Déclaration de Mme Marie-George Buffet, secrétaire nationale du PCF, sur la portée du mouvement social en cours sur la question des retraites et de la décentralisation et sur l'attitude que doivent adopter les politiques, notamment le PCF, à son égard, à Paris le 24 mai 2003.

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Circonstance : Conseil national du PCF à Paris du 23 au 25 juin 2003

Texte intégral

A mon sens, il ne faut pas aujourd'hui, figer nos analyses. Nous ne pouvons pas dire de ce mouvement comment il va aboutir, comment il va évoluer je ne crois pas que l'heure soit à des motions mais plutôt à construire notre intervention dans le mouvement.
Ce mouvement n'a pas éclaté dans un ciel serein : il y a eu le 21 avril est ses suites, le mouvement contre la guerre
Dans le même temps, nous connaissons la crise de la politique mais aussi l'entrée en mouvement d'hommes et de femmes qui expriment des résistances et des exigences fortes face à un capitalisme agressif et une droite aux projets extrêmement régressifs. Ils expriment le sentiment d'être emportés vers l'arrière, vers de terribles régressions ou bien pour reprendre les mots de notre Congrès, " un sentiment de trop-plein du capitalisme ".
Dans ce mouvement, il y a un contenu en évolution. Il prend conscience de plus en plus, et en trouve les formes concrètes, de porter l'intérêt général. Ainsi, une jeune femme institutrice, à l'occasion d'une Assemblée générale de ma circonscription me disait : " Le gouvernement accuse le mouvement d'être politique. J'assume le fait que nous portions de la politique, si nous on lâche, tout ce qui suit sera emporté ".
Ce mouvement est donc en construction il ne faut pas sous-estimer sa portée. Il est en construction de rassemblement, en interpellation des politiques sur la construction d'une alternative. Il s'interroge sur la façon de gagner sur ses objectifs et à des prolongements durables de son action. Les limites ne sont donc pas dans le mouvement mais dans les réponses que les politiques, que nous-mêmes sommes en capacité d'apporter. Le mouvement en est conscient. J'ouvre une parenthèse.
Chaque jour une fusée est lancée par des dirigeants de gauche. A chaque fois en dehors du mouvement, dans des initiatives de sommet. La démarche se résume à cela : " nous allons vous ouvrir les portes ". Ce n'est évidemment pas l'attitude que nous souhaitons adopter. Nous souhaitons construire avec le mouvement populaire. Sommes-nous démunis par rapport à ce mouvement ? Sommes-nous devant un grand travail d'invention ? Sans doute faut-il toujours inventer mais notre Congrès a travaillé.
La qualité du débat politique que nous avons eu, nous donne des atouts pour aller de l'avant. Il nous faut faire vivre nos choix, ils sont pertinents par rapport à la réalité que nous vivons. Il ne faut pas baisser les bras en portant bien le niveau des attaques et le niveau des réponses à apporter. Nous pensons que le mouvement populaire est en capacité de se saisir de toutes les questions politiques. Avec ce mouvement, soyons clairs : on joue la gagne. Il faut que nous soyons du mouvement, parmi les salariés en lutte en étant au niveau de l'appétit. Faire la clarté sur le PS, d'accord, mais ce qui intéresse les salariés en mouvement, ce sont les propositions de réponses alternatives que nous mettons en débat.
C'est à partir de là que nous devons réfléchir. Il y a, à la fois, l'attente d'une très grande rigueur et ambition sur les contenus. Mais le mouvement attend qu'on ne s'en arrête pas là : viennent par exemple très vite les enjeux de l'Europe, ceux de la mondialisation. Il faut donc porter à la fois nos propositions sur les retraites et la décentralisation, et pousser le débat politique. J'étais hier devant un lycée avec le tract-enquête jeunes et l'appel du Congrès " Le monde va mal, il y a besoin de révolution ". C'est tout le débat politique qui est d'actualité. Nous avons eu de bonnes discussions pendant deux heures. Prenons des initiatives.
Avec la soirée du 5 juin, nous voulons créer un espace où le mouvement s'interroge avec la politique. Nous voulons, disions-nous lors de notre Congrès, contribuer à une dynamique sociale et politique de changement qui puisse s'exprimer jusque dans les élections et au-delà. Comment va jouer notre attitude dans le mouvement, je n'en sais rien. Je crois qu'il faut avoir beaucoup d'ambition. Des liens se renouent. J'ajoute, pour terminer, qu'il va aussi falloir que nous soyons attentifs dans le développement de ce mouvement à son lien avec les mobilisations internationales et le Forum social européen.
(Source http://www.pcf.fr, le 26 mai 2003)