Texte intégral
J.-M. Aphatie.- Bonjour J.-F. Copé. Vous avez annoncé la semaine dernière votre participation à la première émission politique de télé-réalité que TF1 projette de diffuser au mois d'octobre, et qui devrait être tournée dans le courant de ce mois de septembre. J.-P. Raffarin n'a pas apprécié votre initiative et après quelques flottements, il a fait savoir hier par son entourage qu'il "déconseillait" - il y avait des guillemets dans les dépêches - à ses ministres de participer à une telle émission. Alors J.-F. Copé, qu'allez-vous faire ?
- " Eh bien, J.-M. Aphatie, je vous invite quand même à être un peu prudent avec ce qu'on pourrait appeler "les rumeurs", parce que nous avons en France un grand talent pour créer des tempêtes dans un verre d'eau. "
Et où est la rumeur ici ?
- " Je vais vous dire, c'est assez simple, en fait, il n'y a pas de désaccord de principe du Premier ministre. Ce n'est pas tout à fait comme ça que les choses se passent. J.-P. Raffarin a fixé depuis le début une ligne de conduite à l'ensemble de ses ministres. Il nous a dit très clairement que nous avions vocation à nous exprimer dans les émissions politiques, dans un cadre qui devait être compatible avec l'exercice de nos fonctions, et la dignité de nos fonctions, aussi bien d'ailleurs sur la forme que sur le fond. C'est pour ça par exemple que vous ne m'avez pas vu sur un plateau télé d'émission de divertissement à côté - je ne sais pas - d'une actrice de films pornographiques en train de parler ou de fumer des pétards ou autres. Non, ce n'est pas ça. "
Pas vous, mais d'autres ministres
- " Non, non. Mais de même que, d'ailleurs, J.-M. Aphatie, c'est pas le sujet. Lorsque Ruth Elkrief, qui est une journaliste politique, je crois unanimement reconnue pour sa compétence... "
Qui travaille sur RTL.
- " ...Oui, et qui vous a même précédé dans cette émission, m'a indiqué, il y a quelques mois, qu'elle réfléchissait à un projet de nouvelle émission politique, dans laquelle des hommes politiques en responsabilité dialoguaient avec des Français sur des sujets de société, sur le principe, il m'a semblé, comme à d'autres, que c'était un sujet intéressant. "
Donc vous nous dites que vous allez participer à l'émission de TF1 ?
- " Alors donc, simplement, d'un mot là-dessus, je vais rencontrer cette semaine - je n'en ai pas encore discuté dans le détail, pardon de vous le dire - Ruth Elkrief et les gens qui font cette émission pour voir, à la fois quel en est le contenu, la forme pour ensuite voir ce que nous ferons. Mais pour l'instant nous n'en sommes qu'à la genèse, qu'au début. "
Donc, à cette étape, vous ne suivez pas le conseil du Premier ministre qui est de ne pas participer à cette émission.
- " Mais le conseil du Premier ministre n'est pas celui-là. Le conseil du Premier ministre, la recommandation du Premier ministre à ses ministres, c'est de participer à des émissions, dès lors qu'elles sont cohérentes avec la dignité, la qualité de l'exercice de nos fonctions, sur la forme comme sur le fond. Quand on aura plus de précisions sur son contenu ça sera plus facile de vous répondre. "
Pour mettre les choses dans l'ordre, le Premier ministre a dit ceci : " je déconseille à mes ministres, après avoir regardé un pilote tourné par P. Bédier, sur l'émission à laquelle TF1 vous invite à participer ". Donc il semble que le propos du Premier ministre concerne bien quelque chose qu'il a vu, et qui vous est proposé.
- " Non, mais Monsieur Aphatie, enfin si vous souhaitez que ce soit votre réponse, mais ce n'est pas ce que je vous ai dit. Donc encore une fois les choses sont tout à fait claires. Voyons ce qu'il en est de ce contenu, et une fois que nous en aurons parlé avec Ruth Elkrief qui a conçu cette émission, ce sera beaucoup plus facile pour moi de vous répondre sur le fond. Pour ce qui concerne le principe, nous ne ferons aucune émission qui ne soit pas cohérente avec l'exercice et la qualité de nos fonctions. Cela va de soi. "
Donc attendons de voir.
- " Bien entendu, attendons de voir. Ca me paraît mieux de voir quel en est le contenu avant de prendre une décision. Et pardon, méfions-nous toujours des rumeurs et des tempêtes dans les verres d'eau, car la rentrée c'est, je crois, bien autre chose pour ce qui concerne la France. "
Alors la rentrée, par exemple F. Bayrou en a parlé hier. En parlant de la situation financière de la France, il a demandé au gouvernement "de suspendre" la baisse des impôts que vous projetez, l'année prochaine, pour affecter le produit de cette éventuelle baisse des impôts - l'équivalent en tout cas - à l'aide aux personnes âgées après la canicule que l'on a connue. C'était son conseil. Est-ce que vous le suivrez, J.-F. Copé ?
- " Je crois que c'est toujours intéressant d'écouter les conseils et les propositions des uns et des autres et puis, ensuite, il faut assumer des décisions. De quoi s'agit-il ? Il y a d'un côté une politique que nous conduisons, qui n'est pas une politique idéologique, qui est une politique, je crois, importante pour l'intérêt de la France, qui est de relancer la consommation, de rendre du pouvoir d'achat aux Français, à travers un programme de baisse d'impôts et de charges sociales, pour permettre d'encourager l'emploi. C'est ce qui nous permet de tenir, dans une conjoncture économiquement difficile sur le plan international. Il y a ensuite la mission nécessaire de solidarité. Pour ça, il nous fait redéployer les dépenses publiques, de telle manière que la générosité, eh bien, on soit capable les uns et les autres de la réinventer. Vous savez, je vais vous dire une chose : c'est pas tellement F. Bayrou qui a parlé de ça. Ceux qui ont parlé des impôts, c'est plutôt la gauche, le Parti socialiste. J'ai bien écouté le week-end du Parti socialiste qui, pour l'essentiel, a été consacré à "une" proposition, qui était "le retour à la hausse d'impôts", la bonne vieille hausse d'impôts. Vous savez comment ça marche ces trucs-là : c'est la manière moderne de faire de la lâcheté en politique. Comme ça, on ne fait aucune réforme, on dit juste : il faut augmenter les impôts ! Et puis pour les socialistes, c'est une manière de faire oublier tout simplement qu'ils sont divisés ! "
Donc les socialistes ont parlé des impôts, et F. Bayrou aussi, qui a dit : ne baissez pas les impôts. Affectez-les plutôt aux vieux. Alors qu'est-ce que vous répondez ?
- " Mais c'est pas comme ça que ça marche. C'est-à-dire qu'en clair nous avons, nous, une réflexion à avoir sur la dépense publique, il faut qu'on réinvente les chemins de la générosité. Sur ce point, il y a beaucoup de leçons à tirer de l'été qui vient de se passer, des drames que nous avons vécus. Donc nous y travaillons activement. Cela va d'ailleurs concerner et mobiliser l'ensemble des acteurs car ce n'est pas simplement un problème de moyens. C'est un problème de philosophie. C'est un problème de société : comment avoir vis-à-vis de nos aînés une autre démarche de générosité et de fraternité. Mais ça va beaucoup plus loin. Notre programme de réformes pour la rentrée, eh bien, c'est d'aller chercher la croissance et de le faire ensemble. Et je crois que de ce point de vue on a un travail énorme à accomplir. "
Et, vous maintiendrez la baisse des impôts l'année prochaine, comme vous l'avez promis ?
- " Ca fait partie d'un des éléments de la politique économique que nous conduisons : maîtriser la dépense publique, et bien entendu continuer le programme de baisses d'impôts et de charges sociales pour stimuler l'emploi, et le pouvoir d'achat. "
F. Hollande a dit aussi hier - en faisant référence aux sifflets qui avaient accueilli la semaine dernière J.-P. Raffarin au Stade de France - que le Premier ministre découvrait l'impopularité. Est-ce qu'il vous semble que dans votre rapport à l'opinion publique aujourd'hui quelque chose est peut-être en train de se passer ?
- " Ecoutez, je crois surtout que les Français voient bien que notre gouvernement est engagé sur ce que le Premier ministre appelle "un agenda 2006", c'est-à-dire des réformes que les Français attendent ! Et quand il s'agit de moderniser notre école, quand il s'agit de rendre notre Etat plus efficace, de tirer des enseignements de ce que nous avons vécu cet été par exemple, lorsqu'il s'agit de la même façon de réfléchir à la manière de préserver notre sécurité sociale, bref de faire toute une série qui, ces dernières années, y compris par les amis de F. Hollande, n'ont pas été faites, les mêmes qui disent : augmentons les impôts, ça réglera tous les problèmes. Eh bien, il nous semble qu'aujourd'hui ce travail-là doit être accompli. Donc ça n'est pas tant le problème de savoir si nous sommes impopulaires ou populaires, c'est de savoir si nous sommes en situation de pouvoir partager avec les Français des réformes à mener ensemble. Vous savez, le choix est simple à l'aube de cette rentrée. C'est pas J. Bové qui va donner le ton de la rentrée, c'est les Français. Est-ce que nous avons envie, ensemble, d'aller chercher tous les atouts de la croissance ? Tout permet de le faire aujourd'hui. Il y a des signes qui le montrent, comme la reprise aux Etats-Unis. A nous de jouer, à nous de prendre nos responsabilités ! "
(Source : Premier ministre, Service d'information du gouvernement, le 1 septembre 2003)
- " Eh bien, J.-M. Aphatie, je vous invite quand même à être un peu prudent avec ce qu'on pourrait appeler "les rumeurs", parce que nous avons en France un grand talent pour créer des tempêtes dans un verre d'eau. "
Et où est la rumeur ici ?
- " Je vais vous dire, c'est assez simple, en fait, il n'y a pas de désaccord de principe du Premier ministre. Ce n'est pas tout à fait comme ça que les choses se passent. J.-P. Raffarin a fixé depuis le début une ligne de conduite à l'ensemble de ses ministres. Il nous a dit très clairement que nous avions vocation à nous exprimer dans les émissions politiques, dans un cadre qui devait être compatible avec l'exercice de nos fonctions, et la dignité de nos fonctions, aussi bien d'ailleurs sur la forme que sur le fond. C'est pour ça par exemple que vous ne m'avez pas vu sur un plateau télé d'émission de divertissement à côté - je ne sais pas - d'une actrice de films pornographiques en train de parler ou de fumer des pétards ou autres. Non, ce n'est pas ça. "
Pas vous, mais d'autres ministres
- " Non, non. Mais de même que, d'ailleurs, J.-M. Aphatie, c'est pas le sujet. Lorsque Ruth Elkrief, qui est une journaliste politique, je crois unanimement reconnue pour sa compétence... "
Qui travaille sur RTL.
- " ...Oui, et qui vous a même précédé dans cette émission, m'a indiqué, il y a quelques mois, qu'elle réfléchissait à un projet de nouvelle émission politique, dans laquelle des hommes politiques en responsabilité dialoguaient avec des Français sur des sujets de société, sur le principe, il m'a semblé, comme à d'autres, que c'était un sujet intéressant. "
Donc vous nous dites que vous allez participer à l'émission de TF1 ?
- " Alors donc, simplement, d'un mot là-dessus, je vais rencontrer cette semaine - je n'en ai pas encore discuté dans le détail, pardon de vous le dire - Ruth Elkrief et les gens qui font cette émission pour voir, à la fois quel en est le contenu, la forme pour ensuite voir ce que nous ferons. Mais pour l'instant nous n'en sommes qu'à la genèse, qu'au début. "
Donc, à cette étape, vous ne suivez pas le conseil du Premier ministre qui est de ne pas participer à cette émission.
- " Mais le conseil du Premier ministre n'est pas celui-là. Le conseil du Premier ministre, la recommandation du Premier ministre à ses ministres, c'est de participer à des émissions, dès lors qu'elles sont cohérentes avec la dignité, la qualité de l'exercice de nos fonctions, sur la forme comme sur le fond. Quand on aura plus de précisions sur son contenu ça sera plus facile de vous répondre. "
Pour mettre les choses dans l'ordre, le Premier ministre a dit ceci : " je déconseille à mes ministres, après avoir regardé un pilote tourné par P. Bédier, sur l'émission à laquelle TF1 vous invite à participer ". Donc il semble que le propos du Premier ministre concerne bien quelque chose qu'il a vu, et qui vous est proposé.
- " Non, mais Monsieur Aphatie, enfin si vous souhaitez que ce soit votre réponse, mais ce n'est pas ce que je vous ai dit. Donc encore une fois les choses sont tout à fait claires. Voyons ce qu'il en est de ce contenu, et une fois que nous en aurons parlé avec Ruth Elkrief qui a conçu cette émission, ce sera beaucoup plus facile pour moi de vous répondre sur le fond. Pour ce qui concerne le principe, nous ne ferons aucune émission qui ne soit pas cohérente avec l'exercice et la qualité de nos fonctions. Cela va de soi. "
Donc attendons de voir.
- " Bien entendu, attendons de voir. Ca me paraît mieux de voir quel en est le contenu avant de prendre une décision. Et pardon, méfions-nous toujours des rumeurs et des tempêtes dans les verres d'eau, car la rentrée c'est, je crois, bien autre chose pour ce qui concerne la France. "
Alors la rentrée, par exemple F. Bayrou en a parlé hier. En parlant de la situation financière de la France, il a demandé au gouvernement "de suspendre" la baisse des impôts que vous projetez, l'année prochaine, pour affecter le produit de cette éventuelle baisse des impôts - l'équivalent en tout cas - à l'aide aux personnes âgées après la canicule que l'on a connue. C'était son conseil. Est-ce que vous le suivrez, J.-F. Copé ?
- " Je crois que c'est toujours intéressant d'écouter les conseils et les propositions des uns et des autres et puis, ensuite, il faut assumer des décisions. De quoi s'agit-il ? Il y a d'un côté une politique que nous conduisons, qui n'est pas une politique idéologique, qui est une politique, je crois, importante pour l'intérêt de la France, qui est de relancer la consommation, de rendre du pouvoir d'achat aux Français, à travers un programme de baisse d'impôts et de charges sociales, pour permettre d'encourager l'emploi. C'est ce qui nous permet de tenir, dans une conjoncture économiquement difficile sur le plan international. Il y a ensuite la mission nécessaire de solidarité. Pour ça, il nous fait redéployer les dépenses publiques, de telle manière que la générosité, eh bien, on soit capable les uns et les autres de la réinventer. Vous savez, je vais vous dire une chose : c'est pas tellement F. Bayrou qui a parlé de ça. Ceux qui ont parlé des impôts, c'est plutôt la gauche, le Parti socialiste. J'ai bien écouté le week-end du Parti socialiste qui, pour l'essentiel, a été consacré à "une" proposition, qui était "le retour à la hausse d'impôts", la bonne vieille hausse d'impôts. Vous savez comment ça marche ces trucs-là : c'est la manière moderne de faire de la lâcheté en politique. Comme ça, on ne fait aucune réforme, on dit juste : il faut augmenter les impôts ! Et puis pour les socialistes, c'est une manière de faire oublier tout simplement qu'ils sont divisés ! "
Donc les socialistes ont parlé des impôts, et F. Bayrou aussi, qui a dit : ne baissez pas les impôts. Affectez-les plutôt aux vieux. Alors qu'est-ce que vous répondez ?
- " Mais c'est pas comme ça que ça marche. C'est-à-dire qu'en clair nous avons, nous, une réflexion à avoir sur la dépense publique, il faut qu'on réinvente les chemins de la générosité. Sur ce point, il y a beaucoup de leçons à tirer de l'été qui vient de se passer, des drames que nous avons vécus. Donc nous y travaillons activement. Cela va d'ailleurs concerner et mobiliser l'ensemble des acteurs car ce n'est pas simplement un problème de moyens. C'est un problème de philosophie. C'est un problème de société : comment avoir vis-à-vis de nos aînés une autre démarche de générosité et de fraternité. Mais ça va beaucoup plus loin. Notre programme de réformes pour la rentrée, eh bien, c'est d'aller chercher la croissance et de le faire ensemble. Et je crois que de ce point de vue on a un travail énorme à accomplir. "
Et, vous maintiendrez la baisse des impôts l'année prochaine, comme vous l'avez promis ?
- " Ca fait partie d'un des éléments de la politique économique que nous conduisons : maîtriser la dépense publique, et bien entendu continuer le programme de baisses d'impôts et de charges sociales pour stimuler l'emploi, et le pouvoir d'achat. "
F. Hollande a dit aussi hier - en faisant référence aux sifflets qui avaient accueilli la semaine dernière J.-P. Raffarin au Stade de France - que le Premier ministre découvrait l'impopularité. Est-ce qu'il vous semble que dans votre rapport à l'opinion publique aujourd'hui quelque chose est peut-être en train de se passer ?
- " Ecoutez, je crois surtout que les Français voient bien que notre gouvernement est engagé sur ce que le Premier ministre appelle "un agenda 2006", c'est-à-dire des réformes que les Français attendent ! Et quand il s'agit de moderniser notre école, quand il s'agit de rendre notre Etat plus efficace, de tirer des enseignements de ce que nous avons vécu cet été par exemple, lorsqu'il s'agit de la même façon de réfléchir à la manière de préserver notre sécurité sociale, bref de faire toute une série qui, ces dernières années, y compris par les amis de F. Hollande, n'ont pas été faites, les mêmes qui disent : augmentons les impôts, ça réglera tous les problèmes. Eh bien, il nous semble qu'aujourd'hui ce travail-là doit être accompli. Donc ça n'est pas tant le problème de savoir si nous sommes impopulaires ou populaires, c'est de savoir si nous sommes en situation de pouvoir partager avec les Français des réformes à mener ensemble. Vous savez, le choix est simple à l'aube de cette rentrée. C'est pas J. Bové qui va donner le ton de la rentrée, c'est les Français. Est-ce que nous avons envie, ensemble, d'aller chercher tous les atouts de la croissance ? Tout permet de le faire aujourd'hui. Il y a des signes qui le montrent, comme la reprise aux Etats-Unis. A nous de jouer, à nous de prendre nos responsabilités ! "
(Source : Premier ministre, Service d'information du gouvernement, le 1 septembre 2003)