Texte intégral
Madame le ministre,
Mesdames, Messieurs.
L'insertion sociale des personnes handicapées est, clairement, l'un des objectifs de la politique du gouvernement, l'intégration scolaire des enfants et des adolescents handicapés est une condition et une étape de cette insertion sociale.
L'accès au savoir, au sens le plus large, outre sa valeur propre, facilite la communication, la compréhension d'une société où il est dès lors plus facile de se situer et d'évoluer, l'apprentissage d'un métier, donc l'accès à l'emploi, aux ressources et, pour une bonne part, à l'autonomie.
Mais l'école n'est pas seulement un processus de transmission de la connaissance c'est, plus modestement, une réalité physique, un bâtiment ou se côtoient des enfants, où donc peuvent être prises des habitudes de fréquentation, de compréhension, d'acceptation des différences, surtout de qualités essentielles qu'il faut développer chez les adultes de demain.
S'il est ainsi un lieu ou se forge l'esprit nouveau d'une société enfin accueillante aux handicapés, c'est bien l'école !
Dans l'axe des revendications des handicapés, de leurs associations, de leurs parents, mais aussi selon des préoccupations désormais largement partagées des associations de parents d'élèves et des organisations d'enseignants, le gouvernement réaffirme le droit à l'éducation dont il veut faire une application effective.
La dimension éducative de l'action en faveur des enfants et adolescents handicapés est première et cette primauté fait peser sur le système éducatif une responsabilité fondamentale.
L'institution scolaire, qui a déjà entrepris un réel effort, doit s'ouvrir davantage à l'accueil des enfants handicapés. Elle doit s'adapter à cet accueil, aux exigences et aux besoins de ces jeunes, à leurs rythmes de vie et d'acquisition des connaissances.
Au-delà, c'est l'ensemble du système éducatif qui est concerné par la mutation que nous voulons promouvoir, de la maternelle à l'université, non seulement dans ses dimensions scolaire et éducative mais aussi culturelle, professionnelle, péri et post-scolaire.
Un tel projet éducatif est justifié pour tous les élèves puisque les multiples facteurs qui interviennent dans la formation de la personnalité ne se limitent pas à l'école. Il l'est beaucoup plus encore pour les jeunes handicapés dont la vie, moins encore que celle des autres enfants, ne peut être découpée en tranches.
La responsabilité de l'école est donc essentielle. Elle doit s'exercer en dehors de tout esprit de monopole. Je veillerai en particulier à ce que les partenaires sans lesquels l'intégration serait un leurre soient associés dès l'origine non seulement à la définition d'une politique de l'intégration - ce qui a largement été fait - mais aussi à toutes les étapes de sa mise en uvre tant au niveau national que sur le terrain.
La conscience de cette responsabilité contraint à la modestie autant qu'à l'ambition. Modestie : l'actuelle capacité d'intégration n'est pas à la hauteur des besoins. Trop de locaux restent difficilement accessibles, trop de matériels sont inadaptés, trop peu de maîtres sont sensibilisés et formés, trop de parents et d'élèves sont réticents, trop de cloisonnements nuisent au travail d'équipe de tous les indispensables intervenants. Ambition : l'espace éducatif doit être mis en mesure de faire face à des attentes dont nous mesurons l'ampleur, parce que nous voulons lever ces obstacles multiples à peine signalés et que nous dégagerons les moyens nécessaires à cette adaptation en profondeur de l'école. J'ai de surcroît la conviction qu'en amenant ainsi l'école à être encore plus attentive aux besoins de quelques-uns elle le sera davantage aux besoins de tous et que non seulement les jeunes handicapés mais par eux, l'ensemble des enfants et des adolescents se verront conférer des chances nouvelles.
La préparation des maîtres à cette mission nouvelle d'intégration éducative est une impérieuse nécessite que, dès cette année, le ministère de l'éducation nationale s'efforcera de mieux prendre en charge en multipliant notamment les stages et les documents pédagogiques.
L'affectation d'enseignants plus nombreux est indispensable pour que l'école s'ouvre aux jeunes handicapés, pour que l'attention consacrée à chacun soit plus constante. Le ministère de l'éducation nationale est prêt à fournir cet effort, prêt au courage qu'implique cette politique lorsque les créations d'emploi ne sont pas illimitées et que se pose le problème des priorités. Cependant l'intégration éducative des handicapés ne se décrète pas, surtout à l'égard d'un milieu trop souvent indifférent ou réservé, elle ne se limite pas à l'allocation de moyens nouveaux, le ministère de l'éducation nationale entreprend une campagne de longue haleine pour sensibiliser et informer l'opinion. Il doit y être aidé par le ministère de la solidarité nationale, qui s'y emploie, par les associations de parents d'élèves et d'élèves handicapés, par les associations de handicapés. Il s'agit de transformer chacun des partenaires de l'acte éducatif en point d'appui de la politique nouvelle.
Si les moyens pédagogiques doivent être progressivement portés au niveau des besoins que requiert une large et bonne intégration, la présence, au sein de l'institution scolaire, d'un dispositif d'aide et de soutien permettant d'apporter aux jeunes handicapés les soins de toute nature que requiert à tout moment leur état, est assurément la toute première des conditions à satisfaire. A cet égard, même si certains des personnels de l'éducation nationale assurent déjà une partie de ces interventions, il serait impensable de ne pas faire appel à tous les personnels compétents et motivés qui exercent leurs fonctions notamment dans des institutions et services spécialisés.
C'est avec eux tous que le meilleur soutien éducatif, psychologique, médical et paramédical pourra être garanti aux jeunes handicapés.
Le développement de l'intégration n'implique pas pour autant la disparition des institutions spécialisées, qu'elles relèvent de l'éducation nationale ou de la solidarité nationale. Il doit en revanche amener une évolution progressive de leur rôle et de leur fonctionnement, en particulier dans le sens d'une multiplication des liens avec les structures éducatives ordinaires dans la perspective de la plus large insertion en milieu scolaire habituel lorsqu'elle s'avère possible dans l'intérêt de l'enfant.
La coopération entreprise par nos deux ministères dans ce domaine, et sa poursuite, garantiront l'unité de vue sur la politique à suivre, de la conception à la réalisation sur le terrain.
Je voudrais ici souligner l'importance toute particulière de l'institution qui nous accueille, les commissions départementales de l'éducation spécialisée seront, plus encore qu'elles l'étaient, le creuset de cette unité de politique. Surtout, elles illustrent le prix que nous attachons au rôle grandissant des parents, de leurs associations, dans le développement de l'intégration et plus généralement - pour ce qui me concerne - dans la vie et le fonctionnement de l'école. Sachant que l'école publique veut être plus accueillante, que les moyens commencent à lui être donnés pour qu'elle le soit effectivement, les commissions départementales de l'éducation spécialisée pourront proposer aux enfants et à leurs familles un plus réel libre choix de scolarisation.
Quelques semaines se sont écoulées depuis l'adoption par la majorité parlementaire du "plan intérimaire" selon lequel "les modes d'éducation des enfants handicapés doivent tendre à l'intégration la plus poussée possible en milieu scolaire ordinaire. Déjà les deux ministères les plus concernés ont défini une politique et une démarche que décrit la circulaire signée ce soir. Elles orienteront dès la rentrée prochaine l'affectation des moyens en liaison avec les intéressés aussi près que possible des problèmes. Elles seront toutefois précisées dans les prochains mois par des instructions plus techniques et pourront d'autant mieux être mises en uvre que les administrations centrales, celle du ministère de l'éducation nationale en particulier, joueront le rôle de conseiller de tous ceux qui, sur le terrain tenteront des actions nouvelles, toute la souplesse a été ménagée pour les promouvoir.
De même que l'intégration scolaire des jeunes handicapés aura à terme un effet bénéfique pour l'adaptation du système éducatif dans son ensemble, elle peut être aussi l'occasion d'une évolution des interventions administratives qu'avec les handicapés tout le pays attend.
Mesdames, Messieurs.
L'insertion sociale des personnes handicapées est, clairement, l'un des objectifs de la politique du gouvernement, l'intégration scolaire des enfants et des adolescents handicapés est une condition et une étape de cette insertion sociale.
L'accès au savoir, au sens le plus large, outre sa valeur propre, facilite la communication, la compréhension d'une société où il est dès lors plus facile de se situer et d'évoluer, l'apprentissage d'un métier, donc l'accès à l'emploi, aux ressources et, pour une bonne part, à l'autonomie.
Mais l'école n'est pas seulement un processus de transmission de la connaissance c'est, plus modestement, une réalité physique, un bâtiment ou se côtoient des enfants, où donc peuvent être prises des habitudes de fréquentation, de compréhension, d'acceptation des différences, surtout de qualités essentielles qu'il faut développer chez les adultes de demain.
S'il est ainsi un lieu ou se forge l'esprit nouveau d'une société enfin accueillante aux handicapés, c'est bien l'école !
Dans l'axe des revendications des handicapés, de leurs associations, de leurs parents, mais aussi selon des préoccupations désormais largement partagées des associations de parents d'élèves et des organisations d'enseignants, le gouvernement réaffirme le droit à l'éducation dont il veut faire une application effective.
La dimension éducative de l'action en faveur des enfants et adolescents handicapés est première et cette primauté fait peser sur le système éducatif une responsabilité fondamentale.
L'institution scolaire, qui a déjà entrepris un réel effort, doit s'ouvrir davantage à l'accueil des enfants handicapés. Elle doit s'adapter à cet accueil, aux exigences et aux besoins de ces jeunes, à leurs rythmes de vie et d'acquisition des connaissances.
Au-delà, c'est l'ensemble du système éducatif qui est concerné par la mutation que nous voulons promouvoir, de la maternelle à l'université, non seulement dans ses dimensions scolaire et éducative mais aussi culturelle, professionnelle, péri et post-scolaire.
Un tel projet éducatif est justifié pour tous les élèves puisque les multiples facteurs qui interviennent dans la formation de la personnalité ne se limitent pas à l'école. Il l'est beaucoup plus encore pour les jeunes handicapés dont la vie, moins encore que celle des autres enfants, ne peut être découpée en tranches.
La responsabilité de l'école est donc essentielle. Elle doit s'exercer en dehors de tout esprit de monopole. Je veillerai en particulier à ce que les partenaires sans lesquels l'intégration serait un leurre soient associés dès l'origine non seulement à la définition d'une politique de l'intégration - ce qui a largement été fait - mais aussi à toutes les étapes de sa mise en uvre tant au niveau national que sur le terrain.
La conscience de cette responsabilité contraint à la modestie autant qu'à l'ambition. Modestie : l'actuelle capacité d'intégration n'est pas à la hauteur des besoins. Trop de locaux restent difficilement accessibles, trop de matériels sont inadaptés, trop peu de maîtres sont sensibilisés et formés, trop de parents et d'élèves sont réticents, trop de cloisonnements nuisent au travail d'équipe de tous les indispensables intervenants. Ambition : l'espace éducatif doit être mis en mesure de faire face à des attentes dont nous mesurons l'ampleur, parce que nous voulons lever ces obstacles multiples à peine signalés et que nous dégagerons les moyens nécessaires à cette adaptation en profondeur de l'école. J'ai de surcroît la conviction qu'en amenant ainsi l'école à être encore plus attentive aux besoins de quelques-uns elle le sera davantage aux besoins de tous et que non seulement les jeunes handicapés mais par eux, l'ensemble des enfants et des adolescents se verront conférer des chances nouvelles.
La préparation des maîtres à cette mission nouvelle d'intégration éducative est une impérieuse nécessite que, dès cette année, le ministère de l'éducation nationale s'efforcera de mieux prendre en charge en multipliant notamment les stages et les documents pédagogiques.
L'affectation d'enseignants plus nombreux est indispensable pour que l'école s'ouvre aux jeunes handicapés, pour que l'attention consacrée à chacun soit plus constante. Le ministère de l'éducation nationale est prêt à fournir cet effort, prêt au courage qu'implique cette politique lorsque les créations d'emploi ne sont pas illimitées et que se pose le problème des priorités. Cependant l'intégration éducative des handicapés ne se décrète pas, surtout à l'égard d'un milieu trop souvent indifférent ou réservé, elle ne se limite pas à l'allocation de moyens nouveaux, le ministère de l'éducation nationale entreprend une campagne de longue haleine pour sensibiliser et informer l'opinion. Il doit y être aidé par le ministère de la solidarité nationale, qui s'y emploie, par les associations de parents d'élèves et d'élèves handicapés, par les associations de handicapés. Il s'agit de transformer chacun des partenaires de l'acte éducatif en point d'appui de la politique nouvelle.
Si les moyens pédagogiques doivent être progressivement portés au niveau des besoins que requiert une large et bonne intégration, la présence, au sein de l'institution scolaire, d'un dispositif d'aide et de soutien permettant d'apporter aux jeunes handicapés les soins de toute nature que requiert à tout moment leur état, est assurément la toute première des conditions à satisfaire. A cet égard, même si certains des personnels de l'éducation nationale assurent déjà une partie de ces interventions, il serait impensable de ne pas faire appel à tous les personnels compétents et motivés qui exercent leurs fonctions notamment dans des institutions et services spécialisés.
C'est avec eux tous que le meilleur soutien éducatif, psychologique, médical et paramédical pourra être garanti aux jeunes handicapés.
Le développement de l'intégration n'implique pas pour autant la disparition des institutions spécialisées, qu'elles relèvent de l'éducation nationale ou de la solidarité nationale. Il doit en revanche amener une évolution progressive de leur rôle et de leur fonctionnement, en particulier dans le sens d'une multiplication des liens avec les structures éducatives ordinaires dans la perspective de la plus large insertion en milieu scolaire habituel lorsqu'elle s'avère possible dans l'intérêt de l'enfant.
La coopération entreprise par nos deux ministères dans ce domaine, et sa poursuite, garantiront l'unité de vue sur la politique à suivre, de la conception à la réalisation sur le terrain.
Je voudrais ici souligner l'importance toute particulière de l'institution qui nous accueille, les commissions départementales de l'éducation spécialisée seront, plus encore qu'elles l'étaient, le creuset de cette unité de politique. Surtout, elles illustrent le prix que nous attachons au rôle grandissant des parents, de leurs associations, dans le développement de l'intégration et plus généralement - pour ce qui me concerne - dans la vie et le fonctionnement de l'école. Sachant que l'école publique veut être plus accueillante, que les moyens commencent à lui être donnés pour qu'elle le soit effectivement, les commissions départementales de l'éducation spécialisée pourront proposer aux enfants et à leurs familles un plus réel libre choix de scolarisation.
Quelques semaines se sont écoulées depuis l'adoption par la majorité parlementaire du "plan intérimaire" selon lequel "les modes d'éducation des enfants handicapés doivent tendre à l'intégration la plus poussée possible en milieu scolaire ordinaire. Déjà les deux ministères les plus concernés ont défini une politique et une démarche que décrit la circulaire signée ce soir. Elles orienteront dès la rentrée prochaine l'affectation des moyens en liaison avec les intéressés aussi près que possible des problèmes. Elles seront toutefois précisées dans les prochains mois par des instructions plus techniques et pourront d'autant mieux être mises en uvre que les administrations centrales, celle du ministère de l'éducation nationale en particulier, joueront le rôle de conseiller de tous ceux qui, sur le terrain tenteront des actions nouvelles, toute la souplesse a été ménagée pour les promouvoir.
De même que l'intégration scolaire des jeunes handicapés aura à terme un effet bénéfique pour l'adaptation du système éducatif dans son ensemble, elle peut être aussi l'occasion d'une évolution des interventions administratives qu'avec les handicapés tout le pays attend.