourt doivent être l'occasion de participer à ce reboisement, et je demande qu'un effort particulier soit fait dans ce sens.
Nous sommes ici dans la vallée de l'Oise et je ne voudrais donc pas terminer mon propos sans évoquer la voie d'eau.
Après des décennies de déclin le trafic de la voie d'eau se redresse de façon spectaculaire. Les chiffres encore provisoires pour 1999 confirment les excellentes performances de 1998, avec un rythme de croissance qui sera probablement un peu supérieur à 8%.
Cette croissance du trafic répond à l'effort budgétaire qui a été fait pour fiabiliser et moderniser notre réseau. Les crédits du FITTVN consacrés à la voie d'eau ont ainsi augmenté de 43% entre 1997 et 2000.
Le développement du transport fluvial suppose pour l'avenir, bien sûr, et c'est la priorité, la poursuite de la modernisation du réseau mais aussi là où cela est économiquement justifié son développement.
C'est dans cette perspective que le gouvernement aura, dans le cadre du schéma de service transport de marchandises en cours d'élaboration, à se prononcer sur la liaison Seine Nord.
Cette liaison doit se comprendre dans toute sa dimension , c'est à dire comme une liaison reliant Le Havre, la région Île-de-France, Dunkerque et le bassin de l'Escaut.
Pour les années à venir c'est très logiquement sur les extrémités nord et sud que nous devons faire porter nos efforts. Ainsi les contrats de plan des régions Nord-Pas de Calais, Haute Normandie et Île-de-France vont permettre d'importants travaux: rehaussement des ponts sur le canal Dunkerque Escaut, modernisation des barrages et des écluses sur la Seine.
En Picardie, compte tenu d'autres priorités régionales, il n'a pas été possible de réserver un volet sur l'Oise.
Il me parait toutefois nécessaire, pour ne pas dire indispensable de définir sur cette rivière en Picardie et en Île-de-France, un programme d'aménagement s'inscrivant à la fois dans une logique de développement du transport fluvial, de sécurité des ouvrages de navigation et de lutte contre les inondations.
La première priorité me semble devoir porter sur le remplacement des barrages actuels tant pour des raisons de sécurité de la navigation et des agents qui y sont affectés que pour pouvoir mieux régler le plan d'eau et mieux gérer les crues.
Cette vision est, je le crois, assez largement partagée, aussi me parait-il possible d'élaborer, et de contractualiser avec les collectivités concernées un premier programme de travaux.
Pour terminer je reviendrais à la déviation de Thourotte et Ribécourt pour féliciter toutes celles et ceux qui ont travaillé et travaillent à cette belle réalisation. Qu'il s'agisse des élus, des concepteurs ou des entreprises. Mais tout le monde comprendra que je salue plus particulièrement le travail réalisé par la DDE de l'Oise qui a été particulièrement sollicitée dans la période récente et dont je voudrais saluer le dévouement et le sens du service public de ses agents.
Mesdames et Messieurs, je vous remercie de votre attention.

(source http://www.equipement.gouv.fr, le 24 janvier 2000)