Texte intégral
Nous vivons un moment fort, où les contradictions sociales se matérialisent, où le combat de classe devient plus manifeste. Un moment structurant pour la vie politique et sociale.
Depuis plusieurs semaines, après les mobilisations contre l'extrême-droite, celles contre la guerre, un mouvement populaire -dont on ne peut prévoir les cheminements ou la force - conteste les choix que le gouvernement veut imposer aux salariés. Ce mouvement est très divers, il bouge, il a pris de l'assurance depuis le début. Il refuse cette réforme des retraites qui accroît l'exploitation capitaliste pesant déjà sur les hommes et les femmes de notre pays, qui menace sévèrement les femmes, qui amplifie les inégalités jusqu'au bout de la vie, qui casse les solidarités qui nous unissent.
Ce mouvement rejette aussi la loi dite " de décentralisation " qui s'en prend à l'égalité des droits des citoyennes et des citoyens, qui s'attaque à l'éducation nationale et à d'autres missions de service public, qui vise l'éclatement de la République pour ouvrir des espaces aux appétits de la finance.
Une crainte monte, celle d'un possible recul de civilisation au profit de quelques uns. Aussi les acteurs et actrices du mouvement portent le souci d'un " tous ensemble " nécessaire, par les rapprochements entre les luttes, de la ville au plan national. Mais cette dimension imprègne aussi son contenu. Ce mouvement est porteur d'abord d'intérêt général, de bien commun. C'est un choix de société que ce mouvement rejette et avec lui la majorité de notre peuple : le choix du tout marchand. On n'accepte pas que les acquis sociaux et démocratiques soient mis en vente. Les projets qui s'expriment au sein du mouvement, ce sont des projets de solidarité, d'égalité, de justice, pour TOUS. L'école pour tous, la retraite pour tous, un bon niveau de vie pour tous. Ce sont les fondements de notre pacte social qui sont défendus par ce mouvement.
Il est porteur des refus et des exigences qui se sont affirmées au fil du mouvement et des débats qui le parcourent. Il porte de fortes interrogations et interpellations face à l'intransigeance de la droite, à la violence de ses attaques successives - dès hier, Jacques Chirac lançait l'offensive sur la protection sociale. Il porte aussi des propositions alternatives. Mais il y a également des doutes et des interpellations sur le bilan de la gauche, sa capacité ou non à lever une alternative réelle.
D'autant que la droite a un objectif : service minimum partout, marché maximum pour tout. Elle veut une France servile où l'on doit trimer sans limites et sans droits pour vivre.
Pour l'immédiat, son objectif politique est d'annihiler toutes les perspectives. Elle a donc choisi d'affronter ce mouvement de face en usant de tous ses pouvoirs : communication massive et mensongère, bataille médiatique pour minimiser le mouvement, provocations en tous genres Derrière cette attitude se niche la volonté déterminée d'imposer les règles du capitalisme mondialisé, de l'Europe libérale. En cela, la réforme des retraites est un point nodal de la révolution conservatrice que met en uvre la droite. Elle touche directement au contrat social, à l'équilibre entre le capital et le travail, aux liens de solidarité qui freinent l'individualisme et les logiques capitalistes. Ces projets sont tous induits par les accords européens, ceux de Maastricht et de Barcelone en premier lieu et ceux de l'OMC comme l'accord général sur le commerce et les services. Pour la droite, le temps est venu de faire table rase, de refonder le pacte social en le vidant de sa substance.
Elle accompagne son action d'une offensive idéologique de grande ampleur. Il s'agit d'assumer cette société des élites, cette société du chacun pour soi, en développant des arguments parfois rappelant d'autres époques marquées par des reculs démocratiques et sociaux. Pour autant, nul ne peut encore préjuger du développement de la situation sociale et politique.
Rien ne sert de disserter sur ce qui peut se passer dans les semaines ou les mois à venir. Non, ce qui nous préoccupe, c'est le débat, cet après-midi en a témoigné, c'est de permettre, en assurant pleinement notre rôle, au mouvement populaire d'obtenir gain de cause.
Comment y parvenir ? Ecoutons ce que les salariés en lutte nous demandent. D'être présents dans l'action Je crois que les militants et militantes, les élus communistes répondent présent. Et cela dans le respect d'une démocratie sociale dont le mouvement sociale développe toutes les facettes. C'est en partie cela qui lui donne son efficacité. Il y a d'ailleurs à nous interroger sur l'explosion positive que provoquent une telle démarche, une telle pratique démocratique. Quelles leçons pour la sphère du politique ?
Notre pétition, notre appel au boycott de la décentralisation, le matériel que nous avons diffusé et l'Humanité - qui joue un rôle considérable et reconnu - contribuent à la riposte, à l'ouverture d'une alternative dans le mouvement, mais également dans les quartiers, dans les entreprises auprès d'hommes et de femmes peu impliqués dans celui-ci. Nous avons pu toutes et tous constater que notre présence dans le débat, loin d'être contestée est appréciée. On nous demande d'exprimer notre avis, nos propres analyses et nos propositions. On nous demande en réalité d'être pleinement nous-mêmes, franchement. On nous demande d'être visibles, identifiables, communistes, à notre place. Nos parlementaires ont développé des propositions alternatives qui ont contraint la droite au débat sur le fond, qui ont donné des motivations supplémentaires à la mobilisation, qui ont montré que le camp de la véritable réforme était dans la rue. Il faut d'ailleurs dès septembre prévoir de rendre publique des propositions alternatives pour la protection sociale. Cela pourrait se faire lors des journées parlementaires en septembre.
Je voudrais ici m'arrêter sur le rôle essentiel joué par nos parlementaires durant toute cette période. Hier dans le travail d'alerte et d'élaboration, aujourd'hui dans le débat même de la loi. Je crois qu'il nous faut multiplier les initiatives pour donner à voir l'engagement de nos parlementaires, leur enracinement dans le mouvement. Des délégations de salariés peuvent, je crois s'organiser en ce sens.
Tous ces débats que nous avons dans ce mouvement sont autant d'appels d'air à des projets concernant l'Europe, un nouvel ordre international, la sécurité d'emploi et de formation, la décentralisation et l'école. Le mouvement nous invite, à partir du niveau des exigences qu'il pose, à développer notre projet de société, notre visée communiste du 21ème siècle.
Oui, il y a de l'attente à l'endroit de la politique et des communistes en particulier. Rappelons-nous là où nous en étions il y a un an. Mais très vite, en lien avec le débat sur les solutions alternatives, dans les conversations, vient une question, comme une inquiétude : qu'allez-vous faire, que pouvez-vous faire, comme force politique ? Comment allez-vous faire pour qu'on sorte de cette situation politique ? Cette interrogation est parfois vive : " on est dans la bataille depuis des semaines, et vous, à gauche, que faites-vous ? ". Quelle alternative à cette droite aux projets détestables, au mépris insupportable ? La question se pose dans le mouvement par les acteurs du mouvement. Il ne s'agit pas d'un appel à prendre le relais. Ils ne souhaitent pas être dépossédés de leur bataille, de leurs aspirations, de toutes les exigences politiques dont ils sont porteurs. Ils réclament que nous fassions les actes nécessaires à l'ouverture d'une alternative politique. Ce que nous proposons correspond à des attentes. Certains dans l'urgence de leur combat, nous appellent à régler en haut, à gauche, mais beaucoup, lucides sur la période passée et sur le niveau des réponses nécessaires, nous demandent de prendre nos responsabilités sans les dessaisir et de le faire avec eux. Urgence face aux coups de boutoir de la droite, urgence, mais pas de raccourcis les emmenant de nouveau face au mur et à la désespérance. Il faut résister à cela et tenir ce que nous avons décidé lors de notre congrès.
Nous sommes là au cur de la démarche que nous avons décidé de mettre en uvre à l'occasion de notre congrès : mettre toutes les questions politiques entre les mains des citoyens et des citoyennes, y compris celle de la construction politique et des alliances. C'est une démarche novatrice qui nous demande sans doute des dépassements, mais elle me semble être la seule voie juste et possible. L'alternative politique n'existe pas à l'état brut après le séisme du 21 avril. Les acteurs du mouvement en sont conscients, la droite l'est également. Nous n'aurions aucun intérêt à masquer cet état de fait, à taire, à gauche, nos divergences politiques et stratégiques. Cela fait partie du débat et des questions que les salariés s'approprient, on le voit chaque jour sur les retraites ou sur la décentralisation.
La question politique ne peut pas se poser en dehors du mouvement comme une sorte de prolongement ou d'étage supérieur. La question politique doit baigner dans ces exigences et ces dynamiques. Nous parlons de primauté au mouvement populaire, il nous faut véritablement passer à l'acte et inventer une pratique politique communiste qui soit à la hauteur de cette ambition et de celle qui s'expriment dans le mouvement populaire. Ce que nous proposons aux citoyens et aux citoyennes, c'est de bâtir la politique de la même manière qu'elle se bâtit dans le mouvement social : de façon démocratique, dans le débat, sur des contenus audacieux, souvent anticapitalistes, dans le souci du rassemblement le plus large. A vocation majoritaire, pourrions-nous dire. C'est en plein air que la politique doit se ressourcer et renaître.
C'est l'expérience que nous avons tentée à la Villette, et qui a été tentée ailleurs dans de nombreux endroits de France. A mon sens, ces premières expériences, valident notre démarche, la rendent crédible, et plausible. Il nous faut en tirer publiquement les enseignements. Elles tranchent avec tout ce qui a pu s'expérimenter dans le champ politique jusqu'alors. Ce sont les contenus des changements et les moyens d'y parvenir qui y sont en débat. C'est l'ensemble des questions politiques qui est sur la table et que les individus s'approprient dans un rapport direct aux forces politiques. Il nous faut encore en améliorer la forme, l'adapter aux situations pour permettre la participation active du plus grand nombre, le travail sur des propositions précises, la confrontation sur l'alternative politique. Ces expériences en appellent d'autres, démultipliées, au plus près des hommes et des femmes de notre pays, co-organisées autant que possible avec qui le souhaite. Je crois que c'est vraiment là un creuset où peuvent se bâtir des perspectives de changement. Il nous faut bien nous expliquer sur cet " objet politique non identifié " : il ne ressemble à rien que nous ayons connu. Il s'agit de créer un lieu de pouvoir à la disposition des citoyens, un lieu de co-élaboration constructif. Un lieu incontournable. En réalité un véritable forum, une agora ouverte à tous où se bâtit le changement, la transformation de la société.
Loin d'affadir nos responsabilités de parti, cette démarche exige un formidable engagement militant, une grande qualité d'intervention communiste.
Ne soyons pas le parti qui court dans les raccourcis. Bien sûr, nous connaissons, nous allons de plus en plus connaître une offensive pour nous faire rentrer dans les chemins balisés, qui tous ont pour point commun de concevoir des réponses aux questions soulevées dans les luttes en dehors de ceux et celles qui les mènent. Nous répondrons partout présent. Mais parce que nous voulons battre la droite et répondre aux attentes populaires, parce que nous savons que cela passera par le rassemblement sur des contours transformateurs rompant avec la logique en place, nous ne voulons pas prendre de raccourcis aboutissant à de stériles alternances, nous ne voulons pas préjuger aujourd'hui des contours et des contenus du rassemblement. Il faut prendre le bon chemin, et ce n'est pas un chemin privatif, il passe au cur de la cité. Rien ne se fera sans notre peuple, rien ne se fera sans les citoyennes et les citoyens. Ils doivent être acteurs de bout en bout du changement, sans quoi, il n'adviendra pas. Le mouvement social nous montre l'étendue des potentiels. Le travail politique est encore devant nous.
Il y a un an, c'était le 21 avril. Tout ce dont il a témoigné est loin d'être effacé, mais le paysage se modifie. Rien n'est encore joué. Le mouvement populaire d'aujourd'hui façonne la société de demain en profondeur. La barre des exigences s'élève, les choix de société qui se dessinent portent loin. Vient l'idée que décidément, il faut changer ce monde, fonder sa construction sur d'autres valeurs. Comment ne pas tenir compte de tout cela dans le champ politique, comment préjuger de ce qui peut bouger ?
Il y a un an, c'était le 21 avril, le choc démocratique, notre affaiblissement. Rien n'est encore réglé, les problèmes, les obstacles sont là, mais quelque chose commence à bouger. On a débattu, fait des choix avec notre congrès. On a fait le choix d'être pleinement communistes et ce choix trouve de l'écho dans l'actualité.
On est, militant, dans les mouvements qui se lèvent. Des liens se nouent, des intérêts s'éveillent à nouveau.
Tout cela est fragile, difficile, limité, mais prenons-en la mesure. Nourrissons cette dynamique par l'engagement, une ambition renouvelée pour les rendez-vous politiques des jours à venir, pour la Fête de l'Huma qui peut devenir le lieu de rendez-vous de tous ceux et celles qui sont aujourd'hui dans le mouvement. Cette ambition a besoin pour se déployer de tous les communistes, là aussi, des liens se recréent, ou se créent, là aussi, il a à construire.
(source http://www.pcf.fr, le 17 juin 2003)
Depuis plusieurs semaines, après les mobilisations contre l'extrême-droite, celles contre la guerre, un mouvement populaire -dont on ne peut prévoir les cheminements ou la force - conteste les choix que le gouvernement veut imposer aux salariés. Ce mouvement est très divers, il bouge, il a pris de l'assurance depuis le début. Il refuse cette réforme des retraites qui accroît l'exploitation capitaliste pesant déjà sur les hommes et les femmes de notre pays, qui menace sévèrement les femmes, qui amplifie les inégalités jusqu'au bout de la vie, qui casse les solidarités qui nous unissent.
Ce mouvement rejette aussi la loi dite " de décentralisation " qui s'en prend à l'égalité des droits des citoyennes et des citoyens, qui s'attaque à l'éducation nationale et à d'autres missions de service public, qui vise l'éclatement de la République pour ouvrir des espaces aux appétits de la finance.
Une crainte monte, celle d'un possible recul de civilisation au profit de quelques uns. Aussi les acteurs et actrices du mouvement portent le souci d'un " tous ensemble " nécessaire, par les rapprochements entre les luttes, de la ville au plan national. Mais cette dimension imprègne aussi son contenu. Ce mouvement est porteur d'abord d'intérêt général, de bien commun. C'est un choix de société que ce mouvement rejette et avec lui la majorité de notre peuple : le choix du tout marchand. On n'accepte pas que les acquis sociaux et démocratiques soient mis en vente. Les projets qui s'expriment au sein du mouvement, ce sont des projets de solidarité, d'égalité, de justice, pour TOUS. L'école pour tous, la retraite pour tous, un bon niveau de vie pour tous. Ce sont les fondements de notre pacte social qui sont défendus par ce mouvement.
Il est porteur des refus et des exigences qui se sont affirmées au fil du mouvement et des débats qui le parcourent. Il porte de fortes interrogations et interpellations face à l'intransigeance de la droite, à la violence de ses attaques successives - dès hier, Jacques Chirac lançait l'offensive sur la protection sociale. Il porte aussi des propositions alternatives. Mais il y a également des doutes et des interpellations sur le bilan de la gauche, sa capacité ou non à lever une alternative réelle.
D'autant que la droite a un objectif : service minimum partout, marché maximum pour tout. Elle veut une France servile où l'on doit trimer sans limites et sans droits pour vivre.
Pour l'immédiat, son objectif politique est d'annihiler toutes les perspectives. Elle a donc choisi d'affronter ce mouvement de face en usant de tous ses pouvoirs : communication massive et mensongère, bataille médiatique pour minimiser le mouvement, provocations en tous genres Derrière cette attitude se niche la volonté déterminée d'imposer les règles du capitalisme mondialisé, de l'Europe libérale. En cela, la réforme des retraites est un point nodal de la révolution conservatrice que met en uvre la droite. Elle touche directement au contrat social, à l'équilibre entre le capital et le travail, aux liens de solidarité qui freinent l'individualisme et les logiques capitalistes. Ces projets sont tous induits par les accords européens, ceux de Maastricht et de Barcelone en premier lieu et ceux de l'OMC comme l'accord général sur le commerce et les services. Pour la droite, le temps est venu de faire table rase, de refonder le pacte social en le vidant de sa substance.
Elle accompagne son action d'une offensive idéologique de grande ampleur. Il s'agit d'assumer cette société des élites, cette société du chacun pour soi, en développant des arguments parfois rappelant d'autres époques marquées par des reculs démocratiques et sociaux. Pour autant, nul ne peut encore préjuger du développement de la situation sociale et politique.
Rien ne sert de disserter sur ce qui peut se passer dans les semaines ou les mois à venir. Non, ce qui nous préoccupe, c'est le débat, cet après-midi en a témoigné, c'est de permettre, en assurant pleinement notre rôle, au mouvement populaire d'obtenir gain de cause.
Comment y parvenir ? Ecoutons ce que les salariés en lutte nous demandent. D'être présents dans l'action Je crois que les militants et militantes, les élus communistes répondent présent. Et cela dans le respect d'une démocratie sociale dont le mouvement sociale développe toutes les facettes. C'est en partie cela qui lui donne son efficacité. Il y a d'ailleurs à nous interroger sur l'explosion positive que provoquent une telle démarche, une telle pratique démocratique. Quelles leçons pour la sphère du politique ?
Notre pétition, notre appel au boycott de la décentralisation, le matériel que nous avons diffusé et l'Humanité - qui joue un rôle considérable et reconnu - contribuent à la riposte, à l'ouverture d'une alternative dans le mouvement, mais également dans les quartiers, dans les entreprises auprès d'hommes et de femmes peu impliqués dans celui-ci. Nous avons pu toutes et tous constater que notre présence dans le débat, loin d'être contestée est appréciée. On nous demande d'exprimer notre avis, nos propres analyses et nos propositions. On nous demande en réalité d'être pleinement nous-mêmes, franchement. On nous demande d'être visibles, identifiables, communistes, à notre place. Nos parlementaires ont développé des propositions alternatives qui ont contraint la droite au débat sur le fond, qui ont donné des motivations supplémentaires à la mobilisation, qui ont montré que le camp de la véritable réforme était dans la rue. Il faut d'ailleurs dès septembre prévoir de rendre publique des propositions alternatives pour la protection sociale. Cela pourrait se faire lors des journées parlementaires en septembre.
Je voudrais ici m'arrêter sur le rôle essentiel joué par nos parlementaires durant toute cette période. Hier dans le travail d'alerte et d'élaboration, aujourd'hui dans le débat même de la loi. Je crois qu'il nous faut multiplier les initiatives pour donner à voir l'engagement de nos parlementaires, leur enracinement dans le mouvement. Des délégations de salariés peuvent, je crois s'organiser en ce sens.
Tous ces débats que nous avons dans ce mouvement sont autant d'appels d'air à des projets concernant l'Europe, un nouvel ordre international, la sécurité d'emploi et de formation, la décentralisation et l'école. Le mouvement nous invite, à partir du niveau des exigences qu'il pose, à développer notre projet de société, notre visée communiste du 21ème siècle.
Oui, il y a de l'attente à l'endroit de la politique et des communistes en particulier. Rappelons-nous là où nous en étions il y a un an. Mais très vite, en lien avec le débat sur les solutions alternatives, dans les conversations, vient une question, comme une inquiétude : qu'allez-vous faire, que pouvez-vous faire, comme force politique ? Comment allez-vous faire pour qu'on sorte de cette situation politique ? Cette interrogation est parfois vive : " on est dans la bataille depuis des semaines, et vous, à gauche, que faites-vous ? ". Quelle alternative à cette droite aux projets détestables, au mépris insupportable ? La question se pose dans le mouvement par les acteurs du mouvement. Il ne s'agit pas d'un appel à prendre le relais. Ils ne souhaitent pas être dépossédés de leur bataille, de leurs aspirations, de toutes les exigences politiques dont ils sont porteurs. Ils réclament que nous fassions les actes nécessaires à l'ouverture d'une alternative politique. Ce que nous proposons correspond à des attentes. Certains dans l'urgence de leur combat, nous appellent à régler en haut, à gauche, mais beaucoup, lucides sur la période passée et sur le niveau des réponses nécessaires, nous demandent de prendre nos responsabilités sans les dessaisir et de le faire avec eux. Urgence face aux coups de boutoir de la droite, urgence, mais pas de raccourcis les emmenant de nouveau face au mur et à la désespérance. Il faut résister à cela et tenir ce que nous avons décidé lors de notre congrès.
Nous sommes là au cur de la démarche que nous avons décidé de mettre en uvre à l'occasion de notre congrès : mettre toutes les questions politiques entre les mains des citoyens et des citoyennes, y compris celle de la construction politique et des alliances. C'est une démarche novatrice qui nous demande sans doute des dépassements, mais elle me semble être la seule voie juste et possible. L'alternative politique n'existe pas à l'état brut après le séisme du 21 avril. Les acteurs du mouvement en sont conscients, la droite l'est également. Nous n'aurions aucun intérêt à masquer cet état de fait, à taire, à gauche, nos divergences politiques et stratégiques. Cela fait partie du débat et des questions que les salariés s'approprient, on le voit chaque jour sur les retraites ou sur la décentralisation.
La question politique ne peut pas se poser en dehors du mouvement comme une sorte de prolongement ou d'étage supérieur. La question politique doit baigner dans ces exigences et ces dynamiques. Nous parlons de primauté au mouvement populaire, il nous faut véritablement passer à l'acte et inventer une pratique politique communiste qui soit à la hauteur de cette ambition et de celle qui s'expriment dans le mouvement populaire. Ce que nous proposons aux citoyens et aux citoyennes, c'est de bâtir la politique de la même manière qu'elle se bâtit dans le mouvement social : de façon démocratique, dans le débat, sur des contenus audacieux, souvent anticapitalistes, dans le souci du rassemblement le plus large. A vocation majoritaire, pourrions-nous dire. C'est en plein air que la politique doit se ressourcer et renaître.
C'est l'expérience que nous avons tentée à la Villette, et qui a été tentée ailleurs dans de nombreux endroits de France. A mon sens, ces premières expériences, valident notre démarche, la rendent crédible, et plausible. Il nous faut en tirer publiquement les enseignements. Elles tranchent avec tout ce qui a pu s'expérimenter dans le champ politique jusqu'alors. Ce sont les contenus des changements et les moyens d'y parvenir qui y sont en débat. C'est l'ensemble des questions politiques qui est sur la table et que les individus s'approprient dans un rapport direct aux forces politiques. Il nous faut encore en améliorer la forme, l'adapter aux situations pour permettre la participation active du plus grand nombre, le travail sur des propositions précises, la confrontation sur l'alternative politique. Ces expériences en appellent d'autres, démultipliées, au plus près des hommes et des femmes de notre pays, co-organisées autant que possible avec qui le souhaite. Je crois que c'est vraiment là un creuset où peuvent se bâtir des perspectives de changement. Il nous faut bien nous expliquer sur cet " objet politique non identifié " : il ne ressemble à rien que nous ayons connu. Il s'agit de créer un lieu de pouvoir à la disposition des citoyens, un lieu de co-élaboration constructif. Un lieu incontournable. En réalité un véritable forum, une agora ouverte à tous où se bâtit le changement, la transformation de la société.
Loin d'affadir nos responsabilités de parti, cette démarche exige un formidable engagement militant, une grande qualité d'intervention communiste.
Ne soyons pas le parti qui court dans les raccourcis. Bien sûr, nous connaissons, nous allons de plus en plus connaître une offensive pour nous faire rentrer dans les chemins balisés, qui tous ont pour point commun de concevoir des réponses aux questions soulevées dans les luttes en dehors de ceux et celles qui les mènent. Nous répondrons partout présent. Mais parce que nous voulons battre la droite et répondre aux attentes populaires, parce que nous savons que cela passera par le rassemblement sur des contours transformateurs rompant avec la logique en place, nous ne voulons pas prendre de raccourcis aboutissant à de stériles alternances, nous ne voulons pas préjuger aujourd'hui des contours et des contenus du rassemblement. Il faut prendre le bon chemin, et ce n'est pas un chemin privatif, il passe au cur de la cité. Rien ne se fera sans notre peuple, rien ne se fera sans les citoyennes et les citoyens. Ils doivent être acteurs de bout en bout du changement, sans quoi, il n'adviendra pas. Le mouvement social nous montre l'étendue des potentiels. Le travail politique est encore devant nous.
Il y a un an, c'était le 21 avril. Tout ce dont il a témoigné est loin d'être effacé, mais le paysage se modifie. Rien n'est encore joué. Le mouvement populaire d'aujourd'hui façonne la société de demain en profondeur. La barre des exigences s'élève, les choix de société qui se dessinent portent loin. Vient l'idée que décidément, il faut changer ce monde, fonder sa construction sur d'autres valeurs. Comment ne pas tenir compte de tout cela dans le champ politique, comment préjuger de ce qui peut bouger ?
Il y a un an, c'était le 21 avril, le choc démocratique, notre affaiblissement. Rien n'est encore réglé, les problèmes, les obstacles sont là, mais quelque chose commence à bouger. On a débattu, fait des choix avec notre congrès. On a fait le choix d'être pleinement communistes et ce choix trouve de l'écho dans l'actualité.
On est, militant, dans les mouvements qui se lèvent. Des liens se nouent, des intérêts s'éveillent à nouveau.
Tout cela est fragile, difficile, limité, mais prenons-en la mesure. Nourrissons cette dynamique par l'engagement, une ambition renouvelée pour les rendez-vous politiques des jours à venir, pour la Fête de l'Huma qui peut devenir le lieu de rendez-vous de tous ceux et celles qui sont aujourd'hui dans le mouvement. Cette ambition a besoin pour se déployer de tous les communistes, là aussi, des liens se recréent, ou se créent, là aussi, il a à construire.
(source http://www.pcf.fr, le 17 juin 2003)