Déclaration de M. Jean-Claude Gayssot, ministre de l'équipement, des transports et du logement, sur l'autoroute de la Maurienne, A 43, reliant les réseaux autoroutiers français et italien, via le tunnel du Fréjus, Bardonèche, le 11 juillet 2000.

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Circonstance : Inauguration de la dernière section de l'A 43 à Bardonèche, le 11 juillet 2000

Texte intégral

Monsieur le Président d'honneur,
Monsieur le Président CHASSANDE,
Messieurs les Ministres,
Monsieur le Maire,
Messieurs les Parlementaires,
Mesdames et Messieurs les élus,
Mesdames et Messieurs,

L'importance que revêt le tunnel du Fréjus dans les liaisons entre la France et l'Italie avec sa dimension européen n e rendait impérative la réalisation d'une liaison autoroutière permettant de connecter le réseau autoroutier national avec le réseau autoroutier italien, via le tunnel du Fréjus.
L'autoroute A43, dite de la vallée de la Maurienne, a donc été inscrite au Schéma Directeur Routier National de 1992 et déclarée d'utilité publique le 17 novembre de cette même année.
C'est le 3 juillet 1993 que Messieurs Bernard Bosson et Michel Barnier, alors respectivement ministre de l'Équipement et ministre de l'Environnement, donnaient les premiers coups de pioche des travaux de construction de l'autoroute par la Société Française du Tunnel Routier du Fréjus (SFTRF).
D'une longueur totale de 63,5 kilomètres, cette autoroute de la Maurienne permet de relier le tunnel alpin du Fréjus à l'ensemble du réseau des autoroutes françaises et d'améliorer les échanges internationaux entre l'Europe du Nord et l'Europe du Sud. Elle permet également de désenclaver la vallée de la Maurienne en irriguant au mieux les principales zones d'activité et les stations de sports d'hiver.
L'autoroute de la Maurienne dans son ensemble constitue d'ailleurs un véritable défi technique puisqu'elle s'insère dans une vallée étroite, qu'empruntent déjà la rivière Arc, la route nationale 6, la voie ferrée Paris-Rome, et de nombreuses lignes électriques.


C'est là un pari d'aménagement qu'ont su relever à la fois les services de l'État lors de l'élaboration du tracé de la voie, et la SFTRF à travers les chantiers complexes qu'elle a menés, qui illustrent également le savoir faire des entreprises françaises en matière de génie civil.
Le caractère exceptionnel de ce chantier et le souci apporté à la protection de l'environnement se sont traduits par un coût de construction élevé : l'autoroute complète aura coûté 9,5 milliards de francs.
L'augmentation du coût d'objectif et, sans doute, les trafics qui n'étaient pas, dans la réalité, tout à fait conformes aux prévisions, ont engendré des difficultés financières pour la SFTRF, à laquelle cette autoroute a été "adossée" comme il était coutume de le faire à l'époque.
En dépit de ces difficultés, j'ai décidé la poursuite et l'achèvement de la 3ème section des travaux de l'A43 dans les délais prévus. Pour autant, il faudra résoudre l'équation financière qui doit respecter la réglementation européenne, le droit des concessions et celui des sociétés.
Bien entendu, l'actionnaire, -mais aussi, le régulateur et le concédant- prendra ses responsabilités. Des études et réflexions sont en cours, qui font intervenir :
la prolongation de la durée de la concession. Cette mesure, nécessaire, mais insuffisante, nécessite un accord de la Commission Européenne ;
la gestion de la dette ;
l'augmentation des fonds propres ;
l'examen des tarifs du tunnel afin qu'ils contribuent à l'équilibre de la concession.
Enfin, la question se pose d'une plus grande synergie au sein de l'ensemble alpin dans la perspective d'une gestion cohérente des trafics et des réseaux dans les franchissements alpins.
A ce stade, il ne faut rien exclure, mais la solution, nécessairement multiple, dépendra des conclusions des discussions engagées entre le Gouvernement et la Commission, dans le cadre de la réforme des autoroutes, qui vise à négocier l'allongement de la durée des concessions et à instituer plus de transparence dans leur attribution et leur gestion.
Les travaux de l'A43 ne sont pas complètement achevés : l'aire de Saint-Julien Mondenis, plus proche du tunnel, viendra remplacer l'aire d'Aiton à brève échéance et devrait encore améliorer les conditions de sécurité et faciliter l'exploitation du tunnel, notamment lors des plus fortes pointes de trafic.
J'attache une importance considérable à la régulation du trafic des poids-lourds pour améliorer la sécurité et préserver l'environnement : elle sera maintenue dans le tunnel du Fréjus, y compris après la réouverture du tunnel du Mont-Blanc.

L'autoroute de la Maurienne constitue une réalisation de grande qualité, aux multiples atouts. Elle va constituer une nouvelle voie de communication alpine.
Sur le plan local, l'ouverture de la section haute va achever le désenclavement de la vallée de la Maurienne, tout en diminuant les nuisances dues au trafic des poids lourds qui empruntent la route nationale 6.
La qualité de réalisation de cet itinéraire, tant au niveau de la sécurité que de l'insertion dans l'environnement, est un atout majeur pour répondre au défi que constitue le transport routier de marchandises dans les Alpes.
La construction de l'autoroute permet également une requalification de l'ensemble à la vallée de la Maurienne, notamment grâce à la suppression ou la réhabilitation d'anciennes friches industrielles, mais également une meilleure perception visuelle du paysage le long des abords de l'autoroute.
Le chantier de l'autoroute de l'A43 a permis également au département de la Savoie et plus particulièrement à la vallée de la Maurienne de bénéficier d'importantes retombées économiques, pendant et après le chantier.
Ainsi, la réalisation de l'autoroute a mobilisé plus de 2 000 personnes pour une grande part savoyardes. Par ailleurs, pour assurer l'exploitation des deux ouvrages, près de 170 personnes sont à ce jour employées par la SFTRF.
Vous savez que le Gouvernement s'est fixé comme objectif le retour au plein emploi dans les 10 ans qui viennent, et les secteurs d'activité de mon ministère, aussi bien pendant les phases de construction que d'exploitation, y contribuent de manière essentielle.
La construction de l'autoroute de la Maurienne a également à terme d'autres répercussions sur la vie de la vallée.
La Maurienne devient une vallée plus facilement accessible et ceci se ressent et se ressentira davantage encore dans le futur sur son dynamisme touristique.
La vallée compte 24 stations de sports d'hiver combinant authenticité et modernité, qui bénéficie à la fois du soleil des Alpes du Sud et de l'enneigement des Alpes du Nord, et offre quelque
700 kilomètres de pistes de ski alpin et 300 kilomètres de pistes de ski de fond au milieu des mélèzes et des bouleaux.
Les villages authentiques de la Maurienne sont à découvrir, été comme hiver, tout comme ses églises baroques qui renferment des trésors de bois polychromes et de fresques.
L'autoroute de la Maurienne, facilitant ainsi l'accès à des sites remarquables proposant de nombreuses activités, aussi bien sportives que culturelles, participe au développement et à l'ouverture de la vallée.
Il reste à souhaiter qu'avec de tels atouts, l'autoroute de la Maurienne connaisse un grand succès et qu'elle permette à des personnes toujours plus nombreuses de découvrir la vallée et ses attraits.
Je vous remercie pour votre attention.

(Source http://www.equipement.gouv.fr, le 29 août 2000)